Playlist « raretés »

Plein de choses rares dans la playlist de ce jour ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

D’abord, cette belle musique de scène de Jean Sibelius, « Jokamies », destinée à accompagner la pièce de théâtre « Jedermann » de Hugo Von Hofmansthal. La partition date de 1916 et fut fort peu populaire depuis sa création, il fallut ce disque pour réhabiliter cette magnifique oeuvre, qui outre un grand orchestre, mobilise également un piano, un orgue et un choeur mixte.
Pourtant, malgré cet effectif important, l’ensemble s’avère souvent très intimiste. Seize numéros de durée très variable se succèdent, et l’ensemble dure une quarantaine de minutes. A connaître, assurément ! Pour vous allécher, je vous en propose un court extrait ci-dessous.

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Les trois autres albums sont d’un tout autre genre, et dans des prises de son très variables, de surcroît : le remastering amateur de « Beggars Banquet » des Rolling Stones, complété de quelques inédits –chutes de studio, répétitions…– vaut un coup d’oreille pour le vrai travail de remisage proposé, très réussi –cf. extrait ci-dessous-.

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Le live du groupe, issu de leur plus formidable tournée –USA 1972– souffre d’un son pas terrible, de même que l’album très bluesy de Mick Taylor, où intervient en « guest tsar » Snowy White.

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Albums en série, part 4 !

6 albums pour découvrir George-Frideric Handel

Aujourd’hui, suite de la série entamée précédemment –ici, et encore -, avec une invitation à la découvert de George-Frideric HANDELainsi qu’il se désignait lui-même-, compositeur anglais, né allemand et grand voyageur à travers toute l’Europe ! Je vous l’avais déjà présenté un peu dans cette notule. Evidemment, le choix reste arbitraire et tributaire de mes goûts en la matière, et j’ai soigneusement évité de vous proposer un opéra du compositeur, assez difficile d’accès de nos jours. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Marc Vignal, dans son histoire de la musique, présente une bonne synthèse de son style et de son évolution musicale : « Usant de la langue de son temps comme Bach (…) Handel apparut comme un puissant organisateur, comme un merveilleux instrument de synthèse de l’art européen. L’Allemagne lui inculqua une certaine piété intérieure, jamais démentie. L’Italie développa ses dons de mélodiste […] son sensualisme pour les couleurs et les sonorités. De la France il écouta les leçons de clarté, d’élégance, d’équilibre. L’Angleterre, enfin, lui enseigna la poésie des virginalistes, la spontanéité de Purcell, ses ambiguïtés modales et ses audaces rythmiques. »

Original et transcription -et transcription-

On l’ignore parfois, mais la version des « Tableaux d’une exposition » la plus fréquemment jouée et enregistrée est une transcription pour orchestre, par Maurice Ravel, de l’oeuvre originale de Modeste Moussorgsky, composée initialement pour le piano et rendant compte de sa visite au musée pour voir les dessins et toiles de son ami, le peintre Viktor Hartmann. A la mort de ce dernier, une exposition de plus de quatre cents de ses peintures fut organisée à l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, en février et mars 1874. La plupart des œuvres présentées à l’occasion de cette exposition sont maintenant perdues. C’est suite à la liste de cette exposition que Moussorgsky écrivit, très rapidement, sa partition.

Un bon article en ligne vous en dira plus sur la genèse et le contenu de cette oeuvre très descriptive et vous permettra même de voir les six tableaux restant de cet exposition -les autres ont disparu-. Hors le dernier tableau –La grande porte de Kiev– vraiment sonore et tapageur et que je n’aime pas beaucoup, il s’agit d’une très belle partition, facile d’accès du fait de son caractère pittoresque et très agréable à écouter.

