Dimanche à l’opéra – Richard Strauss, « Le chevalier à la rose »

Ma séance dominicale lyrique me conduit cette après-midi –pour cause de préparatifs intenses pour le brunch de la « fête des pères » ce matin– dans la Vienne impériale de la seconde moitié du 18ème siècle, sous le règne de Marie-Thérèse, impératrice douairière du Saint-Empire germanique et reine d’Autriche, avec l’opéra en trois actes de Richard Strauss « Le chevalier à la rose », dans l’ultime version d’Herbert Von Karajan. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

L’argument en est très simple : le baron Ochs auf Lerchenau prépare son mariage avec Sophie Faninal, et fait appel à sa cousine, la princesse Marie-Thérèse von Werdenberg, plus connue sous le nom de « La Maréchale », pour désigner un chevalier qui ira offrir une rose d’argent à la future mariée, selon la tradition.
La Maréchale confie cette mission à Octavian, son jeune amant. S’ensuivent une série de quiproquos, et, en définitive, Octavian s’éprend de la jeune fiancée, horrifiée par son futur mari qui est un homme dépravé et grossier. Avec la bénédiction de la Maréchale, les deux jeunes gens peuvent alors entamer un duo d’amour enflammé.

Ainsi, bien qu’il s’agisse d’un opéra comique, l’œuvre intégrant des thèmes plus sérieux comme l’infidélité, la prédation sexuelle et l’altruisme en amour, mais aussi la nostalgie et l’angoisse face au temps qui fuit.
Une notice assez complète –argument, informations sur le livret et les conditions de création de l’opéra…– se trouve ici.

« Le chevalier à la rose » est bien représenté dans ma discothèque, avec pas moins de six versions :
d’une part, les trois versions d’Herbert Von Karajan : 1956, studio EMI avec le Philharmonia Orchestra ; enregistrée live à Salzbourg en 1960 et sortie officiellement chez DGG en 1999 seulement, dans le cadre de la publication des archives du festival ; 1982, studio parue chez Deutsche Grammophon, et, donc version écoutée ce jour. Les deux premières versions sont généralement considérées comme des versions de référence. Karajan a toujours été un éminent spécialiste de Richard Strauss, reconnu comme tel par le compositeur lui-même, qui, au sortir d’une représentation dirigée par son jeune collègued’Arabella, l’invita au restaurant pour le féliciter et le remercier;
d’autre part, trois versions enregistrées par Erich Kleiber en 1954, Karl « Karli Sac de patates » Böhm en concert au festival de Salzbourg en 1969 et Leonard Bernstein en studio en 1971 –les deux premières sont également souvent considérées comme des versions de référence-, qui, toutes trois, proposent d’excellents plateaux de chanteurs.

La version du jour jouit d’une réputation un peu moindre que les deux précédentes enregistrées par Karajan –cliquer sur les imagettes pour les voir en plus grand-, et pourtant, à mes oreilles, elle n’est pas si loin de les rejoindre : aucun des chanteurs, presque tous à l’aube de leur carrière, ne démérite, même si certains n’égalent pas tout-à-fait leurs prédécesseurs. A contrario, Kurt Moll est sans doute le meilleur Ochs auf Lechernau de l’entière discographie.
Les tempi, relativement lents –comme toujours chez le chef dans cet opéra, qu’il dirigea très souvent– sont cependant très vivants et, surtout, Karajan tire de l’orchestre philharmonique de Vienne –sans doute l’orchestre le plus rétif pour répondre aux exigences des chefs d’orchestre– des sonorités somptueuses et d’une beauté inouïe, qui imprègnent l’oeuvre d’une tendre nostalgie.

Tim Page, critique musical du Washington Post, écrivait, après le dernier concert américain de Karajan, en février 1989 : “Never forget that an orchestra can play with such unity, such subtlety, such luxuriance of tone. You may never again hear such playing but now you know that it can be done”. « N’oubliez jamais qu’un orchestre peu jouer avec autant d’unité, de subtilité et de luxe sonore. Vous n’entendrez peut-être plus jamais un tel jeu, mais vous savez désormais qu’il est possible de le faire ».

