Suite de ma mini-série consacrée au petit monde de l’opérette française –1er épisode à lire ici-, avec, aujourd’hui, « L’auberge du Cheval Blanc », qui est en réalité l’adaptation en Français d’une opérette allemande de Ralph Benatzky.
L’opérette, en trois actes, a été composée en 1930, son adaptation française –livret de Lucien Besnard, dramaturge, et de René Dorin, chansonnier célèbre en son temps-, dès 1932, connut un succès fulgurant, qui perdure, mais avec une ampleur moindre et dans des mises en scène moins démonstratives –au moins en France-, au 21ème siècle. « L’auberge du Cheval Blanc » a également connu de multiples versions cinématographiques.
La version du jour, enregistrée en 1962 par un chef spécialiste du genre qui avait déjà enregistré l’oeuvre une première fois dans les années 50, donne à entendre Bourvil dans le rôle principal –Léopold, le maître d’hôtel de l’auberge-. Dès sa création française, les principaux rôles étaient tenus par des chanteurs-acteurs, comme Fernand Charpin, venus du monde du music-hall : les dialogues parlés sont nombreux et les « airs » sont parfois assez proches des chansons de cabaret qui ne nécessitent pas nécessairement de grandes voix lyriques. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Au final, c’est léger, sans prétention et agréable à écouter !
Pour retrouver l’argument de l’oeuvre –tout en quiproquos et en fausses pistes– et en savoir un peu plus, vous pouvez vous rendre ici, la chronique est assez peu dense mais suffisamment informative, et le résumé de l’opérette est bien fait.
Cette relativement courte playlist entame une petite série qui me permettra de détendre mes oreilles dans la joie et la bonne humeur et de me remettre de mes séances lyrique dominicales autrement roboratives, en abordant un volet du répertoire classique que je ne fréquente que très occasionnellement : le monde de l’opérette française, monde qui m’est en réalité assez méconnu.
L’opérette du jour, sans doute l’une des plus célèbres de ce répertoire, est « Véronique », d’André Messager, oeuvre fraîche, parfois drôle et toujours légère et légèrement désuète –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– : un vaudeville mis en musique –belle orchestration, légère et pétillante ; mélodies enjouées et faciles à retenir ; dialogues savoureux…-, dont vous pouvez retrouver la trame ici. L’action se déroule à Romainville, près de Paris, durant la Monarchie de Juillet –c’est, peu ou prou, la France des « Enfants du Paradis »-, période à la fois bourgeoise et contrastée, paradoxalement heureuse et mouvementée, qui précéda le 2nd Empire : une époque révolue où les femmes étaient encore décrites en « petite dinde » –ah ! quel outrage– ou en « mignonne grisette », où l’on se rendait au tournebride en calèche et où l’on poussait l’escarpolette !
L’opérette, en trois actes et achevée en 1898, fut très populaire dès sa création et dans la France dans la Belle-Époque, avant d’être peu à peu délaissée –comme à peu près toutes les autres oeuvres de Messager, compositeur bien oublié de nos jours-. Seuls quelques airs demeurent assez populaires, dont le plus célèbre est sans doute celui de l’âne récompensé par du picotin, qui a survécu –l’air, pas l’âne !-…
La version du jour a été enregistrée en 1969 avec les grands noms de l’opérette française de l’époque. Elle me semble tout-à-fait excellente, mais je n’ai guère d’autres points de repère pour cette oeuvre, hors quelques airs pris isolément. Le tout est interprété, dans une diction impeccable, avec conviction et entrain et les dialogues, notamment, sont dits avec espièglerie et s’avèrent assez truculents.
Ce matin, c’est une oeuvre légère à souhait qui est à l’honneur : « Die Fledermaus » –La chauve-souris-, de Johan Strauss fils.
Un vaudeville à la viennoise composé en 1874, au livret à peu près aussi embrouillé que les opérettes parisiennes d’Offenbach, proposant des alternances de numéros chantés et de plages de dialogues plus ou moins coupées selon les versions enregistrées.
A sa création, l’oeuvre connut un vrai succès, avec 68 représentations au Theater An Der Wien, malgré un accueil assez peu chaleureux des critiques musicaux de l’époque, qui n’y entendaient qu’une succession de valses et polkas. De nos jours, « La chauve-souris » est assez fréquemment représentée lors des soirées du réveillon de nouvel an sur de nombreuses scènes d’opéra.
Dans les environs de Vienne. Vers 1870.