Mais Maurice Ravel ne fut ni le premier, ni le seul, à transcrire pour orchestre cette éloquente partition. Avant lui, d’autres s‘y étaient essayés, et certains se remirent à cette tâche après la publication de sa transcription. Parmi eux, Leopold Stokowski, grand chef d’orchestre –celui qui serre la main de Mickey dans le dessin animé musical « Fantasia » de Walt Disney– et grand connaisseur des possibilités et des couleurs des instruments, dont je vous ai déjà parlé un peu précédemment : il voulut, dans sa transcription, donner un caractère plus authentiquement russe à la partition orchestrale –Ravel sonnait trop « français » pour lui-, et proposa ainsi sa propre version, laissant par ailleurs de côté deux tableaux dont il jugeait que la composition n’était pas de la main de Moussorgsky, mais procédait d’une écriture plus tardive, sans doute de Rimsky-Korsakov. Sa version, si elle ne connut pas la gloire posthume de celle de Ravel, est cependant assez fréquemment enregistrée.

Voici, en trois extraits, trois visions de l’un des tableaux : Gnomus. La musique décrit les sautillements et les grimaces d’un gnome, puis ses déplacements maladroits sur ses jambes tordues. Une écoute à bon niveau sonore permettra de mieux apprécier les différences entre les deux versions orchestrales, les transcriptions étant riches en couleurs et en détails.

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Playlist très vingtième siècle !

C’est une playlist très vingtième siècle à laquelle je m’adonne aujourd’hui ! –Cliquer sur l’image pour avoir en plus grand-. Et chaque album bénéficie, de surcroît, d’une prise de son de démonstration, ce qui ajoute à mon plaisir.

L’album consacré à Webern est copieux et je n’ai retenu ce matin que les oeuvres orchestrales. Il s’agit là d’une édition intégrale très intégrale, puisqu’elle regroupe l’ensemble des oeuvres éditées par le compositeur, mais également celles qu’il n’avait pas publiées. Cet album vient très agréablement compléter l’autre coffret intégral, déjà réalisé par Pierre Boulez chez CBS, dont je vous ai parlé un jour lointain. La musique de Webern, éliptique mais non dénuée de profondeur, trouve ici des interprétations à la dynamique exacerbée, très bien rendue par la prise de son.

La onzième symphonie de Shostakovich est consacrée aux émeutes urbaines de 1905, réprimées dans le sang par la police tsariste. L’oeuvre fait partie des symphonies descriptives du compositeur, et fut composée en 1957, quand le gouvernement soviétique lui commanda une oeuvre pour marquer l’anniversaire de la révolution de 1917… Profitant d’une détente du régime suite au décès de Staline, Shostakovich y répondit à sa manière ! Belle version, dans une prise de son qui ne néglige pas l’apport des percussions, très bien rendues sans être tapageuses !

L’album Korngold est bien plus rare ! Il s’agit sans doute du disque français le plus primé du 21ème siècle par la presse française ET internationale ! Sous la baguette autoritaire de Marc Albecht, l’orchestre philharmonique de Strasbourg a retrouvé son lustre d’antan –et sa discipline…-, quand il était considéré à l’étranger comme le seul orchestre français d’envergure extra-hexagonale. Les oeuvres sont d’accès facile, Korngold ayant beaucoup influencé les compositeurs de musiques de film –cf. les deux extraits proposés ci-après-.

Enfin, le denier album est le moins intéressant des quatre, même s’il n’est pas désagréable. Le concerto pour violon de Glass est assez anecdotique, celui de Rorem est bien construit sans être génial et la sérénade de Bernstein s’écoute sans vraiment rester dans l’oreille !

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Playlist premières amours

En cette journée de Saint Valentin, retour à mes premières amours avec cette playlist ! Piotr Illich Tchaïkovsky, en effet, est le tout premier musicien que j’ai découvert et aimé consciemment, puisqu’en octobre 1972, le premier disque que je commandais comme cadeau d’anniversaire était son premier concerto pour piano, que j’avais découvert à la radio peu de temps auparavant, et dont l’ouverture m’avait sans doute assez profondément impressionné pour que je le réclame à coeur –et à cor– et à cri, contribuant ainsi au désespoir paternel, qui détestait ce compositeur.

