Des goûts et des couleurs, 6.2

Elgar – Variations Enigma – Les versions anglaises

Aujourd’hui, je vous propose mon classement des interprétations par des chefs anglais des « Variations Enigma » d’Elgar -des chefs qui parlent leur langue natale, donc…-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Et ce classement réserve quelques surprises : ainsi, de grands noms de la baguette d’aujourd’hui se retrouvent fort mal classés dans mon panthéon personnel. Rattle et Gardiner proposent à mes oreilles les versions les moins intéressantes qui soient, et n’ont même pas l’excuse de l’absolu contre-sens que livrait Bernstein, qui assume sa radicalité. Ici, les deux versions sont simplement profondément ennuyeuses –elles ont le mérite de favoriser l’endormissement des insomniaques…-.
Les autres versions sont toutes très bien, j’en ai cependant placé quatre un peu au-dessus des autres :
• Edward Elgar –1926 parce que c’est Elgar, un chef pas particulièrement remarquable, mais qui instaura au moins une tradition dans l’interprétation de ses oeuvres. La réédition est, de plus, très réussie du point de vue technique, pour des enregistrements qui ont presque 100 ans ;
• Malcolm Sargent –1953, qui est une vraie surprise ici et qui dame le pion à tous ses confrères anglais contemporains et « spécialistes reconnus » comme Boult ou Barbirolli, en proposant une très belle version, équilibrée et à l’excellent final ;
• Leopold Stokowski –1972, dans un enregistrement de concert avec l’orchestre philharmonique tchèque, expose une petite harmonie absolument magique et aucune des excentricités dont il était parfois coupable capable. Une réussite magistrale !
• Norman DelMar –1975, chef peu connu et musicologue reconnu, fut enregistré dans l’acoustique très réverbérée de la cathédrale de Guilford, est lui aussi tout-à-fait exceptionnel. Une version rare, qui fut longtemps difficile à trouver, repliée dans la superbe collection « Eloquence » .

Des goûts et des couleurs, 6.1

Elgar – Variations Enigma – Les versions non anglaises

Les variations Enigma d’Edward Elgar sont une oeuvre d’abord très facile, qui ont donné lieu à une littérature relativement abondante –articles de qualité, parmi d’autres, à lire ici ou – et à une discographie très riche : il s’agit de l’œuvre la plus populaire de son compositeur, avec la première « Pump And Circumstance », et de nombreux chefs très célèbres s’y sont confrontés –on ne trouve pas Karajan dans cette longue liste, lui qui n’y entendait du « Brahms de seconde catégorie »…-. C’est une oeuvre que j’aime beaucoup et que je connais par coeur, puisqu’elle accompagne assez régulièrement mes nuits sans dormir.
Pour cette première série, j’ai regroupé les versions de mes étagères qui sont interprétées par des chefs non anglais. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Il apparaît que l’oeuvre est si bien écrite et orchestrée qu’il est difficile d’en trouver une mauvaise version : il ny ’en a en définitive qu’une seule que je n’aime pas du tout, c’est celle de Bernstein, qui propose une version totalement boursouflée et tapageuse, transformant Elgar en mauvais Mahler… Toutes les autres versions à quelques nuances près, sont très bien !
La suite –les versions enregistrées par des chefs anglais– dans une prochaine notule !

Beethoven:Appassionata – Tiercé gagnant

Pour occuper mes longues nuits d’insomnies –il faudrait que je prenne rendez-vous à la clinique du sommeil…– et près avoir écouté 32 fois –et en réalité bien plus– la 32ème sonate de Beethoven, voilà que j’ai écouté au moins 23 fois –et en réalité bien plus– sa 23ème sonate « Appassionata » dans 23 versions différentes –et en réalité bien plus ! -.

