Je me reconstitue progressivement une petite collection de LP et je retombe en adolescence ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
L’un de mes cousins me disait, pas plus tard qu’hier : « C’est quand même dommage quand on pense que tu avais une platine de grande qualité et une si belle collection… ».
Certes, mais même si j’avais gardé tout cela, j’aurais malgré tout été coincé pour écouter des disques, parce qu’on ne retrouve absolument plus de courroie pour cette excellente platine !
Décembre déjà bien entamé, et l’occasion de dresser un rapide bilan des coups de coeur rencontrés cette année ;ors de mes achats de CD de musique classique. Maigre bilan, en vérité, étant donnée l’assez petit nombre d’achats effectués en 2022… Aux crises sanitaire, énergétique, inflationniste… s’ajoute celle du marché du disque classique ! Quant à la base de données qui me sert à enregistrer mes achats, elle n’est plus à jour depuis février 2022, mais je ne désespère pas une sérieuse mise à jour avant la fin de cette année encore !
Dernier achat coup de coeur de l’année : ce magnifique coffret, que je vous avais déjà signalé, consacré au pianiste Friedrich Gulda, si peu connu en France, et pourtant si adulé dans les pays de tradition germanique ou anglo-saxonne. Fin 2021, lors de sa sortie en France, le coffret a recueilli un très mérité « Diapason d’or », quand la réception critique de ses disques lors de leur sortie connut généralement un accueil pour le moins discret et assez peu engageant… Autres temps, autres moeurs !
Plus avant dans l’année, deux autres coffrets un peu volumineux m’ont procuré bien du plaisir –Clemens Krauss et Erich Kleiber– : du grand répertoire suprêmement bien interprété, ce qui est le cas, également, des symphonies de Brahms, fort appréciables dans l’interprétation de William Steinberg –en général, je n’aime guère les symphonies de Brahms…-. Quant au Beethoven de Kurt Sanderling, il m’était déjà bien connu, mais je lui courais après depuis si longtemps que je n’ai pas hésité -un import du Japon- quand j’ai eu l’occasion de me le procurer à la fin de l’été.
Beaux coups de coeur, encore, pour les oeuvres symphoniques de Hindemith part Hindemith, et pour les symphonies de Prokofiev dans cette belle intégrale très bien enregistrée !
C’est au cours des années 80, au sortir de l’adolescence, que j’ai commencé à m’intéresser à la musique de Wagner –assurément l’un des plus antipathique personnage de son époque…-, mais j’étais alors trop désargenté pour imaginer m’acheter une intégrale d’un de ses opéras, et je le connaissais essentiellement par quelques extraits de disques issus de la discothèque paternelle, assez peu fournie en la matière…
Mes premiers salaires en poche et après avoir acquis une installation Hi-Fi digne de ce nom, je me lançais enfin dans la découverte des opéras, en commençant par « L’Anneau du Nibelungen », en dépit des divers conseils que l’on m’avait prodigués, à savoir : « Commence par le commencement, c’est à dire « Le vaisseau fantôme » ou « Lohengrin », c’est plus facile d’accès ». –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
N’en faisant qu’à ma tête, je profitais d’une offre promotionnelle via un disquaire allemand pour m’offrir l’intégrale de Karajan dans un coffret de 19 LP en série limitée et économique –inédit en France dans cette présentation semble-t-il, ce qui impliquait un livret en Allemand uniquement- pour la modique somme de 490 francs –soit 148€ de 2022… Qui a dit que les disques étaient chers actuellement, quand on peut avoir de grosses boîtes de 30 à 80 disques pour cette somme désormais ?-.
A cette date, un achat en CD eût été n’envisageable car beaucoup trop cher… Je fus très vite passionné par ce cycle, au point d’en terminer l’écoute en moins d’un week-end et d’en réécouter de très larges passages toute la semaine qui suivit. Cette intégrale reste à mes oreilles la plus belle intégrale de studio, et Siegfried, en particulier, est une merveilleuse réussite orchestrale –et, vocalement, tous les chanteurs y font merveille, en dépit d’un format « léger » par rapport à ceux de la décennie précédente-.
Peu de temps après, j’achetais, toujours en LP, cette belle version de « Tristan und Isolde » dans une série économique –un coffret souple de 5 LP, avec, une fois de plus, un livret en Allemand uniquement-. Deux ans plus tard, je me retrouvais à décortiquer cette oeuvre lors de mes études universitaires -au demeurant, la connaissance que j’en avais au préalable excédait déjà largement les attendus de l’UV « Histoire de la musique » que j’avais retenue par facilité…-.
