Playlist « Détente pour les oreilles – 3 »

Troisième et dernier détour vers l’opérette française, dans cette mini-série dont les épisodes précédents sont accessibles ici et . L’opérette du jour –en réalité un opéra-bouffe– fut composée en 1864 par Jacques Offenbach, sans doute le plus célèbre et prolifique compositeur de ce genre en France, et c’est aussi l’une de ses plus célèbres et populaires : il s’agit de « La Belle Hélène » et, croyez-le ou non, ce double-album constitua mon premier achat d’une oeuvre lyrique en CD, au tout début de l’année 1985, et je me souviens d’avoir beaucoup ri lors de sa découverte ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

L’argument, parodique, est inspiré, de très loin, par les origines de la guerre de Troie, immortalisée par Homère, et l’enlèvement de l’épouse du roi de Sparte, Ménélas, Hélène par Pâris, prince troyen protégé d’Aphrodite.
Le livret, d’Henri Meilhac et de Ludovic Halévy, est drôle, riche de verve et d’esprit, la musique d’Offenbach est pleine d’entrain et d’une grande inventivité mélodique et une orchestration extrêmement habile et toujours agréable. L’oeuvre constitue également une critique à peine voilée de la frivolité des moeurs parisiennes du IIIème Empire, ce qui lui valut des modifications imposées par la commission de censure avant sa sortie. Une chronique relativement détaillée de l’oeuvre et des conditions de sa création est à lire ici, elle est plutôt bien faite.

La version de ce jour, enregistrée 1984, fut unanimement saluée par la presse spécialisée à sa parution, malgré la diction perfectible des deux protagonistes principaux, Hélène et Pâris –ils sont essentiellement moins à l’aise que leurs partenaires français lors des moments de dialogue-, sans que cela nuise à l’excellence globale de cette belle production.

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Playlist « Pot-Pourri rare et brillant »

La playlist du jour est composée sans queue ni tête de disques que je n’écoute que très occasionnellement, et tirés du « plus gros coffret  de l’histoire de la musique enregistrée », à cette date en tout cas. Je vous avais présenté ce coffret en son temps. Les deux premiers disques font partie des tout premiers enregistrements réalisés par Karajan à Berlin sous le label Deutsche Grammophon, avec lequel le chef –et non l’orchestre-, fort des chiffres de vente très élevés réalisés avec le Philharmonia Orchestra pour EMI, signa un contrat des plus faramineux.
Avant de s’attaquer à des pièces plus substantielles –même si le premier disque pour signer son retour sous étiquette jaune était consacré à Richard Strauss-, le chef autrichien rajeunit progressivement et considérablement l’orchestre, pour le remodeler à sa main en enregistrant des pièces populaires marqués par le rythme : danses et suites de ballets, mais aussi quelques pages plus brillantes comme dans l’excellent album Liszt présenté très récemment.
L’autre rareté, à peine plus tardive, est consacrée à des intermèdes orchestraux extraits d’opéras de compositeurs très variés : un ensemble hétéroclite, assez plaisant mais d’intérêt inégal, dont le chef avait le secret.
S’ils ne sont pas inintéressants et qu’ils donnent tous à entendre un orchestre qui brille de mille feux, des albums ne constituent pas le coeur de mon répertoire et je ne les écoute que très rarement. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.


• Johannes Brahms – Danses hongroises ; • Anton Dvorak – Danses slaves
Orch. Philharmonique de Berlin – 1959 ***

• Leo Delibes – Coppelia, suite de ballet ; • Frédéric Chopin : Les Sylphides, arr. Roy Douglas
Orch. Philharmonique de Berlin – 1961 *** (** pour Chopin)

• Verdi, Mascagni, Puccini… – Opera Intermezzi
Orch. Philharmonique de Berlin – 1967 ***

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Playlist « Concerts pirates mais officiels tardivement… »

Réchauffons quelque peu l’air ambiant subitement rafraîchi des deux derniers jours –et vaguement neigeux : le ciel est annonciateur ce matin !– avec quelques albums enregistrés en live, aptes à enflammer l’atmosphère, mais dont la parution « officielle » est très postérieure à l’événement.
Le contenu de ces albums fut plus ou moins disponible « sous le manteau » d’assez longue date et bien avant que des éditeurs un peu plus sérieux ne rendent ces disques plus facilement et plus officiellement accessibles –la disponibilité de l’album de Bob Dylan & Mick Taylor reste cependant assez aléatoire à ce jour-. Ces trois disques bénéficient désormais de conditions techniques acceptables –voire très convenables pour celui consacré à The Specials, qui provient de bandes enregistrées par la BBC pour des émissions télé/radiodiffusées– et s’avèrent, chacun dans son genre, très satisfaisants.
Vous aurez évidemment deviné que la première date mentionnée est celle des concerts enregistrés, la seconde indiquant la date de parution de l’album… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