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Playlist en couleurs – Rose

The Electric Flag – A Long Time Comin’ – 1968 ****
Johann Strauss – Anthologie – OP Vienne, Clemens Krauss – 1952 *****
The Kinks – One For The Road – 1980 **
Ludwig Van Beethoven – Quatuors op.59 – Juilliard String Quartet – 1982 *****
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Playlist « Karajan, l’héritage Decca », suite

En complément de mes récentes écoutes dominicales… Ainsi, les mêmes commentaires que précédemment s’appliquent à cette série d’enregistrements, réalisés durant la même période avec le même orchestre et pour le même label ! Même si elle n’est pas très originale, une très belle playlist dans son ensemble !

Piotr Tchaïkovsky – Le lac des cygnes ; La belle au bois dormant, suites – Mars 1965 *****
Piotr Tchaïkovsky – Roméo et Juliette – Janvier 1960 ****
Richard Strauss – Till Eulenspiegel ; Mort et transfiguration – Don Juan – Juin 1960 *****
Johannes Brahms – Symphonie n°1 – Mars 1959 ****
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Playlist « Karajan, l’héritage Decca »

Non content d’avoir signé deux contrats d’exclusivité –sic…– avec les labels EMI et Deutsche Grammophon dans les années 50, Karajan enregistra également, au tournant des années 60, pour Decca, avec l’orchestre philharmonique de Vienne, lequel orchestre était alors sous contrat avec cette firme, qui exportait également aux USA sous label RCA –sic encore…-, label sous lequel parurent en priorité certains des enregistrements, destinés prioritairement au marché américain, réalisés alors. Pas exactement facile de s’y retrouver dans ces méandres discographiques !
C’est parmi ces enregistrements viennois que j’ai concocté la playlist de ce jour. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Wolfgang Amadeus Mozart – Symphonies 40 – Mars 1959 ***** • Symphonie 41 « Jupiter » – Avril 1963 ***
Sans doute les meilleures réussites du chef dans des symphonies de Mozart : beauté du chant et des sonorités, souplesse des lignes. La symphonie n°40, notamment, est baignée d’une douce lumière dans le mouvement lent : c’est vraiment très beau ! Mon appréciation pour la « Jupiter » est tributaire du peu d’engouement que je porte pour cette oeuvre… A l’origine, chacune des symphonies de Mozart était couplée avec une symphonie de Haydn –les n°103 et 104, que j’écoute rarement, et louées comme de remarquables versions par le grand spécialiste H.C. Robbins Landon, éminent spécialiste du compositeur-, la jaquette ci-dessus est celle d’une réédition française plus tardive.

• Richard Strauss – Also Sprach Zarathustra – Mars 1959 *****
Une remarquable version, superbement enregistrée, qui servit de bande-son au film « 2001 : L’odyssée de l’espace », de Stanley Kubrick, qui utilisa cet enregistrement subrepticement parce que la MGM n’en possédait pas les droits, « secret » qui fut éventé bien plus tard ! A cette date, l’orchestre de Vienne a trouvé la splendeur qu’il avait quelque peu perdu à la fin de la seconde guerre mondiale et s’impose comme l’un des tout meilleurs orchestre au monde.


• Gustav Holst – The Planets – Septembre 1961 ****
La première version de Karajan est très célèbre, et bénéficie d’une prise de son somptueuse pour l’époque. Elle est globalement très bien, mais assez peu idiomatique si l’on se réfère aux enregistrements du spécialiste de cette ouvre qu’est Sir Adrian Boult. A mes oreilles cependant, le fameux « Big tune » de «Jupiter» manque singulièrement d’ «anglitude» ; a contrario, « Mars » est martial à souhait, comme il se doit !

• Piotr Tchaïkovsky – Casse-noisette, suite de ballet – Septembre 1961 *****
• Edvard Grieg – Peer Gynt, suite 1 et extrait suite 2 – Septembre 1961 *****
• Johann Strauss II, Josef Strauss – Ouvertures, valses et polkas – Avril 1959 ***** -Cliquer sur l’imagette de gauche pour la voir en plus grand-.
Dans ces pages plus légères qu’il aimait ne pas dédaigner, le chef autrichien a toujours excellé tout au long de sa carrière, comme en attestent les nombreux enregistrements qu’il en réalisa –au moins trois fois pour les ballets de Tchaïkovsky et le Peer Gynt de Grieg, et il enregistra bien plus souvent encore des pièces de la famille Strauss-.

