Playlists sans queue ni tête

26.12 – C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes !
Je ne savais même pas que Madness existait encore, c’est un article paru dans mon quotidien du matin qui m’en a informé ! Le groupe fête ses quarantes-cins ans, et, plus quatre décennies plus tard, c’est toujours aussi chouette et enthousiasmant qu’au début de leur aventure, même si les tempo se sont un peu ralentis !
Très chouette découverte du jour ! Leur nouvel album s’appelle « Theatre Of The Absurd Présents C’est la vie », titre loufoque je vous l’accorde, mais disque qui sonne presque comme un retour vers un passé plein de bonne humeur et d’un soupçon de nostalgie –cliquer sur les images pour les voir en plus grand-.
27.12 – On lui a coupé les ongles juste avant !
Les Impromptus de Schubert -deux séries de quatre pièces pour piano- sont, avec ses Moments Musicaux et sa Fantaisie pur deux pianos, les pièces de Schubert que je préfère au sein de sa production pour piano. Je les apprécie beaucoup plus que ses sonates, qu’à vrai dire je n’aime pas beaucoup. En revanche, libéré d’un carcan formel, j’aime beaucoup les premières pièces citées, et même si je n’y reviens plus très souvent, je les connais quasiment par cour pour les avoir beaucoup écoutées enfant et adolescent.
Ecoutée en guise de « seconde chance », cette version a su faire mon bonheur : c’est moins lent que dans mon souvenir, et la main gauche est moins plombée que ce à quoi je m’attendais. Mais, surtout, le vieux pianiste chilien a eu l’idée de couper ses ongles avant l’enregistrement, et le si agaçant cliquetis de ceux-ci sur le clavier ne viennent pas déparer la musique –les sonates de Beethoven enregistrées chez Philips sont malheureusement grevées par ce travers, et cela me les rend difficilement supportables, alors qu’il s’agit, pour de nombreux mélomanes ou critiques musicaux, d’une intégrale majeure…-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Playlist « Jeune virtuose de la baguette »

La playlist du jour, assez courte, est consacrée à un coffret que j’avais acheté il y a quelques temps déjà sur la boutique en ligne italienne, où il était encore accessible à prix réduit –ce n’est plus le cas désormais : en France ou ailleurs en Europe : il est nettement plus cher (quasiment le double), en ces temps d’inflation galopante-. Bien que présent sur mes étagères depuis deux ans, je ne l’ai pas encore totalement apprivoisé, et l’occasion était donc belle de le côtoyer d’un peu plus près. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Consacré « star de la baguette » très tôt dans sa carrière, il connut une ascension fulgurante, doublée, dès la fin des années 60, d’un manque de reconnaissance assez fermement établi en France, pour des raisons qui me semblent dépasser l’entendement. Sa carrière discographique est très importante : le coffret du jour propose les premiers enregistrements parus chez Deutsche Grammophon, mais il enregistra l’essentiel de sa discographie chez CBS-Sony, avec quelques entorses chez HMV-EMI ou Decca –une très belle intégrale des symphonies de Sibelius avec Vienne pour cette dernière firme-.

Le premier disque écouté comporte des pièces plutôt virtuoses et sonores, pas inoubliables mais pas désagréables non plus et qui conviennent très bien à ce remarquable technicien de la baguette, à la battue très claire et immédiatement lisible, qu’était le chef américain –une violoniste de l’orchestre de Paris m’a affirmé il y a plusieurs années que la mémoire prodigieuse et l’infaillibilité technique de Lorin Maazel constituait de très loin son meilleur souvenir de musicienne d’orchestre-.
Comme je suis généralement assez hermétique aux symphonies de Brahms, je ne porterai pas de jugement sur cette troisième symphonie : son écoute m’a suffisamment contenté pour que je ne passe pas rapidement à autre chose, sans laisser de souvenir particulièrement marquant non plus !
La « Symphonie Inachevée » de Schubert fut la première oeuvre que Maazel donna en concert, à l’âge de huit ans ! Elle est reprise sur le troisième disque, accompagnée de la quatrième « Symphonie Tragique ». Le coffret comporte par ailleurs une quasi-intégrale des symphonies du compositeur, à une époque où, hors la 8 et dans une moindre mesure la 9,  elles étaient encore très peu enregistrées. A part l’Inachevée, les symphonies de Schubert me sont à peu près aussi étrangères que celles de Brahms –et cette « Tragique » est presqu’assommante par moment, avec son finale qui semble interminable, cf. extrait ci-dessous-… Pour autant, je compte bien arriver à la fin du disque !

