Playlist « Discrétion et humilité »

A 98 ans, Herbert Blomstedt est vraisemblablement le doyen des chefs d’orchestre actuellement en activité, même si celle-ci s’est quelque peu ralentie ces derniers mois. Ce chef suédois né aux États-Unis a pourtant connu une longue et fructueuse carrière, qui l’a conduit à sillonner toute la Scandinavie, l’Allemagne de l’Est puis l’Allemagne réunifiée ainsi que les États-Unis et le Japon.
Dans la seconde moitié des années 70, Blomstedt enregistra avec la Staatskapelle de Dresde une remarquable intégrale des symphonies de Beethoven pour le label est-allemand Edel, qui, comme presque toutes ses contemporaines, n’eut aucune chance commerciale face à seconde intégrale berlinoise de Karajan pour DGG et passa presqu’inaperçue dans nos contrées occidentales. Ce n’est qu’au courant des années 90, lors de sa réédition en CD pour le label Berlin Classics qu’elle bénéficia de l’aura très positive qu’elle conserve aujourd’hui encore, d’autant qu’elle est disponible chez plusieurs éditeurs à prix réduit et dans d’excellentes conditions techniques.

Après son passage à Dresde, Blomstedt fut nommé directeur musical de l’orchestre symphonique de San Francisco, qu’il améliora considérablement, et bénéficia d’une meilleure exposition commerciale en enregistrant pour Decca : tous ses disques américains pour cette firme sont de remarquables réussites, et notamment ses enregistrements des symphonies de Sibeliusun superbe coffret de 4 CD– et d’une anthologie orchestrale de Hindemith3 CD, dont un avec l’orchestre de Leipzig-.

Certains de ces enregistrements font partie de la playlist de ce jour. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Beethoven – Symphonie n°6 « Pastorale » – Staatskapelle Dresde – 1978 *****
• Sibelius – Symphonies n°3 & 6 – OS Sans Francisco – 1996 *****
• Hindemith – Nobilissima Visione – Der Schwanendreher – OS San Fransisco – 1993 *****

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Dimanche à l’opéra – Sigurd, d’Ernest Reyer

Ma séance lyrique dominicale est consacrée à un opéra très rarement monté dans les maison d’opéra de nos jours, après qu’il donut un grand succès d’estime lors de sa création, en 1884 à Bruxelles : il s’agit de «Sigurd», d’Ernest Reyer, compositeur marseillais né en 1823 et mort en 1909. Sigurd est un opéra plutôt monumental, sa durée sans coupure dépasse allègrement 4 heures, et s’inspire du Nibelungenlied et, dans une moindre mesure, des Eddas scandinaves. Son livret, écrit par Camille du Locle –auteur notamment du Don Carlos de Verdi et traducteur de bons nombre des livrets du compositeur italien– et Alfred Blau –avocat, dramaturge et dominotier-, reprend les mêmes éléments que «Le crépuscule des dieux» de Wagner, dont Reyer fut contemporain.

Il n’existe à ma connaissance aucun enregistrement intégral de l’oeuvre, mais uniquement des versions coupées –il manque entre un quart et un tiers de l’oeuvre-, dont celle écoutée ce jour est la plus connue, et, à ma connaissance, le seul enregistrement officiel, les autres provenant de bandes de radio retransmettant des représentations live. Même au disque, Sigurd demeure une oeuvre rare ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

L’argument est tiré du Nibelungenlied, que les librettistes ont respecté plus scrupuleusement que Wagner. Les mêmes personnages y portant des noms parfois différents :
• Sigurd = Siegfried –le caractère du héros sans peur est préservé, avec une naïveté juvénile nettement plus affirmée chez Wagner– ;
• Hilda = Gutrune –dans les deux cas, il s’agit d’une femme amoureuse et manipulatrice, la Kriemhild du Nibelungenlied, qui épousa ensuite Attila pour se venger, mais le personnage est plus falot chez Wagner-.
Un personnage supplémentaire apparaît dans l’opéra d’Ernest Reyer, c’est la magicienne Uta.

