Playlist « L’autre grand K »

« Carlos Kleiber est un génie qui ne dirige que quand son frigo est vide… » : ainsi s’exprimait Herbert von Karajan sur son cadet. Les deux chefs se vouaient une admiration réciproque, puisque Carlos Kleiber affirmait que pour étudier et comprendre une partition, la meilleure voie était d’assister à une répétition du vieux maestro –ce qu’il fit à maintes reprises-.
Fils du célèbre chef d’orchestre Erich Kleiber et quelque peu écrasé par l’ombre tutélaire de son père, Carlos, né en exil en Argentine pendant la seconde guerre mondiale, a bâti sa légende malgré –ou à cause ? – le nombre de concerts qu’il annula et un répertoire remarquablement limité à quelques oeuvres qu’il approfondit tout au long de sa vie.

La playlist de ce jour est donc consacrée à l’intégrale des enregistrements symphoniques de Carlos Kleiber réalisés pour la firme Deutsche Grammophon, et tient en exactement quatre CD, assez chichement remplis qui plus est ! Les légendes tiennent à peu de choses ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Les autres disques sont consacrés à quatre intégrales d’opéras enregistrées, elles aussi, en studio et viennent compléter le legs de ses enregistrements officiels pour la firme allemande, qui lui bâtit des ponts d’or pour ces maigres témoignages –quantitativement parlant-.

Carlos Kleiber, c’est une souplesse de battue et une élégance inouïes, et une ligne claire qui apporte beaucoup de lisibilité et de dynamisme aux oeuvres qu’il dirigeait. Les répétitions se passaient dans une certaine détente, et le chef, plutôt affable et courtois, s’appuyait sur des anecdotes imagées très curieuses pour illustrer ses exigences. Il prétendait ne pas aimer diriger, préférant, de son propre aveu, les bonheurs simples de la vie : « Je veux cultiver dans un jardin, je veux avoir le soleil, je veux manger et boire et dormir et faire l’amour, et c’est tout. »

Playlist « le CD n°10 »

Aujourd’hui, pour constituer ma playlist, j’ai pioché le CD n°10 dans quelques-uns des coffrets de rééditions que les éditeurs posent depuis quelques années à prix bradés, et qui contiennent très souvent de vrais trésors, le plus souvent dans de très bonnes conditions soniques ! Ce qui me vaut une playlist très variée et des plus agréables ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

De grandes oeuvres, par de grands artistes ! Et comme j’ai entamé cette playlist à une heure assez avancée de la matinée, je peux même l’écouter « un peu fort » !

Un expérience à rééditer, donc…

Playlist aristocratique et marmoréenne

La biographie d’Otto Klemperer, chef d’orchestre né en 1885, se lit comme un catalogue médical ! Il fut non seulement atteint d’un nombre considérable de déboires physiques –méningite, tumeur au cerveau, fractures diverses, qui le clouèrent dans un fauteuil à la fin de sa vie, brûlures au troisième degré…-, mais son comportement maniaco-dépressif en faisait, de surcroît, un homme peu sociable et à l’humour sarcastique.
Géant de près de deux mètres, fumeur de pipe invétéré, il dirigeait avec ses poings, un visage fermé et peu expressif –du fait d’une paralysie faciale– mais une réelle autorité.

Son été indien avec le Philharmonia Orchestra, à partir de 1954 et jusqu’à sa « retraite » en 1971, après des années d’errance entre l’Europe et l’Amérique, nous vaut pourtant des disques de très grande qualité pour peu que l’on se plie à ses choix artistiques : grande lisibilité des lignes mais sans guère de couleurs, sens de l’architecture, tempos se ralentissant de plus en plus… Des lectures « sérieuses », d’un détachement aristocratique et marmoréennes. La playlist de ce jour est donc consacrée à quelques-unes des « grandes oeuvres » du répertoire dans les versions relativement tardives qu’il proposa avec cet orchestre, et qui s’avèrent très différents d’enregistrement réalisés antérieurement. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ce sont toujours de très bonnes versions, qui n’ont que très rarement quitté le catalogue, généralement très bien enregistrées à l’aune des standards de l’époque et remarquablement rééditées –cliquer sur l’imagette de droite pour la voir en plus grand et découvrir l’ensemble de cette belle collection– : EMI/Warner a en effet compilé, en une douzaine de coffrets thématiques comprenant de riches informations biographiques et artistiques, l’essentiel de son répertoire avec le Philharmonia ou le New Philharmonia, dont il fut le chef attitré après le départ de Karajan pour Berlin. A la différence de nombreux chefs de sa génération oeuvrant en Europe, Klemperer, disciple et ami de Gustav Mahler, se voulait un chef objectif, partisan de la « Neue Sachligkeit » –Nouvelle objectivité-.