Mélodiste inventif, Tchaïkovsky, longtemps décrié en France –trop d’affect pour nos esprits cartésiens ? Il faut lire « Une histoire de la musique » de Lucien Rebatet, très régulièrement réédité, pour voir à quel point le compositeur russe a pu être méprisé dans notre pays– fut également un orchestrateur génial, et sa musique orchestrale « sonne » toujours de manière admirable. Ses trois dernières symphonies –il en composa six– sont ses plus célèbres, et les plus fréquemment jouées, les trois premières étant plus négligées : on les trouve essentiellement dans le cadre d’intégrales, beaucoup plus rarement en disques isolés. Elles n’en sont pas moins agréables, malgré quelques longueurs. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Comme j’ai beaucoup d’interprétations de ses dernières symphonies dans ma discothèque, mon choix s’est porté, pour cette playlist, sur les grandes références des années 50 : trois très grands disques !
J’aurais également pu vous proposer la trilogie enregistrée par Evgeny Mravinsky au tout des débuts des années 60, souvent citée en référence, mais, à vrai dire, ce n’est pas celle que je préfère : ici, pour chaque symphonie, on a mieux ! Le vrai choc de cette playlist, c’est assurément la quatrième symphonie par Kurt Sanderling, avec l’orchestre de Mravinsky justement –Philharmonie de Léningrad-, mais sonnant beaucoup plus « moelleux », sans négliger par ailleurs un sens de la construction implacable qui sied bien à cette oeuvre.

Je ne connais qu’une autre version, également enregistrée dans les années 50, qui puisse rivaliser : celle, formidable que bien pas très connue, du jeune Herbert Von Karajan avec le non moins jeune Philharmonia Orchestra tout récemment créé par le producteur Walter Legge –cliquer sur l’imagette de gauche pour la voir en plus grand-.

Quant au si célèbre concerto pour piano n°1, il trouve ici une merveilleuse version également, et l’une des plus célèbres.
Emil Gilels, le pianiste, l’a enregistré au moins 11 fois, et c’est, au vingtième siècle, celui qui donna le plus souvent l’oeuvre en concert, dans tous les pays du monde. Il est accompagné par un orchestre virtuose et étincelant, dans une vision solide et éblouissante. Un autre très grand disque !

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Drôles de mathématiques !

De temps à autre, il m’arrive de devoir faire des « conférences » sur les mathématiques, et je commence invariablement par cette belle considération de Joseph Fourier : « Les mathématiques sont une faculté de la raison destinée à suppléer à la brièveté de la vie et à l’imperfection des sens ». Je suggère également une réflexion plus philosophique sur les mathématiques et la modélisation du monde qu’elles proposent, selon le point de vue auquel on se place :
• un premier point de vue privilégie la naissance des mathématiques dans l’esprit humain : les mathématiciens ont inventé les mathématiques pour expliquer certains phénomènes;
• un second de point de vue privilégie la place des mathématiques à l’extérieur de l’esprit humain : les mathématique seraient partout et existeraient même sans les mathématiciens, qui ne font que les découvrir au fur et à mesure.
C’est la seule façon de faire aimer un peu cette discipline à un public qui n’a pas d’appétence particulière pour la chose, au départ…

Nous pouvons ensuite aborder quelques découvertes mathématiques selon une perspective historique et ludique, à travers les travaux d’Euclide, de Fibonacci ou de Pacioli . C’est également le propos de cet excellent article paru dans le numéro 11 111 du quotidien Libération, que je vous invite à lire : c’est à la fois intéressant et un peu complexe, mais d’une très belle tenue scientifique !

Janvier 2017 : les traditions ont la vie dure !

Les plus anciens lecteurs de ce blog se souviennent sans doute avec émotion du magazine hebdomadaire Pif Gadget, qui offrait chaque semaine une « surprise éducative » plus ou moins élaborée et attisait, par le biais de bandes dessinées de qualité variable –il y en eut d’excellentes, comme « Rahan, fils des âges farouches », ou « Docteur Justice »-, les valeurs d’ingéniosité, de solidarité et de bonne camaraderie –le magazine était une émanation pour la jeunesse du quotidien « L’humanité », fondé par Jean Jaurès-. Et bien, la plus grande boutique en ligne, dont le siège est sis aux Etats-Unis –et les impôts payés en Irlande et au Luxembourg– semble s’inspirer de ce modèle pour proposer un « abonnement mensuel éducatif » pour les enfants. Evidemment, les valeurs prônées par le géant américain ne sont pas spécifiées aussi explicitement que celles du magazine français…