 

• AC/DC – Live From Atlantic Studios, November 1977 – 1997 ****
• Bob Dylan ft. Mick Taylor – Live In Rome, June 1984 – 2017 ****
• The Specials – The BBC Sessions 1979/83 – 1998 *****

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Playlist « Grand seigneur romantique »

Faite de frasques amoureuses et de repentir religieux, marquée par des engagements sociaux et patriotiques d’une grande générosité, la vie mouvementée de Franz Liszt est archétypique de l’image que l’on pourrait se faire du musicien romantique.
Sa biographie dans l’excellent « La vie de Liszt est un roman », du grand dramaturge hongrois Zsolt Harsányi, d’une lecture agréable, permet de découvrir un musicien éminemment sympathique, qui fut aussi le plus grand pianiste de son temps et un compositeur inventif –c’est lui qui « inventa » notamment le poème symphonique– et talentueux, voire génial à l’occasion.
Compositeur prolifique, Les oeuvres de Liszt oeuvres ont parfois été éclipsées par ses talents de virtuose et d’interprète, statut pour lequel il était reconnu dans toute l’Europe. Nombre de ses compositions les plus célèbres restèrent longtemps ignorées, par le simple fait qu’il fut, pendant longtemps, le seul à pouvoir les interpréter : c’est le cas, notamment, de ses études ou de pièces les plus brillantes pour le piano –leur écoute est parfois épuisante tant il y a de notes…-. Avec le temps, il s’assagit et ses réalisations les plus marquantes sont d’une grande beauté et, parfois, d’une belle intériorité. Par ailleurs, Liszt, dans ses oeuvres orchestrales, intégra de nombreux éléments empruntés au folklore hongrois.

Parmi mes oeuvres préférées du compositeur figurent celles de la playlist du jour. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Mazeppa – Fantaisie hongroise – Rhapsodies hongroises n°4 & 5
Shura Cherkassky, piano – Orch. philharmonique de Berlin, Herbert von Karajan – 1961 *****

A l’instar de Tchaïkovsky, Liszt fait partie des compositeurs qui ont toujours réussi à Herbert von Karajan. Le chef autrichien enregistra finalement assez peu de pièces orchestrales du compositeur, mais ce disque, le troisième qu’il mit en boîte pour la firme Deutsche Grammophon, en 1961, est absolument somptueux, notamment pour Mazeppa, épique dans cette version, et pour une Fantaisie hongroise remarquable de puissance, de couleurs et d’engagement à l’orchestre, mais aussi de virtuosité enflammée de la part de Sura Cherkassy, formidable pianiste souvent un peu fantasque, ici pleinement dans son répertoire ! Un très grand disque, bénéficiant d’une superbe prise de son de surcroît !

• Sonate en si mineur
Emil Gilels, piano – 1970 *****

Cette sonate, oeuvre de la maturité du compositeur dédicacée à Robert Schumann, est la seule que Liszt composa, lui qui écrivit énormément pour son instrument de prédilection, et à toutes les époques de son abondante production. C’est l’une des très grandes sonates pour le piano composées après celles de Beethoven, et l’une des plus populaires finalement, bien quelle ne soit pas si facile d’accès : d’une durée d’une trentaine de minutes, elle est d’une grande difficulté pour l’interprète et ne comporte aucun programme explicite, même si certains ont voulu en donner des explications littéraires, à l’instar de ses poèmes symphoniques. La légende dit que Brahms s’endormit à son audition et que Clara Schumann détestait l’oeuvre, n’y pouvant que des bruits incohérents. Nonobstant cette appréciation, cette sonate est devenu l’une des oeuvres les plus enregistrées de Liszt. La version du jour est proprement magistrale !