Playlist excentrique ou intellectuelle, c’est selon…

La playlist du jour est consacrée à un artiste très controversé de son vivant, qui enregistra pour les plus grands labels classiques, avec quelques-uns des meilleurs orchestres mondiaux –il fut notamment titulaire du podium au Philharmonia de Londres et à la prestigieuse Staatskapelle de Dresde-, les oeuvres les plus célèbres du répertoire, durant une quinzaine d’années, avant de s’éteindre aussi subitement qu’il avait accédé à la gloire soudainement.

Au Philharmonia de Londres, il ne resta en poste, une décennie durant, que grâce au succès des disques enregistrés pour Deutsche Grammophon qui le soutenait à bout de bras : l’immense majorité des musiciens de l’orchestre le considérait comme un charlatan, voire un imposteur, mauvais musicien ne connaissant rien à l’art de diriger. Leonard Bernstein, chef concurrent pour Deutsche Grammophon, et qui enregistrait à la même époque à peu près le même répertoire, en pensait pis que pendre… De fait, s’il avait déjà entamé depuis quelques années une carrière de compositeur et qu’il disposait en la matière d’une solide expérience, Sinopoli, de formation, était médecin, et spécialisé en psychiatrie et dans l’anthropologie criminelle… Aussi l’approche qu’il avait des oeuvres lors des répétitions était-elle parfois très singulière et originale.

Quasiment toutes ses interprétations sont profondément originales et personnelles -d’aucuns disent « excentriques », les plus charitables les qualifient d’ « intellectuelles »-, c’est ce qui fait d’ailleurs leur intérêt. Parmi les disques de la playlist de ce jour –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, le premier, consacré à Schubert, me semble particulièrement raté –le chef avait signé une remarquable « Inachevée » en 1984, celle-ci, plus tardive, est beaucoup plus anecdotique-. Les trois autres sont très réussis, en particulier les « Tableaux d’une exposition ».

Au sein de ma discothèque figurent également, entre autres, ses intégrales des symphonies de Mahler –très intellectuelles, pour le coup– et Schumann –très excentriques, mais j’aime beaucoup à vrai dire-, son premier enregistrement pour Deutsche Grammophon –Schubert, Inachevée + Mendelssohn, Italienne : de vraies réussites-, ses poèmes symphoniques de Richard Strauss, son anthologie Elgar et une formidable intégrale des oeuvres pour orchestre de la Seconde École de Vienne.
Cerise sur le gâteau, Sinopoli fut toujours choyé par les ingénieurs du son de la firme jaune, et tous les enregistrements de ce jour sont excellents.

Playlist « Conquête laborieuse »

Curieusement; j’ai toujours entretenu avec Franz SCHUBERT un rapport assez lointain, qui m’éloigne de la majorité des oeuvres inscrites à son abondant catalogue. Evidemment, la « Symphonie Inachevée », numérotée, 5, puis 7 puis finalement 8 a toujours fait partie des oeuvres populaires et faciles d’approche, et je l’ai donc découverte et appréciée très tôt, dès l’enfance. Mais, plus tardivement, j’ai été peu sensible à la majorité de sa production : outre cette symphonie, seuls les deux séries d’Impromptus pour piano, le cycle de lieder « die Winterreise » et le quintette pour deux violoncelles ont trouvé grâce à mes oreilles.

Aujourd’hui, donc, je retourne tranquillement vers quelques sonates pour piano : j’avais, en 33 tours, un énorme coffret comprenant l’intégralité de l’oeuvre pour piano du compositeur, par un illustre inconnu, Wilhlelm Schüchter: c’était à prix fracassé en Allemagne, mais ce n’était pas fameux, et l’enregistrement et le pressage, de surcroît, étaient assez moyens. De ce fait, je me suis tenu éloigné de ces oeuvres assez longtemps, et les quelques sonates pour piano de Schubert que j’ai en CD sont, le plus souvent, des pièces données en complément d’oeuvres que je préfère : c’est le cas pour les disques de Gilels, par exemple. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ce matin donc, je me suis dirigé vers l’intégrale de Wilhelm Kempff, qui a, paraît-il, statut de référence. On va dire simplement que ça ne me réconcilie pas beaucoup avec ces oeuvres, dont j’ai bien du mal à percevoir la logique interne : ça chante souvent merveilleusement, comme toujours Schubert, mais la soumission à une forme donnée semble l’entraver quelque peu : n’est pas Beethoven -avec son sens de l’architecture imparable- qui veut ! Et l’interprétation me semble manquer quelque peu d’abattage… 

Bref, j’y reviendrai plus tard, pour me refaire une opinion !

