Dimanche à l’opéra – Lohengrin, de Richard Wagner

Cette séance lyrique dominicale est consacrée à un opéra que j’ai mis assez longtemps à apprécier à sa juste valeur, mais que j’écoute désormais avec un plaisir toujours renouvelé : Lohengrin, de Richard Wagner. La version écoutée aujourd’hui est celle d’Herbert Von Karajan, enregistrée entre 1975 et 1981. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

L’histoire se déroule au Xe siècle à Anvers, où le roi Henri l’Oiseleur veut lever des troupes pour chasser les Hongrois de l’est de son royaume de Francie Orientale. Elsa de Brabant est accusée d’avoir fait disparaître son frère, le jeune duc Gottfried. Le comte Friedrich von Telramund et sa femme Ortrud, désireux de s’emparer du trône, accusent Elsa devant le roi Heinrich l’Oiseleur. Pour prouver son innocence, Elsa évoque un rêve où un chevalier viendrait la sauver. À l’appel du roi, un chevalier inconnu, accompagné d’un cygne, apparaît et propose de défendre Elsa à la condition qu’elle ne lui demande jamais son nom ni son origine. Il triomphe de Telramund en combat judiciaire et épouse Elsa.
Cependant, Ortrud instille le doute dans l’esprit d’Elsa, qui finit par poser la question interdite durant la nuit de noces. Contraint de révéler son identité, le chevalier se présente comme Lohengrin, fils du roi du Graal, Parsifal. Son secret dévoilé, il ne peut plus rester parmi les hommes et doit repartir. Avant de partir, il révèle que le cygne est en réalité Gottfried, transformé par la magie d’Ortrud. Lohengrin redonne son apparence au jeune duc, puis disparaît, laissant Elsa désespérée.

Wagner conçoit Lohengrin entre 1845 et 1848, une période marquée par son engagement révolutionnaire et son intérêt pour les mythes germaniques. Il s’inspire du « Parzival » de Wolfram von Eschenbach, des traditions arthuriennes et de la mythologie du Graal –notamment de la « Geste des Lorrains »– ainsi que de « Le Roman du Chevalier au Cygne« .
La légende du Chevalier au Cygne trouve ses racines dans la littérature médiévale et appartient à la famille des récits merveilleux associés aux cycles arthuriens et carolingiens. Son origine exacte reste floue, mais plusieurs versions circulent en Europe dès le XIIᵉ siècle. On retrouve des récits similaires dans des textes comme :
le Roman du Chevalier au Cygne (XIIᵉ siècle), qui introduit le personnage sous le nom de Hélias ;
le mythe du « Loherenc Garin », ou Garin le Lorrain, dont le nom de Lohengrin dérive directement, dans la « Geste des Lorrains » ;
les légendes des ducs de Brabant, qui prétendaient descendre du chevalier au cygne, lui attribuant une origine noble et sacrée, à travers la figure de Godefroy de Bouillon –oui oui, celui des Croisades-, marquis d’Anvers avant de devenir avoué du Saint-Sépulcre et de fonder le royaume de Jérusalem.

Dans son livret en trois actes, Wagner fait un méli-mélo de l’ensemble de ces sources, au mépris des réalités historiques ou géographiques. Ainsi, le duché de Brabant, dont la création n’est effective qu’à compter de 1106, n’existait pas à l’époque d’Henri l’Oiseleur, il faisait partie du duché de Basse-Lotharingie, lui-même intégré au Saint-Empire Romain-Germanique. Par ailleurs, Lohengrin fait un long voyage de Montsalvat –parfois identifié par certains historiens comme étant le château de Montségur, près de la frontière espagnole– jusqu’à Anvers dans une nacelle -ou une barque- tirée par un cygne : un sacré voyage ! –Cliquer sur la carte pour la voir en plus grand : en violet, le royaume de Franconie Orientale-.

