Playlist « Mendelssohn a de la chance » !

Parmi mes compositeurs fétiches, il me semble que c’est Felix Mendelssohn-Bartholdy qui est le mieux servi par les disques récemment parus ; en particulier, les approches « historiquement informées » ont beaucoup apporté à sa cause, en proposant des lectures le plus souvent claires, transparentes et relativement vives, ce qui n’exclut pas totalement une vision parfois romantique.
Il se trouve justement que, selon les avis de ses contemporains, Mendelssohn, qui fut un remarquable chef d’orchestre, fondait lui aussi ses lectures sur l’acuité rythmique, la lisibilité et la vivacité. Ces dernières années, j’ai notamment pu découvrir les très belles versions de Fey / Heidelberg –mon chouchou-, de Heras-Casado / Fribourg ou encore de Manze / Orchestre de la NDR, toutes versions fondées sur ces mêmes préceptes.

Aujourd’hui, donc, à l’écoute, une nouvelle et excellente intégrale des symphonies par un ensemble de l’ex-Allemagne de l’Est, tout-à-fait remarquable –quelle ville française de moins de 200 000 habitants pourrait proposer un orchestre de cette tenue ?-.
Les tempos sont un peu moins vifs que chez Fey ou Heras-Casado, le chef laisse un peu plus respirer les phrases –les mouvements lents sont magnifiques, cf. extrait-, mais les textures sont tout aussi transparentes. C’est, une fois encore, très beau, et il est difficile de ne pas aimer cette musique si bien écrite, si élégante et qui, contrairement à une légende longtemps entretenue, ne manque assurément pas de profondeur !

Oui, Mendelssohn a de la chance !

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Playlist « Redécouverte enthousiasmante » !

Je vous avais déjà parlé un peu, ici et , de ce singulier pianiste autrichien Friedrich GULDA, pianiste classique extrêmement talentueux mâtiné d’un pianiste de jazz contrarié, qui e fit passer auprèsès de nombreux mélomanes français pour un dangereux iconoclaste –c’était en revanche une véritable star en Allemagne et en Autriche, son pays natal, où ses interprétations de Beethoven restent considérées comme des références de premier plan-.

Je réécoute aujourd’hui le coffret –cliquer sur l’imagette de droite pour la voir en plus grand– par le versant des concertos pour piano, sachant que l’achat dudit coffret, qui est malheureusement d’une grande pauvreté éditoriale, valait très prioritairement pour les sonates pour piano, restituées dans d’excellentes conditions techniques. Cependant, je n’avais à ce jour que très rarement écouté les concertos dans cette version, et très distraitement encore…

J’avais tort : une écoute plus concentrée de ce corpus, très bien enregistré en 1972,  procure en effet beaucoup de satisfactions ! Friedrich Gulda, clair, vif et souvent brillant, se montre d’une liberté totale et, d’une certaine manière, il préfigure, avec une technique supérieure, certaines lectures historiquement informées, et l’accompagnement de Horst Stein, chef possédant un métier indéniable, ne nuit en rien à ces interprétations enthousiasmantes ! –Cliquer sur l’image pour voir en plus grand les pochettes d’origine-.

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Playlist nocturne « 3 x 2 »

Evidemment, après avoir dernièrement intitulé une playlist 32 x 32, la présente playlist fera « petit joueur » ! Elle est consacrée à trois « deuxièmes symphonies », dont deux que je n’écoute quasiment jamais. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Pour commencer, j’ai presque redécouvert le deuxième symphonie de Beethoven, sans doute la plus généralement mal-aimée de son corpus, et qui fut tout aussi mal accueilli lors de sa création, tant à Leipzig –« […] un monstre mal dégrossi, un dragon transpercé et qui se débat indomptable et ne veut pas mourir, et même perdant son sang dans le finale, rageant, frappe en vain autour de soi de sa queue agitée ». – qu’en France –« […] après avoir pénétré l’âme d’une douce mélancolie, il la déchire aussitôt par un amas d’accords barbares. Il me semble voir renfermer ensemble des colombes et des crocodiles ». – ; la légende affirme que Berlioz s’enfuit, épouvanté, à l’audition de certains fragments de la symphonie !
Evidemment, à nos oreilles habituées à bien plus de dissonances, cette symphonie ne produit plus le même effet, mais cette écoute nocturne et attentive m’a permis de l’apprécier –et d’en apprécier cette version– bien plus que d’habitude !

