Playlist « Tiré de l’oubli »

Max Bruch fut un musicien assez célèbre en son temps, qui vécut longtemps, composa beaucoup –plus de 200 oeuvres répertoriées, dans tous les genres : symphonies, musique concertante, musique de chambre, opéras…– et qui, pourtant, ne doit son passage à la postérité qu’à son premier concerto pour violon, seule oeuvre régulièrement inscrite au répertoire de tous les grands violonistes.
C’est tout-à-fait justice pour cette dernière oeuvre, et un peu injuste pour le reste de sa production, ancrée dans la grande tradition romantique allemande : il convenait, avec cette playlist, de réparer cet oubli ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Le concerto pour deux pianos et orchestre n’est pas remarquable, mais se laisse agréablement écouter –cf. extrait ci-dessous-. Il a été redécouvert tardivement, et son histoire singulière et un peu rocambolesque est racontée ici. En complément de cet excellent album, le concerto pour deux pianos de Mendelssohn, presqu’aussi rare et oublié, est une oeuvre de jeunesse irradiant de joie de vivre, composée lorsque le compositeur était à peine adolescent, et qu’il a vraisemblablement créée avec sa soeur Fanny au deuxième piano.

Seule autre pièce à être un peu passée à la postérité, Kol Nidrei, pour violoncelle et orchestre, est un « Adagio sur deux mélodies hébraïques pour violoncelle et orchestre avec harpe ». Certains reprochèrent à Bruch, de confession luthérienne, de s’approprier des mélodies issue de la liturgie hébraïque, mais c’est une très belle oeuvre, très lyrique, ici dans une version décantée et presqu’ascétique, qui lui sied à ravir.

Justement célèbre, le premier concerto pour violon est un pilier du répertoire des grands concertos pour violon du 19ème siècle, à côté de ceux de Beethoven, Mendelssohn ou Brahms pour ne citer que des compositeurs allemands. En disque, il est d’ailleurs régulièrement couplé avec l’un de ceux-ci, sans souffrir de la comparaison –à mes oreilles, il est même assez nettement meilleur que celui de Brahms-.

Enfin, j’ai une tendresse particulière pour les trios pour alto, clarinette et piano : ils constituent de jolies pièces de musique de chambre, sans grande prétention, mais s’écoutent agréablement et j’ai le souvenir d’avoir commencé à déchiffrer la première –la plus belle à mon avis– au violoncelle, il y a très –très ! – longtemps.

Un bel ensemble à découvrir, ou redécouvrir !

Playlist « Vieux lions et jeune félin »

Le premier concerto pour piano de Tchaïkovsky, cheval de bataille du répertoire concertant, est la première oeuvre que j’ai écoutée de manière consciente de tout le répertoire classique : je le réclamais encore et encore, au grand dam de mon père, mélomane averti qui détestait cette oeuvre, et à tel point que ce fut mon tout premier disque, offert pour l’anniversaire de mes six ans. C’est une oeuvre spectaculaire, ouvertement virtuose et empruntant quelques thèmes au folklore russe, dans laquelle le piano et l’orchestre dialoguent à égalité dans un climat romantique.

Souvenirs d’enfance, donc : j’en ai écouté trois formidables versions aujourd’hui ! Bien interprété, ce concerto reste merveilleux, mais les très bonnes versions de l’oeuvre ne sont pas si nombreuses, malgré le nombre faramineux d’enregistrements qu’on en trouve ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Premier « Vieux lion » : Shura Cherkassky, c’est la fantaisie brillante et l’imagination au pouvoir : un piano coloré et inventif, dans la plus pure tradition virtuose, même si l’accompagnement orchestral, ici, n’est pas tout-à-fait à la hauteur de l’engagement du pianiste.

Le « Jeune félin », c’est le pianiste Ivo Pogorelich, qui enregistrait ici son cinquième disque seulement. Du grand piano, très virtuose ici aussi, dans des tempos larges, avec de grands contrastes dynamiques et une belle sonorité. L’orchestre l’accompagne dans le même esprit, une vision très romantique et très bien assumée.

Enfin, le second « Vieux lion » était encore un assez jeune lion au moment du premier enregistrement qu’il fit de cette oeuvre, lors de sa première tournée américaine. Emil Gilels, grand spécialiste de ce concerto, l’a enregistré une vingtaine de fois et cette version princeps dans son catalogue personnel l’est aussi, à mes oreilles au moins, dans la discographie de l’oeuvre ! Ici, le chef et le pianiste se livrent à une vraie confrontation dialoguée, qui mêle à la fois extrême virtuosité et rigueur extrême : une hauteur de vue impressionnante, faite de bravoure, de panache et de poésie, et peut-être le plus parfait enregistrement de ce beau concerto !

