Les papys du rock gardent la côte !

Je vous avais signalé ici la sortie de cet album, tout en vous disant tout le bien que j’en pensais ! Visiblement, je ne suis pas le seul à l’apprécier !

Ça faisait des lustres qu’un tel événement ne s’était pas produit pour le groupe –et, quoi qu’il en soit, pas dans ces proportions– : mes archives me disent depuis la sortie de « Voodoo Lounge », en 1992, soit un bon quart de siècle ! Cet attrait de nouvelles générations pour le blues semble par ailleurs confirmé par l’accueil chaleureux réservé à cet autre excellent album –son 65ème !- de John Mayall : « Talk about that » –cf. un extrait ci-dessous-. –Cliquer sur l’imagette de droite pour la voir en plus grand-.

A plus de 80 ans, le « parrain du blues anglais » a plus que de beaux restes, et sait toujours s’entourer avec beaucoup de réussite. Ici, c’est notamment le guitariste américain Joe Walsh –ex-Eagles, sauf qu’ici, il se contente de jouer, plutôt très bien, de la guitare sans chanter, et c’est tant mieux !– qui est mis en vedette. Evidemment, ce disque se vendra moins bien que l’album des Rolling Stones, mais il n’en est pas moins très bon par autant et mérite un solide coup d’oreilles.
Le blues a encore de beaux jours devant lui !

Playlist « L’autre Tétralogie »

J’ai entamé cette playlist hier matin, en tombant du lit très tôt –juste avant 5 heures…– pour l’achever ce matin, très tôt aussi, étant rentré bien trop tard hier soir pour y consacrer un brin d’oreille !
Il ne s’agit pas, comme vous pouvez le constater, de la Tétralogie wagnérienne, mais de celle, bien plus courte, des Bluesbreakers de John Mayall conçue entre 1966 et 1968 ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Quatre configurations variées autour du « vieux » mentor, qui voient passer quelques-uns des meilleurs musiciens anglais du blues de cette époque : trois guitaristes d’exception –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, d’abord, avec Eric Clapton (1), puis Peter Green (2) et, enfin, Mick Taylor (3 et 4); John McVie à la basse; Hughie Flint, Colin Allen, Jeff Hartley et Ainsley Dunbar à la batterie; et, sporadiquement, une section d’excellents cuivres.

Le premier album, avec Eric Clapton, est sans doute le plus connu et contribua à forger la légende du guitariste –c’est son meilleur album, il ne jouera plus jamais aussi bien, dans ce répertoire, par la suite. Et, comme de plus, pour quasiment cette unique occasion, il joue sur Gibson Les Paul, il trouve un son vraiment idiomatique : auparavant, il jouait sur Fender Telecaster au sein des Yardbirds; dans Cream, il jouera essentiellement sur Gibson SG puis, plus tard, passera sur Fender Stratocaster-. Mais celui qui marcha le plus fort en terme de vente et dans les « charts » de son époque, c’est le dernier, « Bare Wires », paru en 1968. C’est, pourtant, le moins directement accessible peut-être, presque plus proche du jazz que du blues par moment.

Les quatre albums forment, quoi qu’il en soit, un ensemble remarquablement cohérent et ont tous été réédités, avec parfois de très nombreux et intéressants « bonus » dans d’excellentes conditions techniques –même si la stéréo schématique, sur les trois premiers albums, produit parfois de curieux résultats-.

En guise de devinette, je vous invite à essayer d’attribuer un guitariste à chacun de morceaux suivants… Quatre morceaux, trois guitaristes, et l’on se rend compte, pourtant, d’une unicité de style assez étonnante ! A vous d’écouter et de jouer !

Playlist « Retour aux sources »

Après la réécoute, ce matin, du nouvel album des Rolling Stones, j’ai concocté une petite playlist « Retour aux sources » –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

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Quatre excellents albums de quatre formations différentes, donc, et tous parus entre 1962 –Alexis Korner– et 1968 –le premier album de Fleetwood Mac-, période de l’émergence du British Blues en Angleterre : assimilation du Chicago Blues ou du Rythm’n’Blues venus d’Outre-Atlantique et amplification progressive des instruments.

