Playlist « Bruckner, retour aux sources »

La playlist de ce jour, annoncée hier parce que j’ai parfois de la suite dans les idées, est marquée par de vieilles retrouvailles avec trois symphonies-4, 7 & 9– de Bruckner par l’orchestre radio-symphonique de Cologne, dirigé par Günter Wand. Vieilles retrouvailles car il s’agit de l’un des tout dernierspeut-être même le dernier– coffrets de disques vinyles que j’avais acheté chez mon disquaire allemand –12 LP et un très bon livret en Allemand-, au début des années 80, alors que j’entamais à peine ma vie professionnelle et que je n’aurais pas pu m’offrir un tel coffret –qui n’existait pas à cette date– en CD. Par la suite, j’ai effectivement racheté cette intégrale en CD à prix fracassé dans la réédition superbement remastérisée de RCA –9 CD et aucun livret…-. C’est avec lui que, petit à petit, j’ai « appris mon Bruckner », compositeur qui n’avait pas l’heur de plaire à mon père, qui fut mon premier initiateur à la musique classique, et qui le trouvait trop bigot –il a dédié sa neuvième symphonie « Au Bon Dieu »…-et ennuyeux pour être fréquentable…

Certes, les symphonies de Bruckner sont généralement plus longues que celles de ses contemporains, mais elles sont solidement structurées selon un schéma qui reste généralement très classique et s’avèrent d’une belle audace harmonique et contrapuntique. Bruckner étant un organiste très réputé, leur orchestration assez monolithique est fondée –un peu trop systématiquement parfois- sur des chocs entre les pupitres : les vents contre les cuivres contre les cordes…, mais les beaux thèmes et les belles mélodies sont très nombreux dans ses symphonies. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Symphonie n°4″Romantique » – 1978 ****
• Symphonie n°7 – 1980 ****
• Symphonie n°9 – 1979 *****
Orchestre radio-symphonique de Cologne, Günter Wand

L’intégrale de Günter Wand a été enregistrée entre 1977 et 1982 et fut assez largement saluée par la majorité des critiques, en France, lors de sa parution en disques séparés. Ce coffret est, dans l’ensemble, de très bon niveau et très bien enregistré, il s’agit, aujourd’hui encore, d’une très bonne voie d’entrée pour découvrir ce corpus symphonique, d’autant qu’il reste disponible à petit prix. Cet excellent chef, à la très longue carrière, était alors presqu’oublié dans notre pays, alors qu’il avait enregistré de nombreux disques pour le « Club Français du Disque » dans les années 50 avec l’orchestre du Gürzenich de Cologne –des disques très convenables avec un orchestre très honnête, sporadiquement réédités plus tard dans des séries économiques chez Musidisc, et qui furent redécouverts lors de leur réédition en CD chez Testament à un tarif prohibitif et salués comme de remarquables réussites qu’ils n’ont jamais été en réalité, au moins à mes oreilles… La nostalgie a parfois large dos !-.

Quoi qu’il en soit, cette intégrale a largement contribué à relancer sa carrière, puisqu’elle lui a ensuite permis d’enregistrer plusieurs disques du « grand répertoire » en peu de temps chez RCA, avec les orchestres de Cologne et de Hambourg notamment,  et il y a gagné une réputation de « spécialiste de Bruckner », enregistrant certaines symphonies jusqu’à 5 fois en une vingtaine d’années !

, , ,

Playlist « L’autre K : austère et sévère ».