Nonobstant ces considérations très terre-à-terre, le livret mobilise de nombreux thèmes et symboles de la littérature médiévale :
le cygne, symbole de noblesse et de pureté régulièrement associé aux récits chevaleresques où il incarne un être supérieur d’origine divine ;
l’interdiction et la transgression : l’élément essentiel de la narration, dans Lohengrin, est le tabou de l’identité : la femme du chevalier ne doit jamais poser la question des origines de celui-ci –Lohengrin est une élu du Graal, et son identité ne peut être dévoilées sans conséquence– ;
en corollaire, l’oeuvre pose la question du dilemme entre la confiance aveugle opposée à la soif de connaissance ;
l’incapacité des humains à conserver un lien avec le sacré et le caractère éphémère du merveilleux.
C’est thèmes et symboles ont parfois été analysés à l’aune de lectures post-freudiennes ou « féministes » pour interroger le comportement de Lohengrin, qui paraît suspect : c’est, à mon avis, oublier que dans la littérature médiévale, amour et loyauté sont étroitement liés, et que la transgression est toujours punie : ici, Elsa échoue à respecter son serment, ce qui entraîne la séparation et le départ de Lohengrin.

Lohengrin marque une transition entre le style opératique traditionnel et le drame musical wagnérien. L’œuvre se distingue par une orchestration subtile et riche ainsi que par l’utilisation du leitmotiv, qui préfigure le style des opéras postérieurs de Wagner. L’harmonie évolutive préfigure «Tristan und Isolde», postérieur d’une dizaine d’années. Le prélude du premier acte est d’une beauté céleste et la marche nuptiale est une pièce presqu’aussi célèbre que celle de Mendelssohn.

La version de ce jour a été enregistrée en deux sessions : entamée en décembre 1975, elle n’a été achevée qu’en mai 1981, notamment du fait d’une brouille entre Herbert Von Karajan et René Kollo, son ex-protégé, parti fâché à la fin de la première session après avoir déclaré : «Il y a plus de 500 chefs d’orchestre en Allemagne qui peuvent diriger Lohengrin, mais seulement 5 ténors qui peuvent le chanter».Après leur réconciliation, quelques années plus tard, l’enregistrement a finalement été terminé. Par ailleurs, il s’agit de la période durant laquelle Karajan a subi plusieurs interventions chirurgicales du dos. Enfin, toutes les scènes d’Ortrud ont du être réenregistrées, la cantatrice initialement retenue par Karajan, Ursula Schroeder-Feinen, ayant perdu sa voix au début des années 80 –on peut l’entendre dans les versions enregistrées lors des représentations du festival de Salzbourg, en 1976-. C’est donc Dunja Vejzovic qui interprète le rôle sur les disques.

Malgré ces difficultés, il s’agit d’une version qui reste très agréable : les chanteurs sont tous au moins adéquats, et certains sont vraiment très bons, comme le roi Henri de Karl Ridderbusch et les «méchants» –l’Ortrud de Dunja Vejzovic et le Telramund de Siegmund Nimsgern-. René Kollo –Lohengrin, cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– est plus à son aise dans les parties enregistrées en 1975-1976 que dans celles plus tardives et l’Elsa d’Anna Tomowa-Sintow est chaleureuse, mais sa voix me semble un peu «charnue» pour le rôle. L’orchestre et les choeurs sont remarquables.
La prise de son analogique est très bonne mais pour en profiter pleinement, il est indispensable d’entendre cette version dans le remastering effectué en 1997 : les masters de l’édition LP et de la première édition en CD souffraient de graves déséquilibres qui ont été largement corrigés dans l’édition plus tardive –cliquer imagette de droite pour la voir en plus grand-.

Pour mémoire, mes versions préférées sont relativement anciennes : Joseph Keilberth en 1953 à Bayreuth et Wilhelm Schüchter –aussi surprenant que cela puisse paraître– en studio à Hambourg, en 1953. Ces versions donnent notamment à entendre, excellemment entourées, les deux plus grandes Ortrud de la discographie : Astrid Varnay, absolument géniales dans un rôle qu’elle confisqua, et Margarete Klose. Elles bénéficient en outre de conditions techniques qui restent tout-à-fait convenables plus de 70 ans après leur parution.

