Poursuivant sur ma lancée de la notule précédente, je pioche des albums passionnants réalisés en 1967, sans même avoir besoin de remonter à « Between the Buttons », si représentatif du Swinging London et dont je vous ai déjà entretenu un peu plus longuement ici.
Tous les albums de cette playlist s’avèrent en fait bien plus passionnants que le « Sgt. Pepper’s… » mĂŞme s’ils n’en possèdent vraisemblablement pas l’aura et que leur influence a sans doute pesĂ© moins lourd, encore que ce soit discutable pour le deuxième d’entre eux, puisque Country Joe And The Fish fut le premier groupe Ă sortir un « album psychĂ©dĂ©lique » aussi tĂ´t qu’en janvier 1967, prĂ©dĂ©cesseur du disque prĂ©sentĂ© ici. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Comme le disque des Beatles, ces quatre albums sont inspirĂ©s du principe alors Ă©mergeant de « concept-album », Ă l’instar de « Blonde On Blonde », de Bob Dylan, d’ « Aftermath » des Rolling Stones ou de « Pet Sourds » des Beach Boys, parus l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente.
• « Something Else » des Kinks donne Ă entendre l’une des plus merveilleuses chanson composĂ©e dans les annĂ©es 60, Ă savoir « Waterloo Sunset », mais tout l’album est remarquablement solide et contient bien d’autres pĂ©pites : il est Ă©tonnant que ce groupe majeur du dĂ©but des annĂ©es 60 ait essentiellement connu ses plus grands succès grâce Ă ses singles –45T– alors que ses albums parus Ă partir du milieu des annĂ©es 60 et jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 70 sont bien plus intĂ©ressants et d’une cohĂ©rence et d’un niveau de qualitĂ© globale très Ă©lĂ©vĂ©e assez rares.
• « I Feel Like I’m Fixin’ To Die » de Country Joe McDonald And The Fish reste avant tout cĂ©lèbre pour la version remaniĂ©e de la chanson Ă©ponyme qui en fut donnĂ©e ai festival de Woodstock en 1969 : l’album est tout aussi reprĂ©sentatif du « rock psychĂ©dĂ©lique » que son prĂ©dĂ©cesseur –l’excellent Music For The Mind And Body »- avec ses paroles naĂŻvement « cosmiques » et ses sonoritĂ©s Ă©trangement dĂ©formĂ©es Ă l’orgue et Ă la guitare-. Il est aussi, tout simplement, meilleur Ă mes oreilles que les meilleurs albums du Grateful Dead ou de Jefferson Airplane, inscrits peu ou prou dans la mĂŞme veine.
• « Smile », des Beach Boys, possède la mĂŞme sorte d’aura mythique que le « Sgt. Pepper’s… » des Beatles pour la simple raison qu’il aurait dĂ» sortir en 1967 mais qu’il ne sortit pas, en dĂ©finitive, dans sa version finalisĂ©e, Brian Wilson, son concepteur, tombant sĂ©vèrement en dĂ©pression pendant les sĂ©ances d’enregistrement… Conçu comme « une symphonie de poche », l’album est construit en plusieurs mouvements –1. Americana – 2. Wonderful – 3. The Elements : Earth ; Wind ; Fire ; Water– fondĂ©s sur des thèmes musicaux rĂ©currents et des textes relativement obscurs de l’Ă©crivain Van Dyke Parks, comme dans la magnifique et nostalgique « Surf’s Up » –23’06 dans la vidĂ©o-, mais dont certains sont très beaux dans leur Ă©trangetĂ©.
Brian Wilson en donna la version dĂ©finitive en 2004 –cf. imagette de droite-, sans son groupe mais avec un orchestre regroupant les meilleurs musiciens de studio –un album somptueux et une tournĂ©e triomphale-. La très fameuse chanson « Good Vibrations » prend tout son sens lorsqu’elle arrive Ă la fin de l’album, comme une apothĂ©ose –42’10 dans la vidĂ©o-.
• Enfin, « Sell Out », des Who, est un concept-album assez hilarant –la pochette est parfaitement loufoque– et totalement reprĂ©sentatif du pop-art cher au groupe Ă ses dĂ©buts ; mĂŞme s’il ne connut qu’un succès un peu mitigĂ© Ă sa sortie, c’est l’un des meilleurs disques du groupe.