14 juillet à l’opéra : feu d’artifice wagnérien !

Lohengrin est, avec Tannhaüser, l’opéra de Wagner que je connais le moins bien, même si je l’apprécie beaucoup désormais –et de plus en plus à chaque fois- à chaque fois qu’il m’arrive de l’écouter-. C’était le cas cette nuit, dans une version que je trouve absolument remarquable qui plus est. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. La trame est assez simple, loin des préoccupations métaphysiques wagnériennes postérieures et l’ensemble est marqué par une féérie qui rend cet opéra populaire et peut-être le plus abordable de toute la production du compositeur. Très bon résumé de l’oeuvre ici.

1953 a été une année enchantée à Bayreuth : on y a eu le Ring et le Parsifal de Krauss, mais aussi, donc, le Lohengrin de Keilberth, capté par les micros de Decca. Lorsqu’on songe que durant le même été, ce sont souvent les mêmes artistes qui ont été sollicités –ici : Varnay, Uhde et Windgassen-, on mesure encore mieux l’exploit que cela constitue !
1953 fut également une belle année pour Lohengrin, puisqu’outre cet enregistrement, une autre très bonne version un oubliée fut publiée chez EMI, dont je vous parlais naguère ici. Autres excellentes versions : Kubelik, très bien chanté, et Karajan, génialement dirigé mais avec une prise de son bizarre…


Dans cette excellente version, les deux méchants, Ortrud et Friedrich von Telramund, sont vraiment méchants, surtout elle –Astrid Varnay, absolument géniale, cf. imagette de gauche-, véritable sorcière dominatrice qui déteint progressivement sur son compagnon –Herrman Uhde– : le meilleur « couple d’affreux » de l’entière discographie à mes oreilles.
La gentille et naïve Elsa est tenue par Eleanor Steber, que je ne connaissais pas et qui est de très belle tenue et le rôle-titre, Lohengrin, est très bien servi par Wolfgang Windgassen, qui connut sans doute-là son plus bel été, puisqu’il y débuta également dans Siegfried. Mon idéal dans ce rôle reste cependant Rudolf Schock, mais c’est un choix très personnel qui ne doit être partagé par à peu près aucun « wagnérien » !
La direction de Keilberth est tout-à-fait adéquate-quel excellent chef d’opéra ! -, les choeurs sont ceux de Bayreuth à cette époque –à savoir : très engagés, mais pas toujours très justes ou en rythme– et la prise de son date d’avant les très grands progrès réalisés par Decca mais reste parfaitement audible.

Un grand moment pour entamer la journée !

Un lundi -de Pentecôte- à l’opéra

Très belle matinée passée à l’opéra pour débuter cette semaine, avec un enregistrement magistral des « Maîtres-chanteurs de Nuremberg », de Wagner, dans la version de Rafael Kubelik –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, chef d’orchestre quelque peu « maudit » avec ses enregistrements des opéras du compositeur ! En effet, alors qu’il était sous contrat avec Deutsche Grammophon, il enregistra trois opéras de Wagner, dont un seul fut officiellement publié par la firme : il s’agit de « Lohengrin », qui s’avère être cependant le moins réussi des trois enregistrements. Les deux autres sont un formidable « Parsifal » de 1981 et, donc, ces « Maîtres-chanteurs de Nuremberg » de 1967, qui, tous deux, dormirent longtemps dans sur les étagères de la firme et dans les archives de la radio bavaroise, avant d’être publiées, dans les années 90, par de petits éditeurs.

Et l’on découvrit alors deux merveilles !

Comment cela est-il possible ? La chose est concevable pour « Parsifal », enregistré à la même époque par Karajan, star absolue de Deutsche Grammophon, dont l’enregistrement est tout aussi fondamental que celui de Kubelik, et qui se vendit remarquablement bien, étant même consacré comme « meilleur enregistrement de l’année, catégorie opéra », en Angleterre et en Allemagne, bénéficiant par ailleurs d’un « Diapason d’or » en France. Il semblait difficile, financièrement, de proposer, en si peu de temps, deux versions du même opéra dont l’une aurait fait un four –la notoriété de Kubelik, dans Wagner, étant bien moindre que celle de Karajan-. La version de Kubelik, fruit d’une coopération avec la radio de Bavière, resta donc sagement sur les étagères de l’éditeur.
Le « Parsifal » de Kubelik est actuellement difficile à se procurer, mais il fut publié par un petit éditeur allemand, Arts Archives –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, dans d’excellentes conditions techniques –enregistrement numérique très soigné-, au moins aussi bonnes que celles dont bénéficia Karajan, même si la perspective est autre.

