Les albums live de Joy Division sont suffisamment rares pour que j’apprécie à sa juste valeur celui que je suis en train d’écouter… –Cliquer sur l’image pour voir en plus grand cette belle jaquette épurée-. Pendant sa courte existence, le groupe tourna régulièrement sur scène, et le prestations étaient, paraît-il, hypnotisantes pour le public, mais aussi totalement tributaires de l’état de santé du chanteur Ian Curtis, pantin désarticulé et halluciné, qui s’écroula plusieurs fois sur la scène du fait de son état épileptique.
« Paradiso » fut enregistré –sous le manteau– à Amsterdam un soir de janvier 1980, qui devait être un très bon soir, et le son est plutôt très convenable pour un album « pirate ». Evidement, une écoute au petit matin, et donc à volume très modéré, fait vraisemblablement perdre toute une partie de l’impact de cette musique sombre et parfois très martelée rythmiquement, mais l’ensemble reste de très haute tenue, même si, audiblement, sur scène, les équilibres sonores très léchés des versions studio sont absents, sans qu’on gagne par ailleurs le surcroît d’énergie généralement apporté par la scène. Mais la set-list est admirablement construite pour créer une tension croissante au fur et à mesure qu’elle se déroule.
Comme pour les premiers concerts des Cure, le public, discret, semble relativement clairsemé –la notoriété de Joy Division s’est très largement accrue suite au décès de Ian Curtis– et le groupe, s’il fait preuve d’une grande cohésion, n’est pas à l’abri des incidents techniques : petits décalages instrumentaux, fausses notes émergeant ici ou là, guitare imparfaitement accordée… Mais tout cela n’est pas grave eu égard à la valeur globale du témoignage. Un très beau disque !