La playlist de ce jour est consacrée à quelques pièces pour piano de Robert Schumann, musicien profondément romantique et dont l’esprit sans doute un peu dérangé –d’une grande sensibilité, il est mort dans un asile, au terme d’un long internement de trois ans, souffrant notamment d’avoir été un pianiste raté doublé d’un chef d’orchestre raté– le conduisait à s’identifier tout-tour à deux personnages fictifs qu’il fit longtemps dialoguer dans ses écrits et ses oeuvres : Eusebius, au caractère mélancolique, calme et peu expansif et Florestan, beaucoup plus fougueux et passionné. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
• Les « Kinderszenen » forment une très belle page d’accès facile, conçues selon le compositeur comme « des souvenirs d’enfance pour des personnes qui ont grandi ». Les treize courtes pièces qui les composent –le compositeur les avaient d’abord simplement intitulées « Pièces faciles »– sont jouées ici par un vieux monsieur de près de 80 ans, Wilhelm Kempff, et constituent le plus beau moment d’une anthologie qu’il consacra, sans doute trop tardivement, au compositeur.
• Les « Etudes symphoniques pour piano » sont d’une toute autre veine technique. Si les pièces qui les constituent sont également très courtes, elles sont d’une grande virtuosité. Schumann ne devint jamais le grand virtuose du piano qu’il rêvait d’être, notamment parce qu’il inventa un « appareil » qui devait lui permettre de travailler l’indépendance des doigts et qui le laissa partiellement paralysé de la main droite ! La seconde version de Géza Anda, magnifique interprète de Schumann, est absolument remarquable –cf. extrait– !
• Enfin, « Carnaval » est une oeuvre constituées de vingt-deux « scènes mignonnes sur quatre notes » –excellente présentation de l’oeuvre ici– et présentant un défilé de personnages masqués, fictifs ou réels, fêtant carnaval : parmi ces personnages réels, Schumann sous sa double personnalité –Eusebius et Florestan-, mais également Paganini, Chopin ou sa propre femme, la virtuose Clara Schumann. Magnifique et rare version d’Emil Gilels, immense interprète de Schumann lui aussi, ici en concert –il n’enregistra jamais l’oeuvre en studio-.