Wall of sound !

SpectorHier soir, j’ai regardé un biopic –ça s’appelle comme ça, désormais– sur Phil Spector, le producteur musical mi-fou mi-génial qui enregistra tant de « tubes » de la fin des années 50 jusqu’à la moitié des années 70. Belle performance d’acteur d’Al Pacino –a-t-il déjà, d’ailleurs, tourné un mauvais rôle ?– et une histoire assez proche de la réalité semble-t-il. Il est entôlé jusqu’à la fin de ses jours -vu son état de santé et son âge, les 19 ans incompressibles qu’il a pris ne devraient plus lui permettre de vivre hors de prison-.

Nonobstant, et pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Phil Spector écrivit de nombreuses chansons il y a 50 ans et plus, qui cartonnèrent dans les charts de l’époque, non pas tant à cause de leurs qualité intrinsèque –ce n’est ni indigne, ni pire ou meilleur que la majorité des titres américains de l’époque-, mais à cause du son qu’il inventa : le fameux « wall of sound« . De nos jours, ce n’est plus ni impressionnant, ni même vraiment reproductible avec nos systèmes Hi-Fi contemporains : pour la bonne raison que c’est strictement prévu pour être entendu en MONO, et non pas en stéréo. Walter Legge, dont je vous ai parlé ici, partageais d’ailleurs cette passion pour la mono et se décida tardivement à passer à la stéréo pour des enregistrements « domestiques ». Il faut retenir qu’en Angleterre et aux USA, les radios les plus populaires ont très longtemps émis en GO –grandes ondes– et non pas en FM. La majorité des électrophones étaient également en mono, et les hauts-parleurs avaient une bande passante limitée –le spectre sonore était concentré sur le médium, avec peu de vrais graves et encore moins d’aigus : mais, en psyho-acoustique, c’est bien le médium qui est le plus important et à un certain âge, l’oreille n’entend plus que cela  :mrgreen: -. Dans ces conditions, le son Spector est très supérieur à toutes les productions de l’époque. Il me souvient qu’adolescent, j’avais une excellente cassette compilant les meilleurs extraits du « Wolfman Jack Radio show » : dès qu’apparaissait une chanson produite par Spector, c’était magique !

Outre les albums des groupes pour lesquels il écrivit des chansons -le plus connu est « The Ronettes »-, Phil Spector produisit le « Let it be » des Beatles, « Imagine » de John Lennon et « All things must pass » de George Harrison. John Lennon l’appréciait beaucoup, Paul McCartney le détesta ! Il produisit également, tardivement, un album des Ramones, qui crurent devenir fou devant ses exigences : il les obligeait à bien jouer sous la menace de son revolver  😀 !

Le son Spector des années 50-60, ce sont des orchestres fournis –instruments classiques d’une part, orchestre rock d’autre part– et des arrangements de qualité : tout cela est enregistré en mono sur 8 pistes, puis remixé. La bande obtenue est alors jouée dans une chambre d’écho et réenregistrée. Cette technique permet d’obtenir un son réellement impressionnant et d’une grande profondeur pour l’époque –mais cela ne sonnera pas très bien sur les chaînes actuelle : c’est archi-coloré et anti-naturel au possible-. Pour l’écouter dans les meilleures conditions possibles, il faut : une bonne platine mono –on trouve encore des cellules de nos jours-; un ampli mono –ça, c’est très facile à trouver– et une seule grosse enceinte, si possible avec un haut-parleur large bande : une Tannoy fera parfaitement l’affaire. Dans ces conditions, c’est en effet très au-dessus de tout ce qui se fit, en pop-rock, à l’époque.

Pour conclure et en extrait, afin de vous faire une idée du Spector sound tardif, donc en stéréo –mais ça sonne très « ample » sur de petites enceintes d’ordinateurs– :