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Un dimanche à l’opéra – Mascagni, Cavalleria rusticana

L’opéra dominical s’inscrit logiquement dans la continuité de celui écouté la semaine précédente, puisque les deux opéras sont très souvent présentés conjointement en diptyque, du fait de leur courte durée –point trop n’en faut, tout de même : il est plus raisonnable, pour mes oreilles, de ne pas dépasser la dose initialement prescrite et continuer à scinder ces écoutes en deux plutôt que de céder à la tradition « Cav-Pag » ! -.
Donc : « Cavalleria Rusticana », de Pietro Mascagni constitue l’autre oeuvre vériste qui connut un succès prodigieux à sa création, en 1890, succès qui ne s’est jamais démenti depuis. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

L’histoire se déroule à Pâques, dans un village sicilien de la fin du 19è siècle, et tourne autour de Turridu, un jeune homme volage, qui a séduit Lola après qu’elle s’est mariée avec Alfio. Turridu a auparavant été l’amant de Santuzza, qui se sent trahie et révèle à Alfio que Lola le trompe. Alfio provoque en duel Turridu, qui, selon la tradition sicilienne, mord l’oreille d’Alfio jusqu’au sang pour accepter un combat à mort. Le duel se déroule hors scène et l’on entend le choeur annoncer la mort de Turridu.

L’opéra est tiré d’une nouvelle éponyme de Giovanni Verga publiée en 1880, dépeignant les thèmes de la jalousie, de l’honneur et de la vengeance dans une petite communauté rurale sicilienne. L’oeuvre, en un seul acte, dure à peine plus d’une heure et se présente comme une succession de numéros très dramatiques entremêlant airs, ensembles et interludes orchestraux. Le choeur incarne la communauté villageoise et joue un rôle très important. L’orchestration est fondée sur des cordes souvent plaintives, des cuivres éclatants et toute une batterie de percussions qui renforce le drame. Elle se révèle plutôt assez prosaïque à mes oreilles, mais c’est un reproche que j’émets très souvent à l’encontre des opéras italiens en général…

La version du jour, enregistrée en 1965, demeure très célèbre –elle fait partie des enregistrements qui, sous une forme ou une autre, n’ont jamais quitté le catalogue de l’éditeur– , s’inscrit dans la parfaite continuité de celle écoutée la semaine passée –et selon les mêmes préceptes : tempi lents, beauté de l’orchestre et notamment des cordes, contrastes dynamiques exacerbés, solistes de grande réputation… –  et connut le même succès dès sa sortie.

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Playlist en couleurs. Rouge -et une devinette-.

Grateful Dead – Live Dead – 1969 ****
Johann Strauss – Valses & Polkas – Os Pittsburgh, William Steinberg – 1958 ****
The Cramps – Big Beat From Badsville – 1997 ***
Ludwig Van Beethoven – Symphonie n°9 – OP Berlin, Herbert Von Karajan – 1977 *****
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

En guise de devinette : l’extrait à l’écoute est un clin d’oeil à une chanson d’un autre groupe culte, presque contemporain et dont tous les membres sont décédés et assez souvent cité sur ce blog. Saurez-vous trouvez de quel groupe il s’agit ? –Et si vous trouvez en plus le nom de la chanson qui inspire cet extrait, vous êtes brillantissimes– ! Niveau de difficulté : ** A vos claviers !

