Playlist « Herr Kappellmeister »

Un producteur de la célèbre firme Deutsche Grammophon, au début des années 2000, parlait de Karl Böhm et d’Eugen Jochum comme de « simples Kappellmeister », dont la carrière discographique, par opposition à celle d’un très célèbre chef autrichien à la mèche rebelle, toujours très « vendeur », était tombée dans l’oubli aussitôt après leur disparition. Si le titre de Kappellmeister fut prestigieux jusqu’au début du 18ème siècle, le mot, dans sa bouche était nettement moins laudateur, et sous-entendait plutôt le chef sérieux, un peu austère et routinier se contentant de réguler les entrées des instruments de l’orchestre et de battre la mesure, en costume à jaquette et noeud papillon !
Je ne sais pas ce qu’il peut en être de la courbe des ventes de leurs productions, dans un marché du disque classique déjà lui-même relativement réduit, mais la persistance de leur présence au catalogue des éditeurs doit signifier que leurs disques, maintes fois réédités, trouvent toujours de quoi séduire –ou alors que le stock d’invendus reste élevé, mais dans ce cas ils devraient être bradés, et ce n’est pas le cas-.

Quoi qu’il en soit, la playlist de ce jour, composée de symphonies de Beethoven issues d’intégrales que ces deux chefs dirigèrent à la fin des années 60 –Jochum– et au début des années 70 –Böhm-, chacun avec un orchestre prestigieux, est tout-à-fait inscrite dans la tradition austro-allemande : pas trop vite, pas trop allégé, mais suffisamment dynamique et d’un souffle plutôt puissant. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les deux approches ne sont pas tout-à-fait semblables pour autant : un peu plus de raideur et de verticalité chez Böhm, qui propose cependant l’une des plus belles « Symphonie Pastorale » du catalogue, un peu plus de souplesse chez Jochum –beau mouvement lent de la neuvième symphonie, très chantant-.
Evidemment, on ne dirige plus si fréquemment ces symphonies de la sorte de nos jours, mais cela reste néanmoins de beaux témoignages, bien enregistrés et très bien rééditées. Les symphonies les plus célèbres restent toujours de fort belles réussites et les deux premières symphonies, au risque du contresens historique, y trouvent un poids que l’on n’entend plus guère de nos jours !

Parfois, la tradition peut avoir du bon !

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Playlist « Pot-Pourri dans un pavé »

La playlist de ce jour est essentiellement consacrée à des « pièces légères » –sans que ce terme soit péjoratif pour autant– interprétées par le chef autrichien alors aux prémices du faîte de sa carrière, lorsqu’il enregistrait encore pour EMI/HMV, soit avec le Philharmonia Orchestra, soit au tout début de son mandat « à vie » berlinois. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Le début de l’essor du microsillon, donc.

Tous ces albums sont réunis dans l’assez imposant coffret –88 CD– qui apparaît sur l’imagette de droite, à la ligne éditoriale relativement spartiate, mais dont l’avantage est qu’il se loge assez aisément sur des étagères prévues pour ranger des CD…. Les enregistrements datent tous des années 50, époque où les prises de son EMI branche anglaise étaient relativement satisfaisantes, en mono ou en stéréo : les choses ne se sont pas forcément améliorées par la suite, et les enregistrements de la filiale française, en particulier, ne sont pas toujours fameux…

De la jolie musique qui ne nécessite pas forcément une grande concentration, mais qui s’écoute très agréablement : ces albums, remarquablement populaires en leur temps, se vendaient généralement par wagons entiers dans les foyers où la « Grande musique » commençait à pénétrer, tant en Europe qu’aux Etats-Unis –sous label Columbia– ou au Japon, où ils contribuèrent à faire du chef une véritable icône.

Playlist « Made in France »

C’est à une playlist exclusivement consacrée à des musiciens français que je m’adonne aujourd’hui ! Et c’est plutôt rare, ma discothèque n’étant pas excessivement fournie en la matière –même si je ne me livre pas à des statistiques précises, c’est, à la louche, moins de 10% me semble-t-il-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Il faut bien avouer que, très généralement, « la musique classique française » n’est pas celle que je préfère –et c’est pire en pop-rock, sans même parler de la « chanson française », qui, pour le coup, m’est totalement étrangère ! -.
On va dire que l’élégance raffinée mâtinée d’esprit cartésien qui la caractériseraient, selon les musicographes avertis, ne me sied guère, même si j’apprécie énormément les « tubes » du répertoire écoutés ce jour, avec une petite prédilection pour le très beau disque consacré à Ravel, dont je raffole –cf. extrait ci-dessous-. 

