Insolite…
Il n’y a qu’une mouette
Sur la tête à Mariette !
En cette veille de départ en vacances, et tout en terminant de préparer mes bagages –un iPad rempli de musique et de lecture, son chargeur ; mon appareil photo ; et c’est à peu près tout...- j’écoute un peu fort cette jolie brochette de guitaristes, composée de deux remarquables bluesmen, dont l’un excellait de surcroît à la slide-guitar, et d’un « faiseur de bruits » certes virtuose mais que je n’écoute quasiment jamais tant il m’épuise : j’ai beau essayer de l’apprécier depuis plus de quarante ans, rien n’y fait…
Cerise sur le gâteau, l’album de Stevie Ray Vaughan est superbement enregistré ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Trois albums comportant des oeuvres du premier tiers du vingtième siècle composent cette playlist, beaucoup plus variée qu’il n’y paraît cependant, puisqu’elle oscille entre les facilités » de Kurt Weill, les préceptes théoriques de la seconde école de Vienne –Schönberg / Berg / Webern– et une oeuvre descriptive devenue populaire d’un compositeur anglais -Holst-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
On retrouve donc, dans des versions inspirées, bien enregistrées et dans l’ordre d’écoute :
• Kurt Weill – Dreigroschenmusik : 1928
• Kurt Weill – Mahagonny Songspiel : 1927
• Schönberg – 5 pièces pour orchestre op. 16 : 1909
• Webern – 5 pièces pour orchestre op. 10 : 1911-1913
• Berg – 3 pièces pour orchestre op. 6 : 1913-1914
• Berg – Lulu Suite : 1934
• Holst – The Planets : 1914-1917
La règle de ce défi, entamé tôt dans l’année et qui se trouve désormais à mi-chemin dans son accomplissement, est simple et rappelée ici. -Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Cette septième étape constitue un tournant dans la vie et les productions du groupe, avec l’intronisation de Ronnie Wood –if he could-, guitariste des Faces, à la place de Mick Taylor pour épauler Keith Richards, encore en pilotage automatique pour deux ans et tenant à peine debout.
Le live à Los Angeles de 1975 est l’un des tout premiers concerts où il apparaît : de nombreuses dents grincèrent devant ses solos, très en-deçà du niveau de qualité de ceux de son prédécesseur, même s’il est très compétent à la slide-guitar –bottleneck au majeur et non à l’auriculaire– et qu’il fait le show à grands coups de pitreries. Ce concert, disponible depuis l’ouverture des archives du groupe, est très supérieur à l’officiel « Love You Live », enregistré principalement à Paris en 1976, à l’horrible pochette signée Andy Warhol et au contenu plutôt cacophonique –Keith Richards avait appris le décès de son fils, encore presque bébé, le jour-même, et était chargé comme une mule-.
Quant à Black And Blue, sorti en 1976, c’est un disque étrange et attachant, sans véritable unité stylistique. Il reflète la recherche du groupe d’un guitariste pouvant succéder à Mick Taylor, et l’on entend ainsi Harvey Mandel –ex Bluesbreakers ; ex-Canned Heat– ou Wayne Perkins –excellent guitariste dont l’unique défaut était de ne pas être Anglais-, parmi une liste de successeur où les noms d’Eric Clapton, Jeff Beck ou Rory Gallagher furent cités.
Entre quelques activités estivales : promenades sous le soleil entre deux épisodes orageux, visite de la déchèterie voisine pour désencombrer un peu tous les cartons que j’avais mis de côté ces dernières semaines –commander en ligne et se faire livrer, c’est pratique mais les cartons vides finissent par prendre de la place…-, premiers préparatifs pour nos futures vacances –c’est vite fait pour ce qui me concerne, je ne suis pas du genre à remplir la voiture, TheCookingCat s’en charge très bien toute seule !-, je me consacre à cette très jolie playlist que j’ai offerte à mes oreilles ce jour : « Astrid Varnay chante Wagner », au travers trois albums originaux –réédités en deux CD en 1988 dans l’excellente série Dokumente, aujourd’hui disparue– qu’elle enregistra entre 1954 et 1957, au faîte de sa gloire donc, pour le label Deutsche Grammophon. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Astrid Varnay, née le 25 avril 1918 à Stockholm et décédée le 4 septembre 2006 à Munich, était une soprano de renom aux doubles nationalités suédoise et américaine, célèbre en particulier pour ses interprétations des opéras de Richard Wagner. Issue d’une famille de musiciens d’origine hongroise réfugiés en Suède durant la première guerre mondiale, sa mère, Maria Javor, était une chanteuse d’opéra –soprano coloratura-, et son père, Alexander Varnay, un ténor dramatique. Astrid Varnay passa ensuite une partie de son enfance en Argentine avant de s’installer aux États-Unis avec sa famille, où son père mourut en 1924.