Playlist « Cette année-là » – 1976

Schubert – Quintette avec piano « La Truite » – Emil Gilels, Quatuor Amadeus
Al Stewart – The Year Of The Cat
Kurt Weill – Kleine Dreigroschenmusik ; Mahagonny Songspiel – The London Sinfonietta, David Atherton
AC/DC – Dirty. Deeds Done Dirt Cheap (Albert Australian Edition)
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Playlist « Ex-jeune loup prometteur »

La playlist de ce jour est consacrée à quelques-uns des excellents albums que le jeune chef américain Lorin Maazel réalisa pour la firme allemande Deutsche Grammophon avec l’orchestre philharmonique de Berlin à l’aube de sa carrière, à la fin des années 50 et au début des années 60. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Lorin Maazel a connu un destin assez singulier : début à la tête d’un orchestre à 8 ans pour diriger rien moins que la « Symphonie Inachevée » de Schubert, star de la baguette particulièrement appréciée du « grand public », il a suscité un quasi-rejet presque viscéral -et assez difficilement compréhensible pour moi- de la part du cercle bien plus étroit des mélomanes –au moins en France– mais une vraie admiration, voire parfois de l’adoration de la part des musiciens d’orchestre, qui lui ont toujours reconnu une maîtrise technique exceptionnelle et une mémoire fabuleuse.

Quoi qu’il en soit, ses premiers albums sont tous de très belle tenue : c’est vif –au risque d’une certaine brutalité parfois, comme dans la célèbre 5ème symphonie de Beethoven-, c’est très clair et lisible –l’appui sur les cordes est bien moindre que chez Karajan avec le même orchestre à la même époque-, et d’un engagement que le chef ne trouvera plus toujours plus tard.

Les quatre disques du jour sont issus d’un très intéressant coffret thématique contenant 8 CD –cliquer sur l’imagette de droite pour voir en plus grand de quoi il s’agit-, paru en série économique il y a une quinzaine d’année –à titre anecdotique, bénéficiant d’une erreur d’étiquetage, je ai eu, neuf, pour 9,90€, en compagnie d’autres excellents coffrets de cette très belle collection, tous affichés au même prix de manière erronée…-, lequel coffret, assez copieusement garni,  contient d’autres pépites aussi éclatantes –plusieurs symphonies de Schubert rarement enregistrées à l’époque, d’excellentes symphonies de Mendelssohn, une quatrième symphonie de Tchaikovsky sonore et totalement dépoussiérée de tout pathos, trois visions de Rome et Juliette selon Berlioz, Tchaikovsky et Prokofiev…– qui s’inscrivent assez bien dans la « ligne objective » alors en vigueur chez de nombreux chefs d’Outre-Atlantique.

Playlist alternative

J’ai écouté sur plusieurs jours, parce que j’ai peu de temps à consacrer à mes oreilles en cette période riche en incertitudes, cette playlist composée de versions « alternatives » , entamée et débutée par des oeuvres de Richard Strauss et interprétée par le « controversé-en-son-temps-et-reconnu-depuis-sa-mort » chef italien Giuseppe Sinopoli, qui fut titulaire de quelques-uns des orchestres les plus prestigieux, dont la Staatskapelle de Dresde, avec lequel l’ensemble de ces albums furent enregistrés. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

En France –c’est beaucoup moins le cas à l’étranger-, Sinopoli, qui connut une carrière assez fulgurante grâce à sa barbe très photogénique, fut assez régulièrement vilipendé pour des interprétations jugées bizarres, intellectualisantes et idiosyncratiques. Ce fut le cas, notamment, pour son intégrale des symphonies de Mahler, alors qu’elle s’inscrit vers les sommets de la discographie à mon avis : on ne s’y ennuie jamais !
Personnellement, j’aime en général beaucoup les interprétations qu’il propose, et je trouve régulièrement un éclairage complémentaire à d’autres versions des oeuvres du grand répertoire qu’il a interprétées. A part l’album consacré ici à Schubert –il avait fait bien mieux dans la symphonie « Inachevée » au début de sa carrière-, les autres disques sont vraiment tout-à-fait à mon goût !

