Playlist retour aux sources

Ce soir, au terme d’une longue journée de travail qui m’aura conduit vers les confins sud du département –avec, bien évidemment, magnifique bouchon sur le chemin du retour…-, un seul album ma playlist quotidienne. Mais quel album ! « Tago Mago », paru en 1971, annonce à lui tout seul, et près de dix ans d’avance, les albums de Joy Division ou ceux de la « Trilogie glacée « de The Cure.

Composé d’excellents musiciens allemands complétés par un « chanteur » japonais, CAN échappe aux classifications traditionnelles, mêlant musique minimaliste et répétitive, bribes de musique électronique et de jazz progressiste, harmonies relativement hardies et improvisations inspirées. Les morceaux sont souvent d’assez longue durée –certains dépassent le quart d’heure– sans qu’on (n’) ait jamais le temps de s’ennuyer. A titre d’exemple, je vous propose ici le plus court :

A mes oreilles, un album majeur, et l’une des plus belles productions des 70’s, échappant à tous les courants de l’époque. La pochette existe en deux versions : celle présentée ici correspond à la version alternative de la réédition du quarantième anniversaire –un double album comprenant des inédits d’excellente qualité-. La pochette originale est aussi bizarre que la musique du groupe !

Playlist pléthorique

Un seul album à l’écoute, ce soir, et ce sont les effectifs pléthoriques engagés dans cette oeuvre gigantesque qui justifient le titre de cette notule. Mahler et sa « Symphonie des milles » n’ont qu’à bien se tenir, les Gurrelieder nécessitent un effectif encore plus imposant ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Au demeurant, la version retenue, paradoxalement, en donne une vision plutôt intimiste et presque chambriste, ce qui n’est pas un mince paradoxe dans cette oeuvre ! La prise de son, très convenable, rend justice à une oeuvre difficile à enregistrer et à écouter dans un salon, tant les contrastes dynamiques sont importants.

Entamés par un Schönberg tout jeune homme –à 25 ans, en 1900-, mais achevés seulement 13 ans plus tard, soit après un premier virage stylistique qui le vit peu à peu aborder une musique moins tonale et développer le « Sprechgesang » –technique vocale de « chant parlé »-, les Gurrelieder gardent à la fois les traces d’une influence wagnérienne tout en s’en éloignant progressivement.

L’orchestre est impressionnant par sa masse : cinq chanteurs solistes, un récitant, trois chœurs d’hommes à quatre voix, un chœur mixte à huit voix, cinquante bois et cuivres, dix cors, sept trompettes, sept trombones, une batterie de percussions monumentale, des cordes en conséquence, quatre harpes…

Le livret, d’origine danoise et inspiré de textes de Jens Peter Jacobsen, reprend la légende du roi Waldemar, amoureux de la belle Tove, qu’il installe dans son château, à Gurre. Cette maîtresse est assassinée, dans un bain trop chaud, par l’épouse légitime du roi, Waldtauve. Tove se transforme en colombe, tandis que Waldemar, fou de douleur, maudit dieu et se retrouve alors condamné à errer chaque nuit, et à chevaucher jusqu’à l’aube avec ses vassaux, tirés de leurs tombes. L’oeuvre s’achève majestueusement par le retour du soleil, au petit matin –cf.extrait proposé-.

Playlist New Wave

On met derrière le terme « New Wave » à peu près tout et n’importe quoi… Disons plus pragmatique ment que toute la vague de la musique Pop-Rock blanche succédant à la fois aux mouvements Punk et Disco peut s’inscrire dans cette filière « Nouvelle vague », plutôt festive, au tournant des années 80.

Il y a eu de fort belles choses à l’image de la playlist de ce jour, parmi des albums d’un intérêt plus anecdotique, ou qui ont mal survécu aux outrages du temps… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les extraits sonores proposés, par ailleurs, montrent bien la diversité d’un courant hétéroclite ! Ils rappelleront sans doute des souvenirs aux lecteurs de ce blog…

Original et copie, 2017 Première !

Dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, la copie est infiniment plus connue que l’original, et si différente et populaire qu’elle l’a quasiment éclipsée : la majorité des personnes qui connaissent la copie pensent en effet qu’il s’agit d’une création originale !
La version originale de cet air extrait du semi-opéra « King Arthur » du compositeur anglais Henri Purcell, créé en 1691. Dans cette oeuvre, il faut s’accrocher pour suivre l’histoire, puisque les principaux caractères n’ont que des rôles parlés, le chant revenant aux caractères « surnaturels » : nymphes, sirènes, dieux ou demi-dieux, génies divers, dont le « Cold genius », qui interprète cet air devenu célèbre sous le titre de « Cold Song » dans la copie présentée ici –son titre original est « Frost Song »-.
La cheffe d’orchestre qui dirige la version originale était un jour venu manger à la maison pendant les représentations des « Boréades » de Rameau à l’Opéra du Rhin, et avait essayé de me convertir à l’opéra baroque français : malgré son grand talent, elle a échoué :mrgreen: , et je n’y suis venu que très sporadiquement bien plus tardivement !

La copie est interprétée par Klaus Nomi, drôle de personnage, ex-pâtissier new-yorkais devenu chanteur, ex-choriste de David Bowie et ayant connu un succès de météorite au tout début des année 80, et une gloire posthume également liée au fait qu’il fut la première célébrité décédée du Sida, alors que sa carrière commençait à prendre forme.

 Pour la petite histoire, cet air est devenu fort populaire chez les marchands de publicité, et chacun essaie de s’y frotter : une version absolument catastrophique est disponible en ligne. Je vous laisse découvrir de quelle célébrité fourvoyée il s’agit…

Playlist au coin du feu

La météo plutôt fraîche de ces derniers jours –mais pas si glaciale qu’annoncée semble-t-il : un petit -§° ce matin, ce qui est somme toute assez normal en hiver…– est tout-à-fait propice pour profiter de cette courte mais paisible playlist, à déguster sereinement au coin du feu, après une longue journée de labeur, et extraite de la série des albums en attente dont je vous parlais l’autre jour… Une grille de loto que je m’amuse à cocher, en quelque sorte !

Playlist en attente

J’ai une petite pile de disques que je n’ai jamais réussi à écouter en entier à ce jour, dont voici un extrait en image –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– :

• soit parce que leur acquisition est trop récente et que je n’ai pas encore eu le temps d’en profiter au-delà d’extraits plus ou moins larges –live de U2, symphonies de Schumann, concertos pour piano de Liszt-;

• soit parce qu’une première tentative d’écoute a été avortée parce que j’ai dû faire subitement autre chose –le Grieg à Bergen, le Telemann -;

• soit parce qu’au moment de leur écoute, je n’étais pas dans le bon feeling pour apprécier ce que j’entendais –ce qui peut arriver pour des oeuvres du grand répertoire que je connais dans des versions plus excitantes par exemple, comme c’est le cas des symphonies de Beethoven par le jeune Gustavo Dudamel, le Grieg de Beecham ou encore les albums Mozart et Respighi par Karajan-.

Ce soir, avant de repartir pour une réunion tardive, j’ai décidé de faire diminuer très modestement cette pile : j’écoute donc l’album dont est tiré l’extrait proposé ci-dessous, tout en me disant que n’est pas Jim Morrison qui veut ! Je ne vous demanderai même pas de deviner de quel album il s’agit, c’est bien trop facile !

Playlist en toute sympathie

Rentré à une heure presque raisonnable –parce que je suis parti très tôt ce matin, après une séance de déneigement de voiture un longue…-, j’ai eu un peu de temps en début de soirée à consacrer à la redécouverte des concertos pour « violon de Hardanger » de Geirr Tveitt, musicien norvégien du 20ème siècle –1908 – 1981– écrivant une musique d’une veine relativement classique. Ce qui en fait l’originalité, justement, c’est l’utilisation d’un violon de HardangerHardingfele en norvégien-. –Cliquer sur les images pour les voir en plus grand-.

Cet instrument folklorique se présente comme un petit violon, généralement pourvu de riches décorations. On y retrouve donc les quatre cordes traditionnelles, mais également quelques cordes -de 2 à 6- qui ne sont pas directement accessibles par le violoniste, mais résonnent par sympathie avec les autres, accordées le plus souvent en la/ré/la/mi –sol/ré/la/mi pour un violon « traditionnel »-.

