La playlist de ce jour, deuxième de cette série consacrée à des oeuvres symphonique venues du grand Nord, est consacrée à trois compositeurs suédois, qui sont sans doute les plus représentatifs du genre, à défaut d’être très connus du grand public, voire des « mélomanes du quotidien », sans que ce terme soit aucunement péjoratif. –Cliquer sur l’image et les imagettes des portraits pour les voir en plus grand-.
• Franz Berwald –1796-1868– était un compositeur suédois dont les symphonies sont contemporaines de celles de Mendelssohn ou de Schumann, soit le milieu du XIXème siècle. Elles sont donc d’essence essentiellement romantique et restent de structure fondamentalement classique, comportant peu d’éléments du folklore suédois. La symphonie n°2 –« Symphonie capricieuse »– propose cependant une instrumentation colorée et la symphonie n°4 –« Symphonie naïve »– donne à entendre des thèmes pastoraux agréables, mais l’ensemble du corpus me semble moins intéressant, en définitive, que les corpus symphoniques de ses plus illustres contemporains. La discographie des symphonies de Berwald est assez pauvre, et c’est encore Neeme Järvi qui le révéla à un public un peu plus large au début des années 80.
• Une décennie plus tard, le même Neeme Järvi enregistrait l’intégrale des symphonies d’Hugo Alfvén pour le BIS, dans des prises de son somptueuses typiques du label. Pour le coup, ce compositeur m’était connu depuis les années 80 –Hugo Alfvén -1872-1960- est l’un des principaux compositeurs suédois du romantisme tardif et du début du XXème siècle-, parce que mon oncle immense collectionneur de disque m’avait demandé de lui ramener de Suède, où je périplais pour mes vacances à travers la Scandinavie, tout ce qu’il était possible de lui dénicher de ce compositeur, dont rien n’était alors disponible en France, et si peu en Allemagne. J’avais ainsi effectué une assez maigre cueillette –moins d’une dizaine de LP dans mon souvenir– chez un disquaire de Göteborg tout étonné de voir un adulescent chevelu lui faire part de cette demande.
Les symphonies d’Alfvén sont contemporaines de celles de Sibelius et s’inscrivent dans un romantisme tardif incorporant quelques éléments du folklore populaire suédois. La texture orchestrale est riche et dense, les mélodies sont marquées par un fort lyrisme. Comme son illustre contemporain finlandais, Alfvén sait très bien évoquer les vastes paysages nordiques. Sa quatrième symphonie -« Aux confins de l’archipel »-, à l’écoute ce jour, est vraiment intéressante : elle est très programmatique et utilise une structure peu conventionnelle –un seul mouvement organisé en quatre épisodes-, avec des éléments vocaux. Vous en trouverez une description détaillée ici.
• Kurt Atterberg –1887–1974– est l’autre grand symphoniste suédois du XXème siècle, quasi-contemporain d’Hugo Alfvén et encore moins connu que lui, tout au moins jusqu’à récemment. Il composa neuf symphonies, qui ont connu deux enregistrements intégraux chez de « petits » labels indépendants –Naxos et CPO– friands de parutions rares et souvent inédites et dont je me suis toujours demandé comment ils pouvaient survivre sur ce seul marché de niche, d’autant qu’ils éditent leurs disques à des tarifs très doux dès leur sortie, dans des conditions techniques généralement très convenables.
Les symphonies d’Atterberg s’inscrivent dans une veine post-romantique et sont régulièrement influencées par le folklore suédois : les symphonies n°4 et 8, écoutées ce jour, sont ainsi chacune fondées sur des mélodies populaires suédoises. Le style d’Atterberg reste toujours accessible et plaisant, très lyrique et loin des expérimentations ou des recherches avant-gardistes de nombre de ses contemporains.
Au final, et nonobstant la petite déception concernant les symphonies de Franz Berwald, une très belle playlist à travers la Suède !