Playlist « L’autre Richard • Anthologie Strauss/Karajan 70’s » – 2

Suite et fin de cette mini-série entamée il y a quelques jours et consacrée à Richard Strauss. La playlist de ce jour –Appréciation : ***/****/****, cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– est plus particulièrement intéressante à deux titres au moins.

D’une part, elle permet d’entendre la seule version de la « Sinfonia Domestica » enregistrée par Karajan. Il s’agit d’une oeuvre relativement longue mais à vrai dire –et à mes oreilles– de l’une de ses pages symphoniques les moins inspirées, même si certains passages sont d’une grande beauté. La version de Karajan brille de mille feux –la fin est extraordinaire-, comme toujours lorsqu’il dirigeait Strauss et le philharmonique de Berlin est d’une splendeur rutilante.

D’autre part, cette playlist permet de vérifier que les enregistrement réalisés par EMI sont très différents de ceux publiés par Deutsche Grammophon à la même époque et dans la même salle de la philharmonie de Berlin. La perspective sonore, généralement plus réverbérée chez EMI, est à la fois moins large et plus profonde. Même l’équilibre tonal est différent –c’est encore plus marqué dans l’enregistrement tardif des symphonies de Sibelius qu’il réalisa au tournant des années 80 pour EMI-. Très généralement, les LP d’EMI étaient inférieurs en qualité sonore,  mais leurs remastérisations postérieures ont permis de beaucoup améliorer cela.

Playlist «  L’autre Richard : Anthologie Strauss / Karajan 70’s » – 1

Entre Herbert Von Karajan et Richard Strauss, ce fut une histoire d’amour jamais démentie tout au long de la carrière discographique –et de concert– du chef, qui signa quatre anthologies orchestrales plus ou moins exhaustives des oeuvres du compositeur :
la première à la fin des années 40 –avec, notamment, le premier enregistrement mondial des « Métamorphoses »-et au début des années 50, avec l’orchestre philharmonique de Vienne et le Philharmonia Orchestra, chez EMI/Columbia ;
la deuxième au début des années 60, partagée entre l’orchestre philharmonique de Berlin, pour Deutsche Grammophon –son premier enregistrement pour honorer son contrat avec le label fut consacré à Richard Strauss– et l’orchestre philharmonique de Vienne, pour Decca ;
la troisième –la plus complète– à la toute fin des années 60 et au début des années 70 avec l’orchestre philharmonique de Berlin, partagée entre Deutsche Grammophon et EMI : c’est celle dont j’écoute la première partie aujourd’hui –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– ;

une dernière, enfin, toujours avec l’orchestre philharmonique de Berlin, au début des années 80 et de l’ère digitale, toujours chez Deutsche Grammophon.

Toutes ces versions sont a minima très satisfaisantes, et nombre d’entre elles sont exceptionnelles et restent considérées par de nombreux mélomanes et musicographes comme des versions « de référence ». Outre-Rhin, le chef reste réputé comme le plus grand « Straussien » du 20ème siècle et en France, cette opinion est assez largement partagée, même si on met sur un pied d’égalité Rudolf Kempe ou Clemens Krauss, voire Fritz Reiner. L’orchestration rutilante et foisonnante de Richard Strauss est parfaitement en accord avec les conceptions du chef : beauté des sonorités, qualité de tous les pupitres de l’orchestre, grande dynamique, sens de l’architecture.
Elles permettent également de suivre l’évolution du chef et de son orchestre de Berlin à travers les décennies, ainsi que l’évolution des techniques d’enregistrement : monophonie des années 40 et 50, début puis rapide essor de la stéréophonie, quadriphoniequi n’était intéressante que pour les marchands de canapé selon Karajan…– et, enfin, début de l’ère numérique –les remastérisations de ces premiers enregistrements numériques sont nettement préférables-.

Playlist des jours d’après…

Tout à mon labeur ces derniers jours, je n’ai pas trop eu le temps de me préoccuper du résultats des récentes élections, si ce n’est pour m’en désoler collectivement… Etant par monts et par vaux depuis deux semaines, en train ou en voiture, mes oreilles sont donc restées un peu en jachère, et cette playlist constituée n’importe comment en piochant un peu au hasard dans me discothèque en est le résultat. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Je crains malheureusement que, prochainement, les playlists à venir seront celles d’un monde d’après ! J’ai bien fait de déposer mon dossier de retraite !

Soirée de Réveillon à l’opéra

J’entame cette dernière soirée de l’année par l’écoute de cette opérette de Johann Strauss : « Der Zigeunerbaron », soit, en français dans le texte « Le baron Tzigane ».