Les autres cordes sont accordées de la même manière dans la plupart des cas et résonnent par sympathie, selon des relations harmoniques complexes. Ces cordes sympathiques apportent ainsi un son plus puissant et un timbre plus brillant. De plus, le manche plat facilite le jeu sur plusieurs cordes simultanément.

Comme il est possible d’accorder différemment le violon selon les oeuvres jouées, les Norvégiens ont trouvé des noms très poétiques pour définir ces accords : Troll-stille –accord du charme magique-, Huldre-stille –accord de la nymphe-…

Cela donne un album aux couleurs agréables, très plaisant à l’écoute –d’autant que la prise de son est de bien belle qualité– et même relativement facile d’accès, dont je vous propose de découvrir un petit extrait ci-dessous !

Première playlist Pop-Rock de l’année

Tout entier consacré à la découverte de mes cadeaux de Noël, j’avais quelque peu laissé de côté l’écoute d’albums autres que ceux consacrés à la musique classique depuis le début de l’année. C’est désormais chose réparée avec la playlist de ce jour, qui comporte deux grands classiques et deux albums qui, lors de leur parution, ne marquèrent pas outre mesure les auditeurs de l’époque, au moins en termes de ventes –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

A peu près tout le monde connaît le titre éponyme de l’album « Hotel California », megatube international qui se clôt sur un solo de guitares se répondant d’assez belle manière. Le reste de l’album est plus anecdotique à mes oreilles, hors le dernier titre –The Last Resort-, qui est peut-être le meilleur. C’est de la soft country-rock un peu indolente avec un son de batterie assez « mou ». La batterie, c’est aussi ce qu’on remarque instantanément chez Led Zeppelin, et qui rend l’écoute de ce groupe toujours aussi problématique dans un cadre domestique, tant elle a tendance à devenir envahissante –extrait 1 : une tentative de reggae plutôt moyennement réussie-. Cela étant, l’album propose quelques excellents titres et s’avère très réussi dans son ensemble et ne comporte que peu des traditionnelles longueurs du groupe.

A contrario, on ne pourra pas taxer le premier album des Ramones de comporter des longueurs : aucun titre n’atteint trois minutes, et on n’a guère le temps de s’y ennuyer –extrait 2 : les paroles oscillent entre naïveté et bêtise confondantes, mais qu’est-ce qu’on rigole !-. S’il ne s’est vendu qu’à un peu moins de 6 000 exemplaires l’année de sa sortie, cet album est pourtant totalement passé à la postérité posthume –tous les membres du groupe originel sont morts-et les critiques d’aujourd’hui soulignent tous son importance –il apparaît régulièrement très bien situé dans les nombreux classements du type « meilleur album de ceci ou cela »-.

Enfin, « Legendary Lovers », des Dogs, groupe français comme son nom ne l’indique pas, est vraisemblablement le plus populaire des disques du groupe, et, à sa sortie en 1983, je l’appréciais beaucoup. Depuis, mes goûts ont changé –ou j’ai trop vieilli pour y prêter autre chose qu’une oreille indulgente et un peu nostalgique, très occasionnellement. Et l’anglais du chanteur est vraiment problématique, ce qui me choque bien plus maintenant qu’à l’époque-.

Buffalo Bill se rend à Vienne !

Je continue à prolonger Noël en me consacrant largement à la découverte de mes jolis cadeaux, et plus particulièrement à une écoute détaillée du coffret consacré à William Steinberg « The Disciplined Master Conductor » Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. J’avais déjà eu l’occasion de vous dire tout le bien que je pensais des premiers disques écoutés –Mahler, Bruckner, Elgar…– : je vais d’enchantement en enchantement au fil des écoutes !

Voilà en effet un chef d’orchestre qui propose des lectures directes, fraîches et spontanées, généralement remarquablement narratives. Steinberg s’inscrit dans la lignée des chefs européens ayant conquis les Etats-Unis à la suite de Toscanini, à l’instar de Fritz Reiner ou George Szell, mais aussi Charles Munch ou Paul Paray. Il s’inscrit donc dans une ligne « objective », mais il y met du coeur et un goût assuré.