Personnellement, j’aime beaucoup !

Playlist « Tyrans sur le podium »

Le podium, c’est l’espace plus ou moins grand -et haut…- sur lequel est posé le chef d’orchestre, et qui lui permet de s’élever au-dessus de la plèbe des musiciens d’orchestre, parfois pour mieux les maltraiter !

La playlist de ce jour est consacré à trois des plus terribles tyrans de la direction d’orchestre au 20ème siècle –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Au demeurant, chacun de ces disques est un grand classique méritant de figurer dans toute discothèque qui se respecte, et ce qu’on y entend est tout-à-fait excellent !

Mais, comme chacun sait, « chien qui aboie ne mord pas », et la petite vidéo ci-après, malgré les cris enragés du chef italien Arturo Toscanini –le plus célèbre, le plus demandé et le mieux payé de tous les chefs d’orchestre d’avant la seconde guerre mondiale-, ne doit pas cacher que les musiciens de son orchestre le vénéraient et l’appréciaient profondément –même les contrebassistes ! -.
Evidemment, un tel comportement ne serait plus imaginable de nos jours…

BTHVN2020 – Playlist « Trésors intemporels »

Le confinement prolongé et le week-end pascal sont propices à la poursuite de l’exploration de mon fond de discothèque…
Depuis ce matin, ce sont les symphonies de Beethoven –sources de redécouvertes permanentes et dont l’attrait me semble inépuisable…– qui sont à l’honneur, au travers d’interprétations relativement anciennes, et qui me change quelque peu de la relative déception de ma dernière découverte –cf. à lire ici-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Versions toutes fort justement célèbre et généralement saluées comme de remarquables versions de ces oeuvres, même si la Cinquième de Karajan fut massacrée par la presse spécialisée naissante en France au moment de sa sortie –opinion complètement révisée par la suite-, mais encensée partout dans le monde pour son énergie juvénile et la virtuosité du jeu d’orchestre –et pourtant, au sortir de la seconde guerre mondiale, Vienne n’était pas le plus virtuose des orchestres ! Cf. extrait ci-dessous-.

De même, la Septième avec le même orchestre et le même chef est formellement, instumentalement et soniquement remarquable, même si elle n’est pas la plus engagée –endiablée– de cet interprète dont il existe pas moins de six versions rien en disque, sans compter les vidéos…

André Cluytens, chef belge naturalisé français, est le premier chef à avoir enregistré l’intégrale des symphonies de Beethoven avec l’orchestre philharmonique de Berlin, très peu de temps avant Karajan, mais son intégrale a moins marqué les esprits : la Sixième en est sans doute la plus belle réussite, lumineuse et très chantante. 

Quant à la Troisième par le chef allemand Erich Kleiber, réfugié sur le continent américain durant la guerre, elle se situe vers les sommets des enregistrements de cette oeuvre à cette époque prolifique où chaque éditeur reconstruisant un catalogue pour les mélomanes : il eut la chance de bénéficier de tout le savoir-faire de Decca en matière de qualité sonore et propose une interprétation magistrale de cette superbe symphonie !

Playlist « Du traditionnel au HIP »

Petite playlist inspirée par un commentaire laissé à l’occasion de la notule précédente : ma discothèque est pleine de versions de la très fameuse « Water Music » de Handel, dont je raffole au grand désespoir de TheCookingCat, qui ne supporte pas ce qu’elle appelle « ta moche musique avec des cors de chasse-à-courre » !

Avec l’illustre « Messiah », il s’agit vraisemblablement de l’oeuvre la plus enregistrée de Georg-Frideric Handel, musicien anglais d’adoption et exact contemporain de Bach. D’aucuns préfèrent le second, j’ai moi-même un petit penchant pour le premier.

Les versions traditionnelles écoutées sont, pour la plupart, enregistrées dans l’arrangement que fit de cette oeuvre le compositeur et chef d’orchestre Hamilton Harty, réalisé au début des années 1930, et qui n’en reprennent que des extraits mis bout à bout sans grande cohérence. Longtemps, les plus chefs d’orchestre n’en jouèrent que cette version, destinés à un orchestre symphonique « moderne ». –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand et sur le premier extrait pour écouter à quoi ce que ça donne-.