Autre tradition fort bienvenue : la finale de l’Open d’Australie, en tennis, permettra de retrouver deux « vieux » compères –et les deux plus beaux palmarès de ce sport– qui ont profondément marqué ce jeu de leur empreinte : un Espagnol rencontrera un Suisse, et c’est l’Europe qu’on célébrera dans l’hémisphère sud, très tôt dimanche matin ! Comme ce sport était devenu passablement ennuyeux ces derrières années, au gré de leur déclin –blessure, usure et autre lassitude-, voilà un menu fort réjouissant, et l’occasion de revoir des choses aussi belles et intenses que celles-ci !

Enfin, alors qu’une tradition ancestrale avait été bannie de notre pays, le Conseil constitutionnel français vient de statuer : les modalités d’adoption de la loi abolissant les châtiments corporels en France ne sont pas conformes aux règles constitutionnelles, une procédure de cavalier parlementaire ayant été adoptée pour sa présentation et son adoption. Enfants de France et de Navarre –et même d’Alsace-, on pourra continuer à vous cogner en toute impunité : pas trop fort, je vous le souhaite !

IA : l’homme est de moins en moins de chose…

Souvenez vous : j’évoquais hier l’intelligence artificielle consultable par télépathie sur un ton badin et, l’an dernier, vers la fin de l’hiver, je vous proposais de suivre en plusieurs épisodes et en direct la chute de l’un des grands champions de go face à AlphaGo, intelligence artificielle conçue par l’homme, mais s’entraînant désormais face à elle-même pour approfondir son savoir !

Il se trouve que presqu’en catimini, c’est le numéro 1 mondial de ce jeu qui a été battu, récemment, trois fois en trois parties par ce même AlphaGo. Comme cela s’est passé très discrètement et que ce jeu intéresse peu en nos contrées, la presse n’en a guère parlé. Mais, visiblement, la machine a encore fortement progressé à force de s’entraîner contre elle-même !

Pour comprendre le concept de réseaux journaux et de « deep learning » qui prévaut à son fonctionnement, je vous propose de regarder cette petite vidéo, très bien réalisée et fort explicite.

Un autre article montre tout aussi intéressant montre que, désormais, ce sont aussi d’autres travers fort humains qui émergent avec l’apparition d’une intelligence artificielle performante !

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Chronique prémonitoire (hier parle de demain)

Par hasard, en fouillant dans les archives en ligne de la revue Gramophone, accessibles numériquement depuis leur tout premier numéro –avril 1923-, je suis tombé sur cette réponse prémonitoire, dans le numéro d’avril 1970, au courrier d’un lecteur, qui voulait savoir comment on écouterait la musique enregistrée 20 ans après. –Cliquer sur l’image pour lire confortablement ce petit texte-.

La réponse du chroniqueur est assez bien détaillée, et celui-ci fait preuve d’un remarquable sens de l’anticipation conceptuelle, puisqu’il annonce, outre • la miniaturisation sans cesse accrue des appareils, • l’apparition des écoutes multi-canaux et de l’image pour les années 90 –les premiers DVD ont été commercialisés en 1996, mais, dès 1978, le coûteux et encombrant Laser-Disc multicanal pré-existait-, et, à l’horizon 2010, • la dématérialisation des supports et l’écoute en ligne à partir de « banques de données » –tant pour l’écoute de musique que pour le visionnage de films ou la lecture de revues, journaux et livres– : le premier iPad, qui permettait en particulier de faire tout cela, a justement été lancé en 2010, et a largement contribué à populariser ce concept. En revanche, il n’avait pas prévu le phénomène « LP revival » !

Finalement, avec un peu de jugeote, on peut savoir depuis hier, voire avant-hier, de quoi demain sera fait ! Prochaine –et ultime ?– étape : la connexion directe, par télépathie à une gigantesque intelligence artificielle…