Comme il dispose d’un orchestre « seulement » très bon, ses musiciens, qui l’adoraient, visent à l’excellence et donnent le meilleur d’eux-mêmes, ce qui s’entend. Par ailleurs, l’excellent livret nous apprend que Steinberg fut un bâtisseur d’orchestre remarquable et un technicien exceptionnel : généralement, les solistes l’appréciaient également pour ses talents d’accompagnateur –ce qui nous vaut quelques très beaux concertos au sein de ce coffret-.

Les enregistrements sont de bonne qualité sans être exceptionnels –typiques du EMI des années 50 : plus larges que profonds, assez bien timbrés et toujours un peu pincés dans le haut médium, ce qui donne une couleur particulière aux violons, mais reste assez agréable dans le cadre d’une écoute domestique à volume raisonnable– et tirent sans doute le meilleur parti d’une salle problématique en termes d’acoustiques : grosse capacité d’accueil –près de 4 000 places, ce qui est beaucoup : pourtant, lors de la mandature de Steinberg, l’orchestre symphonique de Pittsburgh était celui qui avait le meilleur taux de fréquentation aux USA-, scène très large et peu profonde, ce qui, paraît-il, empêchait parfois les musiciens de s’entendre. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand

A titre d’exemple, j’ai, hier soir, dressé soudainement les oreilles en écoutant cet extrait : je connais cette oeuvre sur le bout des doigts, tant elle est populaire, mais je ne l’avais jamais entendue ainsi : c’est Buffalo Bill –surnom que le chef s’octroya après avoir été titulaire de l’orchestre de Buffalo– qui va à Vienne !

A l’heure actuelle, ce coffret n’est malheureusement plus disponible à la vente en Europe –ou alors en occasion, à des prix prohibitifs, alors qu’il fut longtemps accessible pour une bouchée de pain-. Sinon, je vous aurais inviter à vous jeter dessus comme des morts de faim ! L’une des plus belle surprises de 2016, assurément, qui ne déparerait pas de ma liste des coups de coeur de l’an dernier !

Playlist venue du nord…

… comme le froid qui s’abat actuellement en nos contrées : depuis hier soir, chutes de neige plus ou moins abondantes, qui laissent un tapis blanc et glissant sur le sol ! Rien de mieux, donc, que de prolonger ces paysages hivernaux par des paysages sonores quelque peu identiques, tout en retenant à cette fin des oeuvres plus ou moins rares ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Evidemment, Jean Sibelius, l’un de mes absolus chouchous, est présent dans cette playlist, dans une interprétation que j’avais laissée de côté depuis longtemps –déjà parce que j’avais prêté ces disques depuis plusieurs mois, et qu’on vient de me les rendre– : elle m’était à vrai dire totalement sortie de l’oreille, mais sa dernière écoute remonte à un temps où j’écoutais nettement moins le compositeur –je ne fréquente assidument que depuis trois ans-. La cinquième écoutée ce matin est très belle et la prise de son est formidable !

Les trois autres compositeurs sont beaucoup moins connus, voire quasiment inconnus. Mais ils restent très intéressants, chacun à sa manière : Frantz Berwald, suédois d’origine allemande (1796-1868), est un contemporain de Mendelssohn et de Schumann : c’est de la belle musique, avec quelques jolies trouvailles mélodiques émergeant d’un discours par ailleurs plus convenu mais toujours agréable –extrait1-. Il en va de même pour Charlies Villiers Stanford, irlandais formé en Allemagne (1852-1924) : une musique relativement raffinée, un genre de Mendelssohn d’Outre-Manche à l’époque victorienne –rappelons que Mendelssohn était le compositeur favori de la reine Victoria-. Enfin, Carl Nielsen, danois et contemporain (1968-1931) de Mahler et Sibelius, n’a pas connu la même gloire posthume que ces deux derniers –extrait2-.
Comme Berwald, il a donné des noms très caractéristiques à ces symphonies. Chez Berwald, elle sont parées des titres suivants : « Sérieuse » pour la première, « Capricieuse » pour la deuxième, « Singulière » pour la troisième et « Naïve » pour la quatrième; chez Nielsen, les titres suivants apparaissent pour certaines de ses symphonies : Symphonie no 2, « Les quatre tempéraments »; Symphonie no 3, « Expansive »; Symphonie no 4, « Inextinguible »; Symphonie no 6, « Semplice ».
Tout un programme de lutte contre grand froid –en s’échauffant les oreilles– !