Dimanche à l’opéra – Aïda, de Giuseppe Verdi
Ma séance lyrique dominicale est à nouveau consacrée aujourd’hui à un opéra italien, en lien avec les notules précédentes liées au legs viennois pour la firme de Decca d’Herbert Von Karajan. -Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.
Aïda est un opéra en quatre actes composé par Giuseppe Verdi sur un livret d’Antonio Ghislanzoni, basé sur un scénario de l’égyptologue français Auguste Mariette –oui oui, celui de Boulogne-Sur-Mer, dont je vous ai déjà un peu parlé lors de mes vacances estivales-. Celui-ci fut par ailleurs régulièrement consulté pour apporter une touche de réalisme historique à cette fresque antique, notamment pour les détails de mise en scène lors de la création mondiale de l’ouvre, au Caire, en 1871.
L’histoire se déroule dans l’Égypte ancienne, sur fond de guerre avec l’Ethiopie, et met en scène un triangle amoureux tragique entre Radamès, un capitaine égyptien, Aïda, une princesse éthiopienne fille du roi Amonasro réduite en esclavage au service d’Amneris, la fille du Pharaon, qui est également amoureuse de Radamès.
Au premier acte, Radamès apprend qu’il sera le commandant des armées égyptiennes contre les Éthiopiens. Il rêve de gloire et de victoire, espérant ainsi gagner la main d’Aïda, dont il est secrètement amoureux. Amneris, qui soupçonne les sentiments de Radamès pour Aïda, est jalouse mais cache ses émotions.
Au deuxième acte, les Égyptiens célèbrent leur victoire sur les Éthiopiens. Aïda est déchirée entre son amour pour Radamès et sa loyauté envers son peuple. Son père, Amonasro, le roi d’Éthiopie, est capturé et amené en Égypte. Il manipule Aïda pour qu’elle découvre les plans militaires égyptiens afin de libérer leur peuple.
Au troisième acte, Radamès, tiraillé entre son devoir et son amour, révèle à Aïda le chemin que prendra l’armée égyptienne. Amonasro, caché, entend la conversation et se réjouit de cette trahison qui pourrait sauver son peuple. Cependant, Amneris, toujours jalouse, surprend leur conversation et dénonce Radamès comme traître.
Au quatrième acte, Radamès est jugé et condamné à être enterré vivant. Amneris, désespérée, tente de le sauver en renonçant à son amour, mais Radamès préfère la mort à la trahison de son honneur. Aïda, secrètement, se cache dans la tombe pour mourir avec Radamès, scellant ainsi leur amour éternel dans la mort.
Aïda est l’un des opéras les plus célèbres de Verdi, notamment pour son intensité dramatique. Le compositeur italien utilise un orchestre important et fit même fabriquer six « trompettes égyptiennes » pour apporter une touche exotique –revue et corrigée selon le XIXè siècle…– à sa partition. Verdi utilise également ponctuellement des motifs récurrents associés à des personages ou des idées –thème de la fatalité par exemple-, mais cette utilisation reste beaucoup moins développé que l’usage du « Leitmotiv » chez Wagner. Les choeurs sont imposants et la « Marche Triomphale » les mobilise de puissamment.
La première version de Karajan, enregistrée en 1959 avec l’orchestre philharmonique de Vienne, reste considérée, aujourd’hui encore, comme l’une des plus réussies de la discographie très abondante de l’oeuvre. Elle donne à entendre le gratin des chanteurs de l’époque –Renata Tebaldi, Carlo Bergonzi, Giuletta Simionato…-, tous portés par le chef qui insuffle à la partition un souffle puissant et monumental, malgré des tempi plutôt lents.
Le producteur John Culshaw, fidèle à son habitude, mobilise tous les effets possibles et imaginables pour apporter apporter une touche de réalisme et de spectaculaire dans le cadre d’une écoute stéréophonique au disque : effet ping-pong, profondeur factice, gamme dynamique artificielle…
Dans ma discothèque figurent trois autre versions : la seconde de Karajan, enregistrée pour EMI en 1980, à la prise de son aussi artificielle, mais selon d’autres critères, avec de jeunes chanteurs que le chef appréciait et dirigea très régulièrement ; la version –tonitruante à mon goût– de Georg Solti, avec un excellent plateau vocal, grande concurrente de celle écoutée ce jour, également chez Decca ; enfin, la version de Jonel Perlea, enregistrée à Rome en 1955 pour RCA, et réunissant un plateau somptueux également : cette version marqua son époque.
Pour autant, malgré cette présence « abondante », Aida n’est pas une oeuvre que j’écoute très souvent : à très petite dose, c’est supportable, mais le monde de l’opéra italien me reste assez étranger en général !