A titre anecdotique : l’excellent « Crusade » de John Mayall propose une version très maîtrisée de « I can’t qui you baby » avec Mick Taylor, futur Rolling Stones, à la slide-guitar. On retrouve cette même chanson sur le nouvel album des Rolling Stones, avec Eric Clapton, ex-JohnMayall’s Bluesbreakers, à la slide-guitar, près de 50 ans plus tard… Les routes de ces deux exceptionnels guitaristes n’auront jamais cessé de se croiser. La boucle est bouclée !

Par ailleurs, le morceau que je vous propose d’écouter en extrait est historiquement important quant à l’utilisation, pour la première fois en Angleterre et dans ce style musical –sauf erreur de ma part-, d’une « guitare-basse » électrique en lieu et place de la contrebasse traditionnellement en vigueur jusqu’alors. Cela préfigure l’apparition à peine postérieure des groupes anglais qui allaient s’inspirer de cette musique, dans cette formation –généralement : chant – 2 guitares – une basse électrique et une batterie– : Rolling Stones, d’abord, puis, rapidement après, Yardbirds ou Pretty Things.

Il va de soi, que des groupes comme les Beatles ou Manfred Mann utilisèrent aussi une basse électrique, mais leur musique  trouve une inspiration dans les versants country du skiffle plus que dans la musique noire, pour déboucher sur une musique plus pop que rock.

Playlist « Mes guitar heroes » et avis de décès

Mes « guitar heroes » ont généralement la virtuosité peu ostentatoire mais se promènent sur leur manche avec aisance et élégance, au gré des gammes pentatoniques qu’ils parcourent et agrémentent de leur petite note bleue. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Ils cherchent plus le feeling adéquat et la beauté des sonorités que la vitesse d’exécution ou le verbiage musical, qui sont deux denrées que je ne cherche pas particulièrement, même si elles peuvent impressionner les oreilles un peu naïves. Et ils jouent si possible sur Gibson Les Paul, profitant du son charnu qu’elle permet –même si certains utilisent aussi une Fender Stratocaster-.

Eric Clapton se montre étonnamment sobre sur l’album live de George Harrison, John Mayall réduit ses trois guitaristes fétiches –Eric Clapton, Peter Green et Mick Taylor– au rôle d’accompagnateurs de luxe sur ce drôle d’album. Les deux autres permettent d’entendre dans de bonnes conditions deux des tout meilleurs guitaristes de slide guitare : Duane Allman et Mick Taylor. Les quatre albums sont évidemment chaudement recommandés, même si le dernier est difficile à trouver.

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Ce matin, j’ai appris que le tout premier site consacré au Mac et au monde Apple a tiré sa révérence vendredi soir. Même si je ne fréquentais plus que de loin en loin, il constitua à l’époque, une mine de renseignements techniques, avec en particulier un forum d’entraide très convivial, au moment où la santé d’Apple laissait particulièrement à désirer et où Système 7.5.x occasionnait parfois bien des galères !

Retour à la note bleue

Bluesbreaker1982reunionconcertHier soir, j’ai ressorti un vieux CD de blues de derrière les fagots, dont j’avais gardé un très bon souvenir, mais ce que j’ai entendu était encore nettement meilleur que le souvenir que j’en avais ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ce disque a d’ailleurs failli ne jamais exister, puisqu’à l’époque du concert, la vague du blues était un peu agonisante… Il est finalement paru une petite vingtaine d’années après le concert, sur un label à la diffusion assez confidentielle, et je l’avais acheté assez rapidement après cette sortie. Il existe également un film de cette tournée, à la disponibilité aléatoire –et l’image, de toute façon, n’est pas très bonne, sans même parler du son-.