Par ailleurs, la devinette précédente reste sans solution à cette heure…

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Playlist en couleurs – Bleu

Dire Straits – Love Over Gold – 1982 *****
Gustav Mahler – Symphonie n°5 – OP Berlin, Karajan – 1973 ****
Portishead – Dummy – 1994 ***
Serge Gainsbourg – Histoire de Melody Nelson – 1971 *****
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Un dimanche à l’opéra. Leoncavallo, Pagliacci

Cette nouvelle séance dominicale est relativement courte : levé dès potron-minet, j’ai passé une bonne partie de la matinée en cuisine avant de pouvoir consacrer un peu de temps à mes oreilles, pendant que mijote un boeuf bourguignon qui embaume tout la maison !
L’opéra du jour, « Pagliacci« , que je n’ai écouté qu’une seule fois auparavant, est pourtant très populaire; il dure un peu plus d’une heure, et s’inscrit dans le mouvement vériste italien, qui, très schématiquement, est à l’opéra ce que le mouvement naturaliste français de Zola est à la littérature française : une représentation de la réalité brute qui met en avant des histoires de la vie quotidienne le plus souvent tragiques, sur fond de passions humaines. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
L’opéra, créé en 1892, est en deux actes précédés d’un court prologue. L’orchestration est riche, Leoncavallo utilise quelques leitmotivs pour dépeindre les émotions des personnages. Les mélodies sont assez prosaïques à mon goût : je n’ai jamais beaucoup accroché à l’opéra italien ! L’intrigue – selon le principe d’une pièce dans la pièce– se déroule dans un théâtre où se produit une troupe de clowns et tourne autour de l’amour non partagé et de la jalousie dévorante, qui conduira à une drame final : le meurtre de l’amant par le mari jaloux.
Dès sa première, dirigée par le grand chef Arturo Toscanini, l’oeuvre connut un triomphe qui ne s’est jamais démenti depuis. Pagliacci demeure l’un des opéras les plus populaires en Italie. Du fait de sa courte durée, l’oeuvre est très souvent jouée en diptyque avec « Cavalleria Rusticana » de Mascagni, autre très célèbre opéra vériste, relativement court lui aussi.
La version du jour est réputée de longue date, témoignage de la collaboration artistique du chef autrichien avec la Scala de Milan –il contribua largement à élever considérablement le niveau de l’orchestre– du temps où il était directeur de l’opéra de Vienne –1956-1964– : il avait entamé une fructueuse collaboration artistique entre les deux maisons, avec la création de « l’axe Vienne – Milan », qui prit fin avec sa démission de Vienne, en 1964.

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Dimanche à l’opéra – Orfeo ed Euridice, de Gluck

Je poursuis ma série dominicale et lyrique en abordant cette nouvelle année avec une bizarrerie totalement inédite pour mes oreilles : cet album fait partie de l’énorme coffret présenté ici, qui contient notamment tous les opéras enregistrés par le maestro pour la firme à l’étiquette jaune –je n’ai pas encore fini d’épuiser tous les opéras, notamment italiens…-, dont certains inédits, hors discographie « officielle », en provenance de « son » festival de Salzbourg enregistrés par la radio autrichienne, comme c’est le cas ici, et dont la présence dans le coffret m’avait d’ailleurs échappé. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Orfeo ed Euridice est un opéra en trois actes composé par Christoph Willibald Gluck, et tout-à-fait caractéristique de la réforme opératique voulue par ce compositeur, réforme qui a donné naissance au drame lyrique en rénovant l’opéra français et par opposition à l’opéra italien, ce qui engendra la célèbre et très parisienne querelle entre gluckistes et piccinistes. « Je me suis proposé de dépouiller la musique des abus qui, introduits par la vanité mal entendue des chanteurs ou par une complaisance exagérée des maîtres, défigurent depuis longtemps l’opéra italien… Je pensais à restreindre la musique à son véritable office qui est de servir la poésie pour l’expression sans interrompre l’action et sans la refroidir par des ornements superflus ». Ainsi, plutôt que d’exposer la virtuosité des chanteurs au travers de leurs « Arias », Gluck abandonne la séparation entre récitatifs est airs, pour rechercher une continuité musicale intégrant tous les éléments –solistes, choeurs, orchestre– d’une oeuvre au service du drame. Pour tout savoir sur cette réforme, vous pouvez vous rendre ici.

