Playlist « Histoire d’un retour »
La playlist de ce jour est courte, faute d’avoir beaucoup de temps à consacrer à mes oreilles aujourd’hui : un seul album, donc, mais quel album !
Il consacre le retour, en 1959, du chef d’orchestre Herbert Von Karajan « en exclusivité » dans le giron de l’éditeur jaune, dont il fit les beaux jours durant près de trente ans, trustant à lui tout seul un peu plus d’un tiers des ventes de la firme Deutsche Grammophon », symbole puissant, à l’époque, de « la grande musique ». –Cliquer sur l’image pur la voir en plus grand-.
Il s’agit bien d’un retour, puisque durant la période 1938-1943, le chef –à l’époque dans son ère « Wunder-Karajan » et à la notoriété encore relativement circonscrite à l’Allemagne et à l’Autriche– effectua ses tout premiers enregistrements, avec divers orchestres prestigieux, chez le même éditeur, avant de passer, sous la férule du producteur Walter Legge, chez les anglais d’EMI comme chef principal du Philharmonia Orchestra, qu’il contribua largement à « éduquer » au sortir de la guerre, et avec lequel il enregistra pléthore des premiers LP qui le rendirent mondialement célèbre.
Pour ce premier album enregistré chez la marque jaune, c’est Richard Strauss qui fut mis à l’honneur. Karajan, choisi à l’unanimité par les membres de l’orchestre pour succéder au grand Furtwängler –les deux hommes eurent toujours une relation très complexe, faite d’admiration et de défiance– et nommé « chef à vie » par le Sénat de Berlin –sa deuxième nomination à vie, donc, puisqu’il était également chef à vie du Wiener Singverein depuis 1947-, commençait déjà à rajeunir l’orchestre, dans la perpective, notamment, d’enregistrer sa célèbre intégrale des symphonies de Beethoven dans une optique renouvelée pour l’époque, et il lui fallait pour cela des musiciens adhérant totalement à son propos, qui n’était pas exactement celui de son prédécesseur.
Deutsche Grammophon, pour cet enregistrement, lui offrit les meilleures conditions techniques de l’époque, et l’album s’écoute encore avec un réel plaisir de nos jours : prise de son ample, belle dynamique, très beaux timbres, souffle analogique réduit, équilibre des pupitres très réussi –mieux que beaucoup d’albums tarifs du chef chez le même éditeur-. Quant au contenu artistique, il ne fait que confirmer que Karajan fut toujours un interprète d’exception de Richard Strauss, compositeur qui lui permettait de mettre parfaitement en valeur des qualités parfois surexposées ailleurs et plus tard.
Un merveilleux moment !