Une soirée à l’opéra – Boris Godounov, de Moussorgsky
L’écoute intégrale d’un opéra n’est bien évidement pas réservé au dimanche matin et certaines soirées s’y prêtent également tout-à-fait bien, pourvu qu’on arrive à dégager le temps nécessaire à l’affaire ! D’autant que l’opéra de cette soirée est plutôt long : Boris Godounov, de Moussorgsky, dans la version remaniée par Rimsky-Korsakov et amendée par Ippolitov-Ivanov avec des morceaux de Chostakovich pour faire bonne mesure –cliquer sur l’image pour la voir en pus grand-, dure plus de 3h30 dans cette version dirigée assez lentement et qui prend le temps de mettre en valeur toutes les couleurs de l’orchestration. En effet, Karajan, en 1970, ne pouvait vraisemblablement pas concevoir d’enregistrer la version originale de l’oeuvre, dont l’orchestration est moins rutilante, d’autant moins qu’elle était fort peu proposée à l’époque : elle n’a été popularisée qu’une dizaine d’année plus tard. Et, nonobstant cette durée déjà conséquente, je me suis ménagé deux entractes d’une quinzaine de minutes -lors d’une représentation à l’opéra, il y en a au moins une-.
Mon rapport à l’oeuvre est assez lointain :
• je l’ai vu à l’opéra en 2007, et je garde essentiellement le souvenir de John Tomlinson dans le rôle de Boris Godounov parce qu’il était venu à la maison pour répéter quelques passages du rôle avec ma compagne de l’époque, qui est chef de chant à l’opéra : il avait fait très peur à Trésor-De-Janvier –18 mois à l’époque…– malgré une personnalité débonnaire : c’est une espèce de géant barbu sympathique à l’appétit d’ogre et à l’immense voix –mais déjà quelque peu usée et fatiguée à l’époque : l’apogée de sa carrière se situe au tournant des années 90– ;
• avant cette version, je ne possédais qu’une version en Allemand de cet opéra, ancienne qui plus est, mais où le rôle de Boris Godounov est tenu par Hans Hotter, dont c’était le rôle préféré, et qui s’y révèle remarquable, mais il faut accepter une traduction allemande et une prise de son peu confortable. C’est dire si cette version fleure bon l’exostisme !
Soirée appréciable donc avec cet album enregistré en 1970 et bénéficiant de très bonnes conditions techniques : orchestre rutilant qui brille de mille feux, grandes scènes chorales qui produisent de l’effet et, globalement, chanteurs à la hauteur de leurs rôles exigeants.
L’argument est assez complexe –la langue russe offre peu de points de repères– et s’appuie notamment sur une pièce de Pouchkine, à la vérité historique sans doute un peu lointaine, cet épisode de l’histoire russe étant assez peu documenté de façon certaine.
Dans une optique « dé-russifiée », une excellente soirée à l’opéra !