Pour « Les Maîtres-chanteurs », en revanche, il est plus difficile d’excuser la mise en sommeil de cette merveilleuse version, où tous les artistes -chanteurs, orchestre, choeurs et chef- font merveille : une vraie version d’ensemble, respirant une joie de vivre qui sied parfaitement à cette oeuvre.
Il semblerait, selon une légende assez fermement établie, que Dietrich Fischer-Dieskau, ayant appris l’existence de cette collaboration entre la radio bavaroise et Deutsche Grammophon, ait pris sa plume pour se fendre d’une lettre à l’éditeur, annonçant son intention d’enregistrer très prochainement le rôle de Hans Sachs.
Evidemment, le baryton vedette de l’époque, alors au sommet de sa carrière et se lançant dans ce rôle, Deutsche Grammophon ne pouvait pas manquer l’occasion : exit donc Kubelik ! Finalement, Fischer-Dieskau l’enregistra en effet, mais en 1976, avec Jochum, et le rôle, abordé sans doute un peu trop tard dans son parcours, ne lui convient pas du tout, à mes oreilles tout au moins ! Thomas Stewart, Hans Sachs chez Kubelik, lui est nettement supérieur : moins fin diseur, mais d’un humanisme vaillant bien plus convaincant.
Quoi qu’il en soit, la merveilleuse version de Kubelik finit par sortir chez un petit éditeur allemand, Calig, en offrant de surcroît un excellent contenu éditorial et dans d’excellentes conditions techniques.

Que du bonheur !

Pâques à l’opéra – Opéra de Pâques

Cela fait quelques années que je ne vais plus écouter, chaque vendredi saint, l’une ou l’autre Passion selon l’un des évangélistes mise en musique par Bach : elles y sont invariablement données, en alternance, à l’église Saint Guillaumeen réalité, c’est un temple luthérien à la formidable acoustique-, dont la particularité est, outre de ne pas être efficacement chauffée –ce qui peut être perturbant lorsqu’une oeuvre d’étend sur plus de deux heures-, de présenter une architecture biscornue –un plan en trapèze et un drôle de clocher non symétrique qui perturbe la perspective-. Le choeur de la paroisse est très réputé, et a été dirigé, notamment, par Furtwängler, mais aussi, plus récemment, par Gardiner. Les Passions entendues dans l’église s’inscrivaient toutes dans une veine assez traditionnelle –c’est aussi pourquoi je n’y vais plus-, il serait intéressant d’écouter si, enfin, certains préceptes HIP ont commencé à être investis…

Aujourd’hui, vendredi saint, donc, et jour légalement férié ici seulement, j’écoute « Parsifal » : un opéra de Pâques, qui n’est d’ailleurs pas conçu par son créateur, Wagner, comme un opéra, mais comme un « festival scénique sacré ». Il faut dire que la charge de « mysticisme sacré » est assez prononcée, avec lance sacrée, blessure incurable sauf par la grâce de dieu –et de la lance sacrée-, héros naïf et égaré –Parsifal, qui sera plus tard le père de Lohengrin, autre héros wagnérien– durant toute une partie de l’histoire, gentil moine-tuteur et méchant magicien ayant renié sa foi, chevaliers de la table ronde et filles-femmes forcément tentatrices  – très « femelles » en réalité, et c’est à peu près leur seule vocation ici-.

La version de ce jour –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, dans un son tout beau tout neuf, par un éditeur spécialiste de la rénovation d’antiques bandes et qui ne fait que cela –cf. extrait 1– date de 1953 ; elle est très vive sans être précipitée et absolument formidable de tension et de magnifiques clairs-obscurs. Ma version préférée –du moment...-, d’autant qu’elle est désormais disponible dans un son satisfaisant.

Tous les grands noms du Neues Bayreuth y sont représentés, chaque rôle, ou presque, est tenu par une légende vivante et les choeurs sont remarquables –cf. extrait 2-. Bref, de quoi passer une belle matinée pour entamer ce week-end de Pâques !

