Décidément, 2016 s’annonce difficile pour les artistes ayant atteint le force de l’âge, voire plus. Pierre BOULEZ est mort aujourd’hui, à 90 ans : pape de la musique classique dite « contemporaine », il semble qu’il s’était beaucoup adouci avec l’âge, après quelques propos attestant d’une certaine rigidité iconoclaste durant les années 50 et 60.
Compositeur reconnu, mais dont je ne connais guère que « Le marteau sans maître » et les sonates pour piano, intellectuel brillant –polytechnicien de formation, professeur au Collège de France- et volontiers disert sur la musique qu’il n’aimait pas -au hasard : Schubert-, il avait entamé, dans les années 60, une carrière de chef d’orchestre –certains de ses disques des débuts prêtent gentiment à sourire, je songe notamment à une cinquième de Beethoven ou à une Water Music de Handel, qu’on n’écoutera pas sans s’esclaffer aujourd’hui– afin, notamment, de rendre justice aux compositeurs qui avaient sa faveur et qui étaient encorne fort peu joués -la deuxième école de Vienne, en particulier, où il fait partie des interprètes incontournables-.
Il s’exila assez tôt hors de France –l’Allemagne et New York reconnurent bien plus tôt son talent que ses compatriotes-, avant d’y revenir pour concrétiser les projets qu’il avait en tête : création de l’Ircam et de l’Ensemble Intercontemporain, par exemple, où la crème des musiciens français de l’époque sensible à la « nouvelle musique » le rejoignirent.
Il fut aussi le protagoniste génial du fameux Ring du centenaire, à Bayreuth, avec son complice Patrick Chéreau à la mise en scène : ce Ring vaut encore largement le coup d’être regardé de nos jours, tant son propos est cohérent et abouti –mais on, évitera de l’écouter au disque dépourvu de ce support visuel, au risque d’une franche déception-. Plus tardivement, il réalisa une intégrale des symphonies de Mahler qui reste plus qu’honorable, et quelques Debussy et Bartok vraiment excellents, à la hauteur de ses interprétations de Stravinsky. Ses enregistrements sont toujours marqués par une grande intelligibilité du propos, faite de clarté et de rigueur.
Tous les albums présentés dans cette playlist sont hautement recommandables, parfois à prix massacrés ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Ses interprétations du sacre du printemps sont quand même exceptionnelles. Sinon, j’aime bien aussi son interprétation de La Nuit Transfigurée, moins lyrique que celle de Karajan.
Oui, certes, mais il existe tant d’enregistrements du Sacre que forcément, même les excellents -dont Boulez- ne sont pas rares. Mais Stravinsky reste un compositeur que je connais mal -à partie Sacre et les autres musiques de ballet, en gros- et que j’apprécie assez peu, à dire vrai.
C’est ce qui est bien avec la musique classique : plusieurs visions très cohérentes mais très différentes apparaissent à chaque fois pertinentes .
De Stravinsky, j’avoue connaitre surtout son Sacre du printemps…
Boulez ne me laisse pas indifférent en tant que compositeur, mais il faut bien avouer que sa musique est plutôt difficile ! Et ne s’écoute pas tous les jours !