Oeuvre aimable et populaire, qui connut un énorme succès lors de sa création, mais qui semble désormais reléguée au second plan au profit de la très populaire « Die Fledermaus » –La chauve-souris-. Quoi qu’il en soit, ces deux oeuvres sont assez régulièrement et traditionnellement programmées ici ou là, à l’occasion de la veillée de la nouvelle année.
Pour en savoir plus sur cette opérette, vous pouvez vous rendre icibonne synthèse-.

L’enregistrement de Clemens Krauss –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– reste une référence incontournable, bien qu’il s’agisse d’une version sans dialogue, ce qui nuit un peu à l’intrigue, mais reste bien adapté à une soirée de Réveillon : les numéros musicaux s’enchaînent sans transition.
Les chanteurs, tous issus de la troupe de l’opéra de Vienne, sont sytlistiquement –et vocalement– irréprochable et Clemens Krauss est un merveilleux chef, parfaitement à l’aise et idiomatique pour diriger les oeuvres de Johann Strauss : à la fois suprêmement élégant et très grand seigneur. C’est d’ailleurs lui qui créa les concerts du Nouvel An à Vienne, et qui les dirigea de 1939 à sa mort prématurée, en 1953. La réédition, parue dans le coffret que je vous ai présenté ici il y a quelques temps déjà, bénéficie d’excellentes conditions techniques.

De quoi finir en beauté 2023 !

Bilan 2022 • Coups de coeur « Classique »

Décembre déjà bien entamé, et l’occasion de dresser un rapide bilan des coups de coeur rencontrés cette année ;ors de mes achats de CD de musique classique. Maigre bilan, en vérité, étant donnée l’assez petit nombre d’achats effectués en 2022… Aux crises sanitaire, énergétique, inflationniste… s’ajoute celle du marché du disque classique ! Quant à la base de données qui me sert à enregistrer mes achats, elle n’est plus à jour depuis février 2022, mais je ne désespère pas une sérieuse mise à jour avant la fin de cette année encore !

Dernier achat coup de coeur de l’année : ce magnifique coffret,  que je vous avais déjà signalé, consacré au pianiste Friedrich Gulda, si peu connu en France, et pourtant si adulé dans les pays de tradition germanique ou anglo-saxonne. Fin 2021, lors de sa sortie en France, le coffret a recueilli un très mérité « Diapason d’or », quand la réception critique de ses disques lors de leur sortie connut généralement un accueil pour le moins discret et assez peu engageant… Autres temps, autres moeurs !

Plus avant dans l’année, deux autres coffrets un peu volumineux m’ont procuré bien du plaisir –Clemens Krauss et Erich Kleiber– : du grand répertoire suprêmement bien interprété, ce qui est le cas, également, des symphonies de Brahms, fort appréciables dans l’interprétation de William Steinbergen général, je n’aime guère les symphonies de Brahms…-. Quant au Beethoven de Kurt Sanderling, il m’était déjà bien connu, mais je lui courais après depuis si longtemps que je n’ai pas hésité -un import du Japon- quand j’ai eu l’occasion de me le procurer à la fin de l’été.
Beaux coups de coeur, encore, pour les oeuvres symphoniques de Hindemith part Hindemith, et pour les symphonies de Prokofiev dans cette belle intégrale très bien enregistrée !

Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Playlist « En semaine à l’opéra »

Disposant d’un peu de temps ces derniers jours après une période de relative disette pour mes oreilles, j’en ai profité pour écouter –en deux jours quand même– deux opéras que j’apprécie tout particulièrement : l’un très sérieux, l’autre beaucoup plus léger –je vous laisse deviner quelle étiquette colle le mieux à quelle oeuvre…-, dans d’excellentes interprétations et bénéficiant de très bonnes conditions techniques : productions luxueuses dès l’origine et remastering très soigné. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les deux albums remontent à l’époque où Karajan était surnommé « Europas General Musikdirektor » et cumulait les  postes les plus enviables à Berlin, Vienne et Milan, multipliant par ailleurs les ventes de disques –enregistrements en 1966 et 1960 respectivement-.

« Die Fledermaus » est proposé ici dans sa version « de gala » –une version longue en quelque sorte, où chaque invité pousse la chansonnette-, avec des invités polyglottes prestigieux et l’intégralité des dialogues, relativement abondants et parfois très drôles –l’opéra est une sorte d’immense quiproquo-.