• Prologue – Dans le palais du roi Gunther, à Worms, la magicienne Uta prédit que Brunehild, la fille du dieu Odin, sera conquise par un héros. Sigurd, jeune guerrier sans royaume, arrive. Il est l’invité du roi Gunther et de sa sœur Hilda, qui tombe amoureuse de lui. Sigurd, toutefois, rêve de gloire plus que d’amour immédiat.
• Acte I – Hilda, amoureuse, fait appel aux pouvoirs d’Uta pour ensorceler Sigurd. Sous l’influence d’un breuvage magique, Sigurd tombe amoureux d’Hilda. Mais Gunther veut lui-même épouser Brunehild, qui vit endormie sur un rocher magique, protégée par un cercle de feu. Sigurd, lié par l’honneur, accepte d’aider Gunther : grâce à un anneau magique, il prendra l’apparence de Gunther pour franchir le cercle de feu et conquérir Brunehild.
• Acte II – Sur la montagne de Hindarfjall, Brunehild dort, protégée par des flammes. Sigurd, sous l’apparence de Gunther, brave les feux et éveille la Walkyrie. Brunehild, croyant voir en Sigurd son destinataire légitime, le suit, mais elle se sent trahie dans son cœur, une sourde rancune naît.
•Acte III – Au palais de Worms, les mariages sont célébrés : Gunther avec Brunehild, Sigurd avec Hilda. Mais la vérité éclate : au cours d’une querelle publique, Brunehild découvre que c’était Sigurd, et non Gunther, qui l’avait conquise. En proie à la rage et au désespoir, elle fomente sa vengeance.
• Acte IV – Brunehild manipule Gunther pour qu’il tue Sigurd. Lors d’une chasse, Sigurd est assassiné. Brunehild, submergée par le remords, se donne la mort sur le bûcher funéraire de Sigurd, afin de le rejoindre dans l’éternité.

Musicalement, « Sigurd » s’inscrit totalement dans la tradition déclamatoire du « grand opéra français à numéros », avec une division claire entre airs, duos, choeurs nombreux et scènes orchestrales. Les arrière-plans philosophiques omniprésents chez Wagner sont absents, au profit d’un héroïsme lyrique plus classique. La ligne mélodique est claire et l’harmonie stable. Des leitmotivs sont présents, mais ils sont moins nombreux, utilisés de manière beaucoup plus simple et non structurante. La version enregistrée par Manuel Rosenthal en 1973 mobilise le gratin du chant français de l’époque et constitue un témoignage vraiment intéressant, malgré les coupures effectuées.

Le Nibelungenlied a également été, très tôt, mis en film par Friz Lang, dans une longue saga en deux volets de 1924 –les cartons, en allemand et en Fraktur, sont ici traduits en français– qui fait partie de l’histoire du cinéma.

Passion pascale – Johann Georg Künstler, Markus Passion

Week-end de Pâques oblige, la playlist de ce jour est consacrée à une oeuvre remarquablement rare, dont l’unique enregistrement a été réalisé en « première mondiale » en 2018 et publié en 2019 : il s’agit de l’oratorio « La passion selon Saint Marc », de Johann Georg Künstel –1645/1695-, composée en 1691 –bien avant les différentes passions de Bach ou de Telemann, par exemple– qui connut un grand succès pendant plusieurs années avant de sombrer progressivement dans l’oubli après le premier quart du 18ème siècle, la partition étant réputée perdue. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Cette « Markus Passion » est vraisemblablement le tout premier oratorio composée à partir de l’évangile de Marc.

