Playlist « Entraînement intensif »

Avant d’enregistrer le musée sonore que l’on sait avec la philharmonie de Berlin à partir de 1959, Karajan enregistra chez EMI/HMV/Columbia, en guise d’entraînement extrêmement intensif –les séances de répétition laissent entendre un chef particulièrement exigeant et soucieux de précision– et sur une très brève période, une cinquantaine d’albums sous la supervision de Walter Legge, qui avait réuni à Londres un « orchestre de compétition » spécialement dévolu à cet effet : le Philharmonia Orchestra. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.


Ce sont ces enregistrements que je réécoute ce matin :

Handel – Water Music (orchestration Hamilton Harty) – 1952
Bartok – Concerto pour orchestre – 1953
Bartok – Musique pour cordes, percussions et célesta – 1951
Debussy – La mer – 1954

Après ces séances d’entrainement, Karajan revint une ou plusieurs fois vers ces oeuvres avec « son » orchestre philharmonique de Berlin, parfois très rapidement –Handel-, parfois en s’accordant le temps d’une maturation plus lente. Mais ces séances d’entraînement, avec le recul de sept décennies, constituent mieux que des ébauches et ont souvent permis aux discophiles de l’époque d’accéder à des oeuvres alors très peu répandues -Bartok-.

Une soirée à l’opéra – Boris Godounov, de Moussorgsky

L’écoute intégrale d’un opéra n’est bien évidement pas réservé au dimanche matin et certaines soirées s’y prêtent également tout-à-fait bien, pourvu qu’on arrive à dégager le temps nécessaire à l’affaire ! D’autant que l’opéra de cette soirée est plutôt long : Boris Godounov, de Moussorgsky, dans la version remaniée par Rimsky-Korsakov et amendée par Ippolitov-Ivanov avec des morceaux de Chostakovich pour faire bonne mesure –cliquer sur l’image pour la voir en pus grand-, dure plus de 3h30 dans cette version dirigée assez lentement et qui prend le temps de mettre en valeur toutes les couleurs de l’orchestration. En effet, Karajan, en 1970, ne pouvait vraisemblablement pas concevoir d’enregistrer la version originale de l’oeuvre, dont l’orchestration est moins rutilante, d’autant moins qu’elle était fort peu proposée à l’époque : elle n’a été popularisée qu’une dizaine d’année plus tard. Et, nonobstant cette durée déjà conséquente, je me suis ménagé deux entractes d’une quinzaine de minutes -lors d’une représentation à l’opéra, il y en a au moins une-.

Mon rapport à l’oeuvre est assez lointain :
je l’ai vu à l’opéra en 2007, et je garde essentiellement le souvenir de John Tomlinson dans le rôle de Boris Godounov parce qu’il était venu à la maison pour répéter quelques passages du rôle avec ma compagne de l’époque, qui est chef de chant à l’opéra : il avait fait très peur à Trésor-De-Janvier –18 mois à l’époque…– malgré une personnalité débonnaire : c’est une espèce de géant barbu sympathique à l’appétit d’ogre et à l’immense voix –mais déjà quelque peu usée et fatiguée à l’époque : l’apogée de sa carrière se situe au tournant des années 90– ;
avant cette version, je ne possédais qu’une version en Allemand de cet opéra, ancienne qui plus est, mais où le rôle de Boris Godounov est tenu par Hans Hotter, dont c’était le rôle préféré, et qui s’y révèle remarquable, mais il faut accepter une traduction allemande et une prise de son peu confortable. C’est dire si cette version fleure bon l’exostisme !

Soirée appréciable donc avec cet album enregistré en 1970 et bénéficiant de très bonnes conditions techniques : orchestre rutilant qui brille de mille feux, grandes scènes chorales qui produisent de l’effet et, globalement, chanteurs à la hauteur de leurs rôles exigeants.
L’argument est assez complexe –la langue russe offre peu de points de repères– et s’appuie notamment sur une pièce de Pouchkine, à la vérité historique sans doute un peu lointaine, cet épisode de l’histoire russe étant assez peu documenté de façon certaine.

Dans une optique « dé-russifiée », une excellente soirée à l’opéra  !