Karajan, Kleiber –père et fils, Krauss… mais aussi Otto Klemperer, ce géant –physiquement– austère, qui est la star de cette playlist contrastée et propre aux controverses : il s’agit d’un chef dont les enregistrements, en France, font parler les mélomanes depuis leur parution, que ce soit pour les vilipender ou pour les glorifier !
Né en 1885, Otto Klemperer, élève de Gustav Mahler, entama sa carrière en tant que chef d’opéra –Hambourg, Strasbourg puis le Kroll Opera de Berlin– sous le signe de la « Neue Sachlchgkeit » –Nouvelle Objectivité, courant artistique éphémère né après la première guerre mondiale– et contribua à la découverte des opéras de Stravinsky, Hndemith ou encore Krenek. Très tôt parti en exil à l’arrivée au pouvoir des nazis, il débarqua à Los Angeles pour prendre les rênes de l’orchestre de la ville –un orchestre alors de second rang, aux finances aléatoires-.
Atteint d’une tumeur au cerveau en 1939, l’opération qu’il subit le laisse à demi-paralysé du côté droit et détériore sévèrement un tempérament qui n’était déjà pas très facile : bougon, autoritaire et quelque peu caractériel –on dirait aujourd’hui « bi-polaire »-.. Après la guerre et une longue convalescence, il rentra en Europe, où commença sa « seconde carrière », souvent décrit comme son « été indien » : après un bref passage par l’opéra de Budapest, Otto Klemperer s’installa à Londres où Walter Legge, le célèbre producteur, envisageait qu’il prenne la succession de Karajan à la tête du Philharmonia, très largement considéré comme la « Rolls Royce des orchestres britanniques » de l’époque et l’un des tout meilleurs d’Europe.

Ainsi, à partir de 1954 et jusqu’à sa mort en 1973, il enregistra avec cet orchestre une très grande partie du « grand » répertoire classique pour le label EMI. : Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Schumann, Brahms, Bruckner, Mahler… En Angleterre, il était réputé pour être « l’interprète le plus autorisé du répertoire central austro-allemand depuis le décès de Toscanini et de Furtwängler ». Ailleurs, ses enregistrements furent d’abord plus controversés, du fait, notamment, de tempi de plus en plus ralentis au fur et à mesure de son avancée en âge, mais ils sont actuellement considérés comme des piliers du catalogue depuis au moins une trentaine d’années, au gré de rééditions très bien remastérisées.
La playlist de ce jour comporte trois enregistrements issus de cet été indien. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Wolfgang Amadeus Mozart – Symphonie n°40, KV 550
Philharmonia Orchestra, Otto Klemperer – 1962 ****

Otto Klemperer enregistra un assez large corpus d’oeuvres symphoniques de Mozart, ainsi que certains de ses opéras –sa « Flûte enchantée », notamment, sans dialogues, reste dans la mémoire de nombreux discophiles pour sa vision hiératique mais, à mon avis, complètement étrangère à l’esprit du Singspiel-. Très éloigné du style « galant » que l’on prête souvent au compositeur, le Mozart de Klemperer est totalement atypique, puissamment architecturé, chaque pupitre étant soigneusement détouré. Les tempi sont lents sans être lentissimes et sans lourdeur, l’ensemble peut sembler sévère, mais, dans une approche « traditionnelle » –cad. non HIP-, c’est ainsi que j’apprécie Mozart –beaucoup plus, par exemple, que l’intégrale enregistrée à Berlin par Herr Professor Doktor Karl(i) « sac de patates » Böhm, longtemps regardée comme « référence » et qui a plus mal vieilli, en définitive-.

• Ludwig van Beethoven – Symphonie n°3 « Eroica », op.55
Philharmonia Orchestra, Otto Klemperer – 1959 *****

Issue d’une intégrale des symphonies de Beethoven, enregistrée au tournant des années 60 et qui fut longtemps considérée –et le reste encore chez certains critiques musicaux– comme l’une des deux ou trois références de ce corpus, la troisième symphonie s’avère très réussie et c’est, à mes oreilles, la meilleure pièce au sein d’une intégrale qui est, pour moi, assez largement sujette à controverse, du fait de tempi extrêmement lents qui font perdre beaucoup de vitalité à cette musique, dont c’est pourtant une composante essentielle –la cinquième ou la septième, par exemple, sont non seulement hyper-lente, mais certains équilibres orchestraux s’avèrent parfois bizarres, cf. vidéo-. Dennis Brain, le fabuleux corniste du Philharmonia Orchestra, révéla dans une interview qu’à partir des années 60, « Klemperer was no more a rythm guy ».