J’en ai dégagé un tiercé gagnant, qui comportera peut-être, pour ceux qui connaissent bien cette sonate, une surprise, puisque le deuxième cité dans mon tiercé –1. Emil Gilels ; 2. Murray Perahia ; 3. Sviatoslav Richter– n’a pas la réputation d’être le plus immense pianiste beethovénien qui soit, même s’il a réussi une merveilleuse intégrale des concertos pour piano avec Haitink –la réputation de Gilels dans ce répertoire, en revanche n’est plus à faire, de même que celle de Richter dans ses bons jours (mais il en a aussi de moins bons, sa discographie dans Beethoven est étonnamment inégale) -. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Pour autant, donc, la version de Murray Perahia comporte le plus beau deuxième mouvement qu’il m’a été donné d’entendre, et je l’ai redécouverte avec d’autant plus de plaisir que ça faisait bien plus de trente ans sans doute que ce disque n’était plus arrivé sur mon lecteur CD.
Richter est fulgurant dans cet enregistrement célèbre réalisé pour RCA en 1961, mais Gilels, dans un premier mouvement creusé mais dynamique –là ou Arrau est creusé mais plus statique– et dans un finale hyper-virtuose –la dernière minute !!! -, efface même le souvenir de la version de son compatriote.

Autres versions appréciables : Arrau/Philips – Gulda/Amadeo – Schnabel/Pristine -pour les amateurs de très vieilles cires – A. Fischer/Hungaroton
Versions dont on peu se passer malgré, parfois, leur réputation : Kempff/DGG, qui manque ici vraiment d’abattage tant en 1955 qu’en 1965 ; Horowitz, auquel Beethoven échappe totalement ; et Nat, brouillon dans le premier mouvement et à bout de doigts dans le finale.

Des goûts et des couleurs, 5

Schumann – Quatrième symphonie

La quatrième symphonie de Schumann est une des oeuvres que je fréquente le plus souvent nocturnement, lorsque je n’arrive pas à trouver le sommeil. J’en ai donc une palanquée de versions –certaines, comme celle de Celibidache,  par exemple, fort pauvre en couleurs, je ne les écoute quasiment jamais, mais elles font partie de coffrets– et je la connais dans ses moindres recoins ! Ce n’est pas le cas des autres symphonies du compositeur, que j’apprécie assez modérément…
Comme toujours, cette série se lit de gauche à droite, ayant classé par colonnes successives mes versions préférées. Comme toujours aussi, ce classement est éminemment subjectif et pourra être très amplement contesté !
La version que je préfère, enregistrée en concert derrière le rideau de fer, d’un souffle extraordinaire, est malheureusement très difficilement disponible, n’a jamais été rééditée mais constitue cependant un disque à mettre entre toutes les mains oreilles ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

 

Des goûts et des couleurs, 4

Wagner – Der Ring des Nibelungen

Cette immense fresque musicale existe désormais dans un nombre incalculable de versions : lorsque je l’ai découverte, en 323 33 tours, au début des années 80, il n’en existait officiellement que quatre ! Le CD a permis la réédition, souvent dans des conditions techniques inespérées au temps du LP, avec, en particulier, l’exhumation d’archives du neues Bayreuthannées 50 et tout début des années 60-.

J’ai choisi de scinder ce « classement », que d’aucuns trouveront évidemment contestable, en deux :

• d’une part, les versions enregistrées en studio, qui ne sont en définitive pas si nombreuses, et correspondent à des productions luxueuses que les éditeurs n’ont sans doute plus les moyens de financer de nos jours, les ventes étant trop limitées pour amortir un investissement conséquent ! Toutes bénéficient d’un grand confort sonore, toutes pâtissent d’un engagement évidemment moins grand au studio qu’à la scène et malgré certaines incontestables réussites, il y manquera toujours un grain de folie et d’urgence. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. J’aime énormément les deux premières citées, et très peu la dernière. Mais, évidemment, cette appréciation est tout-à-fait personnelle, et certains raffolent de cette dernière version.

