Playlist « Retrouvailles de vieilles connaissances »

Aujourd’hui, nouvelle journée de grandes chaleur et de quasi-sécheresse, je retrouve d’anciennes connaissances : des enregistrements assez anciens, dont les bandes remontent, pour les plus anciennes à 1948 –Beethoven– et les plus récentes à 1957 –Schumann-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

La 5ème symphonie a été couronnée « meilleure interprétation de l’oeuvre » par un parterre de chefs d’orchestre réunis par Nikolaus Harnoncourt lors d’une discographie comparée ; c’est en effet une très bonne version, qui fut remarquablement mal accueillie en France lors de sa sortie par la revue « Disques » : trop rapide et trop triomphalement brutale paraît-il ! Jugez-en par vous-même !

La « Flûte enchantée » , de Mozart, est une version sans dialogue, réunissant une distribution dominée, à mes oreilles, par le Papageno d’Erich Kunz, qui est resté, selon moi, inégalé. L’enregistrement fut longtemps regardé comme une référence, mais la prise de son a vieilli et l’absence de dialogues rend l’histoire assez peu compréhensible.
Excellents disques de Schumann –dans la meilleure de ses symphonies à mon avis, sachant que je n’écoute quasiment jamais les trois autres– et de Sibelius, dont le chef fut un ardent défenseur dès le début des années 30 et qu’il enregistra tôt dans sa carrière avec le Philharmonia.

Playlist « Eroica » historiques

Etant d’humeur héroïque et aventureuse ce matin, j’ai bâti une playlist consacrée à quelques versions hisoriques de la troisième symphonie « Eroica » de Beethoven –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand, et sur ce lien pour écouter la plus ancienne des versions retenue-.

Intitulée « Eroica – Pour célébrer la mémoire d’un grand homme » après que Beethoven, dans un geste rageur, avait rayé la dédicace initiale « Grande symphonie – Bonaparte », qui venait de se faire sacrer empereur, la troisième symphonie resta toujours celle que le compositeur lui-même préférait à toutes les autres qu’il composa et, sans doute, celle qui révolutionna le plus profondément ce genre. De très bons articles y sont consacrés, ici ou texte assez long et dense-.


Dans l’ordre, donc, et en prémices, à titre documentaire, à la découverte de versions encore plus anciennes, j’ai écouté ce matin :
Toscanini, NBC Orchestre, 1939 : à mon avis la meilleure version du chef, moins dogmatique que celle qu’il enregistra en 1953. Etonnamment, la manière de Toscanini le rapproche parfois curieusement des versions HIP à venir près de 50 ans plus tard ! Une version visionnaire, donc, sous certains aspects !
Furtwängler, Vienne, 1944 : je me rappelle avoir lu une critique dans un guide discographique des années 80, qualifiant cette version de « plus grande version de tous les temps de la plus grande symphonie de tous les temps ». Rien que ça ! Plus tard, dans les musicographes anglo-saxons taxeront les enregistrements beethovéniens du chef de « vision pesante d’homme fatigué et malade »… Assurément, une vision très personnelle, marquée par son époque.
• Karajan, Staatskappelle Berlin, 1944 : le premier enregistrement du chef, alors tombé en disgrâce après sa période « Wunder Karajan », et qui en réalisa quatre autres officiellement. Version remarquablement enregistrée eu égard à la date, très « Kappelmeister », avec de très beaux équilibres entre les pupitres. Plus lente que les versions à venir, mais sensiblement plus rapide que de nombreuses versions enregistrées à la même époque.
Kleiber, Amsterdam, 1950 : excellente version, tempos vifs et très bel orchestre. Très chaleureusement recommandé comme « version de référence » avec la version Karajan-Philharmonie-EMI par de nombreux critiques contemporains. Les prises de son Decca de l’époque ne sont pas encore tout-à-fait ce qu’elles seront plus tard…

