Playlist « Baignade estivale nocturne »
… Mes nuits sans dormir, histoire sans fin… « Voir le jour se lever est plus utile que d’entendre la Symphonie Pastorale » avait écrit Claude Debussy, dans un jugement lapidaire à propos de la sixième symphonie de Beethoven. Mais, après avoir écrit « La mer », il révisa profondément son jugement, considérant qu’elle constituait « l’un des meilleurs modèles de mécanique expressive : ce Beethoven, quel génie ! ».
Faute de voir la mer cet été –ça sera plutôt tout à la fin de l’été ou en automne cette année– la playlist de ce jour propose trois versions anciennes de « La mer », ces trois esquisses symphoniques pour orchestre, achevées en 1905, essentiellement descriptives –1. De l’aube à midi sur la mer ; 2. Jeux de vague ; 3. Dialogue du vent et de la mer-, à l’instar de la symphonie pastorale…
L’oeuvre, à sa création, fut mal reçue, le critique du journal Le Temps, Pierre Lalo, écrivant notamment : « Je n’entends pas, je ne vois pas, je ne sens pas la mer », et un autre critique parisien remarqua que en parlant des auditeurs présents « … Ils ont été servis avec de l’eau agitée dans une soucoupe ». Aux États-Unis, les premières réactions ne furent pas plus favorables : « … l’océan du compositeur est un étang à grenouilles, dont certaines étaient entrées dans la gorge des cuivres ». Mais, par la suite, l’oeuvre rencontra un beau succès, tant au concert qu’au disque –c’est assurément l’oeuvre la plus enregistrée du compositeur-.
J’ai mis longtemps à accrocher à ce compositeur et à cette oeuvre, que j’apprécie énormément désormais et qui est très bien représentée dans ma discothèque. Les trois albums de cette playlist nocturne constituent chacun d’excellentes propositions à plus d’un titre, et les compléments sont tous de belle qualité également. Eu égard à leur époque respective, les prises de son s’avèrent très bonnes, ce qui est essentiel dan cette oeuvre. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
• Arturo Toscanini – BBC Symphony Orchestra – 1935 *****
A mes oreilles, la meilleure version du chef italien, et notamment parce qu’il dispose d’un orchestre qui semble beaucoup plus souple que son orchestre de la NBC à New York, et bénéficie d’une prise de son moins mate que celles réalisées pour lui par RCA.
• Herbert Von Karajan – Philharmonia Orchestra – 1954 *****
La première version du chef autrichien, qui enregistra l’oeuvre au moins quatre fois, à Londres, Berlin ou Paris, et toujours avec succès. Le chef propose déjà une version superbement hédoniste de l’oeuvre et à cette date, le Philharmonia Orchestra était sans doute l’un des deux ou trois meilleurs orchestres d’Europe.
• Paul Paray – Detroit Symphony Orchestra – 1955 *****
Très belle version transparente et détaillée, claire et rapide, totalement dégraissée, malgré un orchestre aux qualités un peu inférieures aux deux précédents -les timbres ne peuvent rivaliser avec ceux du Philharmonia, par exemple- : une superbe antithèse à la version de Karajan !