• Anton Bruckner – Symphonie n°4 « Romantique », WAB 104
Philharmonia Orchestra, Otto Klemperer – 1963 ***

Dès le tout début de sa carrière de chef d’orchestre dans les années 20, Otto Klemperer dirigea des symphonies de Bruckner, mais Walter Legge ne considérait pas, en revanche, l’enregistrement des symphonies du compositeur comme une priorité, sauf la huitième symphonie, qui était déjà « chasse gardée » de Karajan pour EMI. Cette quatrième symphonie est interprétée dans sa version dite « 2B, édition Nowak » –Bruckner révisa cette symphonie plus que toute autre, ses nombreuses retouches sont recensées ici-. Contrairement à sa réputation de « chef lent », c’est loin d’être le cas dans cette symphonie. Klemperer en exalte la structure, mais , pour cette édition de la symphonie, je préfère la version beaucoup plus narrative et dynamique de William Steinberg, enregistrée à Pittsburgh pour Capitol en 1956.

 

, , , , ,

Playlist en couleurs – Bleu, encore et encore !

• Joni Mitchell – Blue – 1971 ****
• Beethoven – Symphonies n°&8 – OP Berlin, Karajan – Live 1977 *****
• Marianne Faithfull – Broken English – 1979 – ****
• Grieg – Sigurd Jorsalfar – OP Bergen, Ruud – 2004 *****
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand

, , , ,

Playlist « Neuvièmes en série »

Trois « neuvièmes symphonies » composent la playlist de ce jour, dont deux ont eu leur statut de « neuvième » arrêté assez tardivement : celle de Schubert, dite aussi « La Grande », fut successivement numérotée n°7 –longtemps-, puis n°8 dans le Catalogue Deutsch –quand l’actuelle « Inachevée », désormais n°8, était numérotée n°5…-, avant de trouver sa numérotation –définitive ?– de n°9 ; celle de Dvorak, la très célèbre « Symphonie du Nouveau monde », elle fut créée du vivant du compositeur comme sa symphonie n°5, et publiée comme telle avant de devenir sa symphonie n°9, dans sa numérotation révisée à la fin des années 50 ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Franz Schubert -Symphonie n°9 « La Grande »
Orchestre philharmonique de Berlin, Karl Böhm – 1963 ***

Cette symphonie est assez longue pour son époque, puisqu’elle dure pas loin d’une heure –les autres symphonies du compositeur sont plutôt d’un format mozartien-, et le matériau ne justifie pas, à mon avis, cette durée… L’oeuvre fut créée par Felix Mendelssohn plus de dix ans après la mort de Schubert, et ne rencontra qu’un succès modéré –et les railleries des musiciens de l’orchestre-, bien que Schumann en loue les « divines longueurs », que, personnellement, je ne trouve pas si divines que ça… La version de « Herr Professor Doktor » Karl Böhm -« Karli sac de patates » qui n’a jamais dirigé une note de musique de sa vie, selon la fielleuse appréciation de son collègue Celididache, qui n’aimait que lui-même…-, parut dans le cadre de son intégrale des symphonies de Schubert qu’il enregistra entre 1963 et 1971. Je ne dispose de cette intégrale que parce qu’elle fait partie d’un coffret anthologie consacré au chef d’orchestre, mais je n’écoute que très rarement ce corpus symphonique schubertien, que je ne goûte guère –à part l’Inachevée-.