Avec l’attrait grandissant, au cours des années 60, pour s’orienter vers un retour à une tradition interprétative dégraissée et plus proche des canons de l’époque de leur création –émergence du courant dit « Des Baroqueux » -, on commença à voir apparaître des versions plus complètes, réorganisées en fonction de la tonalité des différents mouvements de l’oeuvre et jouées à effectifs plus réduits. Il s’agit désormais d’un nouveau standard bien établi depuis les années 70, même si, là encore, on constate une évolution interprétative. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand et sur les extraits pour en juger par vous-même-.

Enfin, j’ai dans ma discothèque, qui compte quelques bizarreries, cette vraie curiosité : l’orchestre philharmonique de Berlin, dont le chef titulaire était alors –nous sommes en 1951– Wilhelm Furtwängler , dirigé ici par le chef allemand Fritz Lehmann, qui se pose ici en visionnaire ! –Cliquer sur l’extrait proposé pour le vérifier : c’est édifiant eu égard à l’orchestre et aux standard de l’époque ! -.

On constate bien, aussi, à travers ce dernier extrait, que le diapason des orchestres symphoniques « traditionnels » est plus élevé que dans les versions HIP communément répandues de nos jours : la double est bouclée avec ma notule précédente !

Le plus grand coffret de l’histoire de la musique

Je vous parlais l’autre jour du drôle d’état du marché du disque en France, de ce que j’ai pu en constater dans les boutiques physiques dans lesquelles je me rends parfois –ce qui devient assez rare, je le reconnais aisément-. C’est vrai également pour les boutiques en ligne, qui proposent régulièrement des tarifs plus élevés que les boutiques en ligne à l’étranger : en l’occurence, c’est en Italie, en Espagne et en Allemagne que l’on peut faire les meilleures affaires chez les marchands en ligne –même s’il convient d’appliquer des frais de port, généralement peu élevés eu égard à la différence de prix, souvent 15% à 30% moins chers-. En Angleterre, il convient de tenir compte du taux de conversion €/£ et de frais de port plus élevés, l’offre est immense mais pas toujours avantageuse.

Dans la notule précédente, je vous indiquais que je vous parlerais d’un achat effectué récemment, pour me consoler de n’avoir pas acheter la platine vinyle de mes rêves. C’est donc en Italie que j’ai trouvé ce magnifique coffret, le plus grand coffret de l’histoire de la musique enregistrée paraît-il –c’est eux qui le disent, et, au moins au sein de ma discothèque, cela se vérifie-. 

Quasiment 30% moins cher –frais de port inclus– qu’en France, donc, et, après avoir revendu à gauche et à droite –et parfois donné– l’ensemble des CD que j’avais déjà dans les mêmes versions, mais éparpillés un peu partout dans ma discothèque, quasiment gratuit… Curieusement –les voies de la vente en ligne sont parfois impénétrables…-, le coffret, acheté dans le magasin en ligne italien, a été expédié depuis une boutique française, arrivant chez moi en deux petits jours ! Vive l’Europe, donc !

Très bel objet, au demeurant, numéroté à la main : mon exemplaire est le numéro 506 / 2500. Il semble que 30 ans après sa mort, Karajan reste l’un des plus gros vendeurs de l’éditeur jaune, avec encore environ 10% des ventes de la firme, alors que la majorité des artistes décédés meurent également discographiquement le jour de leur décès, de l’aveu même du responsable de Deutsche Grammophon.
Le coffret couvre plus de cinquante ans de l’histoire de la musique enregistrée, et se trouve complété de documents filmés dont certains sont très intéressants et d’un livre anglais-allemand-japonais un peu hagiographique mais très richement illustré.

La remastérisation effectuée est exceptionnelle, tant pour les enregistrements analogiques, y compris les plus anciens de la fin des années 30, lors de l’émergence du « Wander-Karajan », que sur les premiers enregistrements numériques, qui gagnent largement en confort sonore –spatialisation, aération du haut-médium, dynamique…– par rapport aux premières éditions originales.
De même, la qualité des reproductions des pochettes d’origine est remarquable, même s’il faut quasiment une loupe pour déchiffrer les textes originaux publiés au dos des jaquettes…

Quant au contenu musical, peu de choses m’étaient inconnues, et, selon l’idée que l’on se fait du chef, on appréciera, ou non… Et, quoi qu’il en soit, tout cela est généralement trop connu pour en faire une analyse détaillée –94 compositeurs différents sont abordés, sur près de quatre siècles de musique classique-. Pour ma part, j’aime beaucoup grand nombre des versions proposées, et me délecte avec plaisir de ce très beau musée sonore.