Concernant les dernières citées, les versions qu’il y donna à Vienne –pour EMI dans les années 40, pour Decca au sein de cette playlist et, enfin, à l’occasion du festival de Salzburg en 1968 ou du Nouvel An 1987 à Vienne pour Deutsche Grammophon– sont à mes oreilles supérieures à celles, innombrables, qu’il enregistra à Berlin.

Tous ces enregistrements ont été produits par le mythique John Culshaw, producteur du « Ring » légendaire de Solti pour Decca, et homme d’un caractère notoirement difficile qui s’entendit pourtant  remarquablement avec le chef autrichien : ils partageaient tous deux les mêmes passion pour la vitesse et le pilotage de bolides…

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Playlist en couleurs. Rouge -et une devinette-.

Grateful Dead – Live Dead – 1969 ****
Johann Strauss – Valses & Polkas – Os Pittsburgh, William Steinberg – 1958 ****
The Cramps – Big Beat From Badsville – 1997 ***
Ludwig Van Beethoven – Symphonie n°9 – OP Berlin, Herbert Von Karajan – 1977 *****
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

En guise de devinette : l’extrait à l’écoute est un clin d’oeil à une chanson d’un autre groupe culte, presque contemporain et dont tous les membres sont décédés et assez souvent cité sur ce blog. Saurez-vous trouvez de quel groupe il s’agit ? –Et si vous trouvez en plus le nom de la chanson qui inspire cet extrait, vous êtes brillantissimes– ! Niveau de difficulté : ** A vos claviers !

Par ailleurs, la devinette précédente reste sans solution à cette heure…

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Playlist « L’autre Richard • Anthologie Strauss/Karajan 70’s » – 2

Suite et fin de cette mini-série entamée il y a quelques jours et consacrée à Richard Strauss. La playlist de ce jour –Appréciation : ***/****/****, cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– est plus particulièrement intéressante à deux titres au moins.

D’une part, elle permet d’entendre la seule version de la « Sinfonia Domestica » enregistrée par Karajan. Il s’agit d’une oeuvre relativement longue mais à vrai dire –et à mes oreilles– de l’une de ses pages symphoniques les moins inspirées, même si certains passages sont d’une grande beauté. La version de Karajan brille de mille feux –la fin est extraordinaire-, comme toujours lorsqu’il dirigeait Strauss et le philharmonique de Berlin est d’une splendeur rutilante.

D’autre part, cette playlist permet de vérifier que les enregistrement réalisés par EMI sont très différents de ceux publiés par Deutsche Grammophon à la même époque et dans la même salle de la philharmonie de Berlin. La perspective sonore, généralement plus réverbérée chez EMI, est à la fois moins large et plus profonde. Même l’équilibre tonal est différent –c’est encore plus marqué dans l’enregistrement tardif des symphonies de Sibelius qu’il réalisa au tournant des années 80 pour EMI-. Très généralement, les LP d’EMI étaient inférieurs en qualité sonore,  mais leurs remastérisations postérieures ont permis de beaucoup améliorer cela.

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Playlist «  L’autre Richard : Anthologie Strauss / Karajan 70’s » – 1

Entre Herbert Von Karajan et Richard Strauss, ce fut une histoire d’amour jamais démentie tout au long de la carrière discographique –et de concert– du chef, qui signa quatre anthologies orchestrales plus ou moins exhaustives des oeuvres du compositeur :
la première à la fin des années 40 –avec, notamment, le premier enregistrement mondial des « Métamorphoses »-et au début des années 50, avec l’orchestre philharmonique de Vienne et le Philharmonia Orchestra, chez EMI/Columbia ;
la deuxième au début des années 60, partagée entre l’orchestre philharmonique de Berlin, pour Deutsche Grammophon –son premier enregistrement pour honorer son contrat avec le label fut consacré à Richard Strauss– et l’orchestre philharmonique de Vienne, pour Decca ;
la troisième –la plus complète– à la toute fin des années 60 et au début des années 70 avec l’orchestre philharmonique de Berlin, partagée entre Deutsche Grammophon et EMI : c’est celle dont j’écoute la première partie aujourd’hui –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– ;

une dernière, enfin, toujours avec l’orchestre philharmonique de Berlin, au début des années 80 et de l’ère digitale, toujours chez Deutsche Grammophon.