En revanche, je n’écoute que très rarement du Saint-Saëns, coupable de m’ennuyer assez profondément, hors cette symphonie –ici dans une excellente version, malgré une prise de son assez mate– et le deuxième concerto pour piano. Quant à mon appréciation de Debussy ou de Bizet, elle est très variable selon mon humeur du moment.

Une prédisposition d’esprit tout-à-fait adéquate aujourd’hui ! Je deviens patriote…

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Playlist « Best Of… »

… également désignée comme « playlist pour fainéants » ! Voilà ce à quoi je m’adonne en ce début de matinée ! Avec un trio d’albums très différents les uns des autres, allant de la pop jazzy et élégante de Steely Dan au Psychobilly des Meteors en passant par le punk –branche irlandaise– de Stiff Little Fingers. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Steely Dan fut un duo à succès, assez peu présent sur scène mais qui enregistra, généralement dans d’excellentes conditions techniques, un rock léché teinté de sonorités jazz. Les deux musiciens, exceptionnellement doués, savaient de surcroît s’entourer des meilleurs requins de studio pour proposer des albums relativement ambitieux et au ton varié, qui évolua de plus en plus vers un jazz-rock mélodieux d’accès facile, évolution dont rend bien compte ce « Best Of ».

Stiff Little Fingers présente beaucoup moins de recherche mélodique mais beaucoup plus d’énergie, et le contraste est évidemment saisissant entre les deux albums. « Hanx ! » est un « Best Of » live retraçant les débuts de leur carrière, qui stoppa net devant leur manque de succès, avant une reformation qui ne s’est pas avérée beaucoup plus fructueuse…
Principales caractéristiques de ce punk-rock très énergique : la belle et bonne section rythmique et l’accent irlandais à couper au couteau du chanteur ! Chouette album à réécouter, je n’y étais pas revenu depuis très très très longtemps ! Et leur reprise du « Johnny Was » de Bob Marley est réellement très bien !

De même, réécouter The Meteors de manière sporadique est toujours une heureuse expérience : un groupe en trio –dans une composition assez instable et très évolutive, seul le chanteur-guitariste constituant une base fixe tout au long de l’existence du groupe– qui, a priori, ne se prend pas au sérieux, sauf pour défendre le Psychobilly dont ils se prétendent les inventeurs et seuls vrais représentants –affirmation qui n’engagent qu’eux…-.
Leur approche via ce copieux « Best of » de 25 titres constitue sans doute la meilleure solution, le genre ne proposant pas d’évolution fulgurante, puisqu’ils y sont toujours restés complètement ancrés, à l’inverse des Cramps, dont ils se rapprochent –mais en moins bien (leur sonorité d’ensemble n’a définitivement pas la même densité) et, surtout, en moins drôle, tout au moins à mes oreilles-.

Playlist « Voyage dans le temps »

Un voyage wagnérien dans le temps : voici ce que me propose la playlist de ce jour, en compagnie de celui qui est généralement considéré comme le plus grand Heldentenor –ténor héroïque– wagnérien, et qui connut une carrière prodigieusement longue, étalée sur près de 50 ans, durant lesquels il chanta les plus lourds rôles du répertoire un nombre incalculable de fois, et toujours très bien entouré : c’est l’histoire de ce qu’il est parfois convenu d’appeler l’âge d’or du chant wagnérien ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Lauritz Melchior était un géant dans tous les sens du terme : la taille, d’abord, la voix ensuite : outre sa longévité exceptionnelle –il interpréta (de fort belle manière) le rôle de Siegmund, dans la Walkyrie, à 70 ans pour fêter son anniversaire– une longueur de souffle et une puissance hors du commun, un timbre magnifique… –cf. extrait vidéo ci-dessous : le même rôle, en 1940, où il étire les points d’orgue à l’infini-.
Une telle voix ne se trouve plus de nos jours, mais, de la même manière, elle apparaîtrait sans doute en total décalage avec les exigences des maisons d’opéra actuelles, où les chanteurs doivent également être des acteurs –ce qui était beaucoup moins le cas dans les années 30 et 40, époque de son absolue gloire, où les mises en scène étaient beaucoup plus statiques-.
Les enregistrements compilés dans ce coffret copieux mais à la ligne éditoriale nulle –au sens premier du terme…– le montrent ici au début de sa carrière de ténor, dans les années 20, jusqu’à ce témoignage-anniversaire de 1960, et le son en est assez variable : cela va du « vieux précaire assez bien restauré » au très convenable pour les documents les plus récents.