La deuxième symphonie de Bruckner jouissait à peu près d’un même délaissement de ma part, et je la connais nettement moins bien que les 4, 5, 7, 8 et 9. Ici, dans sa version originale de 1872, avec ses pauses et ses ruptures, un chef de second rang, Georg Tintner, quasi-inconnu en Europe au moment de la parution de de disque –et qui bénéficie désormais d’une aura quasi-mythique dans les pays anglo-saxons-, à la tête d’un orchestre de troisième zone –et cependant excellent– en donne une interprétation de premier ordre, dans une prise de son très convenable. L’intégrale très complète des symphonies est disponible à prix raisonnable et s’avère d’un très bon niveau d’ensemble.

Enfin, j’écoute désormais moins souvent la deuxième symphonie de Sibelius, qui fut la toute première oeuvre que je découvris du compositeur finlandais, à la fin des années 80. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts… Mais son finale hymnique est toujours aussi emballant, et c’est une très grande versions que j’ai mis entre mes oreilles dans cette playlist !

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Playlist « Paysages d’en face »

C’est l’été, et comme chaque année, nous allons dans très peu de temps rejoindre les grandes plages de la côte d’Opale, juste en face ces falaises anglaises. Oublieux que je suis, je n’ai même pas fait de passeport, et nous ne pourrons donc pas, si l’envie nous en prend, partir une ou deux journées en passant dans le tunnel…
En attendant, c’est une belle évocation des paysages anglais que je m’offre ce matin, à travers trois symphonies et quelques autres pièces de Ralph Vaughan Williams, dont je pense ne jamais vous avoir parlé jusqu’ici. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Très influencé par la musique folklorique la musique traditionnelle de son pays, Ralph William Vaughan connut une carrière assez longue et s’illustra essentiellement dans la musique symphonique –9 symphonies, de la musique de film, quelques pièces symphoniques-, et dans l’opéra. Il est assez réputé pour avoir réussi à dépeindre de fort belle manière les paysages anglais à travers sa musique, qui s’écoute généralement agréablement.

Les enregistrements écoutés ce matin sont issus d’un coffret anthologique enregistré par le grand chef anglais Adrian Boult, grand défenseur de la musique de son pays -excellent également dans Brahms et, de façon surprenante, dans Wagner, dont il n’enregistra malheureusement pas d’opéra intégral– , qui connut lui aussi une très longue carrière discographique –ses premiers enregistrements datent de l’ère acoustique, dans les années 20, et il réalisa un enregistrement en numérique expérimental à la fin des années 70, ce qui témoigne d’une longévité exceptionnelle !

Vivement les vacances !

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Playlist « 32 x 32 »

Ces dernières nuits, j’ai écouté trente-deux fois la trente-deuxième sonate de Beethoven –la fameuse Opus 111-, dans trente-deux versions différentes, et il m’en reste encore en stock dans ma discothèque… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Pendant longtemps, ce fut ma sonate préférée et je l’écoutais régulièrement en boucle, mais je n’en avais pas tant de versions différentes : Kempff 1965, Arrau 1965 et Serkin/DGG –qui ne figure pas dans cette playlist– constituaient mon pain quotidien, agrémenté d’un peu de Nat. Depuis, j’en ai collectionné quelques versions supplémentaires et c’est assurément l’une des oeuvres les mieux représentées dans ma discothèque.
Par la suite, d’autres l’ont rejointes au panthéon, et notamment les sonates n°30 et 31, que j’aime tout autant. Beaucoup a été écrit à propos de cette sonate, qui est, paraît-il, l’un des plus beaux cadeaux fait à l’humanité, et dont « […nous comprenons que Beethoven, dont l’oreille ne percevait plus aucun son terrestre, a été élu pour nous ‘faire entendre l’inouï.] ». Wilhelm Kempff