• Antonin Dvořák – Symphonie n°9 « Du nouveau monde »
Orchestre RIAS Berlin, Ferenc Fricsay – 1953 *****

A contrario de celle de Schubert, la « Symphonie du nouveau monde  » de Dvořák recueillit, dès sa création, une approbation unanime et demeure l’une des oeuvres les plus populaires de la musique classique, à tel point qu’elle fait partie des document sonores envoyés dans l’espace –mission Apollo 11-. C’est aussi l’une des oeuvres les plus enregistrées –plusieurs centaines de références discographiques à ce jour…-, les premiers enregistrements remontent à la fin du 19è siècle et suivent de très peu sa création, en 1893. Ferenc Fricsay enregistra cette symphonie deux fois, en 1953 puis en 1959. Les deux versions sont excellentes –la première est plus vive, la seconde, par un chef déjà très malade et émacié, plus décantée et lyrique– et s’inscrivent très haut dans la discographie de cette symphonie.

« Ferenc Fricsay était l’un des très grands chefs européens, alliant à une technique supérieurement élaborée de la direction d’orchestre et à une discipline de fer, une sensibilité très aiguë et un sens profond des valeurs humaines ». (J.Longchamp, chronique nécrologique, Le Monde, 22 février 1963).

• Dmitri Shostakovich – Symphonie n°9
Orchestre philharmonique d’Oslo, Mariss Jansons – 1991 ****

La neuvième symphonie de Shostakovich est la dernière des « trois symphonies de guerre », et la moins grandiose et spectaculaire des trois. Elle fut créée en novembre 1945 à Leningrad et nécessite un orchestre de moindre taille que celui des deux symphonies précédentes. Staline voulait une oeuvre grandiose dans le style de la neuvième symphonie de Beethoven, pour marquer la fin de la guerre, mais Shostakovich composa cette courte et relativement légère symphonie en cinq mouvements, provoquant la colère du « petit père du peuple » : l’oeuvre fut rapidement censurée pour cause de « faiblesse idéologique », puis officiellement bannie en 1948, et jusqu’en 1955 -il existait, en URSS, une assez longue liste d’oeuvres bannies, publiée par le Glavrepertkom –comité de censure-. Très bonne version de Mariss Jansons, enregistrée entre 1991 et 2005 dans le cadre d’une intégrale mobilisant plusieurs orchestres : ici, le remarquable philharmonique d’Oslo à son meilleur !

L’extrait proposé provient d’une autre version tout aussi remarquable, voire plus : je n’ai pas encore numérisé l’intégrale de Mariss Jansons.

, , ,

Playlist « Romantique, russe et contrastée »

La playlist du jour est consacrée à Piotr Tchaïkovsky, très célèbre compositeur russe, très romantique et très populaire et apprécié d’un large public, notamment pour ses ballet d’accès très facile. Elle se compose, de manière contrastée, d’une oeuvre hyper-connue et de trois oeuvres beaucoup plus rares. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Symphonies n°1 «Rêves d’hiver»
Symphonie n°2 «Petite Russie»
Symphonie n°3 «Polonaise»
Orchestre philharmonique de Berlin, Herbert Von Karajan – 1979 ***

Des six symphonies de Tchaïkovsky –orthographié « à l’allemande » sur les pochettes des disques de la playlist du jour-, seules les trois dernières sont très populaires et assez massivement enregistrées. Les trois premières, a contrario, n’apparaissent souvent que dans le cadre d’intégrales et beaucoup plus rarement en albums séparés : c’est le également cas pour les deux albums consacrés à ces symphonies, enregistrées lors de la parution de l’intégrale d’Herbert Von Karajan –cliquer sur l’imagette pour la voir en plus grand– sortie en 1979 et sporadiquement apparus de manière isolée.
Le chef autrichien n’enregistra ces trois premières symphonies qu’une unique fois, contrairement aux trois dernières, dont il laissa d’innombrables versions tout au long de sa carrière –jusqu’à 7 versions officielles pour la symphonie n°6 « Pathétique »-. Composées entre 1866 et 1875, leur moindre popularité est justifiée par leurs moindres qualités : c’est de la «bonne musique», toujours très bien orchestrée –le compositeur savait indéniablement faire « sonner » un orchestre-, un rien prosaïque parfois –à mes oreilles au moins– et sans éclair de génie. La deuxième symphonie est celle que j’apprécie le moins. Les trois dernières symphonies sont incomparablement meilleures !