• L’argument est fondé sur le mythe d’Orphée, qui semble remonter aussi loin qu’au 7ème siècle avant JC. Orphée, accablé par la mort de sa jeune épouse Eurydice, chante son infinie tristesse. Sa musique touche Hadès, le dieu des enfers, qui l’autorise à ramener Eurydice dans le monde des vivants. Orphée doit pour cela attendrir les gardiens des portes de l’enfer par sa musique. Sur le chemin du retour, il lui est interdit de se retourner pour regarder son épouse. Mais, presque arrivé, il ne peut s’empêcher de regarder derrière lui et Eurydice meurt à nouveau. A partir d’ici, et contrairement aux récits issus de la mythologie grecque,Gluck et son librettiste choisissent une fin heureuse pour conclure leur opéra : Amour, touché par le malheur d’Orphée, vient redonner vie à Eurydice.


• La version du jour utilise « l’édition de Milan », parue en 1889. L’oeuvre, qui connut un succès considérable, existe en effet en plusieurs versions différentes et a connu plusieurs modifications entre sa création viennoise et les différents séjours du compositeur en Italie, puis en France. Par ailleurs, Berlioz la remania également. Cette édition milanaise tardive, en dehors de toute visée musicologiquement fondée, est sensée synthétiser le meilleur de toutes les éditions, dans une optique résolument « romantique ». Elle ne comporte pas d’ouverture orchestrale.
Gluck n’était pas une clé de son répertoire, mais Karajan a dirigé deux productions de « Orfeo ed Eurydice » dans le cadre du festival de Salzbourg : une première fois en 1948, puis en 1959. Loin des interprétations historiquement informées, le chef donne à entendre un récit hors du temps, fondé sur des tempi lents, des cordes charnues et un orchestre de toute beauté –la prise de son est très convenable, eu égard à son âge, et l’orchestre philharmonique de Vienne est en plein renouveau après des années difficiles suite à la guerre-. Comme je n’ai guère de points de repère, les solistes, dans ce contexte, me semblent tous parfaitement adaptés à la situation et les choeurs sont de toute beauté.

Une belle découverte pour entamer cette nouvelle année lyrique !

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Playlist populaire et festive

En attendant les fêtes, quelques albums de musique « légère et populaire », d’accès très facile mais qui n’en demeure pas moins plaisante ! On retrouve, dans ces trois albums datant des années 50, des compositeurs aussi variés que : Rossini, Respighi, Offenbach, Chabrier, Léhar, Nikolai, Gounod… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Tous ces albums font partie de ce coffret, qui n’est plus disponible à la vente –selon l’éditeur, les ventes ont très rapidement dépassé toutes ses espérances– et ne se trouve qu’en seconde main à des prix relativement prohibitifs désormais, alors qu’il était initialement très abordable, de l’ordre de 1,50 € le CD.

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Playlist « L’autre Richard • Anthologie Strauss/Karajan 70’s » – 2

Suite et fin de cette mini-série entamée il y a quelques jours et consacrée à Richard Strauss. La playlist de ce jour –Appréciation : ***/****/****, cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– est plus particulièrement intéressante à deux titres au moins.

D’une part, elle permet d’entendre la seule version de la « Sinfonia Domestica » enregistrée par Karajan. Il s’agit d’une oeuvre relativement longue mais à vrai dire –et à mes oreilles– de l’une de ses pages symphoniques les moins inspirées, même si certains passages sont d’une grande beauté. La version de Karajan brille de mille feux –la fin est extraordinaire-, comme toujours lorsqu’il dirigeait Strauss et le philharmonique de Berlin est d’une splendeur rutilante.

D’autre part, cette playlist permet de vérifier que les enregistrement réalisés par EMI sont très différents de ceux publiés par Deutsche Grammophon à la même époque et dans la même salle de la philharmonie de Berlin. La perspective sonore, généralement plus réverbérée chez EMI, est à la fois moins large et plus profonde. Même l’équilibre tonal est différent –c’est encore plus marqué dans l’enregistrement tardif des symphonies de Sibelius qu’il réalisa au tournant des années 80 pour EMI-. Très généralement, les LP d’EMI étaient inférieurs en qualité sonore,  mais leurs remastérisations postérieures ont permis de beaucoup améliorer cela.