Richard Strauss et les 3 K

En écoutant cette magnifique playlist consacrée à Richard Strauss par celui qui fut sans doute son plus grand interprète au 20ème siècle, je me disais que Richard Strauss avait eu beaucoup de chance avec les chefs d’orchestre dont le patronyme commençait par la lettre K. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Outre Karajan, donc, qui connut personnellement Richard Strauss –les deux hommes s’admiraient mutuellement-, les deux autres grands chefs straussiens furent en effet Clemens Krauss –lui aussi grand ami du compositeur– et Rudolf Kempe, qui, tous deux, signèrent de très beaux disques consacrés au compositeur –le premier d’une classe folle, le second d’une clarté de ligne exemplaire-.

Quoi qu’il en soit, ces quatre albums, enregistrés entre 1959 et 1974, sont du meilleur Karajan dans des oeuvres qui comptent parmi les plus belles du compositeur. L’orchestre philharmonique de Berlin brille de tous ses feux et le chef ose un parti-pris de beauté sonore engagée comme jamais, qui sied parfaitement à ces oeuvres superbement écrite pour le très grand orchestre. Ils furent justement célébrés à leur parution et continuent à susciter de nombreux commentaires élogieux. Dans leur dernière édition remastérisée, ils s’avèrent, de surcroît, splendides !

Playlist « Balade nordique »

L’éditeur jaune, qui n’en finit pas de recycler son fond de catalogue, propose actuellement à prix très doux des portraits d’artistes dans une nouvelle collection « Conductors & Orchestras » –généralement des chefs d’orchestre attachés plus ou moins longtemps à un orchestre, avec lequel is ont enregistré une partie de leur répertoire-, et selon une cohérence thématique qui n’est pas toujours évidente. La ligne éditoriale est plutôt chouette : pochettes d’origine, prises de son généralement de très bonne qualité…

Celui consacré au grand chef estonien –désormais naturalisé américainNeeme JÄRVI, qui dirigea l’orchestre symphonique de Götenborg –très belle ville qui vaut largement une visite en été– pendant un peu plus de 20 ans, est entièrement consacré à des musiciens venus du grand nord : Danemark, Norvège , Suède, Finlande. A ce titre, c’est sans doute le plus cohérent de cette série. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

On y trouve des chevaux de bataille du répertoire –Grieg et Sibelius, notamment– dans d’excellentes versions, et d’autres oeuvres d’envergure de compositeurs moins connues –dont d’excellentes symphonies du danois Carl Nielsen, notamment-. A tout petit prix, c’est l’occasion également de réaliser de belles découvertes. Ainsi, je n’avais quasiment rien de Carl Stenhammar, par exemple : sa deuxième symphonie mérite un grand coup d’oreille !

Une jolie promenade musicale à travers ces magnifiques contrées !

Playlist fantasque -mais pas tant que ça, finalement-

Le point commun à la playlist du jour, c’est le chef d’orchestre italien Giuseppe Sinopoli -pour en savoir plus, cliquer ici et -, à la baguette pour chacune des oeuvres écoutées. Décédé dans la force de l’âge et dans l’exercice de ses fonctions en 2001, il vint assez tard à la direction d’orchestre, mais pas à la musique, puisqu’il commença à composer très tôt. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Complètement atypique dans le paysage musical –il était notamment diplômé en anthropologie criminelle…-, sa carrière discographique fut météorique et marquée par quelques disques souvent très controversés pour leur caractère idiosyncrasique fortement marqué : généralement, les gens aiment sans réserve ou détestent cordialement. Pour ma part, je m’inscris-sans réserve- dans le premier camp, et quasiment chaque disque qu’il a enregistré et qui trône dans ma discothèque constitue, au pire, une très bonne version de complément, pour, justement, aborder l’oeuvre sous un autre angle.

Je l’ai découvert il y a longtemps par l’achat de son tout premier disque enregistré avec le Philharmonia Orchestra, à la tête duquel il venait d’être nommé, et qui faisait partie de mes tout premiers achats de CD –Mendelssohn, Symphonie n°4 « Italienne + Schubert, Symphonie n°8 « Inachevée » : un album vers lequel je reviens toujours avec beaucoup de plaisir-. –Cliquer sur l’imagette de droite pour la voir en plus grand, et sur l’extrait ci-dessous de la playlist ci-dessus !-.
Parmi tous ses enregistrements, réalisés sur une période assez brève, j’aime beaucoup son intégrale des symphonies de Mahler, très personnelle et subjective, ainsi que tous ses enregistrements du compositeur anglais Elgar –même les Anglais en raffolent !-, des symphonies de Bruckner,  des deux Richard –Strauss et Wagner-, mais aussi ses remarquables albums consacrés à la « Seconde école de Vienne », qui s’inscrivent parmi les sommets de la discographie de ces oeuvres.