Dimanche à l’opéra – Debussy, Pelléas et Mélisande

Le retour de la rentrée et de ses incontournables marronniers marque également l’ouverture de la saison à l’opéra. A l’Opéra National du Rhin, traditionnellement, la première oeuvre proposée est un opéra contemporain présenté dans le cadre du festival Musica. J’y suis allé à quelques occasions, les productions sont généralement de qualité mais les oeuvres elles-mêmes sont très inégales.
Pour mon retour à l’opéra, en ce dimanche tout-à-fait estival, j’ai donc déposé sur ma platine une oeuvre que j’écoute rarement, « Pelléas et Mélisande« , de Claude Debussy, dans la version d’Herbert Von Karajan, qu’il enregistra pour EMI en 1978. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Argument.
L’opéra se passe à une date indéterminée, au royaume d’Allemonde, et l’on ne sait rien du passé des protagonistes de de leur futur, si ce n’est la mort pour les deux rôles-titres. L’oeuvre est divisée en cinq actes, d’une durée totale de trois heures environ. Pelléas est le plus jeune fils du roi d’Allemande, Golaud est son demi-frère plus âgé et Mélisande une jeune femme mystérieuse sans autre forme de détail.
Acte I : Golaud rencontre Mélisande dans une forêt. Elle devient son épouse malgré son mystère. Leur relation est marquée par l’inquiétude et l’incompréhension.
Acte II : Pelléas et Mélisande se rapprochent. Leurs rencontres innocentes cachent une passion naissante.
Acte III : Leur amour devient plus explicite. La scène du puits où Mélisande laisse tomber son anneau est un moment clé, symbolisant la perte de contrôle et l’inévitabilité du destin.
Acte IV : La tension atteint son apogée. Golaud découvre la relation entre Pelléas et Mélisande. La scène finale de cet acte voit Golaud tuer Pelléas dans un accès de jalousie.
Acte V : Mélisande, blessée et mourante, accouche d’une fille. Golaud, rongé par la culpabilité, tente de comprendre ses sentiments et la vérité sur la relation de Mélisande avec Pelléas, mais il est trop tard.

Le livret est tiré d’une pièce de Maurice Maeterlinck -dramaturge belge symboliste– publiée en 1892, qui s’inscrit dans la même ambiance mystérieuse et onirique que l’opéra de Debussy et expose ce triangle amoureux entre Golaud, Pelléas et Mélisande –amour impossible et jalousie, destin, fatalité et incommunicabilité-, à travers des dialogues minimalistes.
Créé en 1902 à l’Opéra-Comique de Paris, l’opéra de Debussy marque une rupture significative avec les conventions de l’opéra romantique, inaugurant une nouvelle ère de musique impressionniste. L’œuvre est célèbre pour son atmosphère mystérieuse, ses harmonies innovantes, et son exploration des thèmes de l’amour, de la fatalité, et de l’incommunicabilité. Debussy, fasciné par l’esthétique symboliste et désireux de s’éloigner des formes opératiques traditionnelles -et notamment Richard Wagner-, décide d’adapter la pièce en un opéra. Son approche musicale cherche à capturer l’essence de l’œuvre de Maeterlinck, avec une musique qui se mêle intimement au texte, créant une atmosphère ambiguë et suggestive.

Innovations et symbolisme
Debussy rompt avec les conventions de l’opéra traditionnel, préférant une structure fluide qui se rapproche davantage du drame musical. Contrairement aux opéras classiques, « Pelléas et Mélisande » n’a pas de séparation nette entre récitatifs et airs. Les dialogues sont chantés de manière continue, avec une prosodie naturelle qui suit les inflexions de la langue française. Cela contribue à la fluidité du drame, où la musique et le texte se fondent en une seule unité expressive. La partition est construite sur des harmonies non résolues et une orchestration subtile qui met l’accent sur les couleurs et les textures sonores plutôt que sur des mélodies linéaires et des cadences traditionnelles. L’harmonie non habituelle et les accords non résolus, qui contribuent à l’atmosphère flottante et insaisissable de l’opéra. L’orchestration de Debussy est raffinée, utilisant souvent des instruments de manière inédite pour créer des effets de timbre et de couleur. Par exemple, les cordes jouent fréquemment en sourdine, et les bois sont utilisés pour créer des sonorités éthérées.
« Pelléas et Mélisande » est un opéra où le symbolisme règne en maître. Chaque élément, qu’il s’agisse des personnages, des objets ou des lieux, est chargé de significations multiples. L’eau est omniprésente dans l’opéra, symbolisant à la fois la vie, la pureté, le mystère, et la mort. Mélisande est associée à l’eau dès le début, lorsqu’elle est découverte près d’une fontaine, et la mer joue un rôle important dans le destin des personnages.
Le contraste entre la lumière et l’obscurité est un autre motif récurrent, symbolisant la dualité de la vérité et du mensonge, de l’amour et de la haine, de la vie et de la mort. La cécité du roi Arkel est un symbole de l’incapacité à voir ou comprendre la vérité.
L’un des symboles les plus marquants est celui des longs cheveux de Mélisande, qui sont à la fois un objet de désir et un instrument de tragédie. Lors de la scène emblématique où Mélisande laisse ses cheveux pendre par la fenêtre, ceux-ci deviennent une métaphore de l’enchevêtrement des destins des personnages.