Dès son jeune âge, Astrid Varnay fut exposée à la musique et à l’opéra. Elle entama des études de piano puis se tourna vers le chant, prenant d’abord des leçons de sa mère, puis de la célèbre soprano Lotte Lehmann –une Sieglinde pour l’éternité-. Cette dernière joua un rôle crucial dans le développement de sa carrière : en effet, la percée soudaine d’Astrid Varnay survint en 1941 à l’âge de 23 ans lorsqu’elle remplaça Lotte Lehmann dans le rôle de Sieglinde dans « Die Walküre » au Metropolitan Opera de New York. Cette performance inattendue et triomphale, la veille du bombardement japonais sur Pearl Harbour, a marqué le début d’une carrière impressionnante qui s’étendra sur plus de quatre décennies.
Après la seconde guerre mondiale, Astrid Varnay s’établit essentiellement en Allemagne, à Munich. En 1951, elle se lança le rôle de Brünnhilde dans le cycle complet du Ring à Bayreuth, remplaçant la célèbre soprano Kirsten Flagstad, qui l’avait recommandée à Wieland Wagner. Cette performance a solidifié sa réputation comme une Brünnhilde de premier plan, un rôle qu’elle continuerait à interpréter régulièrement à Bayreuth –où elle se produisit sans interruption pendant les 17 ans qui suivirent– et dans les autres grandes maisons d’opéra du monde.
Ainsi, Astrid Varnay a rapidement gagna sa réputation en tant que l’une des sopranos wagnériennes les plus importantes de son époque. Son registre vocal puissant et son talent d’actrice ont fait d’elle une interprète recherchée pour des rôles exigeants comme Brünnhilde dans « Der Ring des Nibelungen », Isolde dans « Tristan und Isolde », Ortrud dans « Lohengrin » et Kundry dans « Parsifal ». Outre Wagner, elle a également excellé dans des rôles de soprano dramatique dans des opéras de Strauss, Verdi et Puccini –mais il n’en reste que peu de témoignages– qui la firent parfois surnommer la « Callas allemande ». L’une des caractéristiques distinctives de la carrière de Varnay était sa capacité à endosser des rôles majeurs avec peu de préparation.
Après le milieu des années 50, son investissement dans ces rôles très lourds laissa des traces indéniables sur sa voix : vibrato marqué, justesse approximative avec une tendance à attaquer les notes par le bas, relâchement de la diction, mais ses incarnations très « ça passe ou ça casse » demeurent attachantes et son investissement dans les personnages ne faiblit pas. Dans les années 1960, Varnay commença à élargir son répertoire pour inclure des rôles de mezzo-soprano, tels que Klytämnestra dans Elektra de Strauss et la mère dans Hänsel und Gretel de Humperdinck. Cette transition a permis à Varnay de prolonger sa carrière avec ses interprétations nuancées et passionnées.
Au cours de sa carrière, Varnay a travaillé avec certains des chefs d’orchestre les plus éminents de son époque : Wilhelm Furtwängler, Arturo Toscanini et Herbert von Karajan. Elle a également partagé la scène avec d’autres grands chanteurs, parmi lesquels Lauritz Melchior, Wolfgang Windgassen et Hans Hotter. Son interprétation des héroïnes wagnériennes était marquée par une intensité dramatique et une endurance vocale remarquables, lui permettant de se distinguer dans des rôles exigeants physiquement et émotionnellement, dont de très nombreux enregistrements « pirates » désormais régulièrement publiés gardent la trace, dans des conditions techniques plutôt décentes : en effet, sa discographie officielle est relativement réduite, mais de on dispose de tous les « Ring » de Bayreuth entre 1951 et 1958, sous la baguette des « 4 K » Karajan, Krauss, Keilberth et Knapperstbusch, ainsi que de ses apparitions dans les rôles d’Ortrud –où elle était géniale et méchante à souhait– ou de Senta : dans tous ces rôles, elle a marqué l’histoire du Neues Bayreuth par sa voix puissante et son talent dramatique qui en faisaient des incarnations exceptionnelles.
Mes vacances commencent cette semaine, et j’en profite pour écouter un certain nombre d’oeuvres qui ne font généralement pas partie de mon « répertoire de base ». Ainsi, la playlist de ce jour expose Pierre Fournier, souvent surnommé « l’aristocrate du violoncelle » par ses pairs, qui était notamment réputé pour son bras droit –celui qui tient l’archet– exceptionnel, au travers de quatre concertos célèbres –Dvorak, Elgar, Saint-Saëns et Lalo– complétés par deux pièces d’une grande intensité. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
A vrai dire, le concerto d’Elgar, assez abondamment présent au sein de ma discothèque –c’est une oeuvre que j’adore– et les deux pièces de complément sont, à mes oreilles, les « morceaux de choix » de cette playlist.
J’aime moins le concerto de Dvorak et ceux de Saint-Saëns et de Lalo sont, à mes oreilles au moins, assez anecdotiques sans être déplaisants, et je ne les écoute presque jamais, sauf au détour d’une éventuelle playlist anthologie consacrée à un artiste, comme celle-ci, qui est aussi l’occasion de redécouvertes.
