Playlist « The American Way ToThe Concerto »

A la fin des années 50, trois fabuleux pianistes émergèrent, presqu’en même temps, des Etats-Unis et connurent des carrières de météorites d’une dizaine d’années, consacrées par quelques enregistrements de très haute volée, pour les firmes américaines RCA, Mercury ou CBS. Leurs points communs : des mains immenses, des doigts longilignes, une formation technique exceptionnelle, belle sonorité. Il s’agit de :
Leon Fleisher, qui enregistra une formidable série de concertos du grand répertoire avec l’orchestre de Cleveland et George Szell –Beethoven, Brahms, Grieg, Mozart, Schumann-, avant de devoir réorienter sa carrière vers l’enseignement –beaucoup– et la direction d’orchestre –un peu-, suite à une paralysie de la main droite;
Byron Janis, qui enregistra rapidement les concertos romantiques les plus célèbres ainsi que quelques magnifiques albums de musique pour piano seul. Lui aussi cessa sa carrière relativement rapidement, une arthrose des mains le plongeant dans une dépression dont il ne sortit que très tardivement;
Van Cliburnnom de scène pour Harvey Lavan Cliburn-, premier lauréat du concours international de piano Tchaikovsky en pleine guerre froide devant un jury essentiellement soviétique, et qui ne confirma jamais au-delà de ses albums de jeunesse son immense talent.

Tous ces albums –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– sont marqués par des prises de son exceptionnelles pour l’époque, un engagement puissant des artistes dans des interprétations « objectives » mais brillantes et un accompagnement généralement soigné des chefs les accompagnant. Ils se vendirent tous remarquablement –le disque de Van Cliburn fut le premier disque de musique classique à dépasser le million d’exemplaires des ventes, chiffre énorme en musique classique– bien et contribuèrent à populariser ces oeuvres aux Etats-Unis, d’une art, et à me constituer une fort belle playlist d’autre part ! L’extrait pris au hasard devrait ravir vos oreilles…

Playlist entre déceptions et belles réussites

Cette playlist entamée fort tôt en tout début de matinée –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– commence par une sérieuse déception.

J’avais toujours entendu et lu beaucoup de bien de Sir Clifford Curzon, pianiste anglais qui débuta sa carrière peu avant la seconde guerre mondiale, pour l’achever au début des années 1970. J’ai donc emprunté ce petit coffret à la médiathèque, pour m’en faire une idée. On y trouve notamment du très joli Mozart et un Schubert avenant.
Pour le reste, la confrontation avec les grands concertos du répertoire me laisse sur ma faim : notamment, le premier concerto pour piano de Brahms, dans la première version que le pianiste en enregistra –il paraît qu’une autre version est légendaire, j’ai un peu de mal à l’imaginer– m’a fait penser à la fable de La Fontaine « La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf ».
Il en va de même avec la sonate de Liszt, plutôt claire et très chamboulée parfois, et j’ai été franchement très déçu par les « Variations Eroica » de Beethoven, complètement bizarres et heurtées rythmiquement et vraiment loin de mon idéal. En définitive, les critiques anglais sont aussi chauvins lorsqu’ils parlent d’artistes locaux que les critiques français lorsqu’ils parlent d’artistes français…

Du coup, pour me remettre les oreilles à l’endroit, je suis retourné aux mêmes variations par Emil Gilels, admirable d’abattage et beaucoup plus engagée. Il est curieux de constater que le pianiste russe se montrait un architecte très patient dans les sonates de Beethoven, mais joua toujours les différentes séries de variations sur des tempi rapides et avec une phénoménale virtuosité, sans jamais sacrifier la construction.

