Playlist « A l’Américaine » – 2. Cleveland – Szell & Fleisher
Continuant sur la lancée de ma tournée des orchestres et artistes américains, je suis arrivé pour cette playlist à Cleveland, où, sous la direction du chef hongrois naturalisé américain George Szell, l’orchestre fit rapidement son entrée dans le cercle très restreint des « Big Five » –les cinq meilleurs orchestres du pays : Boston, Chicago, Cleveland, New York et Philadelphie-. Comme son collègue Fritz Reiner, George Szell, inscrit dans la tradition des « chefs objectifs », était réputé pour son exigence et son intransigeance. Un tyran de la baguette, donc, même s’il semble qu’il ait été d’un caractère un peu moins épouvantable que Fritz Reiner.
Entre 1958 et 1963, il entama une collaboration fructueuse avec le jeune pianiste Leon Fleisher –élève d’Artur Schnabel et vainqueur, comme Emil Gilels, du prestigieux concours de la Reine Élisabeth en 1952-, qui donna lieu à quelques enregistrements de concertos pour piano qui demeurent, aujourd’hui encore, des monuments discographiques, et constituent ce que chacun de ces deux artistes a fait de mieux dans ces oeuvres : Leon Fleisher est un pianiste bien plus assuré que Clifford Curzon pour accompagner Szell dans le premier concerto de Brahms et George Szell est beaucoup moins raide avec son jeune collègue qu’il ne le sera, à la fin de sa vie, avec Emil Gilels.
Les pressages CBS de l’époque, relativement médiocres, surtout pour les LP parus en séries économiques, n’ont jamais rendu justice à la qualité technique très honorable de ces enregistrements ; leur réédition en CD a permis de les redécouvrir dans de bien meilleures conditions. Curieusement, il me semble qu’aucun coffret à petit prix –les jolies rééditions Sony-CBS– n’a jamais réuni l’ensemble des concertos enregistrés par ces artistes, et qui doit représenter en tout et pour tout 7 CD. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
C’est la maladie de Leon Fleisher, atteint très tôt d’une paralysie de la main droite, qui mit malheureusement un terme à cette collaboration : le pianiste dut alors se résoudre à l’enseignement et, partiellement rétabli, ne fit son come-back qu’au détour des années 2000, mais sa carrière était déjà derrière lui.