Fin de saison ! En ce jour de fête nationale, voici mon dernier dimanche à l’opéra pour cette saison lyrique avant notre prochain départ en vacances ! Aujourd’hui, un très bel album qui me fera retomber un peu en enfance, quand je dévorais les contes des frères Grimm, dont est issu le présent livret, rédigé par la soeur du compositeur, Adelheid Wette, qui réorganise l’histoire bien connue –des enfants, leurs parents, une sorcière, la forêt et beaucoup de pain d’épices !– en trois actes. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
• Acte 1 : Hänsel und Gretel, deux enfants d’une famille pauvre, sont laissés seuls à la maison, à l’orée de la forêt. Leur mère, Gertrud, exaspérée par leur manque de travail, les envoie chercher des fraises dans la forêt. Leur père, Peter, un vendeur de balais –dans conte de Grimm, c’est un bûcheron-, rentre chez eux joyeux car il a fait de bonnes ventes. Cependant, il s’inquiète en apprenant que les enfants sont dans la forêt, car elle est habitée par une sorcière maléfique qui attire les enfants avec des friandises pour les dévorer.
• Acte 2 : Hänsel und Gretel cueillent des fraises mais se perdent dans la forêt. Effrayés et fatigués, ils s’endorment. Ils sont protégés par un chœur d’anges bienveillants, invoqués par le Marchand de sable et la Rosée, les esprits de la forêt. Les enfants passent une nuit paisible sous la garde de ces esprits.
•Acte 3 : Au matin, Hänsel et Gretel découvrent une maison en pain d’épices. Affamés, ils commencent à en manger. La sorcière sort de la maison et les capture. Elle enferme Hänsel dans une cage pour le gaver et le manger plus tard, tandis qu’elle force Gretel à l’aider. Grâce à leur ruse et leur courage, Gretel réussit à tromper la sorcière et à la pousser dans son propre four. La sorcière est vaincue et la maison se transforme, révélant les autres enfants qu’elle avait ensorcelés. Les parents de Hänsel et Gretel arrivent et retrouvent leurs enfants sains et saufs. Tous les enfants libérés expriment leur gratitude et la famille est réunie dans la joie et la gratitude. Le conte se termine sur une note d’espoir et de bonheur, célébrant le triomphe de l’innocence et de la bravoure sur le mal.
« Hänsel und Gretel » est présenté par Engelbert Humperdinck –cliquer sur son portrait pour le voir en plus grand– comme « un opéra féerique en trois actes ».
L’œuvre, du fait de son argument et de ses héros enfantins, est souvent décrite comme un opéra pour enfants, bien que sa complexité musicale attire également les mélomanes les plus sérieux ! L’opéra est réputé pour sa riche orchestration et son utilisation de leitmotivs. Il est fortement influencé par Richard Wagner, avec qui Humperdinck a travaillé pendant deux ans –1880-81– en tant qu’assistant. Les mélodies sont inspirées des chansons populaires allemandes, ce qui les rend accessibles et facilement mémorisables par des enfants, sans pour autant tomber dans la facilité. Les éléments magiques sont accentués par des instruments spécifiques et des effets orchestraux, comme l’utilisation de la célesta pour créer une ambiance enchantée : à cet égard, la fin du deuxième acte est une magnifique réussite et comporte notamment l’air très célèbre « Abends will ich schlafen gehn ».
Engelbert Humperdinck utilise une combinaison de styles harmoniques et de timbres pour créer une atmosphère féerique et parfois sombre. Hänsel und Gretel explore des thèmes aussi variés que la pauvreté, la faim, le courage, l’amour familial, et la lutte entre le bien et le mal. La musique et le livret capturent l’innocence et l’aventure des enfants, tout en intégrant des éléments de tension -les enfants se trouvent en danger- avant le triomphe final : destiné à des enfants élevés sous le régime bismarckien, la fin est hautement morale, évidemment !
Hänsel (mezzo-soprano) et Gretel (soprano) sont les protagonistes principaux, représentant l’innocence et la bravoure des enfants. La sorcière (mezzo-soprano ou ténor travesti) est l’antagoniste, caractérisée par une musique sinistre et captivante. Les parents (baryton pour le père et mezzo-soprano pour la mère) jouent des rôles importants, reflétant la réalité de la pauvreté et de la lutte quotidienne. Les personnages magiques, comme le Marchand de sable et la Rosée, ajoutent une dimension féerique à l’opéra.
Les personnages principaux sont remarquablement incarnés dans la version de ce jour –les deux enfants, la géniale sorcière de Christa Ludwig, et, dans une moindre mesure Gertrud-, enregistrée en 1971 et où Dietrich Fischer-Dieskau trouve, à mes oreilles, son meilleur rôle dans celui du père –mais j’ai toujours eu du mal à apprécier cet immense artiste, à l’expressivité trop précieuse à mon goût-. Quant à la direction d’orchestre, elle absolument est superbe, jouant à fond le jeu du merveilleux féérique. Kurt Eichhorn n’est pas le plus célèbre des chefs d’orchestre, et il signe sans doute ici son meilleur disque, qui a fait toute sa réputation.
Créé en 1893 sous la direction de Richard Strauss, Hänsel und Gretel connut un succès immédiat et reste, aujourd’hui encore, un classique régulièrement joué dans de nombreuses maison d’opéra. Il a également été enregistré, souvent avec réussite, par les plus grands chefs au sein d’une discographie dont le présent album est l’un des sommets.