Les approches interprétatives sont parfois si différentes qu’il est difficile de dire quelle est ma version préférée tant les visions semblent radicalement divergentes, et il n’est évidemment pas question ici de procéder à une analyse de ces divergences ou d’établir un classement. Il semble qu’il n’y a rien de commun entre le bouillonnement presque rageur –mais réalisé de manière presque brouillonne– du premier mouvement chez Yves Nat, la maîtrise technique exceptionnelle de Gulda/Amadeo et l’étrange dislocation produite par la lenteur d’Ugorsky, qui arpège les accords…

Le compositeur André Boucourechliev décrit le second mouvement ainsi : « L’Arietta, d’abord, une mélodie d’une admirable sérénité, et puis un thème qui donnera naissance à une prodigieuse série de variations, d’essence surtout rythmique. En effet, avec chaque variation, les durées se démultiplient, et le temps semble se condenser ; mais alors que dans l’op. 109 (où les rythmes se monnayaient déjà jusqu’aux plus petites valeurs), les variations sont parfaitement délimitées, ici leur repérage, pour être possible, devient sans objet. Il faut suivre leur continuité, leurs métamorphoses progressives, jusqu’au trille devenu double puis triple, réapparu encore au dessus du bruissement des valeurs pulvérisées qui tracent un domaine sonore inouï… Un ultime rappel de la cellule vitale de l’Arietta, une infime transformation chromatique de sa mélodie, scellent l’adieu et s’ouvrent sur le silence des profondeurs. » -Cliquer sur l’imagette de droite pour voir la première page manuscrite de la partition-.
J’ai beaucoup aimé, dans ce second mouvement, des interprétations aussi contrastées que Gulda/Amadeo –le passage en trilles est prodigieux-, Schnabel, Solomon et Kissin, pour n’en citer que quelques uns.

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Playlist « A Frenchman in Detroit »

Au sortir de la seconde guerre mondiale, Paul Paray est l’un des trois grands chefs d’orchestre français qui exerça aux Etats-Unis à la tête d’un orchestre américain en compagnie de Charles Munch –Boston– et Pierre Monteux –Boston puis Los Angeles-. Il fut nommé chef de l’orchestre symphonique de Detroit de 1951 à 1962, après avoir refusé la co-direction avec Arturo Toscanini de l’orchestre de la NBC –ce qui situe un peu l’exceptionnelle estime dont il jouissait ! -.
Il fit de Detroit l’un des meilleurs orchestres américains « de second rang », à l’instar de William Steinberg à Pittsburgh, s’y tailla une très solide réputation et y enregistra pour le label Mercury, dans de formidables prises de son grâce au procédé « Living Presence« , de très nombreux disques consacrés à la musique française et qui sont l’objet de la playlist du jour. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ce qui caractérise toutes ces interprétations est leur caractère éminemment vivant et énergique. Paul Paray adopte une ligne claire, très lisible, et des tempi presque toujours rapides ou très rapides –je crois que je n’ai jamais entendu le « Boléro » de Ravel pris aussi vivement-, sans trop rechercher d’arrière-plans métaphysiques. Cela fonctionne à merveille dans la musique écoutée ce jour, et la troisième symphonie de Saint-Saëns, notamment, y gagne beaucoup –l’oeuvre peut devenir assez rapidement « pompier »…-.

Une belle playlist pour entamer la journée !