À sa création, « Pelléas et Mélisande » divise le public et la critique. L’opéra, lors de sa représentation générale,  est victime d’un « chahut » organisé par Maeterlink lui-même, qui souhaitait que sa maîtresse, Georgette Leblanc, la soeur de Maurice, interprète le rôle de Mélisande, finalement attribué à Mary Garden –cliquer sur l’image de droite pour la voir en plus grand-. Certains sont déconcertés par l’absence de grandes arias et la nature insaisissable de l’œuvre, tandis que d’autres louent l’innovation et la beauté de la musique. Avec le temps, « Pelléas et Mélisande » est devenu une œuvre emblématique du répertoire lyrique, saluée pour son avant-gardisme et sa profonde expressivité.
Il s’agit d’une œuvre d’art totale où la musique, le texte, et la mise en scène se fondent en une seule entité poétique. Opéra préféré d’Herbert Von Karajan, le chef en offre une version plus onirique que la plupart de ses congénères, pendant de son « Parsifal » presque contemporain. L’orchestre y tient une place principale, dans une prise de son légèrement réverbérée qui ajoute à l’ambiance éthérée dispensée par des cordes somptueuses. Les chanteurs sont au moins adéquats à défaut d’être tous géniaux, et chantent dans un Français acceptable et compréhensible. C’est une très belle version, qui fut largement saluée par la critique à sa parution et reste une version princeps de l’oeuvre.

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Playlist « Vous avez demandé la police »

En cette journée caniculaire –34° quand même et pas le plus petit souffle de vent-, la playlist de ce jour est tout-à-fait rafraîchissante et c’est toujours un vrai plaisir –pour mes oreilles au moins– de retrouver la batterie hyper-dynamique, tonique et vivifiante de Stewart Copeland et des compositions qui ont marqué leur époque, déjà un peu lointaine, et connu un succès assez considérable en leur temps… -cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

A travers une écoute dans l’ordre des trois premiers albums du groupe, parus entre 1978 et 1980, il est plaisant de suivre l’évolution créative du groupe, du post punk originel vers des horizons reggae ou une new wave plus élaborée et aux accents presque jazzy parfois : on y trouve une belle collection de chansons rapidement passées à la postérité.
La reformation du groupe, le temps d’une tournée triomphale, en 2008, avait confirmé leur succès considérable à l’échelle de la planète.

289, nombre magique d’actualité…

Oiseau rare ou mouton à cinq pattes ? Peu importe en réalité. Les données du problème se posent désormais ainsi : on recherche un premier ministre qui réussira à ne pas avoir de majorité constituéesoit 289 députés, nombre magique de la période…– pour voter une motion de censure destinée à renverser son gouvernement, puisqu’il est impossible d’en trouver un capable de réunir le même nombre de députés capables de le soutenir…

Réponse dans les 289  jours qui viennent :mrgreen:  ?

Playlist « Cette année-là. 2014 »

Henry Purcell – A Purcell Collection – VOCES 8•Les Inventions
The Real Kids – Shake… Outta Control
Stravinsky – Le sacre du printemps (version 2 pianos) – Alice Sara Ott, Francesco Tristano
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

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Une histoire de la critique musicale

L’Université de Cambridge, réputé pour être l’une des meilleures au monde, voire la meilleure –selon les différents types de classements adoptés-, publie depuis 2002 une très riche « Histoire de la musique » à vocation encyclopédique, en plusieurs ouvrages thématiques relativement lourds et volumineux, écrits par des auteurs reconnus comme des sommités dans leurs domaines respectifs, et qui paraissent au rythme d’un volume par an environ. Le dernier volume paru, à ce jour, a été publié en 2019.
A l’occasion de mon départ en retraite, quelques-uns de ces volumes m’ont été offerts –la liste complète de cette collection est présentée dans l’imagette de droite, que vous pouvez agrandir-.

