Playlist « Lieder : Franz Schubert et Hugo Wolf »

Après plusieurs playlists [Pop-Rock-Vinyle], celle de ce jour aborde un tout autre domaine : le Lied allemand, avec deux albums emblématiques de Schubert, grand spécialiste d’un genre qui fit sa réputation, et un disque d’Hugo Wolf, grand compositeur de lieder, lui aussi, un un peu plus tardif que Schubert. Pour chaque album, le baryton Hans Hotter est accompagné au piano par un spécialiste du genre, Gerald Moore.

Les lieder de Franz Schubert1797–1828– sont des oeuvres vocales emblématiques du romantisme allemand. Ils sont généralement courts, basés sur un poème et de structure strophique : chaque strophe du poème reprend la même musique. Le piano n’est pas un simple soutien, mais un partenaire à part entière, enrichissant le récit et l’émotion. Schubert excelle à traduire les nuances du poème en musique. Il utilise des motifs mélodiques, des harmonies et des rythmes pour souligner les mots, les images ou les émotions du texte. Il crée des mélodies lyriques, souvent simples, mais expressives. Certains thèmes sont récurrents : la nature -paysages, saisons, flore ou faune- ; l’amour et la souffrance ; le voyage et l’errance ; la mort… Surtout, à travers ses grands cycles –Winterreise, Schwanengesang, Schöne Müllerin-, Schubert a su créer une unité narrative : les lieder de ces cycles sont conçus pour être écoutés ensemble.

Les lieder d’Hugo Wolf1860–1903-, l’un des plus grands compositeurs de lieder de la fin du XIXe siècle, sont marqués par une expressivité exacerbée et une plus grande complexité harmonique que ceux de Schubert. Le piano, inventif et parfois très virtuose, occupe une place très importante. Wolf a lui aussi régulièrement organisé ses lieder par cycle. Aujourd’hui, il est reconnu comme un maître du genre, dont l’influence s’étend jusqu’à Mahler et Strauss. -Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Hans Hotter est considéré comme l’un des plus grands interprètes du lied romantique allemand, et son approche des lieder de Schubert, en particulier du cycle « Voyage d’Hiver » –Winterreise-, qu’il enregistra quatre fois et interpréta près de 130 fois en récital, reste légendaire. Il adopta, dans l’interprétation des lieder de Schubert, les demandes du compositeur. Ainsi, comme le rappelle l’ami proche de Schubert, Leopold von Sonnleithner : « Schubert ne tolérait pas du tout l’expression violente des émotions dans l’interprétation de lieder. Il conservait toujours le même tempo, sauf dans les rares cas où il avait lui-même indiqué un changement. Le chanteur de lieder doit raconter des événements et transmettre des émotions qui lui sont en principe étrangers; il ne représente pas la personne dont il décrit les sentiments. Tout ce qui entrave le flux de la mélodie et le cours régulier de l’accompagnement va à l’encontre des intentions du compositeurs et annule l’effet musical ».

Dans ce contexte d’une grande sobriété, Hans Hotter apportait à Schubert une intensité rarement égalée, mêlant la sombre beauté vocale de son immense voix à une intelligence musicale remarquable. Son timbre chaud et puissant, ainsi que sa capacité à moduler les nuances, lui permettaient de rendre toute la mélancolie, la désolation et la poésie des textes de Müller mis en musique par Schubert. Ainsi, son interprétation du « Voyage d’Hiver » reste souvent citée comme LA référence, notamment pour sa capacité à incarner le voyageur solitaire et désespéré, avec une justesse psychologique et une présence scénique saisissantes.

Bien qu’il soit surtout célèbre pour ses rôles wagnériens –son Wotan, son Hollandais, son Gurnemanz ou encore son Hans Sachs restent inégalés-, Hans Hotter a toujours accordé une place centrale au lied tout au long de sa carrière. Ses enregistrements des lieder de Schubert, notamment ceux du « Voyage d’Hiver » et du « Chant du Cygne » –Schwanengesang-, sont considérés comme des références historiques, et la version de 1954 avec Gerald Moore est particulièrement célèbre et a marqué l’histoire du lied : son approche reste une source d’inspiration pour nombre de chanteurs actuels, tant par sa rigueur que par son émotion brute. Son sens du théâtre est également tout-à-fait adapté aux lieder d’Hugo Wolf –essentiellement sur des poèmes de Goethe dans ce disque enregistré en 1954-, d’une grande intensité dramatique.

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Playlist verte

Au sortir de deux journées de boulot mal fichues –pas forcément toujours denses, mais avec une grande amplitude horaire-, et sans autre envie particulière que de passer un agréable moment, le jeu des playlist de couleur reste très bien adapté –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Playlist23032016

C’est le vert qui est sorti ce soir, donnant lieu à cette aimable playlist, avec du très connu –Alan Parsons : Eye in the sky– et du plus rare –la très belle transcription pour ocrcheste de chambre de la septième symphonie de Bruckner, qui supporte remarquablement bien ce traitement !-.

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