Playlist aimablement perverse !

Normalement, rien, dans la playlist de ce jour, ne devrait fonctionner pour des oreilles sainement constituées ou élevées aux interprétations HIP, et encore moins après la cure imposée ces dernières semaines suite à l’achat dont je vous parlais dernièrement. Et pourtant, ça fonctionne, à mes oreilles tout au moins ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

La Water Music de Handel, dans l’interprétation de Szell, à vrai dire, ne fonctionne qu’à moitié : les mouvements lents sont hyper-romantisés –ça s’écoute joliment, mais sans réellement convaincre-, alors que les mouvements plus rapides ne manquent pas d’un certain éclat et du nécessaire brio qui conviennent merveilleusement à celle musique hautement jubilatoire.

Le cas « Karajan et la musique baroque » est assez complexe : il enregistra pas mal de Bach –selon le « baroqueux » Harnoncourt, ses interprétations des années 50 étaient alors aussi révolutionnaires que la révolution HIP entamée dans les années 70– et de Handel, dans des interprétations qui à mon avis ne décollent jamais vraiment et sont oubliables sans dommage. En revanche, dans le baroque italien, j’ai toujours trouvé un réel plaisir à l’écouter, tant dans Vivaldi que dans des oeuvres moins connues, où il se montre étonnamment convaincant –et cette version des Quatre Saisons est l’une des plus vendues, si ce n’est la plus vendue depuis la date de sa parution-.

Evidemment, tout cela reste aimablement pervers !

50 ans et pas une seule ride !

Le label Archiv, filiale de Deutsche Grammophon tout ce qui touche au répertoire baroque ou aux interprétation historiquement informées du répertoire classique jusqu’au tout début du 19ème siècle, bien de publier un superbe coffret-anniversaire célébrant les 50 ans de The English Concert et son chef originel, l’Anglais Trevor Pinnock. Malheureusement, les quelques excellents disques que le chef enregistra en solo au clavecin ne viennent pas alourdir ce bel objet –99 CD + 1 DVD et un livret Anglais / Allemand consacré à l’orchestre et à son chef et replaçant les enregistrements dans leur contexte de l’époque, mais qui ne dit rien des oeuvres et des musiciens-.

Magnifique occasion néanmoins pour saluer de superbes interprétations de Purcell, Corelli, Bach, Handel, Telemann ou Vivaldi Mozart ou Haydn, mais aussi des compositeurs moins connus comme Boyce, Lebrun ou Sammartini pour n’en citer que quelques-uns.
Le chef anglais et son orchestre propose toujours de très belles versions, vivantes et chaleureuses, sans doute moins radicales que celles proposées par les musiciens « baroqueux » de la génération suivante, mais toujours enjouées et très bien équilibrées, et qui semblent désormais intemporelles.

Pour la petite anecdote, Trevor Pinnock était le dauphin de l’intouchable Karajan en matière de vente de disques du label Deutsche Grammophon, dans les années 80. Un succès mérité !

Et, pour la petite histoire : comme je n’ai vraiment plus de place sur mes étagères désormais, il se passera sans doute assez longtemps avant que je n’achète de nouveaux albums… Evidemment, les promesses n’engagent que…

The English Concert playlist

C’est une très agréable playlist qui berce matinalement mes oreilles depuis deux jours, à volume modéré pour ne pas réveiller le voisinage ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Avec l’orchestre qu’il créa au milieu des années 70, Trevor Pinnock, claveciniste, organiste et chef d’orchestre, enregistra au courant des années 80 et 90 quelques merveilleux disques selon une approche HIP aimable et enthousiaste, particulièrement efficace dans la musique de Georg Frideric Handel, où il reste pour moi une belle référence. Ses « Quatre saisons  » de Vivaldi ont marqué leur époque et demeurent encore parfaitement d’actualité, et son intégrale des symphonies de Mozart –difficilement disponible actuellement– est exhaustive et remarquable.