L’autre souvenir d’une relative déception est ce live des Cure à Saint-Malo, en 2005. J’y étais, j’avais assez peu apprécié le concert, du fait d’un son très médiocre et d’un public relativement aviné et agité. Le groupe, en quatuor à l’époque, n’avait plus de clavier, et, malgré tout l’immense talent de Porl Thomson à la guitare –cliquer sur l’image tte de droite pour la voir en plus grand-, cette absence se fait parfois cruellement ressentir. Le concert fut filmé partiellement par Arte, et permet enfin d’entendre la guitare acoustique, essentielle sur l’extrait ci-dessous : en vrai et d’où j’étais, on ne l’entendait pas du tout…

Là encore, il a fallu me remettre les oreilles à l’endroit, avec un autre concert d’un tout autre genre, oscillant entre blues et jazz-rock avec cet excellent concert « pirate » de Mick Taylor dans un « café » de Philadelphie, en 1987. Soutenu par un très bon groupe -un bassiste de feu notamment-, le guitariste s’y révèle particulièrement brillant et inspiré, et le disque est excellent malgré un son seulement correct…

Playlist sans queue ni tête

En ce jour de fête nationale, j’aurais pu concocter une playlist visuellement « bleu-blanc-rouge », par exemple, ou n’écouter que des musiciens français de l’époque révolutionnaire –ce qui ne serait pas si simple que cela, en l’état de pauvreté de ma discothèque en la matière…-.
Mais, comme je me suis levé très tôt, j’ai laissé faire mon instinct matinal, ce qui donne cette playlist sans queue ni tête… –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

La curiosité principale en est la version dite « de Hambourg » de la première symphonie de Mahler, qui date d’avant la révision finale de l’oeuvre, et comporte un mouvement supplémentaire, « Blumine », inséré entre les actuels deuxième et troisième mouvements, ainsi que quelques modifications instrumentales mineures.
La version écoutée, que Mahler dénommait encore, à cette époque « un poème symphonique en forme de symphonie », se caractérise par ailleurs par des tempi plutôt vifs et un traitement clair et léger, qui inscrit cette symphonie dans une perspective beaucoup moins sombre et post-romantique que d’habitude : c’est très intéressant, d’autant que c’est l’orchestre de la radio de Hambourg qui interprète cette « version de Hambourg » !

Le reste est beaucoup plus traditionnel, avec même un « tube de plage » de mes années adolescentes, encore que les « Années de pèlerinage » de Liszt ne soient pas d’un accès si facile si l’on n’aime pas le grand piano.
La version du jour, en tout cas, rend parfaitement justice à ce corpus d’oeuvres oscillant entre poésie et pyrotechnie –normal en ce jour de feux d’artifice– dans une magnifique perspective sonore –cf. l’extrait sonore proposé ci-dessous– et s’avère peut-être, en définitive, la plus belle enregistrée à ce jour –au-delà des pièces éparses parfois enregistrées, l’oeuvre intégrale ne dispose pas d’une discographie si pléthorique, et encore moins dans des prises de son satisfaisantes-.

Playlist monomaniaque en noir et blanc -et jaune-

C’est un pianiste singulier et remarquablement intéressant, quoi que fort idiosyncrasique, qui a occupé mes oreilles aujourd’hui. Et une occasion d’écouter quelques compositeurs que je ne goûte pas outre mesure –Mozart, Chopin-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ivo Pogorelich n’est pas encore très âgé, mais il a commencé à enregistrer fort jeune, suite à son échec au concours de piano « Chopin » à Varsovie. L’esclandre qui suivit la décision d’une partie du jury est restée célèbre dans les annales du monde du piano : Martha Argerich, qui voyait en ce tout jeune pianiste « un génie » démissionna avec pertes et fracas dudit jury pour contester la décision de ses pairs et Deutsche Grammophon signa le contrat réservé au lauréat au jeune éliminé.

Marié à sa professeure de piano, plus âgé que lui de 21 ans –tiens, en ces temps d’élection, cela ne vous rappelle rien ?– et portant beau, ses premiers disques furent de fracassants succès. Il enregistra assez régulièrement pendant une petite dizaine d’années, avant de se retirer, en 1996, suite au décès de sa femme.

Depuis, il est revenu sur scène, plus singulier encore qu’auparavant, mais n’enregistre plus. Cela n’empêche pas que je le situe très haut dans le panthéon personnel de mes pianistes de prédilection : une sonorité puissante et belle en toutes circonstances et des visions personnelles mais remarquablement construites.