PS. A titre anecdotique, Parsifal est le seul opéra que j’ai vu/entendu quatre fois, dans quatre mises en scène différentes et de qualité très variable…

Après cela, les cloches peuvent s’envoler…

Playlist du week-end : « Seconde chance »

J’ai entamé de bon matin une playlist « seconde chance », qui doit permettre de me faire éventuellement changer d’opinion à propos d’enregistrements que je n’apprécie pas, pour diverses raisons. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

A ce stade de mes écoutes –deuxième album présenté-, je n’ai pas changé d’avis :
Das Rheingold, qui ouvre « Der Ring des Nibelungen », de Wagner, dans la version de Levine, est toujours aussi placide, englué dans des tempos assez lents –même si l’orchestre est fort beau-, et chanté presque sans passion parfois. L’une des deux ou trois versions que j’aime le moins, et mon opinion de ce jour n’a pas évolué !

Elgar, Variations Enigma, Bernstein. Dans la dernière partie de sa vie, Bernstein dirigeait presque tout lentement, voire très lentement, et ce qui pouvait parfois fonctionner dans Mahler –mais, à vrai dire, je ne goûte pas non plus particulièrement ses dernières interprétations de Mahler– ne fonctionne guère dans les variations Enigma, qui en deviennent parfois bruyantes, voire tapageuses. Nimrod –variation 9– est d’ailleurs jouée comme l’adagietto de la cinquième symphonie de Mahler… Les compléments sont aussi lents et tapageurs –cf. extrait-.

A vérifier par ailleurs pour la suite si, comme dans mon souvenir :
le troisième concerto pour piano de Beethoven est interprété de façon glaciale, au piano, dans la version présentée ; l’accompagnement orchestral, au demeurant, est assez moyen dans ma mémoire ;
cette version de la neuvième symphonie est assez peu passionnante tant elle s’étire parfois en longueur -cette version fut pourtant assez largement saluée par la critique au moment de sa sortie-.

Playlist « Un autre jour à l’opéra »

On garde les mêmes conditions qu’en début de semaine –du temps disponible, écouter fort et tout ça…-, et on change de programme ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Au risque de prendre tous les musicographes à rebours, je préfère le Freischütz de Rafael Kubelik –plus vivant et supérieurement chanté– à celui de Carlos Kleiber, pourtant considéré comme une immense réussite, et je me rabats sur « le fils d’Erich » dans une assez originale –mais réussie– version de Tristan und Isolde, qu’il redoutait d’interpréter tant l’ombre de son père était oppressante pour lui dans cette oeuvre.

A nouveau, deux belles journées ! 

Playlist « En semaine à l’opéra »

Disposant d’un peu de temps ces derniers jours après une période de relative disette pour mes oreilles, j’en ai profité pour écouter –en deux jours quand même– deux opéras que j’apprécie tout particulièrement : l’un très sérieux, l’autre beaucoup plus léger –je vous laisse deviner quelle étiquette colle le mieux à quelle oeuvre…-, dans d’excellentes interprétations et bénéficiant de très bonnes conditions techniques : productions luxueuses dès l’origine et remastering très soigné. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les deux albums remontent à l’époque où Karajan était surnommé « Europas General Musikdirektor » et cumulait les  postes les plus enviables à Berlin, Vienne et Milan, multipliant par ailleurs les ventes de disques –enregistrements en 1966 et 1960 respectivement-.

« Die Fledermaus » est proposé ici dans sa version « de gala » –une version longue en quelque sorte, où chaque invité pousse la chansonnette-, avec des invités polyglottes prestigieux et l’intégralité des dialogues, relativement abondants et parfois très drôles –l’opéra est une sorte d’immense quiproquo-.

Cerise sur le gâteau, profitant de ces jours ouvrés –et travaillés par d’autres-, j’ai pu écouter tout cela « un peu fort », plus fort en tout cas que le dimanche, sans déranger le voisinage.
Evidemment, c’est assez jouissif et les oeuvres y gagnent beaucoup ! J’aimerais pouvoir écouter plus souvent à des niveaux sonores –assez nettement– plus conséquents !

Playlist « Aux racines du mal » ;-) !