Echantillonnons l’Arietta de l’opus 111

Mettre la musique en statistiques, c’est mal !  A fortiori lorsqu’il s’agit de l’Arietta de la 32ème sonate, opus 111, de Beethoven, qui, comme je vous le disais il y a quelques temps, constitue « l’un des plus beaux cadeaux fait à l’humanité », de la part d’ « un sourd élu pour nous faire entendre l’inouï ». Et, cependant –mettant à profit mes nuits sans sommeil– je voulais vérifier si mes préférences établies étaient corrélées à la durée de ce sublime mouvement. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

En fait, non : il apparaît que la durée ne fait pas tout à l’affaire… Mes versions préférées sont assez également réparties entre les six dernières colonnes. Ce sont :
Friedrich Gulda -Amadeo- ; Annie Fischer -Hungaroton- ; Steven Osborne ; Yevgeny Sudbin ; Friedrich Gulda -Philips- ; Evgeny Kissin.

NB. Une septième version mérite de figurer dans ce panthéon, c’est celle du pionnier Artur Schnabel, qui interprète l’Arietta en 18:03. mais l’état de ces matrices très anciennes et très  abimées réserve désormais cette très belle version à des oreilles qui supporteront ce vieux son. Toutes les autres versions figurant dans ce tableau vont  techniquement du largement audible au remarquable. J’ai également éliminé d’office la version Philips d’Alfred Brendel, que je n’aime vraiment pas, et la dernière version de Daniel Barenboim, que j’aime encore moins…

La version la plus iconoclaste est assurément celle d’Anatol Ugorsky, qui étire l’Arietta sur 27 minutes : dans ce laps de temps, Wilhelm Backhaus aurait pu la jouer deux fois en entier et l’entamer une troisième fois…
Ma plus grande déception concerne la version Philips de Svjatoslav Richter, qui, ce soir-là, devait être bien fatigué… Il paraît que ça arrive même aux meilleurs !

Playlist « Retour en enfance »

Après m’être infligé la playlist « seconde chance » qui a confirmé que, décidément, les raisons de ne pas apprécier les albums présentés étant totalement justifiés, je retombe en enfance aujourd’hui avec quelques albums tirés de la discothèque paternelle que j’écoutais religieusement lorsque j’avais 8 ou 9 ans. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

J’éprouve toujours un attachement certain pour le poème symphonique «Mazeppa», de Liszt, mais encore plus pour la «Fantaisie hongroise», pour piano et orchestre. Cette version est absolument remarquable, assurément la meilleure au sein de ma discothèque, avec un chef qui a toujours excellé dans les oeuvres du compositeur et un fabuleux pianiste un peu injustement méconnu, Shura Cherkassky.
La musique du ballet « Casse-Noisette » de Tchaïkovsky est une oeuvre populaire, d’accès très facile, même pour de jeunes enfants, et j’adorais cette très jolie pochette, propre à l’édition française de ce disque. Malheureusement, toutes les rééditions actuelles reprennent le visuel de la pochette allemande, à mon avis moins réussi…

Enfin, le concerto pour piano n°5 « Empereur » de Beethoven tournait souvent, dans cette excellente version que j’ai redécouverte dernièrement, au détour d’un petit coffret sous licence consacré à Gina Bachauer, pianiste grecque naturalisée anglaise, accompagnée ici par un chef au nom imprononçable, presque débutant –l’enregistrement date de 1963, il avait alors 30 ans et a enregistré presque jusqu’à son décès, en 2017-. J’ai écouté ce disque si souvent qu’il a fini très  usé,  presqu’en rondelles !

Playlist du week-end : « Seconde chance »

J’ai entamé de bon matin une playlist « seconde chance », qui doit permettre de me faire éventuellement changer d’opinion à propos d’enregistrements que je n’apprécie pas, pour diverses raisons. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

A ce stade de mes écoutes –deuxième album présenté-, je n’ai pas changé d’avis :
Das Rheingold, qui ouvre « Der Ring des Nibelungen », de Wagner, dans la version de Levine, est toujours aussi placide, englué dans des tempos assez lents –même si l’orchestre est fort beau-, et chanté presque sans passion parfois. L’une des deux ou trois versions que j’aime le moins, et mon opinion de ce jour n’a pas évolué !