Des versions généralement très belles orchestralement –beaux timbres, beaux équilibres entre les pupitres, excellent pupitre de cordes-, fondées sur une approche historiquement éclairée mais sans outrance, un enthousiasme incontournable, et toujours très bien enregistrées.

Depuis la publication de ces disques, certains sont parfois allés encore plus loin dans ce répertoire, mais peut-être jamais avec cette suavité dynamique, et je reste très attaché à ces albums.

Playlist « rares nouveautés »

Evidemment, tout occupé par d’autres considérations bassement pratiques et matérialistes quand elle ne sont pas professionnelles –j’ai cumulé plusieurs journées de 12 heures de labeur en ce froid mois de février-, j’ai eu très peu de temps pour profiter des soldes et glaner quelques nouveautés sortant complètement de l’ordinaire ! Mais, malgré tout, quelques trouvailles heureuses sont venues abonder ma discothèque –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, que j’écoute avec intérêt et plaisir depuis tôt ce matin, faute d’avoir pu en profiter vraiment auparavant.

« Joseph et ses frères » n’est pas l’oratorio le plus connu de Handel, ni son plus réussi, d’ailleurs, mais il s’écoute facilement cependant, et reste d’un intérêt constant. L’album est bien enregistré et bénéficie d’un livret trilingue de belle qualité –ce qui devient rare de nos jours-. C’est moins épique et globalement plus sombre que ses oratorios les plus connus, mais l’histoire s’y prête assez bien, avec ses multiples rebondissements et ses nombreux personnages.

« Sheherazade » de Rimsky-Korsakov trouve en Kirril Kondrashin un interprète d’exception, bien aidé par les timbres magnifiques du Concertgebouw d’Amsterdam, aux couleurs chatoyantes : un très beau disque ! Peut-être bien la plus belle version de cette oeuvre dans ma discothèque !

Suit un album consacré à des concertos pour divers instruments -violon, flûte, basson…- d’Antonio Vivaldi, pour changer un peu des sempiternelles « Quatre Saisons ». Une belle version, qui supporte bien le poids des ans, comme beaucoup des productions cet ensemble avec ce chef : c’est toujours très bien fait, très agréable d’écoute, avec juste ce qu’il faut d’engagement pour ne pas heurter les oreilles tout en soignant les timbres et en prenant appui sur des tempi suffisamment vifs pour ne pas sombrer dans l’excès de romantisme fade. –cf. extrait ci-dessous-.

Enfin, je me suis fait une joie d’écouter la septième symphonies de Sibelius dans cette vigoureuse version du grand chef russe Yevgeny Mravinsky  –j’aime moins la troisième, et ne suis pas un fan acharné de Debussy…– dont Karajan disait : « Il y a lui, moi, et les autres ». C’est à la fois austère et passionné. Vraiment, une belle version de cette très belle symphonie !

Playlist du petit matin

Il est encore tôt et la maisonnée dort, ce qui ne m’empêche pas de profiter de cette playlist plutôt variée, même si elle ne comprend guère d’oeuvre rare ou sortant un peu de l’ordinaire. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Quelque sonates de Beethoven pour prolonger un peu Noël, avec la suite de la (re)découverte du très beau coffret entamée dans le jours qui suivirent le Réveillon. Et je reste toujours aussi enthousiaste et agréablement surpris par le remixage qui apporte un peu de corps supplémentaire à des prises de son qui semblaient en manquer lors des rééditions précédentes, et qui me font apprécier d’autant de magnifiques interprétations. Les sonates « médianes écoutées ce matin à volume modéré permettent d’entamer de bien belle manière cette journée !