Playlist « Retrouvailles de vieilles connaissances »

Aujourd’hui, nouvelle journée de grandes chaleur et de quasi-sécheresse, je retrouve d’anciennes connaissances : des enregistrements assez anciens, dont les bandes remontent, pour les plus anciennes à 1948 –Beethoven– et les plus récentes à 1957 –Schumann-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

La 5ème symphonie a été couronnée « meilleure interprétation de l’oeuvre » par un parterre de chefs d’orchestre réunis par Nikolaus Harnoncourt lors d’une discographie comparée ; c’est en effet une très bonne version, qui fut remarquablement mal accueillie en France lors de sa sortie par la revue « Disques » : trop rapide et trop triomphalement brutale paraît-il ! Jugez-en par vous-même !

La « Flûte enchantée » , de Mozart, est une version sans dialogue, réunissant une distribution dominée, à mes oreilles, par le Papageno d’Erich Kunz, qui est resté, selon moi, inégalé. L’enregistrement fut longtemps regardé comme une référence, mais la prise de son a vieilli et l’absence de dialogues rend l’histoire assez peu compréhensible.
Excellents disques de Schumann –dans la meilleure de ses symphonies à mon avis, sachant que je n’écoute quasiment jamais les trois autres– et de Sibelius, dont le chef fut un ardent défenseur dès le début des années 30 et qu’il enregistra tôt dans sa carrière avec le Philharmonia.

Playlist « Le seul à comprendre… »

« Karajan est le seul à comprendre ma musique ». Ainsi s’exprimait Jean Sibelius au début des années 50, soit vers la toute fin de sa vie, et alors qu’il avait eu l’occasion d’entendre de très nombreuses interprétations de ses oeuvres par de nombreux chefs d’orchestre. Il aimait tout particulièrement, chez le chef autrichien, le côté lisse, immobile et poli des interprétations qu’il proposait.
La playlist de ce jour est ainsi consacrée à ces témoignages, datant tous des années 60 et font partie des tout premiers qu’il enregistra pour la firme Deutsche Grammophon –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– .

Karajan, amoureux de la nature et des grands espaces, ne pouvait qu’être impressioné et séduit par la musique de Sibelius, fortement influencée par les paysages finlandais vides de toute trace humaine.
Il commença à le diriger très tôt dans sa carrière, exigea que le premier concert donné avec le philharmonique de Berlin comporte une oeuvre de Sibelius –la sixième symphonie– et on trouve pas moins de 68 concerts consacrés au compositeur., dès 1938 –époque « Wunder Karajan » avec l’orchestre d’Aachen, et où Sibelius était encore très peu interprété, en Europe ou ailleurs– et jusqu’à 1983, avec une prédilection marquée pour la cinquième symphonie –26 concerts-. Il ne se rencontrèrent cependant jamais, au grand regret du chef autrichien, dont la seule tournée en Finlande eut lieu en 1965 : il profita cependant pour se recueillir sur la tombe de Sibelius : il en reste une photographie célèbre –cf. cliquer sur l’imagette de droite pour la voir en plus grand-.

On compte également pas moins de 33 enregistrements officiels consacrés à Sibelius –symphonies (toutes sauf la troisième), poèmes symphoniques, concerto pour violon-, et la somme des oeuvres écoutées ce jour reste, pour de nombreux musicographes ou critiques, l’un des sommets de la discographie de ces oeuvres, sans cesse rappelées en « références » plus ou moins absolues selon les pays et les époques.
Glenn Gould, l’iconoclaste pianiste, qui découvrit Sibelius grâce à Karajan, considérait d’ailleurs cette version de la cinquième symphonie comme « le plus grand disque de l’histoire de l’enregistrement ».

Playlist « Aux antipodes de l’esprit français »

L’autre jour, la playlist chantait l’Anglais comme une langue étrangère, et voilà qu’aujourd’hui, cette playlist, composée de musiciens tous archétypiques de « l’Esprit français » serait un nouveau contresens, au moins selon l’avis éclairé des musicographes français ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