Cerise sur le gâteau, profitant de ces jours ouvrés –et travaillés par d’autres-, j’ai pu écouter tout cela « un peu fort », plus fort en tout cas que le dimanche, sans déranger le voisinage.
Evidemment, c’est assez jouissif et les oeuvres y gagnent beaucoup ! J’aimerais pouvoir écouter plus souvent à des niveaux sonores –assez nettement– plus conséquents !

Un nouveau dimanche matin à l’opéra

Ce matin, c’est une oeuvre légère à souhait qui est à l’honneur : « Die Fledermaus » –La chauve-souris-, de Johan Strauss fils.
Un vaudeville à la viennoise composé en 1874, au livret à peu près aussi embrouillé que les opérettes parisiennes d’Offenbach, proposant des alternances de numéros chantés et de plages de dialogues plus ou moins coupées selon les versions enregistrées.
A sa création, l’oeuvre connut un vrai succès, avec 68 représentations au Theater An Der Wien, malgré un accueil assez peu chaleureux des critiques musicaux de l’époque, qui n’y entendaient qu’une succession de valses et polkas. De nos jours, « La chauve-souris » est assez fréquemment représentée lors des soirées du réveillon de nouvel an sur de nombreuses scènes d’opéra.

Dans les environs de Vienne. Vers 1870.

Acte I, chez les Eisenstein
Après une ouverture où se mêlent beaucoup de thèmes que l’on entendra tout au long de l’oeuvre, le rideau se lève sur la maison de Gabriel Eisenstein et de sa femme Rosalinde. On entend au loin chanter Alfredo, un ancien amant de Rosalinde qui reconnaît immédiatement la voix de celui qu’elle a jadis aimé.

Adèle, la servante du couple, vient de recevoir une lettre de sa sœur Ida qui l’invite à un bal masqué. Elle demande à sa maîtresse l’autorisation de se rendre auprès de sa tante malade. Rosalinde refuse.
Alfredo fait son entrée dans la maison. Rosalinde insiste pour qu’il parte afin de ne pas être surpris par son mari qui doit incessamment arriver.
Eisenstein et son avocat, Me. Miro, reviennent tout juste du tribunal. Eisenstein a été condamné à huit jours de prison pour outrage au maire de la ville qu’il soupçonnait d’être amoureux de sa femme. Il accuse son avocat de ne pas l’avoir défendu correctement et même d’être à l’origine de l’allongement de sa peine. Congédié, Me. Miro part non sans assurer devoir se venger.
Dr. Falke entre à son tour et invite Eisenstein à un bal masqué. Il promet à son ami de rencontrer la plus belle fille de Vienne et de prendre du bon temps avant de rejoindre la prison. Dr. Falke désire en vérité se venger d’Eisenstein pour l’avoir laissé ivre, quelques temps auparavant, sur un banc dans son déguisement de chauve-souris au retour d’une soirée arrosée.
Eisenstein doit se rendre à la prison dans une heure mais Dr. Falke le convainc de se rendre d’abord au bal du Prince Orlofsky déguisé en marquis. Rosalinde, de son côté, organise le retour de son amant et autorise finalement le départ d’Adèle pour s’assurer d’être seule avec Alfredo. Elle reçoit un message du Dr. Falke qui l’invite à se rendre au bal déguisée en comtesse hongroise.
Rosalinde, Adèle et Eisenstein chante un trio d’adieux, tour à tour poignant et comique. Enfin seuls, Alfredo et Rosalinde dînent en tête à tête. Leur petite fête privée est interrompue par l’arrivée de Frank, gouverneur de la prison qui arrête Alfredo en pensant qu’il est Eisenstein.

Acte II, les salons du Prince Orlofsky
La fête bat son plein au bal masqué organisé par le prince Orlofsky dans sa magnifique villa, mais le prince s’ennuie. Dr. Falke lui promet du divertissement et lui explique comment il a réussi à piéger son ami Eisenstein en invitant Rosalinde et Adèle, toutes deux masquées. Eisenstein, déguisé en «Marquis Renard», noble français, fait son entrée et commence à courtiser les jeunes femmes. Il pense reconnaître sa servante Adèle, mais celle-ci, vêtue d’une robe de sa maîtresse fait montre d’un grand aplomb en se présentant comme une artiste répondant au nom d’Olga. Elle ridiculise Eisenstein devant tout le monde.