Enfin, mon premier CD consacré à Wagner fut une compilation consacrée à Hans Knappertsbusch, héros du « neues Bayreuth » et considéré par de très nombreux musicologues / musicographes, selon mes lectures d’alors, comme LE spécialiste de l’interprétation wagnérienne. Sans être déçu, je n’ai jamais totalement compris cette réputation : c’est évidemment très bien, mais relativement univoque à mon oreille.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Wagner est le deuxième compositeur le mieux représenté de ma discothèque… Mais ce retour aux sources est toujours aussi plaisant !
C’est un joli coffret –présentation et remasterisation soignées, jolie ligne éditoriale et texte de présentation intéressant et informatif-, j’aime énormément ce très grand chef à l’allure aristocratique et j’ai même du temps à y consacrer ce week-end !
A ce stade, deux conclusions alternatives semblent s’imposer : 1. Je n’ai plus de place pour ranger tout cela sur mes étagères ; 2. Avec l’âge, je suis devenu plus raisonnable.
On pourrait en rajouter une troisième, assez proche de la réalité : je manque de temps en ce moment pour en profiter pleinement.
Ces derniers jours, j’ai épuisé, entre deux visio-conférences longues et studieuses et plusieurs déplacements fastidieux, toute la pile en attente des CD qui me restaient à écouter : pas une seule galette dorée n’a résisté à ce traitement !
Désormais, j’ai écouté au moins une fois en entier l’ensemble des 4712 albums de ma discothèque, et, pour certains, cela frôle l’exploit : du bordélique « Exile On Main Street » de Pussy Galore aux très ennuyeuses mélodies chantées de Debussy en passant par les polkas, quadrilles et autres marches de la famille Strauss, les opéras et la musique de chambre de Britten, les symphonies et concertos de jeunesse de Mozart et quelques chants écossais de Beethoven, tout est désormais éclusé !
Cela faisait très longtemps que je recherchais à prix convenable la première intégrale des sonates pour piano de Beethoven par Friedrich Gulda, parue chez Decca en LP entre 1950 et 1958, quand le pianiste était à peine sorti de l’adolescence pour ce qui constitue les premiers de ces enregistrements –il était né en 1930, et l’éditeur anglais lui avait fait signer un contrat très avantageux suite à sa victoire au concours de Genève aussi tôt qu’en 1946, à 16 ans-, et dont la réparation en CD était passée un peu inaperçue dans l’immense flot des rééditions. –Cliquer sur l’image pour la voir ne plus grand-.
J’avais déjà son excellente intégrale enregistrée pour Amadeo, puis celle parue chez Orféo, enregistrée pour la radio autrichienne entre les différentes sessions de l’intégrale Decca à l’écoute aujourd’hui –oui, je sais, c’est assez compliqué de s’y retrouver dans ces méandres… : Friedrich Gulda est l’un des très rares pianistes à avoir enregistré pour le disque 3 intégrales des sonates pour piano de Beethoven, à ma connaissance, seuls Daniel Barenboim et Alfred Brendel ont fait de même-, mais je ne connaissais pas du tout, autrement que pour leur réputation, les enregistrements Decca. Disons-le tout de suite : dans mon classement très personnel de ce corpus, cette intégrale serait classée dans la deuxième colonne.
Le Beethoven de Gulda, toujours vif et très bien articulé, n’a pas radicalement changé avec le temps et coule toujours avec beaucoup de naturel et d’aisance. Curieusement, il a toujours eu le soin d’enregistrer ces sonates dans l’ordre de leur numérotation, ce qui est somme toute très rare. Dans les albums Decca de ce jour, certains tempos sont un peu plus étirés –le pianiste creuse certains mouvements lents plus profondément– et le piano est un peu plus coloré, mais c’est toujours le même Beethoven bouillonnant et imaginatif qui est présenté, pour mon plus grand plaisir.
Cette intégrale avait été publiée en disques séparés, puis rassemblés au sein d’un coffret en 1959 seulement, qui entrait en concurrence avec l’intégrale des sonates enregistrée par Backhaus, presqu’au même moment et chez le même éditeur… Les deux optiques sont finalement assez proches : rigueur et vivacité du discours, un rien plus austère chez le vieux lion. Dans les deux cas, les prises de son sont tout juste convenables : il est étonnant que Decca, très réputé dès cette époque pour ses prises de son d’orchestre, ait toujours eu beaucoup de mal à enregistrer convenablement les pièces pour piano solo !