Depuis son décès en 2001, sa côte a énormément remonté et ses disques restent assez régulièrement disponibles, à des tarifs assez accessibles qui plus est ! Ainsi, ils sont assez abondants dans ma discothèque, le chef ayant beaucoup enregistré durant une quinzaine d’années, et pour les plus grands labels.

Playlist « N’importe quoi ! »

La playlist de ce jour est construite sans queue ni tête : juste quelques albums dont je souhaitais me « re-souvenir » parce qu’ils étaient quelque peu sortis de ma mémoire. Ce qui me vaut deux excellentes surprises et deux « bons moments sans plus » ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les deux « bons moments sans plus » sont les deux albums « du milieu » de l’illustration : le second album de Lynyrd Skynyrd, dont le hit « Sweet Home Alabama » constitue le premier titre, propose du blues-rock « sudiste », avec de belles envolées de guitares et une rythmique un peu molle typique de ces années-là : c’est très bien à petites doses, mais assez loin de ce qu’a pu réaliser, par exemple, The Allman Brothers Band, sacrément plus créatifs !

Quant aux deux symphonies de Schumann et Schubert par Günter Wandun concert avec l’orchestre de la Radio de Hambourg, par un excellent chef-artisan qui acquit une réputation « mondiale » sur le tard, à près de 70 ans…-, c’est moins bon en définitive que dans mon souvenir, et j’en attendais un peu plus, surtout pour la quatrième de Schumann, curieusement un peu atone à mes oreilles, et qui ne décolle jamais vraiment : un très bon concert, évidemment, et un couplage plutôt bienvenu, mais dans ce répertoire archi-rabâché, je préfère d’autres versions plus marquantes.

En revanche, les deux autres albums sont excellents, le premier, déjà évoqué ici, proposant surcroît une prise de son de démonstration, ce qui est important pour cette oeuvre ! Quant à celui de Fischer-Z, je ne m’en souvenais plus du tout; et il s’avère, au bout du compte, presqu’aussi bon que « Red Skies Over Paradise », qu’il précède dans la courte discographie du groupe : c’est vous dire si je l’ai apprécié !

Playlist « L’autre grand K »

« Carlos Kleiber est un génie qui ne dirige que quand son frigo est vide… » : ainsi s’exprimait Herbert von Karajan sur son cadet. Les deux chefs se vouaient une admiration réciproque, puisque Carlos Kleiber affirmait que pour étudier et comprendre une partition, la meilleure voie était d’assister à une répétition du vieux maestro –ce qu’il fit à maintes reprises-.
Fils du célèbre chef d’orchestre Erich Kleiber et quelque peu écrasé par l’ombre tutélaire de son père, Carlos, né en exil en Argentine pendant la seconde guerre mondiale, a bâti sa légende malgré –ou à cause ? – le nombre de concerts qu’il annula et un répertoire remarquablement limité à quelques oeuvres qu’il approfondit tout au long de sa vie.

La playlist de ce jour est donc consacrée à l’intégrale des enregistrements symphoniques de Carlos Kleiber réalisés pour la firme Deutsche Grammophon, et tient en exactement quatre CD, assez chichement remplis qui plus est ! Les légendes tiennent à peu de choses ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Les autres disques sont consacrés à quatre intégrales d’opéras enregistrées, elles aussi, en studio et viennent compléter le legs de ses enregistrements officiels pour la firme allemande, qui lui bâtit des ponts d’or pour ces maigres témoignages –quantitativement parlant-.

Carlos Kleiber, c’est une souplesse de battue et une élégance inouïes, et une ligne claire qui apporte beaucoup de lisibilité et de dynamisme aux oeuvres qu’il dirigeait. Les répétitions se passaient dans une certaine détente, et le chef, plutôt affable et courtois, s’appuyait sur des anecdotes imagées très curieuses pour illustrer ses exigences. Il prétendait ne pas aimer diriger, préférant, de son propre aveu, les bonheurs simples de la vie : « Je veux cultiver dans un jardin, je veux avoir le soleil, je veux manger et boire et dormir et faire l’amour, et c’est tout. »