BTHVN2020 – Le passé fait le présent !
Année Beethoven oblige, 2020 voit les sorties ou les rééditions consacrées aux oeuvres du grand sourd se multiplier pas un mois sans arrivage conséquent de CD ou coffrets plus ou moins volumineux dans les rayons ! Avec, souvent, de fort belles choses.
Mais quand j’ai vu ce coffret, dont la réédition constitue un exploit technique, j’ai bondi !
Je vous avais déjà parlé ici ou là de William Steinberg et de son orchestre de Pittsburgh, pour vous dire combien j’aimais ses lectures simples et directes. Cette version était devenue introuvable, les bandes-mères ayant été, selon la légende, soit perdues, soit trop détériorées pour être exploitées : toutes les symphonies avaient été enregistrées sur des bandes de 35 mm, et l’enregistrement bénéficiait, à l’origine des meilleures conditions techniques de l’époque, même si leur première sortie en LP, chez le petit éditeur Command Classics pâtissait d’un pressage médiocre et, semble-t-il, suffisamment rédhibitoire pour que les ventes demeurent confidentielles.
Les bandes-mères ont dû faire le tour de la planète : ABC Records, propriétaire des droits, les auraient mises au pilon avec l’ensemble du catalogue Command Classics au début des années 70, mais des copies auraient finalement atterri, on ne sait pas trop comment, chez Universal Classics, consortium propriétaire des catalogues Deutsche Grammophon et Decca notamment. Quoi qu’il en soit, une première sortie en CD chez un tout petit label existe, réalisée en 2011 à partir de 33 tours : abominable !
Point de tout cela ici : le transfert a été réalisé à partir des bandes originales ou, plus vraisemblablement, de copies de ces bandes originales, sauf pour le mouvement final de la neuvième symphonie, dont la bande demeure introuvable. Quoiqu’il en soit, le son est extraordinairement bon pour l’époque –enregistrements réalisés entre 1962 et 1966-, et équivalent aux meilleurs disques Mercury enregistrés selon les mêmes condition –bandes de 35 mm-.
Evidemment, tout cela serait purement anecdotique si le contenu musical n’était pas à la hauteur de la légende ! En fait, c’est tout bonnement jubilatoire, et cette intégrale constitue, à mes oreilles, la meilleure intégrale jamais réalisée par un orchestre américain, toutes époques confondues –en tout cas celle que je connais : Toscanini, Reiner, Szell, Walter, Bernstein, Maazel, Donanhiy, Vänskä– ! Tempos vifs mais habités, superbe équilibre entre les pupitres, excellente lisibilité du discours : dans le genre « traditionnel » en vigueur à l’époque, on a rarement fait mieux et aussi beau !
L’accueil critique, à l’époque, fut d’ailleurs tout-à-fait excellent –on en retrouve trace, notamment, dans les archives de la revue Gramophone-, mais le pressage médiocre des LP d’origine et une féroce concurrence ne permirent jamais à cette intégrale de réellement trouver son public.
Cerise sur ce très beau gâteau : vous pouvez quasiment retrouver tout cela, mouvement par mouvement, en vidéos « statiques » dans de très bonnes conditions techniques.