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Playlist «  L’autre Richard : Anthologie Strauss / Karajan 70’s » – 1

Entre Herbert Von Karajan et Richard Strauss, ce fut une histoire d’amour jamais démentie tout au long de la carrière discographique –et de concert– du chef, qui signa quatre anthologies orchestrales plus ou moins exhaustives des oeuvres du compositeur :
la première à la fin des années 40 –avec, notamment, le premier enregistrement mondial des « Métamorphoses »-et au début des années 50, avec l’orchestre philharmonique de Vienne et le Philharmonia Orchestra, chez EMI/Columbia ;
la deuxième au début des années 60, partagée entre l’orchestre philharmonique de Berlin, pour Deutsche Grammophon –son premier enregistrement pour honorer son contrat avec le label fut consacré à Richard Strauss– et l’orchestre philharmonique de Vienne, pour Decca ;
la troisième –la plus complète– à la toute fin des années 60 et au début des années 70 avec l’orchestre philharmonique de Berlin, partagée entre Deutsche Grammophon et EMI : c’est celle dont j’écoute la première partie aujourd’hui –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– ;

une dernière, enfin, toujours avec l’orchestre philharmonique de Berlin, au début des années 80 et de l’ère digitale, toujours chez Deutsche Grammophon.

Toutes ces versions sont a minima très satisfaisantes, et nombre d’entre elles sont exceptionnelles et restent considérées par de nombreux mélomanes et musicographes comme des versions « de référence ». Outre-Rhin, le chef reste réputé comme le plus grand « Straussien » du 20ème siècle et en France, cette opinion est assez largement partagée, même si on met sur un pied d’égalité Rudolf Kempe ou Clemens Krauss, voire Fritz Reiner. L’orchestration rutilante et foisonnante de Richard Strauss est parfaitement en accord avec les conceptions du chef : beauté des sonorités, qualité de tous les pupitres de l’orchestre, grande dynamique, sens de l’architecture.
Elles permettent également de suivre l’évolution du chef et de son orchestre de Berlin à travers les décennies, ainsi que l’évolution des techniques d’enregistrement : monophonie des années 40 et 50, début puis rapide essor de la stéréophonie, quadriphoniequi n’était intéressante que pour les marchands de canapé selon Karajan…– et, enfin, début de l’ère numérique –les remastérisations de ces premiers enregistrements numériques sont nettement préférables-.

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Playlist « Beethoven 4^4 »

Comme son nom l’indique, la playlist de ce jour est composée de quatre « quatrième oeuvre » de Beethoven, chacune d’un genre différent. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

On y trouve donc, dans l’ordre :
la quatrième sonate pour piano1796-, intitulée par son auteur « Grand sonate pour piano » et publiée isolée -elle ne fait pas partie d’une série comme toutes ses sonates de jeunesse-, qui est également l’une de ses plus longues sonates –elle dure environ une demi-heure– et son mouvement lent est d’une ampleur et d’une profondeur inaccoutumées pour l’époque.

la quatrième symphonie1806– dans une version aussi rare qu’excellente enregistrée en 1977 durant la tournée japonaise de l’orchestre philharmonique de Berlin avec son chef, Herbert Von Karajan, peu de temps après la publication de sa troisième intégrale des symphonies de Beethoven. Par rapport aux disques parus à cette époque, l’orchestre est aussi beau, virtuose et puissant mais la prédominance des cordes est moins marquée ;

la quatrième sonate pour violon et piano1801-, dans une version qui fut largement saluée par la critique au moment de sa parution, mais qui semble avoir vu sa réputation décliner depuis : la faute peut-être à une prise de son loin d’être idéale dans ses équilibres ? Pour ce qui me concerne, et du fait d’une fréquentation assez lointaine de cette sonate, cette version me convient tout-à-fait ;

enfin, le quatrième concerto pour piano1806– : il s’agit là de la plus belle version du plus beau de tous les concertos pour piano –à mes oreilles bien sûr…– dans un disque de rêve !

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