Concerto pour piano n°1
Ivo Pogorelich ; Orch. symph. de Londres, Claudio Abbado – 1986 ****

Des trois concertos pour piano du même compositeur, seul le premier est réellement populaire et constitue un cheval de bataille du répertoire concertant pour les pianistes. Le jeune Ivo Pogorelich, très bien accompagné par Claudio Abbado, ne s’y trompa pas en l’enregistrant dès le début de sa carrière, en 1986 et en délivrant une très bonne version –sans totalement égaler les versions princeps d’Emil Gilels, voire de Martha Argerich, au moins à mes oreilles-, dans de très bonnes conditions techniques. L’oeuvre est brillante, ultra-virtuose et son introduction est archi-célèbre, y compris auprès d’un public non mélomane.

, , , ,

Playlist « Karajan et la musique contemporaine »

Réputé pour ne pas se consacrer à la « musique contemporaine », Karajan enregistra pourtant nombre de compositeurs « contemporains » de son époque : seconde école de Vienne avec un coffret qu’il finança lui-même, son éditeur étant plutôt rétif devant une entreprise a priori vouée à l’échec commercial –en réalité, après une année de vente, Karajan était très fier d’annoncer que le nombre de coffrets vendus, si on les empilait, dépassait le sommet de la Tour Eiffel…– ; mais également les trois albums de la playlist de ce jour, que la critique unanime classe parmi les tout meilleurs disques enregistrés par le chef et son orchestre. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Serge Prokofiev – Symphonie n°5 – 1968 *****
• Arthur Honegger – Symphonies n°2 et n°3 « Liturgique » – 1973 *****
• Chostakovich – Symphonie n°10 – 1982 *****

Dans tous les cas, l’orchestre, qui a atteint son apogée à cette période, se montre hyper-virtuose –dernier mouvement de la symphonie de Chostakovich, par exemple– et développe des sonorités d’une beauté et d’un raffinement exceptionnels que, selon l’avis de nombreux spécialistes, il ne retrouvera jamais avec les chefs qui ont succédé à Karajan jusqu’à ce jour –on reste optimiste pourtant en écoutant la dernière production du Philharmonique de Berlin, consacrée à la seconde école de Vienne, avec son « nouveau » chef, Kirill Petrenko-. Une très belle playlist !

, , ,

Playlist « Anthologie Sibelius – Barbirolli : part two »

Avec la playlist de ce jour, étalée sur deux mois en deux jours (!!!), je poursuis l’écoute de l’anthologie d’oeuvres symphoniques de Jean Sibelius par le Hallé Orchestra de Manchester, sous la direction de Sir John Barbirolli entamée la veille. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. 

• Jean Sibelius – Symphonies n°3 & 6
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1969/1970 ****/***

• Jean Sibelius – Symphonie n°4 – Rakastava ; Romance en Do
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1969 ****

• Jean Sibelius – Symphonies n°5 & 7
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1966/1967 ****/***

Notons tout d’abord que cette fois-ci, une certaine cohérence visuelle est de mise pour les pochettes des albums constituant cette anthologie ; je me demande vraiment pourquoi la deuxième symphonie a échappé à cette charte graphique : sans doute parce que fut le premier album paru lors de l’enregistrement des symphonies, et qu’elle n’était pas encore établie ?!
Pour ce qui concerne le contenu de ces disques, les mêmes causent produisent les mêmes effets et la playlist du jour se passe de commentaires superfétatoires et suscite globalement la même impression un peu mitigée que la veille –c’est bien, parfois très bien, mais sans rien d’exceptionnel– : la notoriété persistante de cette anthologie ne cesse décidément de m’interroger et m’intrigue quelque peu au regard de la discographie très abondante de ces oeuvres…