L’oeuvre est réellement formidable, avec un caractère dolorosif assez marqué, et constitue l’une des premières passion-oratorio avec orchestre –violons, altos, violoncelle, violone (ancêtre de la contrebasse), clavecin, orgue et luth– accompagnant les voix. Il était prévu qu’elle soit jouée en huit étapes, avant et après les cérémonies cultuelles du jeudi et du vendredi saint. Elle incorpore, dans les chorals, des éléments qui montrent que Künstler, qui ne quitta jamais la Franconie –entre Francfort et Nuremberg– avait une très bonne connaissance de la musique liturgique luthérienne, mais aussi issue de la Contre-Réforme : ces éléments seront repris plus tard par Keiser –Passion selon Saint Marc postérieure d’une quinzaine d’année-, ou par Bach dans la Passion selon Saint Matthieu –la très belle mélodie du cantique  » O Haupt voll Blut und Wunden » de Hans Leo Hassler, cf.extrait vidéo– mais aussi par Handel dans « The Ways Of Zion Do Mourn » –le motet « Ecce quomodo moritur » de Jacobus Gallus-.
Une notice très complète est disponible à la lecture ici : vous pourrez en apprendre beaucoup, tant sur le compositeur que sur l’oeuvre.

Playlist « Titan du piano »

Surnommé de son vivant de « Titan du piano » à cause de la puissance phénoménale de son jeu, Emil Gilels était considéré par la critique internationale comme «un géant parmi les géants du piano. En termes de virtuosité, il était sans rival, mais sa puissance léonine était tempérée par une délicatesse et une poésie que peu ont égalées et que personne n’a dépassées».
La playlist de ce jour, consacrée à quatre concertos pour piano des plus populaires, en apporte un excellent témoignage –j’ai volontairement omis d’y ajouter l’un ou l’autre concerto pour piano de Beethoven, qu’il interpréta plus qu’aucun autre pianiste du 20ème siècle-.

Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Brahms – Concerto pour piano n°1&2 – Orch. Philh. de Berlin, Eugen Jochum – 1972 *****
Depuis leur première parution en 1972, ces deux disques n’ont jamais quitté le catalogue de l’éditeur, sous une forme ou une autre –LP, cassette, CD, Blu-Ray audio…– et sont encore régulièrement cités comme référence incontournable, opinion partagée par les critiques du monde entier. Eugen Jochum, excellent à la tête de la philharmonie de Berlin, les tenait également pour ses plus grands enregistrements, avant même ses Bruckner de fameuse réputation. Emil Gilels avait déjà enregistré avec grand succès le second concerto pur piano avec Fritz Reiner pour RCA en 1958, dans une optique très différente : plus rapide, plus puissante et plus virtuose. Deux références très complémentaires !

• Tchaïkovsky – Concerto pour piano n°1 – Orch. Symph. de Chicago, Fritz Reiner – 1955 *****
Il existe au moins une quinzaine d’enregistrements de ce concerto du pianiste, dont au moins quatre officiels –celui-ci est le premier réalisé en studio-. Premier pianiste du bloc soviétique à être autorisé, durant la guerre froide, à se produire aux USA et en Europe de l’Ouest –sous très haute surveillance : un agent du KGB était collé à ses basques en permanence-, il connut un triomphe phénoménal et les plus grands chefs se l’arrachèrent pour enregistrer avec lui. Cette version de ce cheval de bataille de tout pianiste concertiste reste, 70 ans après, l’une des grandes interprétations de l’oeuvre : puissante, précise, rigoureuse et bénéficiant de conditions techniques très soignées.

• Rachmaninov – Concerto pour piano n°3 – Orch. Soc. du Conservatoire de Paris – André Cluytens – 1955 *****
La même remarque que pour le concerto de Tchaïkovsky s’impose –dans cette oeuvre également, des enregistrements de concert avec Kondrashin ou Ormandy notamment, constituent des témoignages exceptionnels, mais dans des conditions sonores assez précaires-, bien que l’orchestre et la prise de son soient de qualité quelque peu moindre qu’à Chicago : on n’a jamais fait mieux dans ce concerto !

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Clonons-nous via l’IA !