Celui que je vous présente aujourd’hui propose une histoire de la critique musicale dans le monde occidental depuis l’époque médiévale jusqu’à nos jours, et s’avère d’une lecture quelque peu aride –même si j’ai l’habitude de lire en Anglais– mais absolument passionnante : comment étaient perçus, en leur époque, des musiciens aujourd’hui célèbres, et qu’écrivaient les musicographes au sujet de leurs oeuvres ? –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

De longues heures de lecture devant moi –mais désormais, j’aurai tout mon temps…-, pour voyager ans le temps et dans l’espace, au rythme de la subjectivité des uns et des autres !

Playlist « Défi des 10 ans » – 8

Huitième épisode déjà de cette saga débutée avec l’année, et dont le principe vous est rappelé ici. Il est largement temps de m’y remettre, sous peine d’écouter avant la fin de l’année dans mon entreprise ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les albums de ce jour, qui l’inaugurent une série de pochettes presque toutes assez moches, ne sont pas mes préférés du groupe, loin de là, mais « Some Girls » connut un succès phénoménal à sa sortie, porté, notamment, par le single « Miss You », composition de Mick Jagger uniquement, même si elle est signée, comme toujours, Jagger- Richards. La ligne de basse de Bill Wyman est excellente et tombe magnifiquement bien sous les doigts !
Le live au Texas, témoignage de la tournée qui suivit, est super énergétique, la section rythmique assure à fond. Le concert existe également en version DVD.

Quant à « Emotional Ressue », il essaie, notamment à travers sa chanson éponyme, de reprendre un peu la même formule, mais avec moins de réussite dans l’ensemble : il s’avère très inégal et le meilleur morceau de l’album est un blues superbe : « Down In The Hole », l’un de leurs meilleurs titres de la décennie 80’s à mon avis…

Playlist « Je prépare ma retraite ! »

Il y a quelques temps, je vous annonçais que j’avais été couvert de cadeaux lors des nombreux « pots de départ » organisés ici et là pour marquer mon entrée dans la vie oisive. Parmi ceux-ci, deux coffrets relativement volumineux passent ce jour entre mes oreilles. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ces deux coffrets, à la jolie ligne éditoriale, sont archi-complets et abondés de quelques enregistrements historiques, dont certains, très anciens, réalisés par Ravel himself. Le livret de présentation du coffret Debussy est également très intéressant, d’autant qu’il s’agit d’un compositeur que je connais très mal.
Evidemment, je n’épuiserai pas tant de trésors en une seule journée –ni même en une seule semaine-, au risque de l’épuisement et du rejet, d’autant que ces albums contiennent l’intégralité des « chansons » de leurs auteurs respectifs, qui sont d’une digestion plutôt difficile quand on est, comme moi, assez hermétique à la mise en musique de poèmes relativement obscurs. Mieux vaut donc les déguster à petites bouchées !
Pour la playlist de ce jour, ce sont les albums consacrés aux oeuvres pour piano à quatre mains ou pour deux pianos qui sont à l’honneur, avec notamment des transcriptions de « La mer » ou du « Prélude à l’après-midi d’un faune » –ici-, deux compositions dont je ne soupçonnais même pas qu’elles existaient pour le piano !

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Playlist franco-française en Amérique

Le drôle de titre de cette notice s’explique ainsi : la playlist de ce jour est constitué d’oeuvres de compositeurs français, interprétées par des chefs français qui s’exilèrent aux États-Unis , où ils eurent la charge de quelques-uns des meilleurs orchestres locaux de l’époque : Boston pour Charles Munch, Chicago pour Pierre Monteux et Detroit pour Paul Paray.
Boston et Chicago faisaient partie des « Big Five » –Boston, Chicago, Cleveland, New York et Philadelphie– , Detroit était dans la même excellente catégorie que l’orchestre de Pittsburgh de William Steinberg, qui avaient peu à envier, au moins à cette époque, à leurs prestigieux aînés. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ces orchestres, façonnés par de remarquables chefs dès le début du 20ème siècle –Toscanini, Ormandy, Stokowski, puis un peu plus tard Szell ou Reiner…– et qui n’avaient pas été décimés par la seconde guerre mondiale, étaient formidables et pouvaient facilement concurrencer les meilleurs orchestres européens.
Les trois chefs français, qui bâtirent l’essentiel de leur réputation Outre-Atlantique, ont tous eu la chance de bénéficier des ingénieurs du son de RCA, qui, de la fin des années 50 au milieu des années 60, produisit quelques-uns des tout meilleurs enregistrement des débuts de l’ère de la stéréophonie. Ces trois albums font partie de ce magnifique héritage, et sont tous excellents.

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