Avant d’enregistrer le musée sonore que l’on sait avec la philharmonie de Berlin à partir de 1959, Karajan enregistra chez EMI/HMV/Columbia, en guise d’entraînement extrêmement intensif –les séances de répétition laissent entendre un chef particulièrement exigeant et soucieux de précision– et sur une très brève période, une cinquantaine d’albums sous la supervision de Walter Legge, qui avait réuni à Londres un « orchestre de compétition » spécialement dévolu à cet effet : le Philharmonia Orchestra. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Ce sont ces enregistrements que je réécoute ce matin :
• Handel – Water Music (orchestration Hamilton Harty) – 1952 • Bartok – Concerto pour orchestre – 1953 • Bartok – Musique pour cordes, percussions et célesta – 1951 • Debussy – La mer – 1954
Après ces séances d’entrainement, Karajan revint une ou plusieurs fois vers ces oeuvres avec « son » orchestre philharmonique de Berlin, parfois très rapidement –Handel-, parfois en s’accordant le temps d’une maturation plus lente. Mais ces séances d’entraînement, avec le recul de sept décennies, constituent mieux que des ébauches et ont souvent permis aux discophiles de l’époque d’accéder à des oeuvres alors très peu répandues -Bartok-.
Le titre de cette notule, je pourrais le recycler sans fin, tant il reste d’actualité ! J’en ai donc profité entre deux écoutes l’opus 111 pour passer en revue quatre versions un peu anciennes –la plus récente, la seule qui n’est pas enregistrée par EMI avec le Philharmonia, date de 1964– du quatrième concerto pour piano de Beethoven. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Soit, dans mes oreilles : • une version superlative, qui demeure ma version de chevet –Gilels/Ludwig– ; • deux excellentes versions –Solomon/Cluytens et Bachauer/Dorati– ; • et une version un peu décevante –Arrau/Galliera– du fait d’un chef accompagnateur un peu indifférent.
Je connais ce concerto depuis ma plus tendre enfance –il doit vraisemblablement faire partie de mes dix premiers albums– et il a toujours été mon préféré de tous les concertos pour pianos, quel que soit le compositeur. Je ne me lasse donc pas de l’écouter, et il est assez bien représenté dans ma discothèque, y compris dans des versions récentes –dont certaines sont excellentes également-, voire HIP !
Pour la petite histoire, ce concerto, composé en 1806, quand Beethoven avait encore un coiffeur et ressemblait au portrait présenté à droite –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– est le dernier dans lequel le compositeur, déjà bien atteint de surdité, se produisit comme soliste, lors de sa création en 1808.
Les lecteurs de ce blog le savent, Mozart n’est pas, de très loin, mon compositeur préféré, et je n’en écoute que très rarement : la plupart du temps, au mieux, il m’ennuie rapidement ; au pire, je coupe assez rapidement avant la fin ! C’est d’ailleurs le seul compositeur qui m’a fait partir avant la fin d’un opéra, puisqu’à l’entracte de Don Giovanni, il y a quelques années, je suis me suis enfui sans demander mon reste ! A contrario, mon frère le vénère : ça équilibre un peu les choses…
La playlist de ce jour, nonobstant, est consacrée à quelques symphonies et un concerto du musicien –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
J’aime bien les interprétations de Klemperer, complètement décalées et verticales, qui apportent un peu de matière et de densité à la musique, mais qui, assurément, ne seront pas au goût de tout le monde. De même, j’aime beaucoup la vision rénovée et réjouissante de ces oeuvres qu’en offrit Trevor Pinnock dans les années 90 et son intégrale des symphonies est tout-à-fait intéressante.
En revanche, les interprétations de Karl Böhm –dénommé aussi : Karli sac de patates-, qui étaient assez hautement évaluées en France il y a quelques décennies, me semblent d’une rigidité et d’une raideur qui n’apportent rien à ces symphonies, si ce n’est, rapidement, un sentiment de profond ennui –a contrario, mon frère vénère cette intégrale, je pense qu’il ne comprend rien à Mozart… Ou alors, c’est moi ! -.