Sur une idée de Gilsoub, j’ai décidé de me cloner grâce à l’IA, et de me rendre disponible dans tous les bons magasins de jouets en version [Actif] ou [Retraité], à votre goût !
Anomalie propre à l’IA : la basse n’a que trois cordes ; elle génère aussi, dans ce contexte, des guitares à 4 ou 5 cordes, mais jamais 6, j’ai vérifié…

Mes proches me confirment que la vérité est ailleurs, mais pas très loin –sauf pour la cravate, que j’ai laissé tomber depuis bien longtemps, hors réunions très protocolaires…– : en clair, c’est plutôt ressemblant ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Vous pouvez, vous aussi, commencer à créer une figurine à votre image et laisser libre cours à votre imagination en suivant le guide

Playlist « Eroica en noir et blanc »

Je vous le disais dernièrement, les Variations Eroica de Beethoven constituent ma série de variations pour piano favorite parmi toutes celles du compositeur. Ma discothèque en compte ainsi un certain nombre de versions, dont celles qui composent la playlist de ce jour. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Sviatoslav Richter, dans un disque Melodiya, importé en France par Le Chant du Monde en 1973. L’enregistrement, de 1970, est très correct pour un document soviétique –les prises de son étaient régulièrement massacrées par des pressages exécrables, les rééditions en CD sont très supérieures-. Une bonne version, mais pas à la hauteur de la réputation du pianiste, comme souvent dans Beethoven. ***

• Glenn Gould. Le pianiste canadien est presqu’aussi iconoclaste dans ces variations –une forme qui lui convient généralement plutôt bien– que dans la majorité des sonates du compositeur, et d’une lenteur parfois exaspérante : tout le côté dansant du thème passe à la trappe, et l’exposition de la basse du thème pèse des tonnes ! **/*** selon mon humeur…

• Claudio Arrau : la prise de son de Philips, qui date de 1968, est remarquable, et la version du pianiste chilien est d’autant plus superbe que je ne l’avais plus écoutée depuis des lustres et n’en gardais par la mémoire ! Une très belle réévaluation –c’est aussi vrai de certaines de ses sonates, d’ailleurs-. ****

• Emil Gilels : à tout seigneur, tout honneur ! Cette version live –Amsterdam, 1980– est aussi merveilleuse que celle qu’il enregistrait à la même époque en studio, et les critiques du monde entier ont rendu hommage à ce coffret somptueux et multi-primé. Le pianiste est d’un abattage époustouflant, d’un engagement constant et délivre une sonorité royale. En live ou en studio pour DGG, vous ne trouverez pas mieux ailleurs ! *****

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Balade européenne – Aujourd’dui : Arte

Le long de l ‘Ill, entre le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des Droits de l’Homme et le bâtiment du Parlement européen qu’on devine en arrière-plan à droite, le bâtiment abritant Arte regarde les cygnes et les bateaux passer. En 2023, selon une enquête d’opinion, Arte était toujours la chaîne de TV préférée des Français –qui ne regardent pas la TV…– avec une audience qu a explosé pour côtoyer les 3% ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Balade européenne – Aujourd’hui : Conseil de l’Europe

Balade matinale sous un magnifique –et presque chaud comme en été– soleil d’avril !
On peut visiter gratuitement le Conseil de l’Europe –ne pas confondre avec le Parlement européen, qui est voisin…– et assister à des sessions parlementaires, dont les membres ne sont pas élus mais désignés par chacun des 46 parlements nationaux des états membres, au prorata du nombre d’habitants de chaque état. Les conditions de sécurité sont dantesques…

Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Playlist en couleurs – Rose

The Electric Flag – A Long Time Comin’ – 1968 ****
Johann Strauss – Anthologie – OP Vienne, Clemens Krauss – 1952 *****
The Kinks – One For The Road – 1980 **
Ludwig Van Beethoven – Quatuors op.59 – Juilliard String Quartet – 1982 *****
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Playlist en couleurs – Brun -dit aussi marron-

• The Who – Live At Leeds – 1970 ****
• George Frideric Handel – Coronation Anthems – Westminster Abbaye Choir, The English Concert, Simon Preston – 1983 ****
• Neil Young – Harvest – 1972 *****
• Franz Schubert – Klavierstücke ; Moments musicaux – Claudio Arrau, 1990 ****
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

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