Projet de publications en série…

En ce mois de février, je vous proposerai ponctuellement une série de notules « x albums pour découvrir… », touchant à tous les genres de musique qui m’intéressent un peu et qui peuvent potentiellement vous intéresser.

Evidemment, chaque liste, qui ne comportera pas plus de 10 albums, n’engage que moi, et est fondée sur mes goûts avant tout, même si certains albums ont acquis un statut plus prestigieux que d’autres… Pour certains, ces choix seront bien entendu contestables, mais je les assume totalement ! Je commence à y réfléchir aujourd’hui, et les publications viendront par la suite…

Playlist Proto-Punk

Le « Punk », c’est difficile à définir en termes de courant musical, puisque la notion recouvre des choses aussi diverses que The Clash, The Sex Pistols, The Heartbreakers ou The Ramones, qui ne partagent en fait pas grand-chose musicalement parlant, si ce n’est un son loin des qualités audiophiles eu égard aux standards soniques de l’époque et des chansons plutôt courtes, chargées d’images et de vocabulaire parfois assez équivoques… C’est plutôt une question d’attitude, fondée sur la traduction littérale du terme : une musique de « voyou », volontairement provocatrice et jouée simplement, sans trop de fioritures techniques dont les musiciens auraient généralement été bien incapables…

Avant l’émergence du mouvement punk au milieu des années 70, d’autres groupes, dès la toute fin des années 60 et essentiellement aux Etat-Unis, prônaient déjà des valeurs relativement identiques en termes d’affichage volontairement provocateur, et leur musique, même si elle était généralement plus élaborée, s’orientait déjà vers une efficace simplicité. Cette vague « proto-punk » est donc l’objet de la playlist de ce jour, pleine d’énergie et de fureur, pour laquelle j’ai opté suite à ce billet de Sardequin dimanche soir et à une séance de torture pas trop douloureuse, en début d’après-midi, sur le siège du dentiste, où les bruits des instruments sont fort  éloignées de toute idée de musique ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les deux vidéos rendent bien compte du jeu de scène assez foutraque désinvolte et déjanté proposé à l’époque par des groupes qui s’inscrivaient en opposition avec les prestations longues et virtuoses –qu’ils jugeaient volontiers verbeuses– de groupes comme Led Zeppelin, Deep Purple ou tous les groupes de « rock progressif » –ici, vous compléterez vous-même, il s’agit d’une musique que je ne goûte guère…-. Et puis, le jeu des guitaristes, s’il n’est pas très virtuose ou flamboyant techniquement, n’en reste pas moins très intéressant quant  aux sonorités et aux fulgurances rythmiques. L’ensemble s’avère donc redoutablement efficace, même si, au bout de quatre albums, le silence qui suit cette écoute n’est pas désagréable !


British playlist

La fin de la matinée ayant été amplement occupée par la finale de l’Open d’Australie –le vainqueur, au terme d’un match parfois somptueux, est suisse-, cette « British playlist » a été entamée tôt ce matin, avant de se poursuivre dans l’après-midi. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

C’est essentiellement l’Angleterre victorienne dont il s’agit ici, avec des oeuvres quasiment toute composée en l’espace d’une décennie –de 1909 pour la première symphonie d’Elgar à 1920 pour l’album de Keletbey-. A leur écoute, on se prend à penser que témoigne assez bien de l’isolement insulaire des compositeurs anglais de cette début du 20ème siècle, très éloignés des préoccupations de la plupart des compositeurs de l’époque, que ce soit en France –l’impressionnisme de Debussy, le raffinement et le cisèlement d’orfèvre des oeuvres de Ravel– ou dans les pays de tradition austro-allemande –Mahler, Berg, Schönberg, Webern, les opéra de Strauss,..-.

Pour autant, cette playlist est tout-à-fait appréciable et totalement conforme aux images un peu stéréotypées que l’on peut se faire de l’Angleterre –et des Anglais– de cette époque ! En extrait, cet hymne officieux de l’Angleterre, dans une très belle version, vous permettra sans doute de partager cet avis…

Après tout cela, foin du passé anglais et allons-nous occuper du futur de la France : il est temps pour moi d’aller voter !