Acte I, chez les Eisenstein
Après une ouverture où se mêlent beaucoup de thèmes que l’on entendra tout au long de l’oeuvre, le rideau se lève sur la maison de Gabriel Eisenstein et de sa femme Rosalinde. On entend au loin chanter Alfredo, un ancien amant de Rosalinde qui reconnaît immédiatement la voix de celui qu’elle a jadis aimé. Adèle, la servante du couple, vient de recevoir une lettre de sa sœur Ida qui l’invite à un bal masqué. Elle demande à sa maîtresse l’autorisation de se rendre auprès de sa tante malade. Rosalinde refuse. Alfredo fait son entrée dans la maison. Rosalinde insiste pour qu’il parte afin de ne pas être surpris par son mari qui doit incessamment arriver. Eisenstein et son avocat, Me. Miro, reviennent tout juste du tribunal. Eisenstein a été condamné à huit jours de prison pour outrage au maire de la ville qu’il soupçonnait d’être amoureux de sa femme. Il accuse son avocat de ne pas l’avoir défendu correctement et même d’être à l’origine de l’allongement de sa peine. Congédié, Me. Miro part non sans assurer devoir se venger. Dr. Falke entre à son tour et invite Eisenstein à un bal masqué. Il promet à son ami de rencontrer la plus belle fille de Vienne et de prendre du bon temps avant de rejoindre la prison. Dr. Falke désire en vérité se venger d’Eisenstein pour l’avoir laissé ivre, quelques temps auparavant, sur un banc dans son déguisement de chauve-souris au retour d’une soirée arrosée. Eisenstein doit se rendre à la prison dans une heure mais Dr. Falke le convainc de se rendre d’abord au bal du Prince Orlofsky déguisé en marquis. Rosalinde, de son côté, organise le retour de son amant et autorise finalement le départ d’Adèle pour s’assurer d’être seule avec Alfredo. Elle reçoit un message du Dr. Falke qui l’invite à se rendre au bal déguisée en comtesse hongroise. Rosalinde, Adèle et Eisenstein chante un trio d’adieux, tour à tour poignant et comique. Enfin seuls, Alfredo et Rosalinde dînent en tête à tête. Leur petite fête privée est interrompue par l’arrivée de Frank, gouverneur de la prison qui arrête Alfredo en pensant qu’il est Eisenstein.
Acte II, les salons du Prince Orlofsky La fête bat son plein au bal masqué organisé par le prince Orlofsky dans sa magnifique villa, mais le prince s’ennuie. Dr. Falke lui promet du divertissement et lui explique comment il a réussi à piéger son ami Eisenstein en invitant Rosalinde et Adèle, toutes deux masquées. Eisenstein, déguisé en «Marquis Renard», noble français, fait son entrée et commence à courtiser les jeunes femmes. Il pense reconnaître sa servante Adèle, mais celle-ci, vêtue d’une robe de sa maîtresse fait montre d’un grand aplomb en se présentant comme une artiste répondant au nom d’Olga. Elle ridiculise Eisenstein devant tout le monde.
Un autre faux-noble fait son entrée : le « chevalier chagrin » n’est autre que Frank qui présenté au « marquis renard » marmonne quelques mots de mauvais français. On annonce alors l’arrivée d’une comtesse Hongroise, qui n’est autre que Rosalinde déguisée. Elle constate avec stupeur que son mari est au nombre des invités. Elle est présentée à son mari qui ne manque pas de tenter de la séduire. Elle parvient à lui dérober sa montre qui lui servira plus tard de preuve. On demande à la comtesse de chanter une « csardas » hongroise. On boit, on danse, on se divertit et… il est six heures du matin. Eisenstein-Renard et Frank-Chagrin doivent partir pour la prison, chacun pour des raisons bien différentes.
Acte III, la prison À la prison, le gardien Frosch, ivre, tente de survivre au chant incessant d’Alfredo qui enchaîne les grands airs du répertoire. Frank fait son entrée encore enivré de champagne et évoque sa nuit de folie. Orlofsky et Dr. Falke ont suivi le gouverneur de la prison pour terminer la comédie. C’est au tour d’Adèle et de sa sœur Ida de pénétrer dans la prison. La servante veut trouver un mécène qui saura mettre en valeur ses talents de comédienne. Elle se lance dans un numéro de bravoure pour preuve de son talent. Frank cache les deux jeunes femmes alors qu’on frappe à la porte. C’est Eisenstein qui vient purger sa peine. Le gouverneur de la prison lui explique qu’il ne peut être le prisonnier puisqu’il l’a arrêté lui-même la veille alors qu’il dînait chez lui en compagnie de sa charmante épouse. Eisenstein est pris d’une jalousie féroce et s’empare de la perruque et de la robe de Me. Miro qui vient tout juste d’arriver. Il entreprend un véritable interrogatoire auprès de Rosalinde venue faire libérer son amant et l’accuse d’adultère. La montre, dévoilée par Rosalinde, fait tomber tous les masques et la fête s’empare de la prison envahie par les convives d’Orlofsky. Champagne !!!
La version écoutée ce jour, enregistrée en 1950-1951 –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– s’inscrit admirablement dans un esprit viennois indispensable à cette oeuvre. Il s’agit, d’un avis assez largement partagé sinon unanime, de la version idéale de l’oeuvre, même si elle ne comporte aucun dialogue.
En revanche, contrairement à une idée très répandue, il ne s’agit pas du premier enregistrement de l’opérette officiel : en 1949, Ferenc Fricsay en avait proposé une version presqu’aussi idéale, avec quelques dialogues et une troupe berlinoise à peine moins idiomatique. Outre ces deux versions déjà citées, deux autres se situent sur des sommets comparables : celle de Karajan en 1955 –dialogues abrégés– et celle de Carlos Kleiber –dialogues-.