Un autre faux-noble fait son entrée : le « chevalier chagrin » n’est autre que Frank qui présenté au « marquis renard » marmonne quelques mots de mauvais français. On annonce alors l’arrivée d’une comtesse Hongroise, qui n’est autre que Rosalinde déguisée. Elle constate avec stupeur que son mari est au nombre des invités. Elle est présentée à son mari qui ne manque pas de tenter de la séduire. Elle parvient à lui dérober sa montre qui lui servira plus tard de preuve. On demande à la comtesse de chanter une « csardas » hongroise. On boit, on danse, on se divertit et… il est six heures du matin. Eisenstein-Renard et Frank-Chagrin doivent partir pour la prison, chacun pour des raisons bien différentes.

Acte III, la prison
À la prison, le gardien Frosch, ivre, tente de survivre au chant incessant d’Alfredo qui enchaîne les grands airs du répertoire. Frank fait son entrée encore enivré de champagne et évoque sa nuit de folie. Orlofsky et Dr. Falke ont suivi le gouverneur de la prison pour terminer la comédie.
C’est au tour d’Adèle et de sa sœur Ida de pénétrer dans la prison. La servante veut trouver un mécène qui saura mettre en valeur ses talents de comédienne. Elle se lance dans un numéro de bravoure pour preuve de son talent. Frank cache les deux jeunes femmes alors qu’on frappe à la porte.
C’est Eisenstein qui vient purger sa peine. Le gouverneur de la prison lui explique qu’il ne peut être le prisonnier puisqu’il l’a arrêté lui-même la veille alors qu’il dînait chez lui en compagnie de sa charmante épouse. Eisenstein est pris d’une jalousie féroce et s’empare de la perruque et de la robe de Me. Miro qui vient tout juste d’arriver. Il entreprend un véritable interrogatoire auprès de Rosalinde venue faire libérer son amant et l’accuse d’adultère. La montre, dévoilée par Rosalinde, fait tomber tous les masques et la fête s’empare de la prison envahie par les convives d’Orlofsky. Champagne !!!

La version écoutée ce jour, enregistrée en 1950-1951 –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– s’inscrit admirablement dans un esprit viennois indispensable à cette oeuvre. Il s’agit, d’un avis assez largement partagé sinon unanime, de la version idéale de l’oeuvre, même si elle ne comporte aucun dialogue.
En revanche, contrairement à une idée très répandue, il ne s’agit pas du premier enregistrement de l’opérette officiel : en 1949, Ferenc Fricsay en avait proposé une version presqu’aussi idéale, avec quelques dialogues et une troupe berlinoise à peine moins idiomatique. Outre ces deux versions déjà citées, deux autres se situent sur des sommets comparables : celle de Karajan en 1955 –dialogues abrégés– et celle de Carlos Kleiberdialogues-.

Un nouveau dimanche à l’opéra

Alors qu’un semblant de vie sociale reprend peu à peu ses droits –pourvu que ça dure– et après avoir fait le tour des bureaux de vote dès leur ouverture, c’est confortablement installé à l’opéra que je passe la matinée, en fort belle compagnie ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

« Le chevalier à la rose », de Richard Strauss, n’est pas l’opéra du compositeur vers lequel je me dirige le plus spontanément –ce serait plutôt Salomé ou Elektra-, mais je l’apprécie beaucoup également, malgré son argument un peu kitsch et aux rebondissements improbables : une vraie comédie de moeurs très « lubistchiennne » !

« A Vienne, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Alors que la Maréchale se réveille d’une nuit passionnée avec son amant Octavian, son cousin le Baron Ochs vient la déranger pour lui annoncer ses fiançailles avec la jeune Sophie : il faut, selon les traditions, qu’un chevalier aille porter à la fiancée une rose d’argent avant le mariage.
Octavian est choisi pour être le porteur de la rose. Toutefois, lorsqu’il vient présenter cette rose à Sophie, les deux jeunes gens succombent à un coup de foudre immédiat. Désormais, Sophie n’est plus guère pressée d’épouser Ochs, aussi pleutre et grossier que prompt à s’encanailler avec la première femme de chambre venue.
Le piège tendu par Octavian se refermera sur lui, et le Baron Ochs, surpris en galante compagnie, n’aura plus qu’à renoncer à ses noces, et à s’effacer devant l’amour solaire de Sophie et Octavian – cause de quelques larmes chez la Maréchale. »

La version de ce jour –un excellent enregistrement studio de 1954 très bien remastérisé pour le CD-, qui propose le gratin de la troupe des chanteurs de l’opéra de Vienne dans les années 50 –mention spéciale pour l’Octavian de Sena Jurinac, absolument remarquable-, est assez formidable, plus rude et anguleuse et moins portée vers la nostalgie très « fin de règne » que certaines propositions enjolivées, voire enrubannées, que l’on entend souvent dans cet opéra.

J’aime beaucoup cette approche originale !

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