De même, la symphonie n°3 de Beethoven dans cette version était assez ingrate, en termes sonores, dans la quasi-totalité des éditions précédentes, tant la prise de son originelle est mate. Dans cette réédition à partir des bandes-mères de la radio américaine, on retrouve un peu d’air et d’espace tout-à-fait bienvenus : cela ne nuit pas à la lisibilité extrême voulue par le chef ni au jaillissement rythmique ou à l’approche « objective »qu’il privilégiait dans Beethoven, et qui fit, à une certaine époque, référence dans de nombreux pays, au moment même où les versions studio de Furtwängler étaient vouées aux gémonies.

Le disque consacré à des concerti pour instruments divers de Vivaldi est tout-à-fait satisfaisant pour démentir l’adage selon lequel le musicien aurait écrit « 650 fois le même concerto ». Selon les derniers « standards du moment », elle est un peu sage et s’inscrit dans un courant « HIP modéré », mais le travail sur les timbres, les rythmes et la beauté des sonorités rend cette version d’une écoute réellement agréable ! –cf. extrait ci-dessous-.

Enfin, j’ai gardé la bonne bouche pour la fin : avant même les sonates de Beethoven, j’ai débuté la journée avec une formidable version des « Variations Engima » d’Elgar –une de mes oeuvres de chevet– dans cette excellente version, qui doit être l’une des toute premières enregistrée en studio par un chef non anglais –il existe une non moins excellente version enregistrée en live par Arturo Toscanini et l’orchestre de la BBC dans les années 30 lors de sa première venue en Angleterre, mais, durant très longtemps, Elgar fut un musicien très « local » supporté quasi-exclusivement par les chefs anglais: Boult, Sargent, Beecham…Ce n’est que vers la fin des années 60 qu’il s’exporta vers le-s continent-s-.
La version du jour est, quoi qu’il en soit, vraiment très belle, par son refus des effets tapageurs et le soin apporté aux lignes mélodiques et aux contrechants, pour une musique qui demande une certaine sobriété, au risque de tomber dans la faute de goût !

Playlist estivale de rigueur

L’été débute cette année par une vraie canicule, ici comme ailleurs, et pour trouver un peu de fraîcheur, il faut se lever de très bonne heure et ouvrir toutes les fenêtres, même si en ville, le béton rayonne la chaleur même la nuit !
Donc : dès 5h30, j’ai réussi à faire baisser la température de la maison de 27,5° à 24°, ce qui n’est pas rien, mais un peu vain puisqu’elle remontera tout au long de la journée… Vivement vendredi, jour de fin programmée de cet épisode éprouvant !

Je profite de cette journée pour me faire ma petite fête de la musique à moi tout seul, en écoutant quatre versions –dont une toute neuve : la première– de l’été des « Quatre saisons » selon des perspectives assez dissemblables. Très agréable pour commencer la journée ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand et sur l’extrait sonore pour en écouter un petit bout-.

 

Playlist de la miniature à la grande forme

Pour entamer cette semaine précédant des échéances électorales aux résultats quelque peu illisible –une telle incertitude, c’est assez rare-, c’est une playlist assez éclectique à laquelle je me suis adonné aujourd’hui, avec, dans tous les cas, des prises de son de qualité, ce qui ne gâte rien ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Elle couvre près de trois siècles et de multiples formes musicales, allant des miniatures pour piano de Satie, très aimables dans leur genre –et encore plus dans cette excellente interprétation– à la grande forme –encore une fort belle version, pour la dernière symphonie achevée de Mahler, qui représente pour moi un pris de décomposition de la Vienne d’avant la première guerre mondiale, puissamment dépressive dans son expressivité presqu’exacerbée-.

Pour suivre ce monument, que je n’écoute pas si souvent que ça, une belle version des quatre saisons de Vivaldi, agrémentée de compléments bienvenus et disparates, s’imposait ! Contraste et rayons de soleil assurés ! Pour finir un détour par l’Espagne de Granados et Albeniz, à travers leurs oeuvres pour piano les plus connues, qui sont de belle et bonne facture –cf. le petit extrait ci-dessous-.