Elgar, Variations Enigma, Bernstein. Dans la dernière partie de sa vie, Bernstein dirigeait presque tout lentement, voire très lentement, et ce qui pouvait parfois fonctionner dans Mahler –mais, à vrai dire, je ne goûte pas non plus particulièrement ses dernières interprétations de Mahler– ne fonctionne guère dans les variations Enigma, qui en deviennent parfois bruyantes, voire tapageuses. Nimrod –variation 9– est d’ailleurs jouée comme l’adagietto de la cinquième symphonie de Mahler… Les compléments sont aussi lents et tapageurs –cf. extrait-.

A vérifier par ailleurs pour la suite si, comme dans mon souvenir :
le troisième concerto pour piano de Beethoven est interprété de façon glaciale, au piano, dans la version présentée ; l’accompagnement orchestral, au demeurant, est assez moyen dans ma mémoire ;
cette version de la neuvième symphonie est assez peu passionnante tant elle s’étire parfois en longueur -cette version fut pourtant assez largement saluée par la critique au moment de sa sortie-.

Playlist « Cette année-là – 1988 »

The Ramones – Ramonesmania
Beethoven – Symphonie n°10 – Reconstitution du 1er mouvement – OS Londres, Wyn Morris
Giuseppe Sinopoli – Lou Salomé, suites 1&2 – Pop, Carreras ; ORS Stuttgart, Sinopoli
The Who -The Kids Are Alright -Double LP-
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Un article assez complet et intéressant sur la tentative de reconstitution du 1er mouvement de la 10ème symphonie de Beethoven est à lire ici. Le CD contient par ailleurs un commentaire assez exhaustif de Barry Cooper, auteur de cette reconstitution. Le disque est toujours distribué au sein du coffret de l’intégrale -très convenable- des symphonies par Wyn Morris à prix presque fracassé sur le site de l’ex-agitateur culturel.

Playlist « Cette année-là » – 1986

Peter Gabriel – So
Bach – Concertos Brandbourgeois – Musica Antiqua Köln – Goebel
Beethoven – Concertos pour piano n° » et 4 – Perahia ; Amsterdam, Haitink –mon exemplaire porte un autographe du pianiste, entendu à la même époque en concert
Cocteau Twins – Victorialand
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Bilan 2022 – Notule spéciale « Grand Sourd »

A tout seigneur, tout honneur, et Beethoven a droit a sa notule individuelle pour ce bilan 2022 ! Il faut dire que les CD consacrés aux sonates pour piano présentés ici constituent sans doute, dans leur domaine, mes meilleurs achats depuis des lustres ! Comme ils bénéficient, de plus, de prises de son remarquables et d’excellents livrets les accompagnant, l’enchantement est complet !

A vrai dire, hors la belle intégrale d’Igor Levit, sensiblement de la même génération que Yevgeni Sudbin et Steven Osborne, les dernières parutions de ces oeuvres que j’avais entendues ici ou là m’avaient laissé de marbre, au mieux, ou profondément déçu au pire –calamiteuse intégrale de Fazil Say, ahanant son Beethoven, par exemple-.

Pour ce qui est des symphonies, j’attendais beaucoup de l’intégrale enregistrée par la co-star maison de Deutsche Grammophon –son homologue étoilée chez l’éditeur étant Andris Nelsons-. Tous deux avaient pour mission d’enregistrer une intégrale des symphonies de Beethoven dans le cadre de l’édition-anniversaire « The New Complete Edition », et Yannick Nézet-Seguin s’est appuyé sur une toute nouvelle édition des symphonies, et non sur la désormais traditionnelle édition Bärenreiter/Del Mar. Avec la crise sanitaire, les enregistrements de Nézet-Seguin ont pris du retard, et son coffret est donc paru ultérieurement.
Honnêtement, c’est la plupart du temps très bien joué, et parfaitement réalisé, mais totalement oubliable -au même titre que l’intégrale d’Andres Nelsons d’ailleurs-. Comme, dans le même temps, je croisais les écoutes avec les interprétations d’Erich Kleiber ou de Kurt Sanderling dont je vous parlais hier et dont j’ai acquis les albums à peu près au même moment, la comparaison ne fut guère favorable au jeune loup… Pas une totale déception, donc, mais plutôt le genre d’albums qui me laissent assez froid !