• Concertos pour piano n°1 & 2
Samson François, piano – Philharmonia Orchestra, Constantin Silvestri – 1961 ***

Cet album fait partie de l’un des cinq tout premiers disques qui amorcèrent ma discothèque enfantine ! Je pense qu’avant mes dix ans, le disque devait tomber en rondelles, tant j’ai écouté le second concerto pour piano, en un seul mouvement découpé en six parties, qui état l’une de mes oeuvres favorites à cette époque ! Le premier concerto est nettement plus virtuose et de forme plus conventionnelle, et, avec le temps, j’ai appris à l’apprécier presqu’autant que le second. La réécoute de cette version me laisse un peu sur ma faim désormais : j’en connais de bien plus abouties que celle-ci désormais.

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Playlist « Détente pour les oreilles – 2 »

Suite de ma mini-série consacrée au petit monde de l’opérette française –1er épisode à lire ici-, avec, aujourd’hui, « L’auberge du Cheval Blanc », qui est en réalité l’adaptation en Français d’une opérette allemande de Ralph Benatzky.
L’opérette, en trois actes, a été composée en 1930, son adaptation française –livret de Lucien Besnard, dramaturge, et de René Dorin, chansonnier célèbre en son temps-, dès 1932, connut un succès fulgurant, qui perdure, mais avec une ampleur moindre et dans des mises en scène moins démonstratives –au moins en France-, au 21ème siècle. « L’auberge du Cheval Blanc » a également connu de multiples versions cinématographiques.

La version du jour, enregistrée en 1962 par un chef spécialiste du genre qui avait déjà enregistré l’oeuvre une première fois dans les années 50, donne à entendre Bourvil dans le rôle principal –Léopold, le maître d’hôtel de l’auberge-. Dès sa création française, les principaux rôles étaient tenus par des chanteurs-acteurs, comme Fernand Charpin, venus du monde du music-hall : les dialogues parlés sont nombreux et les « airs » sont parfois assez proches des chansons de cabaret qui ne nécessitent pas nécessairement de grandes voix lyriques. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Au final, c’est léger, sans prétention et agréable à écouter !

Pour retrouver l’argument de l’oeuvre –tout en quiproquos et en fausses pistes– et en savoir un peu plus, vous pouvez vous rendre ici, la chronique est assez peu dense mais suffisamment informative, et le résumé de l’opérette est bien fait.

Playlist « Neuvièmes en série »

Trois « neuvièmes symphonies » composent la playlist de ce jour, dont deux ont eu leur statut de « neuvième » arrêté assez tardivement : celle de Schubert, dite aussi « La Grande », fut successivement numérotée n°7 –longtemps-, puis n°8 dans le Catalogue Deutsch –quand l’actuelle « Inachevée », désormais n°8, était numérotée n°5…-, avant de trouver sa numérotation –définitive ?– de n°9 ; celle de Dvorak, la très célèbre « Symphonie du Nouveau monde », elle fut créée du vivant du compositeur comme sa symphonie n°5, et publiée comme telle avant de devenir sa symphonie n°9, dans sa numérotation révisée à la fin des années 50 ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Franz Schubert -Symphonie n°9 « La Grande »
Orchestre philharmonique de Berlin, Karl Böhm – 1963 ***

Cette symphonie est assez longue pour son époque, puisqu’elle dure pas loin d’une heure –les autres symphonies du compositeur sont plutôt d’un format mozartien-, et le matériau ne justifie pas, à mon avis, cette durée… L’oeuvre fut créée par Felix Mendelssohn plus de dix ans après la mort de Schubert, et ne rencontra qu’un succès modéré –et les railleries des musiciens de l’orchestre-, bien que Schumann en loue les « divines longueurs », que, personnellement, je ne trouve pas si divines que ça… La version de « Herr Professor Doktor » Karl Böhm -« Karli sac de patates » qui n’a jamais dirigé une note de musique de sa vie, selon la fielleuse appréciation de son collègue Celididache, qui n’aimait que lui-même…-, parut dans le cadre de son intégrale des symphonies de Schubert qu’il enregistra entre 1963 et 1971. Je ne dispose de cette intégrale que parce qu’elle fait partie d’un coffret anthologie consacré au chef d’orchestre, mais je n’écoute que très rarement ce corpus symphonique schubertien, que je ne goûte guère –à part l’Inachevée-.