Playlist « Variations sur une playlist »

Ayant entamé la journée par « Le Nozze di Figaro » de Mozart, ce sont des variations sur cette oeuvre qui entament cette playlist singulière –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

D’abord, des Variations sur un air de l’opéra composée pour violon et piano par Beethoven, qui ne devait pas les tenir en assez haute estime pour les inclure dans son catalogue des oeuvres dignes d’êtres publiées, mais qui n’en sont pas moins aimables et facile d’approche et d’écoute –alors que ce duo violon / piano peut produire des choses parfois difficiles à appréhender, du moins pour moi…-.

Suite à cela, j’ai opté pour la Fantaisie sur deux thèmes des « Noces de Figaro » de Liszt, complétée complexifiée par Busoni : l’oeuvre, d’une écriture très ardue, est fort peu donnée en concert, et peu enregistrée. Je me suis donc rabattu sur le très ancien enregistrement, prodigieux, d’Emil Gilels : c’est avec cette oeuvre qu’il avait triomphé, haut-la-main, lors du premier concours qu’il remporta, en 1933, avant même d’être accepté au Conservatoire de Moscou.

Ce qui m’a conduit vers d’autres oeuvres de Ferruccio Busoni, compositeur italien un peu oublié de nos jours, et qui produisit une oeuvre contrapuntique complexe et dense, et des pièces pour piano d’une complexité assez extraordinaire, mais plutôt agréable aux oreilles. Son concerto pour piano est long et dense, mais mérite un coup d’oreilles approfondi, et ses oeuvres pour orchestre-dont vous trouverez un extrait pris au hasard-, dans une veine postromantique, sont réellement dignes d’intérêt et s’écoutent avec plaisir –d’autant qu’elles trouvent une bien belle interprétation par un chef, Gerd Albrecht, très attiré par ce répertoire un peu rare, et qui en tire toujours le meilleur-. Dans les deux cas, les prises de son méritent d’être entendues : elles sont exemplaires de clarté, de dynamique et d’étagement des plans sonores ! Ce qui ne gâte rien, bien évidemment !

Playlist tonitruante !

Tombé du lit fort tôt ce matin, j’ai dû attendre un peu avant de lancer cette playlist un peu tonitruante, qui, sinon, aurait réveillé la maisonnée –ça ne supporte pas d’être écouté à trop faible volume, ces oeuvres ne s’y prêtent pas du tout !-. –Cliquer sur l‘image pour la voir en plus grand-.

playlist17092016

On retrouve en vrac la huitième symphonie de Mahler, dite « Symphonie des mille » parce que son exécution réclame pas moins de 1000 interprètes –1029 exactement pour sa création-, que je n’écoute que très rarement, parce que dans le cadre d’une écoute domestique, cela ne fait pas grand sens, d’une part, et que je ne l’apprécie pas outre mesure, d’autre part.

Le disque Saint-Saëns, peu goûté par les critiques en France mais très positivement apprécié par les critiques hors de nos frontières, a la particularité d’avoir déplacé les orgues de la cathédrale de Paris dans la salle du Philharmonique de Berlin par le biais du re-recording : les trois premiers mouvements sont vraiment excellents, mais le son de l’orgue, dans le dernier, est laid, mais tonitruant, en effet !

Petit, Mazeppa, de Liszt, était l’une de mes oeuvres préférée, découverte quand j’avais moins de 8 ans. J’avais, en particulier, été sensible à l’histoire du héros de ce poème symphonique, emporté,  tout attaché et enduit de goudron, sur un fougueux coursier. De même, la Fantaisie hongroise a été une de mes premières découvertes, à la même époque, et je crois que je la préfère aux concerti pour piano du compositeur –de surcroît, le pianiste de cette version est fabuleux-.

La maisonnée étant réveillée, le volume sonore y est assez élevé depuis un petit moment 🙂 ! Un petit extrait du dernier album écouté –excellent et très bien enregistré– devrait avoir le même effet chez vous !