Bilan 2022 • Coups de coeur « Classique »

Décembre déjà bien entamé, et l’occasion de dresser un rapide bilan des coups de coeur rencontrés cette année ;ors de mes achats de CD de musique classique. Maigre bilan, en vérité, étant donnée l’assez petit nombre d’achats effectués en 2022… Aux crises sanitaire, énergétique, inflationniste… s’ajoute celle du marché du disque classique ! Quant à la base de données qui me sert à enregistrer mes achats, elle n’est plus à jour depuis février 2022, mais je ne désespère pas une sérieuse mise à jour avant la fin de cette année encore !

Dernier achat coup de coeur de l’année : ce magnifique coffret,  que je vous avais déjà signalé, consacré au pianiste Friedrich Gulda, si peu connu en France, et pourtant si adulé dans les pays de tradition germanique ou anglo-saxonne. Fin 2021, lors de sa sortie en France, le coffret a recueilli un très mérité « Diapason d’or », quand la réception critique de ses disques lors de leur sortie connut généralement un accueil pour le moins discret et assez peu engageant… Autres temps, autres moeurs !

Plus avant dans l’année, deux autres coffrets un peu volumineux m’ont procuré bien du plaisir –Clemens Krauss et Erich Kleiber– : du grand répertoire suprêmement bien interprété, ce qui est le cas, également, des symphonies de Brahms, fort appréciables dans l’interprétation de William Steinbergen général, je n’aime guère les symphonies de Brahms…-. Quant au Beethoven de Kurt Sanderling, il m’était déjà bien connu, mais je lui courais après depuis si longtemps que je n’ai pas hésité -un import du Japon- quand j’ai eu l’occasion de me le procurer à la fin de l’été.
Beaux coups de coeur, encore, pour les oeuvres symphoniques de Hindemith part Hindemith, et pour les symphonies de Prokofiev dans cette belle intégrale très bien enregistrée !

Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Playlist venue de l’est

Evidemment, de nos jours, le rideau de fer est oublié et l’on ne se souvient plus qu’au sortir de la seconde guerre mondiale, nombreux furent les artistes qui durent faire le choix d’émigrer vers l’ouest ou de demeurer à l’est, où se construisait l’autre Europe, derrière ce qui apparaîtrait rapidement comme un rideau de fer.

Kurt Sanderling, immense chef d’orchestre, fit quant à lui le choix curieux de rester à l’est où il s’était réfugié durant la guerre. Assistant de Mravinsky à Leningrad, il occupa ensuite le poste de chef de l’orchestre symphonique de Berlin, créé en 1952 à Berlin-est, et qui n’atteignit jamais au prestige de son concurrent, les Berliner Philhamoniker, avant de fuir sa longue carrière –il est mort à 99 ans et s’est retiré à 90– à Stuttgart après la chute du mur et la réunification allemande. A partir de la fin des années 1970, il dirigea également le Philharmonia Orchestra, à Londres, qui lui proposa d’ailleurs d’enregistrer toutes symphonies de Beethoven –première intégrale en numérique de l’histoire du disque-.

La playlist de ce jour –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– met en évidence ses qualités : dans un répertoire archi-connu, Kurt Sanderling propose des interprétations généralement puissamment architecturées, sur des tempi le plus souvent lents, et mettant en valeur tous les pupitres des très bons orchestres dont il dispose. On a souvent fait le parallèle avec Otto Klemperer –et les deux chefs présentaient le même physique austère-, ce qui n’est que partiellement exact à mes oreilles : il met beaucoup plus de couleurs dans les interprétations qu’il nous livre.