Playlist « Mes nuits sans dormir », suite…

Le titre de cette notule, je pourrais le recycler sans fin, tant il reste d’actualité ! J’en ai donc profité entre deux écoutes l’opus 111 pour passer en revue quatre versions un peu anciennes –la plus récente, la seule qui n’est pas enregistrée par EMI avec le Philharmonia, date de 1964du quatrième concerto pour piano de Beethoven. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Soit, dans mes oreilles :
une version superlative, qui demeure ma version de chevet –Gilels/Ludwig– ;
deux excellentes versions –Solomon/Cluytens et Bachauer/Dorati– ;
et une version un peu décevante –Arrau/Galliera– du fait d’un chef accompagnateur un peu indifférent.

Je connais ce concerto depuis ma plus tendre enfance –il doit vraisemblablement faire partie de mes dix premiers albums– et il a toujours été mon préféré de tous les concertos pour pianos, quel que soit le compositeur. Je ne me lasse donc pas de l’écouter, et il est assez bien représenté dans ma discothèque, y compris dans des versions récentes –dont certaines sont excellentes également-, voire HIP !
Pour la petite histoire, ce concerto, composé en 1806, quand Beethoven avait encore un coiffeur et ressemblait au portrait présenté à droite –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– est le dernier dans lequel le compositeur, déjà bien atteint de surdité, se produisit comme soliste, lors de sa création en 1808.

Playlist « Escapade norvégienne »

Aimable escapade norvégienne avec ces oeuvres d’Edvard Grieg, sans doute le seul compositeur norvégien à avoir accédé à la notoriété, en particulier grâce aux suites de Peer Gynt –l’oeuvre intégrale est beaucoup moins interprétée er connue– et, dans une moindre mesure, à son concerto pour piano, qui est resté populaire. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Toutes les oeuvres orchestrales sontd’accès généralement très facile même pour un auditeur néophyte.Elle sont, dans cette série d’albums, enregistrées par un orchestre –sis dans la ville natale de Grieg– qui n’a quasiment rien à envier aux meilleurs orchestres européens bénéficient de prise de son excellentes et d’interprétations de très haut niveau : très recommandable !

Le disque proposant une petite collection tirée des « Pièces lyriques » pour piano enregistré par Emil Gilels correspond à un véritable voeu du pianiste, qui insista tant et si bien pour l’enregistrer qu’il obtint finalement gain de cause –alors même que les producteurs de Deutsche Grammophon avaient refusé dans un premier temps, pour cause de prévisions de ventes insuffisantes, en mode « Qui cela va-t-il intéresser ? » -. Par une ironie du sort, ce disque est un « best-seller » du pianiste et fut unanimement encensé à sa sortie. Toutes les 66 pièces constituant l’intégralité du corpus ne sont pas d’égale valeur, mais celles retenues par le pianiste figurent incontestablement parmi les plus belles : un magnifique album, très apaisant !

Beethoven:Appassionata – Tiercé gagnant

Pour occuper mes longues nuits d’insomnies –il faudrait que je prenne rendez-vous à la clinique du sommeil…– et près avoir écouté 32 fois –et en réalité bien plus– la 32ème sonate de Beethoven, voilà que j’ai écouté au moins 23 fois –et en réalité bien plus– sa 23ème sonate « Appassionata » dans 23 versions différentes –et en réalité bien plus ! -.

J’en ai dégagé un tiercé gagnant, qui comportera peut-être, pour ceux qui connaissent bien cette sonate, une surprise, puisque le deuxième cité dans mon tiercé –1. Emil Gilels ; 2. Murray Perahia ; 3. Sviatoslav Richter– n’a pas la réputation d’être le plus immense pianiste beethovénien qui soit, même s’il a réussi une merveilleuse intégrale des concertos pour piano avec Haitink –la réputation de Gilels dans ce répertoire, en revanche n’est plus à faire, de même que celle de Richter dans ses bons jours (mais il en a aussi de moins bons, sa discographie dans Beethoven est étonnamment inégale) -. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Pour autant, donc, la version de Murray Perahia comporte le plus beau deuxième mouvement qu’il m’a été donné d’entendre, et je l’ai redécouverte avec d’autant plus de plaisir que ça faisait bien plus de trente ans sans doute que ce disque n’était plus arrivé sur mon lecteur CD.
Richter est fulgurant dans cet enregistrement célèbre réalisé pour RCA en 1961, mais Gilels, dans un premier mouvement creusé mais dynamique –là ou Arrau est creusé mais plus statique– et dans un finale hyper-virtuose –la dernière minute !!! -, efface même le souvenir de la version de son compatriote.

Autres versions appréciables : Arrau/Philips – Gulda/Amadeo – Schnabel/Pristine -pour les amateurs de très vieilles cires – A. Fischer/Hungaroton
Versions dont on peu se passer malgré, parfois, leur réputation : Kempff/DGG, qui manque ici vraiment d’abattage tant en 1955 qu’en 1965 ; Horowitz, auquel Beethoven échappe totalement ; et Nat, brouillon dans le premier mouvement et à bout de doigts dans le finale.