Playlist vieilles versions de vieux classiques

Profitant du grand calme régnant dans la maison, j’ai écouté « un peu fort », ce matin, quelques symphonies –3, 4, 5, 6, 7, 8– de Beethoven, classiques d’entre les classiques, dans de « vieilles » versions, après avoir écouté, en préalable, un disque relativement récent des mêmes oeuvres par l’une des stars de la direction d’orchestre actuelles, le jeune chef vénézuélien Gustavo Dudamel –cliquer sur l’imagette de droite pour la voir en plus grand-.

Education de l’oreille oblige et goûts personnels assez marqués dans ces oeuvres, j’ai très nettement préféré toutes les « antiquités » écoutées –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– à cette version bien plus récente.

Elles datent toutes des années 50 et sont généralement bardées de distinctions nombreuses, quand l’interprétation de ces oeuvres étaient assez nettement répartie selon deux grandes options : une ligne claire et « objective « défendue par Arturo Toscanini -« Quand je dirige le premier mouvement de l’Eroica, c’est écrit Allegro, et pas Napoléon Bonaparte »- et Erich Kleiber, et une ligne plu subjective et lente illustrée ici par Eugen Jochum, dans la lignée de Furtwângler. Le jeune Karajan est à part –extrait ci-dessous, absolument formidable !-, conciliant ces deux approches –vivacité des tempi et clarté des lignes, mais souplesse des phrasés– et s’inspirant du grand Felix Weingartner, qui avait codifié l’interprétation des symphonies de Beethoven au début du 20ème siècle, notamment en matière de tempo.

Personnellement, j’ai toujours préféré ces approches relativement « objectives » à celles plus « romantisantes » inspirées par Furtwängler, pour lesquelles j’ai quelque peine à me passionner, malgré leur prestige. Une bien belle matinée, quoi qu’il en soit !

Chanson triste…

« Sad Song », c’est le titre de cette très jolie chanson que j’ai écoutée ce matin dans une version de concert, pour un titre qui supporte difficilement cet exercice du live hors de son contexte : il en existe une autre version datant du milieu des années 70, beaucoup moins réussie. Celle que je vous propose est tardive –2006– et s’inscrit dans le cadre du projet d’un Lou Reed, assagi et peut-être même apaisé, de rejouer intégralement en concert son album « Berlin », publié en 1973.

« Sad Song » est la chanson conclusive de cet album, et ne prend tout son sens que si on a écouté ce qui précède –une histoire sordide mais assez poignante, se déroulant dans les bas-fonds berlinois, avec drogues, violences conjugales, enfants retirés de la famille par les services sociaux, et romance qui tourne mal…-. Pas très fun, n’est-ce pas ?

A cette date, la version de concert est assez fidèle à celle produite en studio près de 35 ans plus tôt, même si la ligne vocale adoptée par le chanteur est plus torturée, ce qui provoque parfois des décalages étonnants entre texte et musique –ce n’est pas le cas pour cette chanson finale-. A cette occasion, Lou Reed avait réembauché le guitariste Steve Hunter, déjà présent sur l’album initial, comme guitariste et « chef d’orchestre ». Outre l’instrumentarium Rock traditionnel –guitares, basse, batterie-, l’orchestre comporte des instruments plus rares dans ce répertoire : flûte, clarinette, saxophone, violons, violoncelle, contrebasse, ainsi qu’une petite chorale -enfants et adultes-.

Sad Song
Staring at my picture book / She looks like Mary, Queen of Scots
She seemed very regal to me / Just goes to show how wrong you can be

I’m gonna stop wastin’ my time / Somebody else would have broken both of her arms
Sad song, Sad song, Sad song, Sad song

My castle, kids and home / I thought she was Mary, Queen of Scots
I tried so very hard / Shows just how wrong you can be

I’m gonna stop wasting time / Somebody else would have broken both of her arms
Sad song, Sad song, Sad song, Sad song

Janvier 2017 : les traditions ont la vie dure !