Au début des années 80, John Mayall avait reconstitué les Bluesbreakers pour une assez longue tournée. Outre le « vieux monsieur » –chant, guitare rythmique, clavier, harmonica-, donc, on trouvait Mick Taylor –ex-Rolling Stones– à la guitare, John McVie –Fleetwood Mac– à la basse et Colin Allen –ex-Stone The Crow– à la batterie. Une fois le répertoire arrêté, ils se produisirent dans de nombreuse petites et moyennes salles, attirant des foules grandissantes pour finir en apothéose. Il était temps que l’affaire s’arrête, cependant, John McVie étant dans l’incapacité de poursuivre son rôle depuis un moment, le bougre tâtant la divine bouteille avec une frénésie en forte augmentation et tenant difficilement son rôle certains soirs.

Le disque qui en témoigne est absolument remarquable et seules deux chansons ont un son un peu moins bon –dont l’extrait que vous pouvez écouter ci-après, une vraie tuerie en matière de guitare blues, et une vraie leçon : à cette date, aucun guitariste anglais ne lui arrivait à la cheville en matière de blues-.
John-Mayall-Blues-Breakers-BeanoLa pochette originale est un clin d’oeil à celle de l’album communément appelé « Beano », paru chez Decca en 1966 –cliquer sur l’imagette pour la voir en plus grand-. Le répertoire, puisé dans la liste très riche des compositions originales de Mayall himself plutôt que dans des adaptations de vieux blues américains, est excellent, comme les musiciens. Mick Taylor-sur une Ibanez copie de Stratocaster blanche, ce qui est rare chez lui, adepte presqu’exclusif de la Gibson Les Paul– trouve ici l’espace d’expression que les Rolling Stones lui refusèrent toujours, il est d’une classe et d’une beauté de sonorité exceptionnelles : toucher, vibrato d’une ampleur inimaginable, fluidité… Ça mérite vraiment un très soutenu coup d’oreilles ! Sa meilleure prestation en live officiel, avec celle de l’album « Little Red Rooster », et, dans un tout autre genre, celle entendue lors de la tournée 72/73 des Rolling Stones.

Playlist « Retour aux sources »

Petite playlist très blues, ce matin, mais un peu à part, puisqu’il s’agit, d’une certaine manière, d’un retour aux sources… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

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Je m’explique : Alexis Korner’s Blues Incoporated fut l’introducteur du blues en Angleterre, où il est surnommé affectueusement le « Grandfather of British blues« . Dès les années 50, il rassemblait autour de lui plusieurs musiciens de jazz pour enregistrer de très nombreuses pièces de Chicago Blues. Lui-même guitariste plutôt talentueux, il passa peu à peu à la guitare électrique, avec une grande circonspection cependant.

Jagger_BluesIncorporatedAu tournant des années 60, il jouait chaque semaine au Marquee Club, où ses fans s’appelaient Mick Jagger, Brian Jones, Eric Burdon ou Eric Clapton –le public traditionnel d’amateurs de jazz fut peu à peu remplacé par un public d’adolscents amateurs de « negro music », comme on disait dans l’Angleterre de l’époque-. Brian Jones, en particulier, eut l’occasion de jouer au sein de ses Blues Incorporated –sous le nom d’Elmo Lewis, il tenait la partie de « bottleneck guitar » dans le titre « Dust my bloom » d’Elmore James-. Plus tard, Alexis Korner invita, en première partie, le groupe Little Boy Blue and the Blue Boys –cliquer sur l’image d’archive pour la voir en grand-, composé, notamment, de Mick Jagger et Keith Richards –leur rencontre avec Brian Jones donna naissance aux Rolling Stones-. Au sein des Blues incorporated d’Alexis Korner, une vraie pépinière de musiciens est née : Charlie Watts et Ginger Baker à la batterie, Jack Bruce à la basse, Cyril Davies à l’harmonica… L’émergence du British Blues le dépassa rapidement, des groupes comme les Rolling Stones, les Yardbirds ou les Animals, puis les Cream, contribuant à le reléguer progressivement dans l’ombre. Pourtant, sans lui, rien ne serait arrivé…