Cette immense fresque musicale existe désormais dans un nombre incalculable de versions : lorsque je l’ai découverte, en 323 33 tours, au début des années 80, il n’en existait officiellement que quatre ! Le CD a permis la réédition, souvent dans des conditions techniques inespérées au temps du LP, avec, en particulier, l’exhumation d’archives du neues Bayreuth –années 50 et tout début des années 60-.
J’ai choisi de scinder ce « classement », que d’aucuns trouveront évidemment contestable, en deux :
• d’une part, les versions enregistrées en studio, qui ne sont en définitive pas si nombreuses, et correspondent à des productions luxueuses que les éditeurs n’ont sans doute plus les moyens de financer de nos jours, les ventes étant trop limitées pour amortir un investissement conséquent ! Toutes bénéficient d’un grand confort sonore, toutes pâtissent d’un engagement évidemment moins grand au studio qu’à la scène et malgré certaines incontestables réussites, il y manquera toujours un grain de folie et d’urgence. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. J’aime énormément les deux premières citées, et très peu la dernière. Mais, évidemment, cette appréciation est tout-à-fait personnelle, et certains raffolent de cette dernière version.
• d’autre part, les versions live. Parmi celles-ci, les versions du neues Bayreuth figurent en bonne place : question de distribution, d’abord, mais également de chefs qui savent tendre l’arc sur la durée d’un cycle et développer un sens de la narration épique qu’on ne trouvera pas toujours plus tard, malgré quelques « pains » présents dans toutes ces versions.
Les conditions techniques y sont généralement meilleures qu’espérées, grâce aux apports du numérique pour la remastérisation de documents anciens et quasiment toutes bénéficient d’un confort d’écoute suffisant pour en profiter, sauf les versions Knappertbusch 1957, au son relativement mat et étouffé, qui reste plus difficile, et celle de Kempe / Covent Garden, dont les bandes sont très abîmées et « insauvables ». Les deux versions les plus récentes enregistrées à Bayreuth —Boulez et Barenboim– souffrent à mon avis beaucoup, au moins à l’écoute des CD, de la comparaison avec leurs devancières, mais sont en revanche de très investies scéniquement et il vaut mieux les voir en DCD ou Blu-ray. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
And my winner is : Clemens Krauss, Bayreuth 1953. Ce n’est pas tout-à-fait une surprise, il fait partie de mes disques pour l’île idéale !
Seconde série des intégrales des symphonies de Beethoven, enregistrées après 1970, la première série consacrée aux intégrales plus anciennes se trouvant ici. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
My winners are : parmi ces intégrales plus récentes, c’est un trio de tête qui se dégage, selon mon humeur du moment, entre la fougue entraînante de Karajan, le marbre impressionnant de Sanderling et l’approche somptueuse et somptueusement enregistrée de Von Dohnanyi. Evidemment et comme précédemment, ce « classement » n’engage que mes oreilles et pourra être complètement contesté par d’autres paires d’oreilles !
Comme pour la précédente notule de cette catégorie, ce diagramme –à lire en colonne, réparties en 6 groupes– présente mes préférences personnelles et n’engage que moi ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Une notule ultérieure sera consacrée aux intégrales post-70.
My winner is : un jalon de l’histoire du disque, puisqu’il s’agit de la première intégrale réalisée en tant que telle, et réunie au sein d’un coffret initialement disponible par souscription uniquement, sans possibilité d’acheter chaque disques séparément. Cette intégrale, sous une forme ou sous une autre, n’a jamais quitté le catalogue de l’éditeur depuis sa parution en 1962.
Parfois, un diagramme vaut mieux qu’un long discours… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Andmywinner is : ce n’est pas une surprise, vous le saviez déjà si vous lisez régulièrement ce blog ! Par leurs, j’ai hésité à créer une sixième colonne, dans laquelle j’aurais classé le seul Alfred Brendel…
Mes premières intégrales de ce corps pianistique fondamental, à la lointaine époque du 33 tours, furent celles de Friedrich Gulda chez Amadeo et celle de Claudio Arrau chez Philips –elles étaient offertes, d’un volumineux coffret de 13 LP, pour l’achat des concertos pour piano-.
Je suis resté très attaché à la première nommée, et moins à la seconde, qui est pourtant régulièrement citée comme «version de référence» par de nombreux critiques musicaux et mélomanes : je la trouve pour ma part relativement sombre et austère, et la prise de son est certes belle, mais le bruit des ongles du pianiste sur le clavier me dérange profondément, sans compter qu’il respire parfois assez fort dans le micro !
Pour les amateurs de cet immense corpus pianistique, la revue Diapason en propose une intéressante «analyse» dans un numéro récent, et leur «classement» est très différent du mien, mais leurs propositions ne sont fondées que sur des enregistrements du domaine public.