Playlist « Conquête laborieuse »

Curieusement; j’ai toujours entretenu avec Franz SCHUBERT un rapport assez lointain, qui m’éloigne de la majorité des oeuvres inscrites à son abondant catalogue. Evidemment, la « Symphonie Inachevée », numérotée, 5, puis 7 puis finalement 8 a toujours fait partie des oeuvres populaires et faciles d’approche, et je l’ai donc découverte et appréciée très tôt, dès l’enfance. Mais, plus tardivement, j’ai été peu sensible à la majorité de sa production : outre cette symphonie, seuls les deux séries d’Impromptus pour piano, le cycle de lieder « die Winterreise » et le quintette pour deux violoncelles ont trouvé grâce à mes oreilles.

Aujourd’hui, donc, je retourne tranquillement vers quelques sonates pour piano : j’avais, en 33 tours, un énorme coffret comprenant l’intégralité de l’oeuvre pour piano du compositeur, par un illustre inconnu, Wilhlelm Schüchter: c’était à prix fracassé en Allemagne, mais ce n’était pas fameux, et l’enregistrement et le pressage, de surcroît, étaient assez moyens. De ce fait, je me suis tenu éloigné de ces oeuvres assez longtemps, et les quelques sonates pour piano de Schubert que j’ai en CD sont, le plus souvent, des pièces données en complément d’oeuvres que je préfère : c’est le cas pour les disques de Gilels, par exemple. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ce matin donc, je me suis dirigé vers l’intégrale de Wilhelm Kempff, qui a, paraît-il, statut de référence. On va dire simplement que ça ne me réconcilie pas beaucoup avec ces oeuvres, dont j’ai bien du mal à percevoir la logique interne : ça chante souvent merveilleusement, comme toujours Schubert, mais la soumission à une forme donnée semble l’entraver quelque peu : n’est pas Beethoven -avec son sens de l’architecture imparable- qui veut ! Et l’interprétation me semble manquer quelque peu d’abattage… 

Bref, j’y reviendrai plus tard, pour me refaire une opinion !

Playlist mystique

La playlist de ce jour est consacrée à Alexandre Scriabinetrès bon article à lire-, gentil loufoque passablement fantasque et résolument mystique, dont je vous avais déjà entretenu il y a un peu longtemps, à l’occasion d’un cadeau de Noël que j’avais rapidement épuisé dans son intégralité, mais vers lequel je ne suis, depuis, que ponctuellement retourné –il contient quelques merveilles, pourtant-.

Les quelques autres albums du compositeur qui parsèment ma discothèque sont tout aussi remarquables –même si celui de Pogorelich est un peu en-deçà des deux autres à mes oreilles– et c’est vers eux que je me suis tourné aujourd’hui. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ne sont donc concernées, dans cette playlist, que des oeuvres issues du corpus pianistique, relativement abondant, du compositeur : sonates, études et autres préludes. Les premières compostions de Scriabine pour le piano sont encore très marquées par Chopin –extrait 1-. Par la suite, le compositeur s’extrait assez rapidement de cette influence pour proposer progressivement des oeuvres nettement plus hardies harmoniquement –extrait 2-, même s’il ne fut jamais un maître de la grande forme –la comparaison avec la sonate « Hammeklavier » de Beethoven, sur le dernier album, est presque cruelle à cet égard…-.

Passablement excentrique, Alexandre Scriabine est passé tardivement à la postérité et reste encore assez peu joué ou enregistré de nos jours : peu enclin à se plier au folklorisme russe, il fut, presque dès son décès, victime d’un assez intense dénigrement, pour son mysticisme et pour son amitié profonde avec Vladimir Plekhanov –menchevik qui contribua à introduire le marxisme en Russie et tomba en disgrâce auprès des bolcheviks lors de la révolution d’octobre 1917– de la part du régime soviétique dès sa création. Politique et art font décidément mauvais ménage…

Playlist « Cette année-là » – 1976

Schubert – Quintette avec piano « La Truite » – Emil Gilels, Quatuor Amadeus
Al Stewart – The Year Of The Cat
Kurt Weill – Kleine Dreigroschenmusik ; Mahagonny Songspiel – The London Sinfonietta, David Atherton
AC/DC – Dirty. Deeds Done Dirt Cheap (Albert Australian Edition)
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Un jour – Un album. Gravé dans le marbre…

Profitant de levers avant même que l’aube pointe, en ces jours de chaleur caniculaire, je réécoute, depuis trois jours, l’ensemble de ce monument gravé dans le marbre en profitant de cette quiétude matinale. Ces disques font partie de mes disques de chevet, ceux dont je ne me séparerais pour rien au monde, même si le projet de constituer l’intégrale des sonates pour piano n’aboutit finalement pas : Emil Gilels avait pris son temps pour bâtir patiemment ce monument, il fut malheureusement surpris par la mort avant de l’achever –la légende dit : d’une erreur médicale due à l’incompétence des médecins soviétiques, au cours d’un banal contrôle de routine…-.