Son meilleur continuateur, en Angleterre, fut l’autre découvreur de talents : John Mayall, qui fonda, pour sa part, les Bluesbreakers, formation largement mouvante, qui permit de populariser le talent des trois meilleurs guitaristes de blues anglais : Eric Clapton, Peter Green et Mick Taylor. Tous trois connurent ensuite des carrières plutôt chaotiques, mais au sein des Bluesbreakers, ils donnèrent, très jeunes, le meilleur d’eux-mêmes, contribuant ainsi à forger leurs légendes respectives et éclipsant quelque peu leur mentor, qui, à plus de 80 ans, poursuit sa carrière.

Enfin, le cas de Mike Bloomfield est un peu part : américain, il fut le premier guitariste blanc à percer dans le domaine du blues aux Etats-Unis et y popularisa, notamment, l’utilisation de la Gibson Les Paul. Virtuose brillant mais peu ostentatoire, une timidité maladive, une santé très précaire –insomniaque chronique, il ratait de sessions d’enregistrement en s’endormant la journée– et l’addiction à diverses substances ne lui permirent jamais d’accéder à la notoriété ultime, du fait de choix erratiques, d’une part, et de l’émergence de Jimi Hendrix d’autre part,  qui le relégua au second plan, très injustement tant leurs styles n’ont rien à voir : Mike Bloomfield cherchait avant tout la beauté de la sonorité et la pureté, il exploita donc peu les possibilités offertes par le feedback et les effets variés. Cependant, Mike Bloomfield reste important et a marqué l’histoire de la musique américaine puisque c’est lui qui est responsable de l’électrification de la folk music de Bob Dylan : le guitariste l’accompagne en effet sur l’album « Highway 61 revisited » et y tient les parties de guitare électrique. Du coup, Bob Dylan est devenu intéressant –ou pas, c’est selon…-.

Un grand bassiste s’en est allé…

Bruce_TaylorJack BRUCE est décédé hier. Grand bassiste, il faisait partie de la vague du British Blues émergée au début des années 60, et avait joué pour un petit moment avec les Bluesbreakers de John Mayall –encore un…-, avant de former un « supergroupe » avec Eric Clapton et Ginger Baker : Cream.

Les querelles d’ego ont largement contribué à la disparition rapide –moins de trois ans, de juillet 1966 à novembre 1968– de ce groupe : chacun voulait jouer plus fort que l’autre, chacun voulait occuper le devant de la scène, les musiciens ne s’écoutant plus guère. Il en reste quelques bons disques, ainsi que des traces de concerts en vidéo, de piètre qualité malheureusement. Jack Bruce y jouait de la basse et chantait. A la disparition de Cream, il continua à jouer avec les plus grands, au sein de formation éphémères –dont un autre « supergroupe » avec Mick Taylor et Carla Bley, cf. le très bel extrait en fin de notule, où chacun brille à son tour– ou comme « accompagnateur de luxe » des plus grands –Lou Reed sur « Berlin », John Mc Laughlin…-.

Issu de l’école classique, violoncelliste de formation, il n’a jamais été le bassiste le plus rapide ou le plus démonstratif de la galaxie, mais il soignait le son au-delà de bon nombre de ses confrères et connaissait l’harmonie comme aucun autre, ce qui lui a permis de construire des lignes de basse riches, surprenantes et toujours chargées d’émotion.

Jouer avec son mentor…

Quand le meilleur guitariste de blues anglais -Mick Taylor, pour une fois avec une Fender Stratocaster- rencontre son mentor -Albert King-, en compagnie de celui qui le lança -John Mayall, au piano électrique ou à l’hamonica et en marcel, comme à son habitude-, ça donne çà, et c’est exceptionnel ! Si vous avez le temps, je vous recommande de regarder toute la video. Si vous êtes pressé, passez directement à 10:50 et regardez jusqu’à la fin ! C’est exemplaire de feeling et de maîtrise, sans aucune ostentation !