Les plus anciens lecteurs de ce blog se souviennent sans doute avec émotion du magazine hebdomadaire Pif Gadget, qui offrait chaque semaine une « surprise éducative » plus ou moins élaborée et attisait, par le biais de bandes dessinées de qualité variable –il y en eut d’excellentes, comme « Rahan, fils des âges farouches », ou « Docteur Justice »-, les valeurs d’ingéniosité, de solidarité et de bonne camaraderie –le magazine était une émanation pour la jeunesse du quotidien « L’humanité », fondé par Jean Jaurès-. Et bien, la plus grande boutique en ligne, dont le siège est sis aux Etats-Unis –et les impôts payés en Irlande et au Luxembourg– semble s’inspirer de ce modèle pour proposer un « abonnement mensuel éducatif » pour les enfants. Evidemment, les valeurs prônées par le géant américain ne sont pas spécifiées aussi explicitement que celles du magazine français…

Autre tradition fort bienvenue : la finale de l’Open d’Australie, en tennis, permettra de retrouver deux « vieux » compères –et les deux plus beaux palmarès de ce sport– qui ont profondément marqué ce jeu de leur empreinte : un Espagnol rencontrera un Suisse, et c’est l’Europe qu’on célébrera dans l’hémisphère sud, très tôt dimanche matin ! Comme ce sport était devenu passablement ennuyeux ces derrières années, au gré de leur déclin –blessure, usure et autre lassitude-, voilà un menu fort réjouissant, et l’occasion de revoir des choses aussi belles et intenses que celles-ci !

Enfin, alors qu’une tradition ancestrale avait été bannie de notre pays, le Conseil constitutionnel français vient de statuer : les modalités d’adoption de la loi abolissant les châtiments corporels en France ne sont pas conformes aux règles constitutionnelles, une procédure de cavalier parlementaire ayant été adoptée pour sa présentation et son adoption. Enfants de France et de Navarre –et même d’Alsace-, on pourra continuer à vous cogner en toute impunité : pas trop fort, je vous le souhaite !

Playlist retour aux sources

Ce soir, au terme d’une longue journée de travail qui m’aura conduit vers les confins sud du département –avec, bien évidemment, magnifique bouchon sur le chemin du retour…-, un seul album ma playlist quotidienne. Mais quel album ! « Tago Mago », paru en 1971, annonce à lui tout seul, et près de dix ans d’avance, les albums de Joy Division ou ceux de la « Trilogie glacée « de The Cure.

Composé d’excellents musiciens allemands complétés par un « chanteur » japonais, CAN échappe aux classifications traditionnelles, mêlant musique minimaliste et répétitive, bribes de musique électronique et de jazz progressiste, harmonies relativement hardies et improvisations inspirées. Les morceaux sont souvent d’assez longue durée –certains dépassent le quart d’heure– sans qu’on (n’) ait jamais le temps de s’ennuyer. A titre d’exemple, je vous propose ici le plus court :

A mes oreilles, un album majeur, et l’une des plus belles productions des 70’s, échappant à tous les courants de l’époque. La pochette existe en deux versions : celle présentée ici correspond à la version alternative de la réédition du quarantième anniversaire –un double album comprenant des inédits d’excellente qualité-. La pochette originale est aussi bizarre que la musique du groupe !

Et maintenant : le retour de la cassette !

Je vous avais parlé, assez récemment, du retour du vinyle, dont les ventes avaient un peu cru ces deux dernières années -même si une analyse un peu objective en volume ne justifie sans doute pas qu’on s’en émeuve outre mesure…-.  Voici désormais qu’on nous annonce le retour de la cassette audio !

Pour qui a connu ce support, la chose est, pour le moins, surprenante ! Pour les plus jeunes, il faudra rappeler qu’à la fin des années 70 et au début des années 80, les cassettes préenregistrées se vendaient mieux que les 33 tours, auto-radio et mode du WalkMan –un genre d’iPod de l’époque…– obligent, et qu’on pouvait acheter des cassettes vierges sur lesquelles on enregistrait, à usage privé bien entendu, les 33 tours des amis et des médiathèques.