Toutes ces versions sont a minima très satisfaisantes, et nombre d’entre elles sont exceptionnelles et restent considérées par de nombreux mélomanes et musicographes comme des versions « de référence ». Outre-Rhin, le chef reste réputé comme le plus grand « Straussien » du 20ème siècle et en France, cette opinion est assez largement partagée, même si on met sur un pied d’égalité Rudolf Kempe ou Clemens Krauss, voire Fritz Reiner. L’orchestration rutilante et foisonnante de Richard Strauss est parfaitement en accord avec les conceptions du chef : beauté des sonorités, qualité de tous les pupitres de l’orchestre, grande dynamique, sens de l’architecture.
Elles permettent également de suivre l’évolution du chef et de son orchestre de Berlin à travers les décennies, ainsi que l’évolution des techniques d’enregistrement : monophonie des années 40 et 50, début puis rapide essor de la stéréophonie, quadriphoniequi n’était intéressante que pour les marchands de canapé selon Karajan…– et, enfin, début de l’ère numérique –les remastérisations de ces premiers enregistrements numériques sont nettement préférables-.

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Playlist des jours d’après…

Tout à mon labeur ces derniers jours, je n’ai pas trop eu le temps de me préoccuper du résultats des récentes élections, si ce n’est pour m’en désoler collectivement… Etant par monts et par vaux depuis deux semaines, en train ou en voiture, mes oreilles sont donc restées un peu en jachère, et cette playlist constituée n’importe comment en piochant un peu au hasard dans me discothèque en est le résultat. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Je crains malheureusement que, prochainement, les playlists à venir seront celles d’un monde d’après ! J’ai bien fait de déposer mon dossier de retraite !

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Playlist « Cette année-là. 2008 »

Godowski – Strauss Tanscriptions et autres valses – M-A. Hamelin
The Cure – MTV Live From Rome
The B-52’s – Funplex
Beethoven – Sonates pour piano n°8, 14, 21 et 25 – S. Osborne
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

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Soirée de Réveillon à l’opéra

J’entame cette dernière soirée de l’année par l’écoute de cette opérette de Johann Strauss : « Der Zigeunerbaron », soit, en français dans le texte « Le baron Tzigane ».

Oeuvre aimable et populaire, qui connut un énorme succès lors de sa création, mais qui semble désormais reléguée au second plan au profit de la très populaire « Die Fledermaus » –La chauve-souris-. Quoi qu’il en soit, ces deux oeuvres sont assez régulièrement et traditionnellement programmées ici ou là, à l’occasion de la veillée de la nouvelle année.
Pour en savoir plus sur cette opérette, vous pouvez vous rendre icibonne synthèse-.

L’enregistrement de Clemens Krauss –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– reste une référence incontournable, bien qu’il s’agisse d’une version sans dialogue, ce qui nuit un peu à l’intrigue, mais reste bien adapté à une soirée de Réveillon : les numéros musicaux s’enchaînent sans transition.
Les chanteurs, tous issus de la troupe de l’opéra de Vienne, sont sytlistiquement –et vocalement– irréprochable et Clemens Krauss est un merveilleux chef, parfaitement à l’aise et idiomatique pour diriger les oeuvres de Johann Strauss : à la fois suprêmement élégant et très grand seigneur. C’est d’ailleurs lui qui créa les concerts du Nouvel An à Vienne, et qui les dirigea de 1939 à sa mort prématurée, en 1953. La réédition, parue dans le coffret que je vous ai présenté ici il y a quelques temps déjà, bénéficie d’excellentes conditions techniques.

De quoi finir en beauté 2023 !

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