Je n’avais plus écouté le premier extrait depuis des lustres –la chanson fut longtemps difficilement accessible, et seulement parue sur 45T-, et c’est en l’entendant hier sur cet excellent album et suite à la lecture de ce billet de Sardequin qu’il est entré dans mes oreilles hier matin…
Mais oui bien sûr, le parallèle avec le second extrait –l’une de mes chansons préférées du groupe– est évident : basse mobile sur un tempo moyen dans les deux cas –même si c’est une basse six cordes -cliquer sur l’image pour la voir en plus grand- dans le second extrait, en appui de la basse traditionnelle-, résolutions harmoniques fondées sur le même schéma, paroles plus nostalgiques que dépressives, ambiance douce-amère… Ce parallèle, étonnant, m’a sauté aux oreilles ! Dans les deux cas, c’est très beau !
On s’y attendait un peu depuis quelques années déjà et la nouvelle fait les choux gras des quotidiens de ce jour : Lemmy Kilmister, dit Lemmy, est mort hier.
Vu la vie de patachon qu’il menait depuis si longtemps, il a atteint l’âge canonique de 70 ans, ce qui est plutôt pas mal pour quelqu’un qui disait « I don’t want to live forever », après avoir brûlé la chandelle par tous les bouts. Un article à lire ici vous en dira plus sur les légendes urbaines qu’il a drainées depuis un vingtaine d’années. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Personnage lucide et très intéressant à écouter en interview –gouailleur sans aucune morgue, refusant de se poser en modèle pour qui que ce soit-, baiseur frénétique mais sans attache, chanteur-hurleur qui regardait le ciel et bassiste vrombissant –très efficace, au style à peu près unique et hyper-physique tant il écrasait les cordes de sa Rickenbacker pour jouer des accords en rythmique frénétique ce qui n’est guère fréquent à la basse, saturation à fond sur l’ampli-, il était l’âme du groupe Motörhead, que l’on a coutume de décrire comme un groupe de heavy metal : c’est peut-être ce qu’il est devenu, mais lorsque je l’écoutais encore régulièrement, adolescent, c’était juste un très bon groupe de hard-rock parmi d’autres.
Avec Lemmy maintenant et Jack Bruce il y a peu de temps, c’est bien la lignée des bassistes-chanteurs qui semble s’éteindre petit à petit : restent désormais Mark King et Sting, mais ce dernier ne joue quasiment plus de basse dès lors qu’il n’est pas avec The Police.
Pour découvrir Motörhead, rien de mieux selon moi que « Ace Of Spades », album déjà ancien -1980- et d’approfondir avec « No Sleep ’Til Hammersmith », live énergique de 1981, époque où le groupe était dans sa meilleure formation, en trio. Ces deux-là ont longtemps rugi sur mes anciennes platines !
J’aime beaucoup Bill Wyman, bassiste originel des Rolling Stones, qui ne fut d’ailleurs jamais remplacé officiellement après son départ. Celui que l’on surnommait « le Stone silencieux » a fêté ses 78 ans 😯 il y a quelques jours et se contentait de faire, très bien, son job, à savoir jouer de la basse, et de fort belle manière, dans un style caoutchouteux, très mobile et pourtant sobre. C’est assez curieusement syncopé, difficilement imitable, et en parfait accord avec la batterie et la guitare rythmique : c’est ce qui produit, en définitive, le « son Stones », et qui a disparu après son départ -quand bien même les bassistes qui jouent à sa place sont excellents techniquement-.
Il nous a livré quelques magnifiques lignes de basse, très typiques –on sort du schéma fondamentale-quinte en croches que l’on retrouve si souvent dans la musique dite Pop-Rock-, comme on peut l’entendre dans l’extrait ci-dessous :
Quelques particularités de Bill Wyman :
– il avait de petites mains, qui l’ont obligé à choisir avec attention ses basses, d’où, souvent, l’originalité de celles qu’il employait;
– il a inventé la basse électrique fretless en enlevant au burin les frettes de sa Framus, au courant des années 60;
– c’est lui qui a écrit le meilleur livre sur le groupe;
– c’était le vrai séducteur du groupe : un « palmarès » impressionnant, semble-t-il, bien loin devant Mick Jagger, et pas si éloigné de Lemmy, bassiste de Mötörhead : ça doit être un truc de bassiste, en fait ! Il est classé dans le top 10 des « Living sex legend » à ce titre;
– ses albums solos sont pleins d’humour et il est le seul à avoir obtenu un vrai hit en solo : « Si si si, je suis un rock star« , complètement décalé, mais hilarant;
– il fut un très grand ami de Chagall, lors des dernières années de celui-ci;
– il est passionné de photos et possède de nombreux appareils de détection de métal !
– il est beaucoup plus heureux maintenant qu’il fait ce qu’il veut, y compris de la musique avec de nombreux amis, que lorsqu’il jouait avec les Rolling Stones !!!
Jack BRUCE est décédé hier. Grand bassiste, il faisait partie de la vague du British Blues émergée au début des années 60, et avait joué pour un petit moment avec les Bluesbreakers de John Mayall –encore un…-, avant de former un « supergroupe » avec Eric Clapton et Ginger Baker : Cream.
Les querelles d’ego ont largement contribué à la disparition rapide –moins de trois ans, de juillet 1966 à novembre 1968– de ce groupe : chacun voulait jouer plus fort que l’autre, chacun voulait occuper le devant de la scène, les musiciens ne s’écoutant plus guère. Il en reste quelques bons disques, ainsi que des traces de concerts en vidéo, de piètre qualité malheureusement. Jack Bruce y jouait de la basse et chantait. A la disparition de Cream, il continua à jouer avec les plus grands, au sein de formation éphémères –dont un autre « supergroupe » avec Mick Taylor et Carla Bley, cf. le très bel extrait en fin de notule, où chacun brille à son tour– ou comme « accompagnateur de luxe » des plus grands –Lou Reed sur « Berlin », John Mc Laughlin…-.
Issu de l’école classique, violoncelliste de formation, il n’a jamais été le bassiste le plus rapide ou le plus démonstratif de la galaxie, mais il soignait le son au-delà de bon nombre de ses confrères et connaissait l’harmonie comme aucun autre, ce qui lui a permis de construire des lignes de basse riches, surprenantes et toujours chargées d’émotion.
Celle-ci est formidable, je l’ai redécouverte ce matin ! Des lustres que je n’avais plus écouté cet album avec un peu d’attention et surtout « un peu fort », ce qui lui sied particulièrement bien !
On découvre donc, dans ce morceau, une fort belle ligne de basse, harmonieuse, ductile, où l’instrument -assez ingrat, généralement, j’en sais quelque chose…- est fort bien mis en valeur !
Peu importe de savoir de qui il s’agit, je ne vous le dirai donc pas, mais je pense que d’aucun saura trouver sans difficulté ! Je vous livre cependant le nom du bassiste, mais ça ne vous aidera guère : il s’appelle Bruce Yaw.
Je ne sais pas si c’est vraiment beau, ça doit surement plaire à pas mal de monde, mais, c’est sûr, pour un bassiste, c’est écoeurant ! Tant de facilités, d’agilité et de beau son (le jeu au plectre, difficile à maîtriser, le travail sur les couleurs, claires mais charnues, les harmoniques à de damner…). Clairement, la virtuosité semble un peu gratuite et très ostentatoire, mais c’est un monument !