Dimanche à l’opéra : Mathis der Maler, de Paul Hindemith

C’est un opéra exigeant et somme toute assez rare qui est l’objet de ma séance lyrique dominicale : Mathis der Maler, de Paul Hindemith, opéra en 7 tableaux sur un livret du compositeur, qui s’est inspiré :
• de la Guerre des Paysans en Allemagne –Révolte des Rustauds-, qui se déroula en 1525-26 et toucha tout le Saint-Empire romain-germanique, y compris une partie de la France : Alsace –grande bataille de Saverne-, Lorraine et Franche-Comté, d’une part ;
• de l’oeuvre picturale de Matthias Grünewald±1480-1528, c’est « Mathis le peintre »-, dont on peut admirer le retable d’Issenheim qui fit sa gloire –le fait qu’il ait pu être attribué un temps à Albrecht Dürer en dit long sur sa qualité…– au Musée Unterlinden à Colmar, et inspira Hindemith, d’autre part ;
• le tout sur fond de Réforme luthérienne et de lutte contre l’église catholique.

L’oeuvre est allégorique, Paul Hindemith l’a écrite en pleine période du montée du nazisme et la situe au début de la Renaissance allemande pour mieux interroger la place et le rôle de l’artiste dans une société où montent les périls politiques.  En 1933, Adolf Hitler prend le pouvoir. Les artistes sont appelés à servir les idéaux du régime, sous peine de censure ou d’exil. La musique est surveillée par la chambre de musique du Reich (Reichsmusikkammer). Bien qu’il soit un compositeur allemand de renom, Paul Hindemith est considéré avec méfiance par le régime. Sa musique est jugée « dégénérée » (Entartete Musik) à cause de son style moderne, de ses sympathies pour les artistes juifs, et de ses prises de position humanistes.

La version du jour, enregistrée en 1977 et éditée par EMI en 1979 fut, pendant longtemps, la seule disponible. Elle est très soignée et demeure, à ce jour, sans doute la meilleure option pour aborder l’oeuvre : très bon orchestre et excellents solistes de bonne renommée, beau livret détaillé et très bonne prise de son. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. Elle a même le bon goût de rester disponible à petit prix –en occasion– avec un livret numérique : c’est Byzance !
Mathis der Maler est divisé en sept tableaux, qui s’organisent ainsi :
1 Mathis dans son atelier : Mathis travaille sur une œuvre religieuse mais doute de son rôle d’artiste face à la souffrance du peuple. A quoi sert l’art dans un monde en crise ? Discussion avec le cardinal Albrecht, son mécène, qui veut qu’il reste fidèle à l’Église et à la tradition.
2 À Mayence, en ville : agitation populaire sur fond de famine et d’oppression féodale. Mathis rencontre Hans Schwalb, paysan révolté, et sa fille Regina. Il prend leur défense contre les soldats. Rencontre avec Ursula, fille d’un riche marchand, qui l’admire et l’aime.
3 La révolte : Mathis rejoint les révoltés malgré l’appel du cardinal à rester fidèle à l’Église. Mathis quitte la cour du cardinal. Il rejoint les paysans révoltés, porté par son désir de justice. Il se sent responsable en tant qu’homme, pas seulement comme artiste. Il renonce à son art temporairement, pour agir.
4 Le débat religieux : dialogue entre catholiques et protestants. Mathis est tiraillé. Il participe à la révolte paysanne, mais les Rustauds sont divisés entre violence et réforme. Mathis comprend vite que la violence ne mène à rien. Hans Schwalb est tué, et Regina, sa fille, traumatisée. Mathis doute à nouveau : était-ce une erreur ?
5 La répression de la révolte est sanglante. Mathis est dévasté. Ursula, soupçonnée de complicité avec les rebelles, est interrogée. Mathis intervient en sa faveur. Le dialogue entre catholiques et protestants se solde par l’impossibilité du compromis. Mathis se rend compte que les deux camps sont corrompus par le pouvoir.
6 La vision de Mathis : il s’agit d’une cène mystique, allégorique, inspirée du retable d’Issenheim. Mathis est tenté par les démons du fanatisme, de la gloire, de l’orgueil. L »apparition du Christ constitue un moment de révélation spirituelle. Il comprend que son vrai combat est intérieur, artistique.
Vision mystique : Il rêve du Christ, des anges et de la souffrance humaine – reflet du retable.
7 Le renoncement : fidèle à sa vocation initiale, Mathis renonce à la vie publique, à la lutte armée, au pouvoir. Il choisit la solitude et retourne à sa peinture. Il bénit Regina, devenue orpheline, et s’éloigne. La fin de l’opéra est calme et lumineuse : la foi dans l’art et l’humanité est restaurée.