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Playlist « Que d’eau ! »

La courte playlist de ce jour est consacrée au thème de l’eau, à travers trois propositions d’accès très facile –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– :

la suite de danses intitulée « Wassermusik – Hamburger Ebb’ und Fluth » -Flux et reflux de Hambourg- de Georg Philipp Telemann, musicien allemand contemporain de Bach et bien plus populaire et célèbre que lui à son époque. Bénéficiant du statut de ville impériale puis de ville libre d’empire, Hambourg était à l’époque au sommet de son rayonnement, et Telemann, directeur de l’opéra de la ville et notable tout-à-fait bien installé, composa cette oeuvre pour le centenaire de l’amirauté de l’opulente cité ;

la non moins populaire « Water Music » de George Frideric Handel, sans doute composée -au moins partiellement- à l’occasion du voyage sur la Tamise du roi George 1er d’Angleterre. L’oeuvre, remarquablement accessible, est composée de trois suites orchestrales alternant danses et airs d’apparat ;

« La Moldau », de Bedrich Smetana, est un court poèmes symphonique très populaire consacré à La Moldau, rivière tchèque, depuis sa naissance dans la forêt de Bohème jusqu’au moment où elle se jette dans l’Elbe. Entre temps, elle aura grandi, traversé des rapides et sera passée par Prague.

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Playlist « Aux racines du mal » ;-) !

C’est au cours des années 80, au sortir de l’adolescence, que j’ai commencé à m’intéresser à la musique de Wagner –assurément l’un des plus antipathique personnage de son époque…-, mais j’étais alors trop désargenté pour imaginer m’acheter une intégrale d’un de ses opéras, et je le connaissais essentiellement par quelques extraits de disques issus de la discothèque paternelle, assez peu fournie en la matière…


Mes premiers salaires en poche et après avoir acquis une installation Hi-Fi digne de ce nom, je me lançais enfin dans la découverte des opéras, en commençant par « L’Anneau du Nibelungen », en dépit des divers conseils que l’on m’avait prodigués, à savoir : « Commence par le commencement, c’est à dire « Le vaisseau fantôme » ou « Lohengrin », c’est plus facile d’accès ». –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

N’en faisant qu’à ma tête, je profitais d’une offre promotionnelle via un disquaire allemand pour m’offrir l’intégrale de Karajan dans un coffret de 19 LP en série limitée et économique –inédit en France dans cette présentation semble-t-il, ce qui impliquait un livret en Allemand uniquement- pour la modique somme de 490 francs –soit 148€ de 2022… Qui a dit que les disques étaient chers actuellement, quand on peut avoir de grosses boîtes de 30 à 80 disques pour cette somme désormais ?-.
A cette date, un achat en CD eût été n’envisageable car beaucoup trop cher… Je fus très vite passionné par ce cycle, au point d’en terminer l’écoute en moins d’un week-end et d’en réécouter de très larges passages toute la semaine qui suivit. Cette intégrale reste à mes oreilles la plus belle intégrale de studio, et Siegfried, en particulier, est une merveilleuse réussite orchestrale –et, vocalement, tous les chanteurs y font merveille, en dépit d’un format « léger » par rapport à ceux de la décennie précédente-.

Peu de temps après, j’achetais, toujours en LP, cette belle version de « Tristan und Isolde » dans une série économique –un coffret souple de 5 LP, avec, une fois de plus, un livret en Allemand uniquement-. Deux ans plus tard, je me retrouvais à décortiquer cette oeuvre lors de mes études universitaires -au demeurant, la connaissance que j’en avais au préalable excédait déjà largement les attendus de l’UV « Histoire de la musique » que j’avais retenue par facilité…-.

Enfin, mon premier CD consacré à Wagner fut une compilation consacrée à Hans Knappertsbusch, héros du « neues Bayreuth » et considéré par de très nombreux musicologues / musicographes, selon mes lectures d’alors, comme LE spécialiste de l’interprétation wagnérienne. Sans être déçu, je n’ai jamais  totalement compris cette réputation : c’est évidemment très bien, mais relativement univoque à mon oreille.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Wagner est le deuxième compositeur le mieux représenté de ma discothèque… Mais ce retour aux sources est toujours aussi plaisant !

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