La biographie d’Otto Klemperer, chef d’orchestre né en 1885, se lit comme un catalogue médical ! Il fut non seulement atteint d’un nombre considérable de déboires physiques –méningite, tumeur au cerveau, fractures diverses, qui le clouèrent dans un fauteuil à la fin de sa vie, brûlures au troisième degré…-, mais son comportement maniaco-dépressif en faisait, de surcroît, un homme peu sociable et à l’humour sarcastique.
Géant de près de deux mètres, fumeur de pipe invétéré, il dirigeait avec ses poings, un visage fermé et peu expressif –du fait d’une paralysie faciale– mais une réelle autorité.
Son été indien avec le Philharmonia Orchestra, à partir de 1954 et jusqu’à sa « retraite » en 1971, après des années d’errance entre l’Europe et l’Amérique, nous vaut pourtant des disques de très grande qualité pour peu que l’on se plie à ses choix artistiques : grande lisibilité des lignes mais sans guère de couleurs, sens de l’architecture, tempos se ralentissant de plus en plus… Des lectures « sérieuses », d’un détachement aristocratique et marmoréennes. La playlist de ce jour est donc consacrée à quelques-unes des « grandes oeuvres » du répertoire dans les versions relativement tardives qu’il proposa avec cet orchestre, et qui s’avèrent très différents d’enregistrement réalisés antérieurement. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Ce sont toujours de très bonnes versions, qui n’ont que très rarement quitté le catalogue, généralement très bien enregistrées à l’aune des standards de l’époque et remarquablement rééditées –cliquer sur l’imagette de droite pour la voir en plus grand et découvrir l’ensemble de cette belle collection– : EMI/Warner a en effet compilé, en une douzaine de coffrets thématiques comprenant de riches informations biographiques et artistiques, l’essentiel de son répertoire avec le Philharmonia ou le New Philharmonia, dont il fut le chef attitré après le départ de Karajan pour Berlin. A la différence de nombreux chefs de sa génération oeuvrant en Europe, Klemperer, disciple et ami de Gustav Mahler, se voulait un chef objectif, partisan de la « Neue Sachligkeit » –Nouvelle objectivité-.
Personnellement, j’aime beaucoup !