,

Playlist « Anthologie Sibelius – Barbirolli : part one »

La playlist de ce jour, étalée sur deux mois en deux jours (!!!), est consacrée, comme son nom l’indique, à une anthologie d’oeuvres symphoniques de Jean Sibelius par le Hallé Orchestra de Manchester, sous la direction de Sir John Barbirolli. Les enregistrements se sont déroulés en plusieurs sessions étalées sur cinq ans, entre 1966 et 1970. A cette époque, Sibelius jouissait d’une assez piètre réputation en France, mais était déjà très apprécié dans les pays anglo-saxons, et Decca avait déjà enregistré deux intégrales –Collins et Maazel-, tandis qu’aux États-Unis, CBS avait publié l’intégrale de Bernstein et qu’Ormandy avait enregistré une assez large anthologie chez RCA. En Allemagne, de même, Karajan contribuait énormément à la réputation du compositeur. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Jean Sibelius – Finlandia ; Karelia suite ; Valse triste ;
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1966 ****

• Jean Sibelius – Symphonie n°1 ; Pelletas et Mélisande, extraits
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1966/1969 **/****

• Jean Sibelius – Symphonie n°2 ; Lemminkaïnen suite
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1966 ****

Sir John Barbirolli1899 – 1970– commença très tôt à diriger les oeuvres de Sibelius et contribua à le populariser aux États-Unis, où il succéda à Toscanini à la tête de l’orchestre philharmonique de New-York pour des émoluments presque 10 fois moindres ! Cette expérience américaine ne fut pas vraiment fructueuse, et Barbirolli retourna en 1943 en Angleterre, où il redonna vie au Hallé Orchestra de Manchester, qu’il connaissait bien pour l’avoir déjà dirigé bien avant la guerre. C’est avec cet orchestre qu’il enregistra son anthologie Sibelius, qui connut un énorme succès en Angleterre, où elle continue à jouir d’une réputation exceptionnelle, réputation qui a même franchi la Manche désormais.
Et, pourtant, ce qu’on entend est, à mes oreilles, loin d’être toujours exceptionnel !!! La première symphonie est même assez ratée, engluée dans des tempi lents, se révèle plutôt amorphe, sans énergie, et, de surcroît, l’orchestre n’est pas très beau et manque cruellement de précision et de cohésion : on a fait beaucoup mieux dans cette oeuvre, avant lui et après lui ! La deuxième symphonie est nettement plus réussie, sans toutefois atteindre, à mes oreilles au moins, les plus hauts sommets, du fait d’un orchestre qui ne peut se comparer aux meilleurs. D’une manière générale, on sent le chef amoureux de cette musique mais assez enclin en réalité à laisser son orchestre jouer un peu en roue libre : comme Sibelius, Barbirolli était un adepte de la dive bouteille…
En revanche, les petites pièces symphoniques sont très réussies, et l’on y ressent toute l’affection que le chef porte à ces oeuvres et au compositeur.

Un premier bilant mitigé, donc, et pas toujours à la hauteur de la réputation des ces disques !

, ,

Playlist « On refait l’histoire : part three »

La playlist de ce jour en finit avec cette série consacrée aux tout premiers enregistrements d’Herbert von Karajan, avec les deux albums qui ont connu un destin un peu particulier. En effet, il s’agit de quelques-uns des tout premiers enregistrements réalisés sur bande magnétique, au temps où l’on gravait encore traditionnellement sur des matrices en cire. Ils étaient destinés à une radiodiffusion et ont été enregistrés à la maison de la radio de Berlin en mai et juin 1944, puis en septembre 1944 pour le finale de la huitième symphonie, réalisé en stéréophonie expérimentale.
Ces bandes étaient réputées égarées ou détruites depuis longtemps, mais elle avaient en réalité été récupérées par l’armée soviétique au moment du siège de Berlin. Elles ont été retrouvées -sauf le premier mouvement de la huitième symphonie de Bruckner, égaré à jamais sans doute-, avec d’autres archives, lors de l’épisode de dégel –Perestroïka– et éditées officiellement pour la première fois par le label Koch en 1994.
Deutsche Grammophon les a éditées à son tour, pour la première fois semble-t-il, dans le cadre de son coffret intégral, que je vous avais présenté ici, il y a déjà un peu longtemps. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Le son est remarquable pour l’époque !