Playlist richement colorée

La playlist de ce jour est entièrement consacrée au compositeur russe Piotr Illitch Tchaïkovsky,à  travers des oeuvres remarquablement populaires et dont la faveur auprès du grand public ne s’est jamais démentie. Les mélomanes les plus pointus voient plutôt en lui un compositeur « facile et sentimental » et le critiquent volontiers pour cela. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

C’est oublier un peu vite qu’il fut un orchestrateur de génie, certes assez conformiste formellement, mais explorant toutes les couleurs de l’orchestre et, et notamment certaines couleurs sombres aux vents qu’on n’avait pas forcément coutume de beaucoup entendre alors. Il sut également intégrer, à mon avis avec beaucoup de réussite, des éléments plus folkloriques issus de la musique populaire russe à sa musique fortement teintée inspirée de la « musique savante occidentale ».

Ses trois dernières symphonies, les plus populaires, sont en effet d’accès facile mais n’en demeurent pas moins belles pour autant, et le talent coloriste du compositeur y fait merveille. De même, lorsque son concerto pour piano, remarquablement populaire, est joué de manière aussi vigoureuse que dans la version proposée ici, toutes les facilités du musicien sont oubliées –cf. premier extrait. le pianiste s’était fait une spécialité de ce concerto, et il en existe une vingtaine de témoignages enregistrés-.

Pourtant, lorsque sa musique est bien interprétée comme c’est le cas pour chacun des albums de la playlist, le sentimentalisme réel ne sombre jamais dans le larmoyant facile et l’écoute de ces disques procure est un réel plaisir –extrait ci-dessous : ça dépote sévère ! -, après une assez longue période de disette et au terme d’une semaine un peu harassante !

Playlist « Le troubadour du piano »

C’est dans les années 40, pendant la guerre et à l’occasion de leur interprétation des Variations symphoniques de César Franck, que le chef allemand Wilhelm Furtwängler avait surnommé le pianiste hongrois Géza Anda « Troubadour du piano ».
Compatriote du grand chef Ferenc Fricsay, avec lequel il enregistra beaucoup, Géza Anda possédait une très belle technique et un style malléable qui, dans les concertos notamment, lui permettait de s’accorder aisément aux chefs qui l’accompagnaient. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

De fait, dans le deuxième concerto pour piano de Brahms –cf. extrait ci-dessous-, il fait ici preuve d’une grande tendresse qui complète fort bien l’hédonisme du chef : une autre version, avec Ferenc Fricsay, non présente dans la playlist du jour, propose, presque à l’inverse, une vision d’une sauvagerie totalement assumée !
Durant les années 50 et 60, Géza Anda, prématurément décédé –comme ses compatriotes Annie Fischer et Janos Starker, c’était un énorme fumeur-, fut l’un des fleurons pianistiques du label à l’étiquette jaune et enregistra beaucoup, avec les plus grands chefs, dans de bonnes conditions techniques. Ses disques –concertos et oeuvres pour piano seul– restent encore assez largement disponibles et constituent généralement de fort jolies réussites, dont l’écoute, de nos jours, procure encore énormément de plaisir !

Outre cette belle et variée collection de concertos, le dernier album présenté propose également la plus belle version de la quatrième symphonie de Schumann, à mes oreilles tout au moins ! Et ce n’est pas négligeable !

Playlist de feu et de glace

La météo actuelle et son cortège de neige et de froid se prête fort bien à cette playlist, faite de feu et de glace ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Le feu, on le retrouvera dans cette magnifique interprétation des « Concertos Brandebourgeois » de Bach, enregistré –très bien ! – en 2006 à l’occasion des 60 ans du chef anglais Trevor Pinnnock. Ce dernier les avait déjà enregistrés avec son orchestre « The English Concert » au début des années 80, dans une version qui fit alors « référence » par sa fraîcheur et son dynamisme. Cette seconde version est tout aussi soignée –de très beaux timbres– et splendide !