• Antonin Dvořák – Symphonie n°9 « Du nouveau monde »
Orchestre RIAS Berlin, Ferenc Fricsay – 1953 *****

A contrario de celle de Schubert, la « Symphonie du nouveau monde  » de Dvořák recueillit, dès sa création, une approbation unanime et demeure l’une des oeuvres les plus populaires de la musique classique, à tel point qu’elle fait partie des document sonores envoyés dans l’espace –mission Apollo 11-. C’est aussi l’une des oeuvres les plus enregistrées –plusieurs centaines de références discographiques à ce jour…-, les premiers enregistrements remontent à la fin du 19è siècle et suivent de très peu sa création, en 1893. Ferenc Fricsay enregistra cette symphonie deux fois, en 1953 puis en 1959. Les deux versions sont excellentes –la première est plus vive, la seconde, par un chef déjà très malade et émacié, plus décantée et lyrique– et s’inscrivent très haut dans la discographie de cette symphonie.

« Ferenc Fricsay était l’un des très grands chefs européens, alliant à une technique supérieurement élaborée de la direction d’orchestre et à une discipline de fer, une sensibilité très aiguë et un sens profond des valeurs humaines ». (J.Longchamp, chronique nécrologique, Le Monde, 22 février 1963).

• Dmitri Shostakovich – Symphonie n°9
Orchestre philharmonique d’Oslo, Mariss Jansons – 1991 ****

La neuvième symphonie de Shostakovich est la dernière des « trois symphonies de guerre », et la moins grandiose et spectaculaire des trois. Elle fut créée en novembre 1945 à Leningrad et nécessite un orchestre de moindre taille que celui des deux symphonies précédentes. Staline voulait une oeuvre grandiose dans le style de la neuvième symphonie de Beethoven, pour marquer la fin de la guerre, mais Shostakovich composa cette courte et relativement légère symphonie en cinq mouvements, provoquant la colère du « petit père du peuple » : l’oeuvre fut rapidement censurée pour cause de « faiblesse idéologique », puis officiellement bannie en 1948, et jusqu’en 1955 -il existait, en URSS, une assez longue liste d’oeuvres bannies, publiée par le Glavrepertkom –comité de censure-. Très bonne version de Mariss Jansons, enregistrée entre 1991 et 2005 dans le cadre d’une intégrale mobilisant plusieurs orchestres : ici, le remarquable philharmonique d’Oslo à son meilleur !

L’extrait proposé provient d’une autre version tout aussi remarquable, voire plus : je n’ai pas encore numérisé l’intégrale de Mariss Jansons.

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Playlist « Détente pour les oreilles – 1 »

Cette relativement courte playlist entame une petite série qui me permettra de détendre mes oreilles dans la joie et la bonne humeur et de me remettre de mes séances lyrique dominicales autrement roboratives, en abordant un volet du répertoire classique que je ne fréquente que très occasionnellement : le monde de l’opérette française, monde qui m’est en réalité assez méconnu.

L’opérette du jour, sans doute l’une des plus célèbres de ce répertoire, est « Véronique », d’André Messager, oeuvre fraîche, parfois drôle et toujours légère et légèrement désuète –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– : un vaudeville mis en musique –belle orchestration, légère et pétillante ; mélodies enjouées et faciles à retenir ; dialogues savoureux…-, dont vous pouvez retrouver la trame ici. L’action se déroule à Romainville, près de Paris, durant la Monarchie de Juillet –c’est, peu ou prou, la France des « Enfants du Paradis »-, période à la fois bourgeoise et contrastée, paradoxalement heureuse et mouvementée, qui précéda le 2nd Empire : une époque révolue où les femmes étaient encore décrites en « petite dinde » –ah ! quel outrage– ou en « mignonne grisette », où l’on se rendait au tournebride en calèche et où l’on poussait l’escarpolette !

L’opérette, en trois actes et achevée en 1898, fut très populaire dès sa création et dans la France dans la Belle-Époque, avant d’être peu à peu délaissée –comme à peu près toutes les autres oeuvres de Messager, compositeur bien oublié de nos jours-. Seuls quelques airs demeurent assez populaires, dont le plus célèbre est sans doute celui de l’âne récompensé par du picotin, qui a survécu –l’air, pas l’âne !-…

La version du jour a été enregistrée en 1969 avec les grands noms de l’opérette française de l’époque. Elle me semble tout-à-fait excellente, mais je n’ai guère d’autres points de repère pour cette oeuvre, hors quelques airs pris isolément. Le tout est interprété, dans une diction impeccable, avec conviction et entrain et les dialogues, notamment, sont dits avec espièglerie et s’avèrent assez truculents.