C’est au cours des années 80, au sortir de l’adolescence, que j’ai commencé à m’intéresser à la musique de Wagner –assurément l’un des plus antipathique personnage de son époque…-, mais j’étais alors trop désargenté pour imaginer m’acheter une intégrale d’un de ses opéras, et je le connaissais essentiellement par quelques extraits de disques issus de la discothèque paternelle, assez peu fournie en la matière…


Mes premiers salaires en poche et après avoir acquis une installation Hi-Fi digne de ce nom, je me lançais enfin dans la découverte des opéras, en commençant par « L’Anneau du Nibelungen », en dépit des divers conseils que l’on m’avait prodigués, à savoir : « Commence par le commencement, c’est à dire « Le vaisseau fantôme » ou « Lohengrin », c’est plus facile d’accès ». –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

N’en faisant qu’à ma tête, je profitais d’une offre promotionnelle via un disquaire allemand pour m’offrir l’intégrale de Karajan dans un coffret de 19 LP en série limitée et économique –inédit en France dans cette présentation semble-t-il, ce qui impliquait un livret en Allemand uniquement- pour la modique somme de 490 francs –soit 148€ de 2022… Qui a dit que les disques étaient chers actuellement, quand on peut avoir de grosses boîtes de 30 à 80 disques pour cette somme désormais ?-.
A cette date, un achat en CD eût été n’envisageable car beaucoup trop cher… Je fus très vite passionné par ce cycle, au point d’en terminer l’écoute en moins d’un week-end et d’en réécouter de très larges passages toute la semaine qui suivit. Cette intégrale reste à mes oreilles la plus belle intégrale de studio, et Siegfried, en particulier, est une merveilleuse réussite orchestrale –et, vocalement, tous les chanteurs y font merveille, en dépit d’un format « léger » par rapport à ceux de la décennie précédente-.

Peu de temps après, j’achetais, toujours en LP, cette belle version de « Tristan und Isolde » dans une série économique –un coffret souple de 5 LP, avec, une fois de plus, un livret en Allemand uniquement-. Deux ans plus tard, je me retrouvais à décortiquer cette oeuvre lors de mes études universitaires -au demeurant, la connaissance que j’en avais au préalable excédait déjà largement les attendus de l’UV « Histoire de la musique » que j’avais retenue par facilité…-.

Enfin, mon premier CD consacré à Wagner fut une compilation consacrée à Hans Knappertsbusch, héros du « neues Bayreuth » et considéré par de très nombreux musicologues / musicographes, selon mes lectures d’alors, comme LE spécialiste de l’interprétation wagnérienne. Sans être déçu, je n’ai jamais  totalement compris cette réputation : c’est évidemment très bien, mais relativement univoque à mon oreille.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Wagner est le deuxième compositeur le mieux représenté de ma discothèque… Mais ce retour aux sources est toujours aussi plaisant !

Des goûts et des couleurs, 4

Wagner – Der Ring des Nibelungen

Cette immense fresque musicale existe désormais dans un nombre incalculable de versions : lorsque je l’ai découverte, en 323 33 tours, au début des années 80, il n’en existait officiellement que quatre ! Le CD a permis la réédition, souvent dans des conditions techniques inespérées au temps du LP, avec, en particulier, l’exhumation d’archives du neues Bayreuthannées 50 et tout début des années 60-.

J’ai choisi de scinder ce « classement », que d’aucuns trouveront évidemment contestable, en deux :

• d’une part, les versions enregistrées en studio, qui ne sont en définitive pas si nombreuses, et correspondent à des productions luxueuses que les éditeurs n’ont sans doute plus les moyens de financer de nos jours, les ventes étant trop limitées pour amortir un investissement conséquent ! Toutes bénéficient d’un grand confort sonore, toutes pâtissent d’un engagement évidemment moins grand au studio qu’à la scène et malgré certaines incontestables réussites, il y manquera toujours un grain de folie et d’urgence. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. J’aime énormément les deux premières citées, et très peu la dernière. Mais, évidemment, cette appréciation est tout-à-fait personnelle, et certains raffolent de cette dernière version.

• d’autre part, les versions live. Parmi celles-ci, les versions du neues Bayreuth figurent en bonne place : question de distribution, d’abord, mais également de chefs qui savent tendre l’arc sur la durée d’un cycle et développer un sens de la narration épique qu’on ne trouvera pas toujours plus tard, malgré quelques « pains » présents dans toutes ces versions.
Les conditions techniques y sont généralement meilleures qu’espérées, grâce aux apports du numérique pour la remastérisation de documents anciens et quasiment toutes bénéficient d’un confort d’écoute suffisant pour en profiter, sauf les versions Knappertbusch 1957, au son relativement mat et étouffé, qui reste plus difficile, et celle de Kempe / Covent Garden, dont les bandes sont très abîmées et « insauvables ». Les deux versions les plus récentes enregistrées à Bayreuth —Boulez et Barenboim– souffrent à mon avis beaucoup, au moins à l’écoute des CD, de la comparaison avec leurs devancières, mais sont en revanche de très investies scéniquement et il vaut mieux les voir en DCD ou Blu-ray. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

And my winner is : Clemens Krauss, Bayreuth 1953. Ce n’est pas tout-à-fait une surprise, il fait partie de mes disques pour l’île idéale !