Avec l’apparition du CD, au début des années 80, j’ai patiemment constitué cette collection, en achetant un par un chacun des disques qui la constituent au moment de sa sortie, le regroupement en coffret –dans un son amélioré grâce à une belle remastérisation– étant venu bien plus tard. Chaque disque fut choyé comme une pépite, et certaines pochettes sont visuellement très belles. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Réécouter ces oeuvres connues entre toutes avec un peu d’attention et de concentration permet d’apprécier encore plus ces versions : tout y est absolument maîtrisé et si certains ont pu entendre dans cette démonstration distanciée de la froideur, ce serait alors la froideur du marbre le plus pur !
Une écoute attentive permet de saisir le propos d’une logique implacable du pianiste, une gestion époustouflante des contrastes des dynamiques et du « bouillonnement rythmique » propre aux sonates de Beethoven –les mouvements finaux sont généralement impressionnants à cet égard : sonates n°21 Waldstein ou n°23 Appassionata par exemple-, une sonorité belle et pleine, une structure parfaitement mise en évidence –la rigueur, la hauteur de vue et la maîtrise intellectuelle du pianiste profitent aux plus « petites » sonates qui deviennent l’égale des plus grandes et ne se sont jamais négligées : c’est sans doute tout l’intérêt de ce projet au long cours, qui s’étala sur plus de quinze ans-. Dans les mouvements lents, le pianiste ouvre des horizons nouveaux, inconnus chez d’autres pianistes –sonate n°29 Hammerklavier, sonate n°30 d’un lyrisme exacerbé…– et les fugues des dernières sonates sont d’une lisibilité parfaite.

J’ai eu la chance et le privilège d’entendre Emil Gilels en concert à deux occasions : c’était un petit bonhomme un peu renfrogné –comme Beethoven…– qui se précipitait sur la scène vers son piano et commençait ses récitals presque sans crier gare et avec une vitalité extraordinaire. Doté d’une technique exceptionnelle, il remplissait facilement une salle d’un sonorité puissante et ne détimbrant jamais, sans effort apparent, quand d’autres auraient été debout pour marteler le clavier tout en en tirant moins de volume sonore –le contraste avec Murray Perahia, entendu en concert quelques semaines plus tard dans ll’Appassionata de Beethoven, fut cruel pour le second…– !

Un monument d’une beauté et d’une évidence confondantes !

Playlist « Entre Eusebius et Florestan »

La playlist de ce jour est consacrée à quelques pièces pour piano de Robert Schumann, musicien profondément romantique et dont l’esprit sans doute un peu dérangé –d’une grande sensibilité, il est mort dans un asile, au terme d’un long internement de trois ans, souffrant notamment d’avoir été un pianiste raté doublé d’un chef d’orchestre raté– le conduisait à s’identifier tout-tour à deux personnages fictifs qu’il fit longtemps dialoguer dans ses écrits et ses oeuvres : Eusebius, au caractère mélancolique, calme et peu expansif et Florestan, beaucoup plus fougueux et passionné. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les « Kinderszenen » forment une très belle page d’accès facile, conçues selon le compositeur comme « des souvenirs d’enfance pour des personnes qui ont grandi ». Les treize courtes pièces qui les composent –le compositeur les avaient d’abord simplement intitulées « Pièces faciles »– sont jouées ici par un vieux monsieur de près de 80 ans, Wilhelm Kempff, et constituent le plus beau moment d’une anthologie qu’il consacra, sans doute trop tardivement, au compositeur.

Les « Etudes symphoniques pour piano » sont d’une toute autre veine technique. Si les pièces qui les constituent sont également très courtes, elles sont d’une grande virtuosité. Schumann ne devint jamais le grand virtuose du piano qu’il rêvait d’être, notamment parce qu’il inventa un « appareil » qui devait lui permettre de travailler l’indépendance des doigts et qui le laissa partiellement paralysé de la main droite ! La seconde version de Géza Anda, magnifique interprète de Schumann, est absolument remarquable –cf. extrait– !

Enfin, « Carnaval » est une oeuvre constituées de vingt-deux « scènes mignonnes sur quatre notes » –excellente présentation de l’oeuvre ici– et présentant un défilé de personnages masqués, fictifs ou réels, fêtant carnaval : parmi ces personnages réels, Schumann sous sa double personnalité –Eusebius et Florestan-, mais également Paganini, Chopin ou sa propre femme, la virtuose Clara Schumann. Magnifique et rare version d’Emil Gilels, immense interprète de Schumann lui aussi, ici en concert –il n’enregistra jamais l’oeuvre en studio-.