Mais en terme de vocalité pure et de chant, tous ces témoignages demeurent exceptionnels et piocher dans ce coffret est totalement jouissif !

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Petits Mickeys étincelants !

Cet album des Flamin’Groovies, « Supersnazz », que l’on pourrait approximativement traduire par « Super chic » –leur premier : auparavant, le groupe avait sorti un EP assez anecdotique et difficile à trouver désormais– est une vraie merveille !
Ce fut l’un de mes premiers 33 tours acheté, presque par hasard et sur recommandation de je ne sais plus quel «guide des x disques à écouter», à la toute fin des années 70, quand internet n’existait pas encore, alors que je commençais à constituer, très modestement, une discothèque. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

J’ai toujours adoré sa pochette présentant de joyeux petits « Mickeys », et le contenu est largement à la hauteur du contenant : de l’excellente musique, très variée, fraîche et enthousisamante, allant d’un rock efficace à une pop entraînante, le groupe ayant toujoursjours oscillé entre Beatles et Rolling Stones sans jamais parvenir tout-à-fait à trancher entre ces deux influences tout au long de leur carrière. Carrière d’ailleurs fort longue, malgré de nombreux changements de personnels et de maisons de disques –ventes médiocres aidant-.

Je l’avais racheté il y a longtemps en CD, perdu depuis –vraisemblablement prêté et jamais rendu– et je l’ai donc racheté à nouveau, dans une version remastérisée en HD, avec réplique exacte de la pochette d’origine –loupe nécessaire pour lire le dos de celle-ci…– et le son de cette réédition est réellement magnifié –très supérieur à la première réédition CD ou à n’importe quelle édition 33T-, ce qui ajoute encore au plaisir très vif, de son écoute !

Super chic, oui, vraiment !

Playlist « Vieilles -et assez vieilles- choses »

Après une assez longue période d’oreilles en jachère, l’arrivée d’une météo quasi-printanière –près de 30°C d’amplitude de température en quelques jours…– me conduit vers une playlist constituée essentiellement de « vieilles » choses, la plus récente remontant à quarante ans –mais c’est déjà une enregistrement numérique-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

La quatrième symphonie « Inextinguible » de Carl Nielsen, achevée en 1916, est la seule que Karajan enregistra de ce compositeur danois, qui en a composé six, dont toutes portent un nom à coucher dehors ! Le corpus intégral de ses symphonies est assez intéressant, mais pas toujours édifiant, et cette musique venue du nord est assez éloignée de celle de son contemporain Sibelius. J’aime assez cette version, qui subit chez Karajan une « brucknérisation » qui lui sied assez bien, même si l’on peut sans doute y entendre un certain contre-sens. –cf. extrait-.

• Le deuxième album, en revanche, n’appelle aucune réserve : c’est l’un des très grands disques consacrés à Sibelius, avec, notamment , une remarquable interprétation de « Tapiola », dernière oeuvre majeure du Finlandais. L’album est assez ancien –des enregistrements qui s’étalent de 1954 à 1957, dans une mono d’excellente qualité– mais ne souffre aucunement de son âge et reste d’une écoute extrêmement plaisante de nos jours, quand bien même l’interprétation des oeuvres du compositeur a beaucoup évolué depuis.