La glace, ce sont les quatre dernières symphonies et Tapiola, dans des versions que je n’avais plus écoutées depuis assez longtemps. Entre Sibelius et Karajan, ce fut une longue histoire d’amour ! J’avais oublié à quel point le Philharmonique de Berlin possédait une texture aussi riche et des timbres aussi beaux –sans faire injure aux chefs qui ont succédé à l’Autrichien, ils n’ont jamais retrouvé ces caractéristiques-là– : c’est somptueux ! Ici encore, des versions magnifiques pour des symphonies que j’apprécie énormément !

Playlist juvénile et rafraîchissante

Aujourd’hui, une playlist composée d’oeuvres de jeunesse que je fréquente assez rarement : les tout premiers concertos pour piano de Beethoven, écoutés ici dans l’ordre de leur composition. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

D’une fraîcheur encore quasi-mozartienne –un Mozart avec plus de poigne cependant…-, ils s’avèrent également d’une ardeur tout-à-fait juvénile, avec un piano relativement volubile et un soutien orchestral faisant une large place aux instruments à vent, rendus encore plus lisibles par les effectifs modérés des orchestres de ces belles versions, qui renouvellent mon écoute de ces oeuvres : je suis généralement habitué à des versions plus « musclées » –archétype : Gilels/Szell-, qui effacent un peu leur caractère juvénile.
Le concerto WoO4 –Werke ohne Opuszahl : oeuvre sans numéro, donc hors du catalogue officiel-, dit aussi « Concerto n°0, est une oeuvre de jeunesse du compositeur, qui avait alors 14 ou 15 ans et dont la partie orchestrale a été reconstituée par des musicologues à partir des esquisses de Beethoven, seule la partition pour piano étant complète. Quant au concerto pour piano n°2 –cf.extrait ci-dessous-, il a été composé quelques mois avant le n°1, mais publié après par le compositeur, qui tenait lui-même le piano lors de la création de ces deux concertos.

Les trois concertos pour piano suivants, beaucoup plus denses, s’éloigneront résolument de cette perpective mozartienne.

BTHVN2020 – Playlist « Intégrale composite »

Le week-end s’annonce musical –TheCookingCat travaille chaque jour de ce pont et je peux donc monter le volume…– et j’en profite, ce matin, pour réviser de grands classiques : les cinq concertos pour piano de Beethoven, selon des artistes variés. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

En la matière, peu d’interprétations bénéficient d’une appréciation unanime aussi ancienne –et internationale– que celle accordée à cette magnifique version du quatrième concerto –mon préféré depuis toujours-, qui parvient à rassembler tous les contraires : virilité et grâce, puissance et poésie, virtuosité et noblesse. C’est tout simplement remarquable ! La prise de son, très bonne à l’origine –du EMI anglais des fameux studios d’Abbey Road de la grande époque (1957)-, est encore magnifiée par d’excellents remasterings.
J’aime beaucoup, aussi, la version du cinquième concerto que je vous présente ici, extraite d’une intégrale très récente, et sans doute la plus intéressante enregistrée depuis le début de ce millénaire, au moins à mes oreilles. Grande exactitude rythmique du pianiste, belle main droite très nuancée, et accompagnements riches et transparents de l’orchestre, le tout superbement enregistré.
Les autres albums font tous partie, à des degrés divers, de l’histoire de la musique enregistrée et viennent bellement compléter cette playlist, constituant une intégrale disparate, mais qui fait plaisir à écouter !
En extrait, un mouvement du « mal-aimé » de cette série de concertos…

Playlist « anti-machine à coudre »

Entre Bach et mes oreilles, la relation est assez complexe ! Mal joué, on peut vite se lasser face à cette musique « machine à coudre », comme je l’appelle parfois. C’est pourquoi, très souvent, il m’arrive de préfèrer des transcriptions ou des interprétations à fort partis-pris.

La playlist de ce jour, outre qu’elle consacrée à Bach, donc, met également en avant l’un des pionniers des interprétations historiquement informées, seul ou avec l’orchestre qu’il co-fonda au début des années 70 : Trevor Pinnock, claveciniste de talent et chef d’orchestre, et son « English Concert ». –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Dans le monde de la musique baroque, à la fin des années 70 et au début des années 80, les Anglais ont vu se multiplier les ensembles proposant des interprétations « HIP » : Gardiner, Hogwood, Norrington et donc Pinnock en constituent sans doute le quatuor le plus célèbre.