Playlist « Romantique, russe et contrastée »

La playlist du jour est consacrée à Piotr Tchaïkovsky, très célèbre compositeur russe, très romantique et très populaire et apprécié d’un large public, notamment pour ses ballet d’accès très facile. Elle se compose, de manière contrastée, d’une oeuvre hyper-connue et de trois oeuvres beaucoup plus rares. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Symphonies n°1 «Rêves d’hiver»
Symphonie n°2 «Petite Russie»
Symphonie n°3 «Polonaise»
Orchestre philharmonique de Berlin, Herbert Von Karajan – 1979 ***

Des six symphonies de Tchaïkovsky –orthographié « à l’allemande » sur les pochettes des disques de la playlist du jour-, seules les trois dernières sont très populaires et assez massivement enregistrées. Les trois premières, a contrario, n’apparaissent souvent que dans le cadre d’intégrales et beaucoup plus rarement en albums séparés : c’est le également cas pour les deux albums consacrés à ces symphonies, enregistrées lors de la parution de l’intégrale d’Herbert Von Karajan –cliquer sur l’imagette pour la voir en plus grand– sortie en 1979 et sporadiquement apparus de manière isolée.
Le chef autrichien n’enregistra ces trois premières symphonies qu’une unique fois, contrairement aux trois dernières, dont il laissa d’innombrables versions tout au long de sa carrière –jusqu’à 7 versions officielles pour la symphonie n°6 « Pathétique »-. Composées entre 1866 et 1875, leur moindre popularité est justifiée par leurs moindres qualités : c’est de la «bonne musique», toujours très bien orchestrée –le compositeur savait indéniablement faire « sonner » un orchestre-, un rien prosaïque parfois –à mes oreilles au moins– et sans éclair de génie. La deuxième symphonie est celle que j’apprécie le moins. Les trois dernières symphonies sont incomparablement meilleures !

Concerto pour piano n°1
Ivo Pogorelich ; Orch. symph. de Londres, Claudio Abbado – 1986 ****

Des trois concertos pour piano du même compositeur, seul le premier est réellement populaire et constitue un cheval de bataille du répertoire concertant pour les pianistes. Le jeune Ivo Pogorelich, très bien accompagné par Claudio Abbado, ne s’y trompa pas en l’enregistrant dès le début de sa carrière, en 1986 et en délivrant une très bonne version –sans totalement égaler les versions princeps d’Emil Gilels, voire de Martha Argerich, au moins à mes oreilles-, dans de très bonnes conditions techniques. L’oeuvre est brillante, ultra-virtuose et son introduction est archi-célèbre, y compris auprès d’un public non mélomane.

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Playlist « Bons pour l’asile ! »

La playlist de ce jour est consacrée à trois musiciens bons pour l’asile psychiatrique : c’est d’ailleurs là qu’ils ont, chacun, fini leur vie, dans un dénuement social à peu près complet. La musique, sans laquelle la vie serait une erreur selon Friedrich Nietzsche, adoucit les moeurs, mais elle peut aussi rendre fou, semblé-t-il ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Robert Schumann – Symphonie n°4
Orchestre philharmonique de Berlin, Rafael Kubelik – 1963 ****

Robert Schumann mourut à l’asile psychiatrique d’Endenich, près de Bonn, en 1856. Peut-être atteint de neurosyphillis –diagnostic remis en cause de nos jours-, il passa les deux dernières années de sa vie à se laisser mourir à petit feu dans cette institution, dont, malgré l’avis des médecins et de ses amis, sa femme Clara, avec laquelle les relations s’étaient progressivement détériorées, ne voulut jamais qu’il ressorte : elle ne lui rendit visite qu’une seule fois, quelques jours avant le décès du musicien…
De santé très fragile, pianiste et chef d’orchestre raté, il composa, outre son merveilleux corpus pour piano, quatre symphonies dont l’orchestration est souvent jugée maladroite, ou pour le moins manquant de couleurs, mais d’une belle veine mélodique, et dont je préfère très largement la quatrième. Rafael Kubelik enregistra deux intégrales des symphonies de Schumann, au début des années 60, puis au milieu des années 70.