• Les deux autres albums restent plus anecdotiques : le tout jeune chef américain Lorin Maazel, alors étoile montante de la baguette, est assez vif et un peu brutal dans Schubert, et le vieux Hermann Scherchen se révèle d’une lourdeur assez épouvantable dans les symphonies dites « Londoniennes » de Haydn –qui, déjà, ne constituent pas, à la base, ma musique de prédilection– et l’orchestre n’est pas toujours très bon. Le label Westminster –aujourd’hui réédité par Deutsche Grammophon– était réputé pour des prises de son exceptionnelle : ce n’est pas vraiment le cas ici…

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Playlist réduite…

La playlist de ce jour est consacré à un unique album, pour cause de voyage imminent à la déchèterie et séjour un peu prolongé en cuisine, fête des amoureux oblige ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

J’ai découvert très tard « The Seeds Of Love » du duo Tears For Fears, même si, comme à peu près tout le monde, l’énorme hit que fut le « beatle-esque » titre éponyme m’était évidemment connu depuis sa sortie –à la fin de mon service militaire !– : le début est presqu’entièrement fondé sur « I Am The Walrus » des Beatles, puis la chanson, très bien construite et au refrain entêtant, évolue ensuite vers d’autres contrées. Il me souvient qu’à la fin des années 80, ce titre fut très largement diffusé en radio, malgré sa relative longueur.
C’est en fait tout l’album, très ambitieux –sa production, sur quatre ans, pour une sortie en 1989, fut extraordinairement coûteuse– qui est tout-à-fait excellent, même si, a priori, assez éloigné de mes standards habituels. Certains critique musicaux l’ont même qualifié de « Sgt. Pepper’s… » des années 80 : comme je n’apprécie pas excessivement cet album des Beatles, cette qualification aurait même pu le disqualifier d’office à mes oreilles, mais cette appréciation dit quelque chose de l’importance de ce disque !
En fait, outre cette production très léchée, « The Seeds Of Love » regorge de belles compositions, relativement élaborées et variées, flirtant parfois avec un jazz-rock d’accès facile dans ses introductions, et, surtout, profite de la présence de quelques-uns des meilleurs musiciens de studio de l’époque -Pino Palladino à la basse, Manu Katché ou Simon Philipps à la batterie, les choristes…-.

Mon petit bonheur du jour !

Temps de disette !

En cette nouvelle semaine de disette pour mes oreilles, je n’ai écouté qu’un seul album, mais quel album ! Un magnifique disque de blues-rock, enregistré au mythique Fillmore West, lieu de tant de concerts de légende dont deux essentiels documents live de Cream et de l’Allman Brothers Band ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Il faut dire qu’entre crise sanitaire et météo étirant à l’extrême les durées de déplacement, mes temps de loisirs ont été des plus restreints cette semaine… Ainsi, mercredi, journée de neige et de verglas intense, des rendez-vous enchaînés prévus pour débuter à 09:00 et s’achever à 18:00 ont commencé à 10:15, décalant d’autant tout le reste de la journée.

Nonobstant, l’écoute de cet excellent double CD live –au son très convenable eu égard aux conditions d’enregistrements de concerts de l’époque– m’a procuré une satisfaction intense, et l’occasion de retrouver l’excellent Mike Bloomfield pour un festival de très bonne guitare –son compère Elvin Bishop n’est pas manchot non plus, même si sans doute moins créatif et moins brillant : on le retrouve d’ailleurs tout seul dans la seconde partie de l’album, un peu moins excellente que le reste-. L’harmonica, par ailleurs, n’est pas en reste, Paul Butterfield ayant une très belle pratique de cet instrument fort bien adapté au répertoire blues !
En 1966, la chanson « East-West », notamment, pouvait être étirée sur plus de 20 minutes et donnait lieu à de superbes envolées de guitares, et Mike Bloomfield –que je vous ai déjà présenté ici– se montrait particulièrement inspiré et d’une virtuosité et d’une beauté de sonorité inouïes. Il est regrettable que les drogues et une santé fragile aient pu amoindrir son immense talent par la suite…

Pour les amateurs du genre, et à prix très doux, ce petit coffret très bien documenté pourra s’avérer un très bon choix : on y entend de l’excellent Chicago Blues et l’ensemble se révèle très complémentaire des albums des Bluesbreakers de John Mayall de la même époque, dont on découvre, en quelque sorte, le pendant américain. La comparaison est très instructive –et on entend toujours de l’excellente musique– ! Petit extrait ci-dessous en prime !

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