Playlist « Voyage dans le temps »

Un voyage wagnérien dans le temps : voici ce que me propose la playlist de ce jour, en compagnie de celui qui est généralement considéré comme le plus grand Heldentenor –ténor héroïque– wagnérien, et qui connut une carrière prodigieusement longue, étalée sur près de 50 ans, durant lesquels il chanta les plus lourds rôles du répertoire un nombre incalculable de fois, et toujours très bien entouré : c’est l’histoire de ce qu’il est parfois convenu d’appeler l’âge d’or du chant wagnérien ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Lauritz Melchior était un géant dans tous les sens du terme : la taille, d’abord, la voix ensuite : outre sa longévité exceptionnelle –il interpréta (de fort belle manière) le rôle de Siegmund, dans la Walkyrie, à 70 ans pour fêter son anniversaire– une longueur de souffle et une puissance hors du commun, un timbre magnifique… –cf. extrait vidéo ci-dessous : le même rôle, en 1940, où il étire les points d’orgue à l’infini-.
Une telle voix ne se trouve plus de nos jours, mais, de la même manière, elle apparaîtrait sans doute en total décalage avec les exigences des maisons d’opéra actuelles, où les chanteurs doivent également être des acteurs –ce qui était beaucoup moins le cas dans les années 30 et 40, époque de son absolue gloire, où les mises en scène étaient beaucoup plus statiques-.
Les enregistrements compilés dans ce coffret copieux mais à la ligne éditoriale nulle –au sens premier du terme…– le montrent ici au début de sa carrière de ténor, dans les années 20, jusqu’à ce témoignage-anniversaire de 1960, et le son en est assez variable : cela va du « vieux précaire assez bien restauré » au très convenable pour les documents les plus récents.

Mais en terme de vocalité pure et de chant, tous ces témoignages demeurent exceptionnels et piocher dans ce coffret est totalement jouissif !

Playlist « Un dimanche sonore à l’opéra »

Petit plaisir coupable ce matin : une écoute à niveau sonore confortable, porte et fenêtres bien évidemment closes, de ce monument de l’histoire enregistrée : « Das Rheingold », prologue la saga de l’Anneau du Nibelung, de Richard Wagner, dans la version de Georg Solti, parue en 1958 chez Decca. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

La sortie de ce coffret fit grand bruit à l’époque : premier « Ring » conçu pour le disque et bénéficiant du savoir-faire des techniciens de Decca et d’un producteur talentueux, cet enregistrement permettait à toute une génération de discophiles de découvrir Wagner dans les meilleures conditions techniques possible. Même selon les standards actuels, la prise de son reste de grande qualité et l’ensemble a plus vieilli artistiquement que techniquement.
Le concept élaboré par le producteur John Culshaw était de faire entrer le spectacle –réduit à ses composantes sonores– dans un salon, en s’appuyant sur les possibilités de la stéréo naissante et autres artifices technologiques, et, de ce point de vue, c’e’st en effet une vraie réussite !

Nonobstant, l’orchestre privilégie l’épique à l’intime, tout cela est bel et bien très sonore –presque trop parfois…– et les chanteurs sont tous excellents et le plus souvent habitués de longue date de leurs rôles. Certes, l’engagement sonore prend régulièrement le pas sur l’engagement dramatique, mais, dans le cadre d’une écoute domestique dans d’excellentes conditions techniques et sans les aléas du « live », cette approche monumentale reste en définitive l’une des approches les mieux venues.

Contre toute attente, la vente de ces coffrets fut l’un des plus grands succès commerciaux de l’édition musicale classique, sous une forme ou une autre –LP, cassettes, CD-. L’offre la plus intéressante se présente dans un sobre coffret -cliquer sur l’imagette de droite- : un magnifique remastering, très supérieur aux précédents, proposé à prix relativement doux. Il est devenu de bon ton, aujourd’hui, de déprécier ce Ring, qui est pourtant l’un des jalons fondamentaux de toute discothèque qui se respecte !

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