Sauf que la qualité sonore était dégradée du fait même du support magnétique : une fine bande défilant lentement –4,75 cm par seconde-, ce qui engendrait, outre une bande pesante écourtée dans l’aigu -les premières atteignaient péniblement les 12 kHz et c’est seulement les platines très coûteuses qui permettait de dépasser les 16 kHz, ce palier étant dépassé assez tardivement dans l’histoire de ce support-, un souffle non négligeable. Les derniers artifices de réduction de bruit, et notamment le fameux Dolby C, étaient à peu près parvenus à limiter ce dernier désagrément. Néanmoins, les têtes des lecteurs-enregistreurs de cassettes avaient tendance à s’encrasser relativement rapidement -il fallait les nettoyer au coton-tige et à l’alcool, mais également les démagnétiser régulièrement- et les phénomènes de pleurage n’étaient pas rares, les courroies d’entraînement du mécanisme n’étant pas inusables.

Très honnêtement, un fichier •mp3, même compressé à 128 kbits, est nettement supérieur, d’autant que les codecs de compression ont évolué très favorablement depuis l’apparition de ce format, à la fin des années 90.

Je n’ai donc aucune nostalgie de la chose. Mon autoradio n’accepte plus les cassettes depuis une bonne douzaine d’années et je n’ai plus de WalkMan depuis encore bien plus longtemps. Je me souviens par contre avec fierté de ma très performante platine-cassettes –cliquer sur limage pour la voir en plus grand-qui offrait une bande passante frôlent les 18 kHz sur des bandes « normales » et les 19,5 kHz avec des bandes au chrome –celles qui sont présentées sur l’image accompagnant cette notule : le « 90 » indique que la durée de la cassette est de 90 minutes, soit 45 minutes par face. Il existait aussi des C60 pour 60 minutes et des C120 pour 120 minutes, mais ces dernières avaient tendance à « faire des nouilles », la bande étant trop longue pour le support-, le tout en proposant un excellent rapport signal / bruit –mesure du niveau de souffle-.

Mais, de là à la regretter, il y a un pas que je ne franchirai pas ! La nostalgie, camarade…

Playlist pléthorique

Un seul album à l’écoute, ce soir, et ce sont les effectifs pléthoriques engagés dans cette oeuvre gigantesque qui justifient le titre de cette notule. Mahler et sa « Symphonie des milles » n’ont qu’à bien se tenir, les Gurrelieder nécessitent un effectif encore plus imposant ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Au demeurant, la version retenue, paradoxalement, en donne une vision plutôt intimiste et presque chambriste, ce qui n’est pas un mince paradoxe dans cette oeuvre ! La prise de son, très convenable, rend justice à une oeuvre difficile à enregistrer et à écouter dans un salon, tant les contrastes dynamiques sont importants.

Entamés par un Schönberg tout jeune homme –à 25 ans, en 1900-, mais achevés seulement 13 ans plus tard, soit après un premier virage stylistique qui le vit peu à peu aborder une musique moins tonale et développer le « Sprechgesang » –technique vocale de « chant parlé »-, les Gurrelieder gardent à la fois les traces d’une influence wagnérienne tout en s’en éloignant progressivement.

L’orchestre est impressionnant par sa masse : cinq chanteurs solistes, un récitant, trois chœurs d’hommes à quatre voix, un chœur mixte à huit voix, cinquante bois et cuivres, dix cors, sept trompettes, sept trombones, une batterie de percussions monumentale, des cordes en conséquence, quatre harpes…

Le livret, d’origine danoise et inspiré de textes de Jens Peter Jacobsen, reprend la légende du roi Waldemar, amoureux de la belle Tove, qu’il installe dans son château, à Gurre. Cette maîtresse est assassinée, dans un bain trop chaud, par l’épouse légitime du roi, Waldtauve. Tove se transforme en colombe, tandis que Waldemar, fou de douleur, maudit dieu et se retrouve alors condamné à errer chaque nuit, et à chevaucher jusqu’à l’aube avec ses vassaux, tirés de leurs tombes. L’oeuvre s’achève majestueusement par le retour du soleil, au petit matin –cf.extrait proposé-.