Trevor Pinnock n’est ni le plus radical, ni le plus hardi de ce quatuor : il s’est prudemment cantonné à un large répertoire des 17ème et 18ème siècles, et, à la différence des trois autres, ne s’est jamais encanaillé dans les symphonies de Beethoven par exemple. En revanche, les très nombreux enregistrements qu’il a consacrés à Handel, Bach et Vivaldi, puis un peu plus tard, à Haydn et Mozart, constituent tous, à mes oreilles de formidables réussites, que l’on peut caractériser ainsi : remarquable orchestre aux coloris riches, très beaux équilibres entre les pupitres, élégance des lignes. Sa carrière de chef d’orchestre, à la fin du 20ème siècle, a pris un peu le pas sur son métier de claveciniste, vers lequel il s’est recentré depuis. 

Un beau début de matinée !

Playlist romantique

Voici une brève mais très romantique playlist dominicale : le concerto pour violon de Tchaïkovsky, l’un des plus célèbres de ce genre !
Je vous avais déjà parlé de ce petit coffret, qui reprend sous licence, et dans des conditions techniques très décentes, des enregistrements tombés dans le domaine public –cliquer sur les imagettes pour les voir en plus grand-, et que l’on peut assez aisément trouver à tout petit prix : tous les coffrets de cette collection permettent de découvrir ou redécouvrir, dans de bonnes conditions techniques, des artistes anciens, dont le talent a permis qu’ils passent à la postérité.

C’est, notamment, le cas pour le violoniste André Campoli, qui avait d’ailleurs été le sujet d’une devinette résolue il y a quelques mois. Il propose une version profondément romantique d’un concerto qui ne l’est pas moins, où le violoniste, vraiment excellent, est accompagné de très belle manière par un chef espagnol, Ataulfo Argenta, alors très prometteur, mais qui disparut tragiquement à 44 ans à peine, d’une intoxication au oxyde de carbone.
La critique voyait alors en lui un concurrent sérieux à des chefs de la même génération aussi prestigieux que Karajan ou Fricsay, et le label Decca, réputé pour ses prises de son de très grande qualité, l’avait placé sous contrat dans cette perspective : lutter à armes égales avec un « jeune » chef prometteur contre les les labels EMI et DGG… 

Vous pouvez, vous aussi, écouter l’intégralité de cette très belle version ci-dessous.

Playlist « Mendelssohn à l’ancienne »

En ce frisquet début de matinée, une petite playlist gorgée de soleil vient réchauffer la maison, avec des enregistrements relativement anciens consacrés à Felix Mendelssohn-Bartholdy. Ils datent tous, en effet, d’avant l’apparition du « HIP revival » mais n’en sont pas moins tout-à-fait excellents ! Comme je continue à faire le tour de ma discothèque, ils sont tous extraits de coffrets plus ou moins volumineux et bénéficient tous de conditions techniques remises au goût du jour : les transferts remastérisés sont tous excellents ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

J’ai donc commencé par la troisième symphonie « Ecossaise », dont je vous ai déjà parlé assez longuement par ailleurs, dans la version de William Steinberg –1952-. Chef inscrit dans le courant « objectif » en vigueur aux Etats-Unis à l’époque, il propose une vision déjà assez proche de certaines versions actuelles : rapidité et fluidité, équilibre des pupitres, en particulier dans le premier mouvement, quasi-idéal à mes oreilles !

« Le songe d’une nuit d’été » proposé par Klemperer est beaucoup plus marmoréen ! La lecture très verticale du vieux colosse –le chef mesurait presque 2 mètres et sa silhouette était assez massive-, enregistrée en 1960, apporte beaucoup de sérieux à une oeuvre qui n’en demande sans doute pas tant, mais bénéficie par ailleurs de très bons chanteurs et reste tout-à-fait belle et intéressante.

La quatrième symphonie « Italienne » enregistrée en 1971 par Karajan et sa philharmonie de Berlin joue à jeu le fond de la grande symphonie romantique et constitue une belle réussite dans cette perspective. L’intégrale des symphonies de Mendelssohn par le chef autrichien fut unanimement saluée par la critique anglo-saxonne et allemande lors de sa sortie, et reste assez largement appréciée dans ces pays, alors qu’en France, les critiques musicaux ont souvent été plus partagés à son égard…

Enfin, le  concerto pour violon par Campoli –accompagné en 1949 par Edouard Van Beinum, chef hollandais qui enregistra énormément pour Decca dans les années 40 et 50 mais qui est un peu oublié de nos jours– est splendide, grâce à la sonorité irradiante du violoniste.

Belle entame musicale avant de me poser devant les fourneaux !

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