• d’autre part, les versions live. Parmi celles-ci, les versions du neues Bayreuth figurent en bonne place : question de distribution, d’abord, mais également de chefs qui savent tendre l’arc sur la durée d’un cycle et développer un sens de la narration épique qu’on ne trouvera pas toujours plus tard, malgré quelques « pains » présents dans toutes ces versions.
Les conditions techniques y sont généralement meilleures qu’espérées, grâce aux apports du numérique pour la remastérisation de documents anciens et quasiment toutes bénéficient d’un confort d’écoute suffisant pour en profiter, sauf les versions Knappertbusch 1957, au son relativement mat et étouffé, qui reste plus difficile, et celle de Kempe / Covent Garden, dont les bandes sont très abîmées et « insauvables ». Les deux versions les plus récentes enregistrées à Bayreuth —Boulez et Barenboim– souffrent à mon avis beaucoup, au moins à l’écoute des CD, de la comparaison avec leurs devancières, mais sont en revanche de très investies scéniquement et il vaut mieux les voir en DCD ou Blu-ray. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

And my winner is : Clemens Krauss, Bayreuth 1953. Ce n’est pas tout-à-fait une surprise, il fait partie de mes disques pour l’île idéale !

Des goûts et des couleurs, 3

Les symphonies de Beethoven, seconde partie

Seconde série des intégrales des symphonies de Beethoven, enregistrées après 1970, la première série consacrée aux intégrales plus anciennes se trouvant ici. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

My winners are : parmi ces intégrales plus récentes, c’est un trio de tête qui se dégage, selon mon humeur du moment, entre la fougue entraînante de Karajan, le marbre impressionnant de Sanderling et l’approche somptueuse et somptueusement enregistrée de Von Dohnanyi. Evidemment et comme précédemment, ce « classement » n’engage que mes oreilles et pourra être complètement contesté par d’autres paires d’oreilles !

Des goûts et des couleurs, 2

Les symphonies de Beethoven

Comme pour la précédente notule de cette catégorie, ce diagramme –à lire en colonne, réparties en 6 groupes– présente mes préférences personnelles et n’engage que moi ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Une notule ultérieure sera consacrée aux intégrales post-70.

My winner is : un jalon de l’histoire du disque, puisqu’il s’agit de la première intégrale réalisée en tant que telle, et réunie au sein d’un coffret initialement disponible par souscription uniquement, sans possibilité d’acheter chaque disques séparément. Cette intégrale, sous une forme ou sous une autre, n’a jamais quitté le catalogue de l’éditeur depuis sa parution en 1962.

Des goûts et des couleurs…

Les sonates pour piano de Beethoven

Parfois, un diagramme vaut mieux qu’un long discours… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

And my winner is : ce n’est pas une surprise, vous le saviez déjà si vous lisez régulièrement ce blog !  Par leurs, j’ai hésité à créer une sixième colonne, dans laquelle j’aurais classé le seul Alfred Brendel…

Mes premières intégrales de ce corps pianistique fondamental, à la lointaine époque du 33 tours, furent celles de Friedrich Gulda chez Amadeo et celle de Claudio Arrau chez Philips –elles étaient offertes, d’un volumineux coffret de 13 LP, pour l’achat des concertos pour piano-.
Je suis resté très attaché à la première nommée, et moins à la seconde, qui est pourtant régulièrement citée comme «version de référence» par de nombreux critiques musicaux et mélomanes : je la trouve pour ma part relativement sombre et austère, et la prise de son est certes belle, mais le bruit des ongles du pianiste sur le clavier me dérange profondément, sans compter qu’il respire parfois assez fort dans le micro !

Pour les amateurs de cet immense corpus pianistique, la revue Diapason en propose une intéressante «analyse» dans un numéro récent, et leur «classement» est très différent du mien, mais leurs propositions ne sont fondées que sur des enregistrements du domaine public.

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