Voyage en noir et blanc à travers la Finlande
J’entame cette semaine un long périple en noir et blanc à travers la Finlande : je découvre la grande majorité des oeuvres pour piano de Jean Sibelius –je n’en connaissais qu’une petite partie– !
Les plus anciens lecteurs de ce blog savent qu’il s’agit de l’un de mes compositeurs de prédilection, essentiellement connu pour ses symphonies telluriques et son magnifique concerto pour violon, un peu moins pour la majorité de ses poèmes symphoniques ou sa musique de scène, et quasiment laissé pour compte pour ce qui concerne tout le reste de sa production : musique de chambre, musique vocale et, donc, musique pour piano qui m’intéresse ici.
J’ai eu la chance de trouver ces deux petits coffrets dans un bac à solde en Allemagne : en France, ils restent chers et sont difficiles à trouver en magasin. Ils font partie d’une entreprise éditoriale très ambitieuse.
L’ensemble de la musique pour piano de Sibelius tient donc sur 10 CD très bien remplis –ah oui quand même !-, et, dans la présente édition, l’exhaustivité est de rigueur : le moindre fragment de thème a été enregistré dans le cadre de cette intégrale copieuse. Ainsi, le premier CD –77 plages !!!– est de peu d’intérêt, puisqu’il faudra se contenter généralement de morceaux de thèmes ou d’ébauches d’idées d’une dizaine de secondes, notés ici ou là à titre mémoriel, mais aussi de pièces d’étude pas forcément très intéressantes. Mais la démarche de présenter tout le corpus pianistique de manière strictement chronologique permet cependant de suivre l’évolution du compositeur, passant de l’aimable producteur de musique de salon, inspiré par Schubert, Brahms et Tchaikovsky avec une pincée de Grieg pour le caractère nordique, au grand compositeur en quête de nouvelles recherches harmoniques –les dernières oeuvres, aux circonvolutions harmoniques étranges et belles, peuvent donner une idée de ce qu’aurait pu être sa huitième symphonie-, sur un instrument qui n’était pas son préféré -Sibelius était d’abord et avant tout violoniste-.
Je l’ai dépiauté très rapidement, sans m’attarder à ce stade. Les dernières oeuvres semblent, à mes oreilles, nettement plus attirantes et bien plus développées : transcriptions de quelques-unes de ses oeuvres pour orchestre, une sorte de traduction en noir et blanc de ses poèmes symphoniques si colorés; pages inspirées du répertoire folklorique; pièces de genre de plus grande ampleur –sans jamais atteindre à une durée très longue cependant-… Quant au pianiste Folke Gräsbeck, il est lui des coordonateurs de cette édition intégrale et réputé pour sa parfaite connaissance de l’oeuvre de Sibelius –il a par ailleurs eu le privilège d’enregistrer un album consacré à Sibelius et enregistré sur le piano et dans la maison du compositeur à Ainola– : je ne devrais pas être déçu, et, quoi qu’il en soit, les points de comparaison sont inexistants, ou excessivement rares et pas toujours facilement accessibles !
Bref, c’est toujours très agréable à écouter et rarement génial, mais l’inspiration mélodique et harmonique du compositeur semble infinie. Deux jolis coffrets à déguster patiemment, avec de nombreuses surprises en perspective ! Et un joli extrait pour que vous puissiez en profiter !