• Friedrich Nietzsche – Musique pour piano
Jeroen van Veen – 2016 ***

Friedrich Nietzsche, sans doute atteint lui aussi de neurosyphillis, végéta durant les onze dernières années de sa vie dans la maison de sa mère, puis de sa soeur, où il mourut, après être passé par les asiles psychiatriques de Bâle puis d’Iéna. Mort-vivant à partir de 1889, il détestait sa soeur, anti-sémite notoire, qui contribua largement à sa récupération par le régime national-socialiste.
Nietzsche, philologue-philosophe qui avait tué dieu et considérait que les Juifs étaient le plus grand peuple de l’histoire, écrivait dans une langue remarquable. Critique musical ami/ennemi de Wagner et qui admirait profondément « Carmen », de Bizet, il composa également quelques très jolies, à défaut d’être géniales, pièces pour piano, fort peu enregistrées.

• Hans Rott – Symphonie n°1 – Suite pour orchestre
Orch. Symph. Radio de Francfort, Paavo Järvi – 2010 *****

 » Un musicien de génie … qui est mort non reconnu et dans le besoin au seuil même de sa carrière. On ne peut pas mesurer ce que la musique a perdu en lui. Telle est la hauteur à laquelle son génie s’élève dans sa symphonie, qu’il a écrite alors qu’il avait 20 ans et qui fait de lui le fondateur de la Nouvelle Symphonie comme je l’envisage « . C’est ainsi que s’exprimait Gustav Mahler au sujet de Hans Rottcliquer sur son unique portrait réalisé de son vivant connu pour le voir en plus grand-, foudroyé à 22 ans par une forme de folie hallucinatoire –il avait notamment menacé un passager avec un revolver lors d’un voyage en train, affirmant que Brahms avait rempli le train de dynamite pour le faire sauter…– et des symptômes maniaco-dépressifs dont il ne se remit jamais et qui contribuèrent à son enfermement en asile psychiatrique à Vienne pour les dernières années de sa courte vie -il est mort à 25 ans-.
Au contraire de Mahler, Brahms n’avait pas apprécié outre mesure l’unique symphonie de Rott, la jugeant à la fois belle et maladroite. Redécouverte dans les années 80, sa publication en CD fit l’effet d’une petite bombe, dont le souffle est assez rapidement retombé. Cette symphonie est en effet à la fois riche en très belles choses, mais passablement décousue. La version de Paavo Järvi est la meilleure que je connaisse de cette oeuvre, plusieurs fois enregistrée depuis sa redécouverte.

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Playlist « Schumann et les Grands Anciens »

Dans cette playlist, quelques pièces pour le piano –l’oeuvre pour piano de Schumann est globalement magnifique et côtoie les plus hauts sommets de la littérature pour l’instrument– sont interprétées par de « Grands Anciens », dont les précieux témoignages sont préservés grâce au disque. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Une notule qui comporte même un extrait !

• Carnaval – Claudio Arrau – 1967 *****

L’anthologie consacrée à Robert Schumann qu’enregistra entre 1967 et 1976 le pianiste chilien Claudio Arrau pour Philips reste, à mon avis, incontournable, et constitue un très bon moyen de découvrir les oeuvres pianistiques du compositeur : tous ces enregistrements furent réunis en un coffret de 7 CD édité à l’origine par Philips, qui offrait régulièrement de très belles prises de son, charnues et profondes, au pianiste, dans le cadre de sa remarquable Arrau Edition, malheureusement indisponible depuis des lustres…

• Waldszenen – Wilhelm Kempff – 1974 ***

A contrario, l’anthologie enregistrée par Wilhelm Kempff à peu près à la même époque pour le label Deutsche Grammophon par Wilhelm Kempff est beaucoup plus inégale. Le pianiste, né dix ans avant Arrau, avait près de 80 ans au moment de sa réalisation, et ses doigts répondent parfois difficilement aux exigences de ces partitioons. Les Waldszenen font partie des pièces les plus réussies –mais les « Études symphoniques », par exemple, sont à éviter-. De très nombreux disques de Wilhelm Kempff souffrent souvent de prises de son assez métalliques et manquant de graves, alors que son éditeur savait réaliser d’excellentes prises de son de piano depuis longtemps…

• Etudes symphoniques – Emil Gilels – 1984 *****

L’enregistrement, live, fut réalisé lors de l’un des tout deniers concerts d’Emil Gilels, en septembre 1984 à Locarno, en Suisse. Les « Études symphoniques » de Schumann constituaient la dernière oeuvre de ce concert, qui comprenaient également quelques sonates pour piano de Scarlatti en entrée, suivies de « Pour elle piano » de Debussy. Gilels enregistra assez peu de Schumann durant sa carrière, mais il y excellait cependant, et ces études symphoniques sont absolument superbes !

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