Dernier dimanche à l’opéra -avant la reprise-
Durant notre séjour sur la Côte d’Opale, « profitant » d’une nuit d’insomnie, j’ai écouté un assez grand nombre d’albums de musique de Francis Poulenc et de Gabriel Fauré, compositeurs qui ne me sont pas vraiment familiers –comme à peu près tous les musiciens français, hors Ravel et Satie…-, et y ai trouvé un assez grand nombre de beautés cachées, ce qui m’a donné envie de réécouter « Pénélope », de Gustave Fauré, que j’ai vu en 2015 à l’opéra national du Rhin, sans en garder un très bon souvenir, du fait notamment d’une mise en scène très décevante –à mes yeux tout au moins, mais comme elle était signée d’un « grand nom », certains ont cru devoir se pâmer malgré tout…-.
A l’époque, j’avais acheté cet album, alors seule version facilement accessible, –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– pour découvrir l’oeuvre avant d’aller l’écouter à l’opéra, mais il n’avait plus quitté son étagère depuis, Pénélope m’était complètement sortie de l’oreille : je ne dois pas être le seul dans ce cas, puisqu’après une création triomphale, l’oeuvre a peu à peu son gré dans un oubli relatif.
L’argument est tiré de « L’Odyssée » d’Homère –le livret est signé de René Fauchois-, et narre le retour d’Ulysse, déguisé en mendiant, et sa vengeance contre les prétendants de Pénélope, qui, depuis vingt ans, attendait son retour en tissant sa toile et en refusant de se marier.
Dit comme ça, on pourrait s’attendre à un livret plein de rebondissements et à un suspens haletant, mais en fait, il ne se passe quasiment rien pendant deux heures et trois actes, et seule le dernier quart de l’oeuvre est plus animé. En revanche, l’oeuvre semble construite sur le modèle wagnérien, avec découpage en scènes et non en numéros, et ne comporte quasiment pas d’airs, mais propose une suite de déclamations, sur une trame orchestrale –nettement dominée par les cordes– dense et, pour le coup, vraiment intéressante.
Je me souviens qu’à Strasbourg, le rôle de Pénélope était interprétée par une grande voix straussienne ; on y entend également des cantatrices estampillées wagnériennes. Ici, Jessye Norman continuait à bâtir sa galerie de « portraits français » –entre autres : Pénélope, Cassandre (Berlioz) Hélène et Antonia (Offenbach), Salomé (Massenet) Carmen (Bizet) et la Marseillaise du bicentenaire ! -. Elle se montre tout-à-fait convaincante et écrase un peu ses partenaires masculins.
L’orchestre, par ailleurs, protagoniste important de l’oeuvre, semble convenable –je n’ai pas d’autre point de comparaison– bien qu’un peu opaque pour une orchestration qui nécessite sans doute plus de transparence. On a également connu le chef d’orchestre suisse Charles Dutoit autrement plus énergique et fougueux avec son orchestre de Montréal que dans cet enregistrement.
Deux heures pour finir agréablement ces vacances lyriques !