Le concerto pour piano n°20 est mon préféré parmi tous ceux qu’écrivit Mozart, et, à vrai dire, le seul vers lequel je reviens assez régulièrement. Il en existe des tas de très bonnes versions, et celle-ci ne déshonore en rien ma playlist !
Après m’être infligé la playlist « seconde chance » qui a confirmé que, décidément, les raisons de ne pas apprécier les albums présentés étant totalement justifiés, je retombe en enfance aujourd’hui avec quelques albums tirés de la discothèque paternelle que j’écoutais religieusement lorsque j’avais 8 ou 9 ans. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
• J’éprouve toujours un attachement certain pour le poème symphonique «Mazeppa», de Liszt, mais encore plus pour la «Fantaisie hongroise», pour piano et orchestre. Cette version est absolument remarquable, assurément la meilleure au sein de ma discothèque, avec un chef qui a toujours excellé dans les oeuvres du compositeur et un fabuleux pianiste un peu injustement méconnu, Shura Cherkassky. • La musique du ballet « Casse-Noisette » de Tchaïkovsky est une oeuvre populaire, d’accès très facile, même pour de jeunes enfants, et j’adorais cette très jolie pochette, propre à l’édition française de ce disque. Malheureusement, toutes les rééditions actuelles reprennent le visuel de la pochette allemande, à mon avis moins réussi…
• Enfin, le concerto pour piano n°5 « Empereur » de Beethoven tournait souvent, dans cette excellente version que j’ai redécouverte dernièrement, au détour d’un petit coffret sous licence consacré à Gina Bachauer, pianiste grecque naturalisée anglaise, accompagnée ici par un chef au nom imprononçable, presque débutant –l’enregistrement date de 1963, il avait alors 30 ans et a enregistré presque jusqu’à son décès, en 2017-. J’ai écouté ce disque si souvent qu’il a fini très usé, presqu’en rondelles !
J’ai entamé de bon matin une playlist « seconde chance », qui doit permettre de me faire éventuellement changer d’opinion à propos d’enregistrements que je n’apprécie pas, pour diverses raisons. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
A ce stade de mes écoutes –deuxième album présenté-, je n’ai pas changé d’avis : • Das Rheingold, qui ouvre « Der Ring des Nibelungen », de Wagner, dans la version de Levine, est toujours aussi placide, englué dans des tempos assez lents –même si l’orchestre est fort beau-, et chanté presque sans passion parfois. L’une des deux ou trois versions que j’aime le moins, et mon opinion de ce jour n’a pas évolué !
• Elgar, Variations Enigma, Bernstein. Dans la dernière partie de sa vie, Bernstein dirigeait presque tout lentement, voire très lentement, et ce qui pouvait parfois fonctionner dans Mahler –mais, à vrai dire, je ne goûte pas non plus particulièrement ses dernières interprétations de Mahler– ne fonctionne guère dans les variations Enigma, qui en deviennent parfois bruyantes, voire tapageuses. Nimrod –variation 9– est d’ailleurs jouée comme l’adagietto de la cinquième symphonie de Mahler… Les compléments sont aussi lents et tapageurs –cf. extrait-.
A vérifier par ailleurs pour la suite si, comme dans mon souvenir : • le troisième concerto pour piano de Beethoven est interprété de façon glaciale, au piano, dans la version présentée ; l’accompagnement orchestral, au demeurant, est assez moyen dans ma mémoire ; • cette version de la neuvième symphonie est assez peu passionnante tant elle s’étire parfois en longueur -cette version fut pourtant assez largement saluée par la critique au moment de sa sortie-.
• Bartok – Apollon Musagète – Karajan • The Who – Tommy • The Rolling Stones – Hyde Park 1969 • Brahms – Concerto pour piano n°1 – Arrau ; Haitink -Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Après des jours de jachère auditive, je remonte dans le temps, avec cette courte playlist, puisqu’elle est composée respectivement des deuxième et troisième disques que l’on m’avait offerts, lorsque j’étais encore enfant –bien avant mes années collège-, au début des années 70 !
