Playlist « Glorieuse voix wagnérienne »

Entre quelques activités estivales : promenades sous le soleil entre deux épisodes orageux, visite de la déchèterie voisine pour désencombrer un peu tous les cartons que j’avais mis de côté ces dernières semaines –commander en ligne et se faire livrer, c’est pratique mais les cartons vides finissent par prendre de la place…-, premiers préparatifs pour nos futures vacances –c’est vite fait pour ce qui me concerne, je ne suis pas du genre à remplir la voiture, TheCookingCat s’en charge très bien toute seule !-, je me consacre à cette très jolie playlist que j’ai offerte à mes oreilles ce jour : « Astrid Varnay chante Wagner », au travers trois albums originaux –réédités en deux CD en 1988 dans l’excellente série Dokumente, aujourd’hui disparue– qu’elle enregistra entre 1954 et 1957, au faîte de sa gloire donc, pour le label Deutsche Grammophon. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Astrid Varnay, née le 25 avril 1918 à Stockholm et décédée le 4 septembre 2006 à Munich, était une soprano de renom aux doubles nationalités suédoise et américaine, célèbre en particulier pour ses interprétations des opéras de Richard Wagner. Issue d’une famille de musiciens d’origine hongroise réfugiés en Suède durant la première guerre mondiale, sa mère, Maria Javor, était une chanteuse d’opéra –soprano coloratura-, et son père, Alexander Varnay, un ténor dramatique. Astrid Varnay passa ensuite une partie de son enfance en Argentine avant de s’installer aux États-Unis avec sa famille, où son père mourut en 1924.

Dès son jeune âge, Astrid Varnay fut exposée à la musique et à l’opéra. Elle entama des études de piano puis se tourna vers le chant, prenant d’abord des leçons de sa mère, puis de la célèbre soprano Lotte Lehmannune Sieglinde pour l’éternité-. Cette dernière joua un rôle crucial dans le développement de sa carrière : en effet, la percée soudaine d’Astrid Varnay survint en 1941 à l’âge de 23 ans lorsqu’elle remplaça Lotte Lehmann dans le rôle de Sieglinde dans « Die Walküre » au Metropolitan Opera de New York. Cette performance inattendue et triomphale, la veille du bombardement japonais sur Pearl Harbour, a marqué le début d’une carrière impressionnante qui s’étendra sur plus de quatre décennies.
Après la seconde guerre mondiale, Astrid Varnay s’établit essentiellement en Allemagne, à Munich. En 1951, elle se lança le rôle de Brünnhilde dans le cycle complet du Ring à Bayreuth, remplaçant la célèbre soprano Kirsten Flagstad, qui l’avait recommandée à Wieland Wagner. Cette performance a solidifié sa réputation comme une Brünnhilde de premier plan, un rôle qu’elle continuerait à interpréter régulièrement à Bayreuth –où elle se produisit sans interruption pendant les 17 ans qui suivirent– et dans les autres grandes maisons d’opéra du monde.

Ainsi, Astrid Varnay a rapidement gagna sa réputation en tant que l’une des sopranos wagnériennes les plus importantes de son époque. Son registre vocal puissant et son talent d’actrice ont fait d’elle une interprète recherchée pour des rôles exigeants comme Brünnhilde dans « Der Ring des Nibelungen », Isolde dans « Tristan und Isolde », Ortrud dans « Lohengrin » et Kundry dans « Parsifal ». Outre Wagner, elle a également excellé dans des rôles de soprano dramatique dans des opéras de Strauss, Verdi et Puccini –mais il n’en reste que peu de témoignages– qui la firent parfois surnommer la « Callas allemande ». L’une des caractéristiques distinctives de la carrière de Varnay était sa capacité à endosser des rôles majeurs avec peu de préparation.
Après le milieu des années 50, son investissement dans ces rôles très lourds laissa des traces indéniables sur sa voix : vibrato marqué, justesse approximative avec une tendance à attaquer les notes par le bas, relâchement de la diction, mais ses incarnations très « ça passe ou ça casse » demeurent attachantes et son investissement dans les personnages ne faiblit pas. Dans les années 1960, Varnay commença à élargir son répertoire pour inclure des rôles de mezzo-soprano, tels que Klytämnestra dans Elektra de Strauss et la mère dans Hänsel und Gretel de Humperdinck. Cette transition a permis à Varnay de prolonger sa carrière avec ses interprétations nuancées et passionnées.

Au cours de sa carrière, Varnay a travaillé avec certains des chefs d’orchestre les plus éminents de son époque : Wilhelm Furtwängler, Arturo Toscanini et Herbert von Karajan. Elle a également partagé la scène avec d’autres grands chanteurs, parmi lesquels Lauritz Melchior, Wolfgang Windgassen et Hans Hotter. Son interprétation des héroïnes wagnériennes était marquée par une intensité dramatique et une endurance vocale remarquables, lui permettant de se distinguer dans des rôles exigeants physiquement et émotionnellement, dont de très nombreux enregistrements « pirates » désormais régulièrement publiés gardent la trace, dans des conditions techniques plutôt décentes : en effet, sa discographie officielle est relativement réduite, mais de on dispose de tous les « Ring » de Bayreuth entre 1951 et 1958, sous la baguette des « 4 K » Karajan, Krauss, Keilberth et Knapperstbusch, ainsi que de ses apparitions dans les rôles d’Ortrud –où elle était géniale et méchante à souhait– ou de Senta : dans tous ces rôles, elle a marqué l’histoire du Neues Bayreuth par sa voix puissante et son talent dramatique qui en faisaient des incarnations exceptionnelles.

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