On a ainsi pu lire, dans certaines critiques locales, que « Karajan était l’illustration la plus accomplie « du son allemand », radicalement opposé au « son français » et que son enregistrement de « La Mer », de Claude-Achille Debussy, « était aux antipodes de l’esthétique de cette musique ». Sous-entendu : les critiques anglais, américains ou allemands sont tous profondément incompétents en décernant à ce disque le label « Un des 100 plus grands enregistrements de tous les temps ».
Il en va de même, dans une moindre mesure, pour la « Symphonie fantastique » d’Hector Berlioz : « les affinités de Karajan avec la musique française ne sont que des modèles recréés, loin de toute intuition d’un génie musical qui lui est étranger » […] « Jamais science orchestrale ne s’est confondue avec autant de mépris d’un compositeur ». Pour autant, toute la presse internationale salue cette version de 1974 comme une très belle réussite, avec, en plus, de vraies belles cloches dans le finale –et ce n’est pas qu’un détail ! -.
A contrario, le disque Honegger fut toujours autrement loué, mais Honegger, même s’il est né en France est y a toujours vécu, était suisse !

Avec le recul du temps, même en France, ces enregistrements sont désormais salués comme de belles réussites, et l’orchestre de Berlin sonnait alors merveilleusement bien !

NB. Pour  la petite histoire, j’ai cherché une définition de ce qu’était « l’esprit français », mais les avis sont si nombreux, et parfois si contradictoires, qu’il s’agit d’une abstraction peu évidente à définir… Quant au « son français », il fut longtemps synonyme, pour la critique internationale, de « mauvais orchestre »…

Playlist « Cette année-là » – 1985

Debussy – La mer ; Prélude à l’après-midi d’un faune – OP Berlin, Karajan
Miles Davis – You’re Under Arrest
Tuxedomoon – Holy Wars
Beethoven – Concerto pour piano n°4 – Arrau ; Dresde, Davis
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Playlist « Cette année-là » – 1981

Siouxsie And The Banshees – Once Upon A Time – The Singles
Charlélie Couture – Poèmes Rock
Chostakovich – Symphonie n°10 – OP Berlin, Karajan
Fischer-Z – Red Skies Over Paradise
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Bonus jour férié !
The Rolling Stones – Tattoo You (Deluxe Edition)
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Playlist « Dernier tour à l’opéra »

Je suis arrivé à la fin de mon périple à l’opéra entamé la semaine dernière, avec cette playlist « historique » constituée de deux albums légendaires, enregistrés l’un –Hänsel und Gretel– dans une mono optimale, l’autre –Les noces de Figaro– dans une stéréo à ses premiers balbutiements. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Depuis la parution initiale de ces deux albums –1953 pour Humperdinck et 1956 pour Mozart (dans le cadre de la célébration du 200ème anniversaire de sa naissance)-, les deux oeuvres ont connu de très nombreuses autres versions, dont certaines tout-à-fait remarquables –et même parfois plus idiomatiques concernant l’opéra de Mozart-, mais je reste très attaché à ces deux albums, remarquablement dirigés et très bien chantés l’un et l’autre.

Playlist « En semaine à l’opéra »

Disposant d’un peu de temps ces derniers jours après une période de relative disette pour mes oreilles, j’en ai profité pour écouter –en deux jours quand même– deux opéras que j’apprécie tout particulièrement : l’un très sérieux, l’autre beaucoup plus léger –je vous laisse deviner quelle étiquette colle le mieux à quelle oeuvre…-, dans d’excellentes interprétations et bénéficiant de très bonnes conditions techniques : productions luxueuses dès l’origine et remastering très soigné. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les deux albums remontent à l’époque où Karajan était surnommé « Europas General Musikdirektor » et cumulait les  postes les plus enviables à Berlin, Vienne et Milan, multipliant par ailleurs les ventes de disques –enregistrements en 1966 et 1960 respectivement-.

« Die Fledermaus » est proposé ici dans sa version « de gala » –une version longue en quelque sorte, où chaque invité pousse la chansonnette-, avec des invités polyglottes prestigieux et l’intégralité des dialogues, relativement abondants et parfois très drôles –l’opéra est une sorte d’immense quiproquo-.

Cerise sur le gâteau, profitant de ces jours ouvrés –et travaillés par d’autres-, j’ai pu écouter tout cela « un peu fort », plus fort en tout cas que le dimanche, sans déranger le voisinage.
Evidemment, c’est assez jouissif et les oeuvres y gagnent beaucoup ! J’aimerais pouvoir écouter plus souvent à des niveaux sonores –assez nettement– plus conséquents !