J’ai dû les écouter une bonne centaine de fois depuis –ma discothèque étant alors remarquablement peu fournie, ce n’était pas bien difficile-, mais très rarement ces trois dernières décennies…
Evidemment, je ne les ai plus en LP, mais ils sont toujours présents dans ma discothèque. Dans les concertos de Liszt –j’ai toujours adoré la première partie du second concerto-, j’ai trouvé des versions régulièrement plus nourrissantes, même si celle écoutée ce jour est très loin d’être indigne et faisait alors partie des versions largement recommandées en France, où le pianiste a toujours bénéficié d’une énorme réputation –qu’on peut interroger avec le recul d’aujourd’hui…-.
Pour ce qui concerne Tchaïkovsky, en revanche, difficile de faire mieux en termes de hauteur et de fermeté du discours : c’est noble et grand, même si on peut faire autrement de manière tout aussi persuasive.
… la commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon !
Test tout-à-fait probant !!! Le thème fait évidemment polémique en ce moment, mais, à travers l’histoire, le personnage a toujours été sujet à des appréciations très contrastées, y compris de la part de ses contemporains. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
En attendant, j’en profite –sous la mezzanine et non pas sous la coupole…– pour écouter deux excellentes versions de ces oeuvres très populaires : • la symphonie « Héroïque », dédiée par Beethoven « à la mémoire d’un grand homme » ; • son concerto pour piano n°5, aux évocations parfois assez martiales et à la partition truffée d’annotations militaires par le compositeur, et dénommé « Concerto Empereur »parce qu’à sa première écoute et selon la légende, un spectateur aurait dit : « C’est fou, c’est grand, on dirait l’empereur ! » –ce titre n’est pas du compositeur, mais il est passé à la postérité-.
Beethoven, fervent partisan de la révolution française, admirait profondément le général Bonaparte, tout comme il détestait cordialement l’empereur Napoléon…
Comme son nom l’indique, une playlist consacrée à des oeuvres concertantes pour violoncelle, sans autre forme de commentaires que : « Comment, pas de Rostropovich ? »… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Max Bruch fut un musicien assez célèbre en son temps, qui vécut longtemps, composa beaucoup –plus de 200 oeuvres répertoriées, dans tous les genres : symphonies, musique concertante, musique de chambre, opéras…– et qui, pourtant, ne doit son passage à la postérité qu’à son premier concerto pour violon, seule oeuvre régulièrement inscrite au répertoire de tous les grands violonistes.
C’est tout-à-fait justice pour cette dernière oeuvre, et un peu injuste pour le reste de sa production, ancrée dans la grande tradition romantique allemande : il convenait, avec cette playlist, de réparer cet oubli ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
• Le concerto pour deux pianos et orchestre n’est pas remarquable, mais se laisse agréablement écouter –cf. extrait ci-dessous-. Il a été redécouvert tardivement, et son histoire singulière et un peu rocambolesque est racontée ici. En complément de cet excellent album, le concerto pour deux pianos de Mendelssohn, presqu’aussi rare et oublié, est une oeuvre de jeunesse irradiant de joie de vivre, composée lorsque le compositeur était à peine adolescent, et qu’il a vraisemblablement créée avec sa soeur Fanny au deuxième piano.
• Seule autre pièce à être un peu passée à la postérité, Kol Nidrei, pour violoncelle et orchestre, est un « Adagio sur deux mélodies hébraïques pour violoncelle et orchestre avec harpe ». Certains reprochèrent à Bruch, de confession luthérienne, de s’approprier des mélodies issue de la liturgie hébraïque, mais c’est une très belle oeuvre, très lyrique, ici dans une version décantée et presqu’ascétique, qui lui sied à ravir.
• Justement célèbre, le premier concerto pour violon est un pilier du répertoire des grands concertos pour violon du 19ème siècle, à côté de ceux de Beethoven, Mendelssohn ou Brahms pour ne citer que des compositeurs allemands. En disque, il est d’ailleurs régulièrement couplé avec l’un de ceux-ci, sans souffrir de la comparaison –à mes oreilles, il est même assez nettement meilleur que celui de Brahms-.
• Enfin, j’ai une tendresse particulière pour les trios pour alto, clarinette et piano : ils constituent de jolies pièces de musique de chambre, sans grande prétention, mais s’écoutent agréablement et j’ai le souvenir d’avoir commencé à déchiffrer la première –la plus belle à mon avis– au violoncelle, il y a très –très ! – longtemps.