• Beethoven – Symphonie n°3 « Eroica » – Staatskapelle Berlin – 1944 *****
• Bruckner – Symphonie n°8, mouvements 2, 3 et 4 – Staatskapelle Berlin – 1944 *****

Ces deux symphonies font partie du coeur du répertoire du chef autrichien : dès sa nomination à Ulm, en 1929, ces deux symphonies faisaient partie de son bagage. Ainsi, durant sa carrière, il a interprété la symphonie « Eroica » de Beethoven 79 fois –plus que la neuvième, qu’il ne donna « que » 76 fois en concert– et il en existe 22 enregistrements, officiels –disques & vidéos– ou non.

Quant à la huitième symphonie de Bruckner, le chef l’a donnée 63 fois en concert, et il en existe également 22 enregistrements, officiels –disques & vidéos– ou non. C’est l’avant-dernière œuvre qu’il joua en concert lors de sa dernière tournée, à New York en mars 1989 -un absolu triomphe selon les chroniques de l’époque-, et Bruckner est le dernier compositeur qu’il joua en concert d’abonnement à Berlin en 1989 et enregistra officiellement –septième symphonie-, quelques mois avant sa mort.

, , , ,

Playlist « On refait l’histoire : part two »

Suite de la playlist de la veille, sans guère de commentaires superfétatoires, si ce n’est pour préciser que l’orchestre symphonique de la RAI de Turin n’est pas vraiment du niveau des autres orchestres que l’on entend par ailleurs ! Par ailleurs, l’enregistrement de la symphonie « Pathétique » de Tchaïkovsky constitue le tout premier enregistrement du chef autrichien avec l’orchestre philharmonique de Berlin, ainsi que son tout premier enregistrement d’une symphonie, mais aussi et surtout un affront pour Wilhelm Furtwängler, titulaire de l’orchestre à l’époque, qui avait enregistré la même oeuvre quelques mois plus tôt pour un éditeur concurrent.
La version de Karajan constitue une très belle synthèse entre le style Furtwängler –l’appui sur les cordes graves, le legato– et le style Toscanini –l’acuité rythmique, la précision, la furia du scherzo– : c’est pourquoi certains ont parfois pu parler de « Toscwängler » pour décrire son style de direction à l’époque.-Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Mozart – Symphonies n°35, 40 et 41 – Orchestre symphonique de la RAI de Turin – 1942
• Tchaïkovsky – Symphonie n°6 « Pathétique » – Orchestre philharmonique de Berlin – 1939
• Smetana – Vltava (La Modau) – Orchestre philharmonique de Berlin – 19341
• Mozart – La flûte enchantée – Staatskapelle Berlin – 1938
• Rossini – Ouverture « Semiramide » – Orchestre symphonique de la RAI de Turin – 1942
• Weber – Ouverture « Der Freischutz » – Concertgebouw Amsterdam – 1943
• Cherubini – Ouverture « Anacreon » – Staatskapelle Berlin – 1939
• J. Strauss – Ouverture « Der Zigeunerbaron » – Orchestre philharmonique de Berlin – 1942
• Verdi – La Traviata, préludes actes 1&3 – Orchestre symphonique de la RAI de Turin – 1942
• Verdi – Prélude « La forza del destino » – Staatskapelle Berlin – 1939

, , , , ,
Retour en haut