Le style de Hindemith est parfois qualifié de « style néo-baroque » est caractérisé par son contrepoint rigoureux et sa clarté formelle. L’harmonie élargie mais la tonalité reste toujours présente. La Polyphonie est très dense, l’orchestre est très expressif, parfois dissonant mais toujours structuré. Par ailleurs, Paul Hindemith a également composé une symphonie en trois mouvements, tirés de certaines scènes de l’opéra et se référant explicitement au retable d’Issenheim et à trois de ses volets :
• le concert des anges -ouverture de l’opéra– ;
• la mise au tombeau –interlude orchestral extrait du dernier tableau, cf. cliquer sur l’imagette ci-dessous pour la voir en plus grand– ;
• la tentation de Saint Antoine –extrait du sixième tableau, cf. cliquer sur l’imagette de droite pour la voir en plus grand-.
L’accueil de cette symphonie fut excellent mais elle fut rapidement interdite par les nazis.
En définitive : un opéra majeur du vingtième siècle, et l’un de mes préférés, même s’il est peu joué, et d’un accès peu aisé -la parole prime sur l’action-. La symphonie, qui est d’accès beaucoup plus facile, ou une visite au Musée Unterlinden à Colmar pour admirer le remarquable retable d’Issenheim constituent de bonnes portes d’entrée !
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Playlists chronologiques – 2004, année oubliée…

Dans le cadre des playlists constituées chronologiquementet arbitrairement de 1964 à 2020– , j’avais malencontreusement oublié 4 années : 1969, 1974, 1975 et 2004. Erreur qui est définitivement et totalement réparée en terminant par l’année 2004. La boucle est désormais bouclée :  avec cette notule s’achève la série des playlists chronologiques ! Vous pouvez remonter le temps en musique et la retrouver intégralement en cliquant ici ou sur le menu déroulant idoine de la colonne de droite, rubrique des « Catégories ».

Nouvelle Vague – Nouvelle vague
Brian Wilson – Brian Wilson Presents SMILE

La réalisation de cet album mythique par son compositeur, aidé par un tout nouveau groupe de jeunes musiciens, à une date aussi tardive qu’en 2004, alors qu’il aurait initialement dû sortir en 1967, est l’objet d’une chronique simplifiée à lire ici, ou plus exhaustive et détaillée en Anglais ici.

Brahms – Symphonie n°1 – OS Londres, Bernard Haitink
The Cure – The Cure
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

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Sur un air de coupe du monde (98) !

La semaine dernière, je me suis amusé à accompagner « Hotel California », des Eagles, à la basse : c’est assez simple en réalité.

Les jours suivants, en cherchant à jouer d’autres morceaux se fondant sur le même modèle de Power Chords –fondamentale/quinte/octave– j’ai travaillé ce petit morceau, qui propose une chouette progression harmonique qui se répète à l’infini, un joli rythme syncopé et qui devrait rappeler quelques souvenirs aux plus de 40 ans !

Ce fut un tube, cet été-là, dans une version un peu différente… Souvenirs souvenirs !

Dans les prochains jours, petit retour aux sources avec quelques blues : Parachute Woman –The Rolling Stones– et Yer Blues –version Dirty Mac– !

Explication : le pourquoi du comment !

Tous les ans, nous passons une partie de nos vacances sur la Côte d’Opale, dans le Pas-De-Calais, ce qui semble en surprendre plus d’un… Et nous revenons même bronzés ! Voici, en image, le pourquoi du comment ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

[Mode PERFIDE on] Ça change de la Bretagne, où il pleut tout le temps ! [Mode PERFIDE off]

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La fibre nuit à la sieste !

Il fut une époque où télécharger une mise à jour du système d’exploitation via une connexion adsl durait un certain temps : de quoi faire une petite sieste en attendant la complétude de l’opération ! Plus avant encore, les mises à jour étaient livrées sur des CD-Rom accompagnant des revues.
Aujourd’hui –depuis 2014 pour ce qui me concerne, en réalité-, avec la fibre, cela va beaucoup plus vite, et même plus moyen de faire une petite sieste : sur l’ensemble des ordinateurs de la maison, les mises à jour sont téléchargées en un clin d’oeil et l’opération d’installation excède rarement quelques minutes! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Pour les curieux, vous trouverez ici un simulateur de débit estimant le temps nécessaire au téléchargement d’une application de 100 Mo à travers le temps. Il va sans dire qu’au bon vieux temps du modem RTC, télécharger une mise à jour en x Go était inenvisageable !

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Playlist « Duel au sommet »

Courte playlist aujourd’hui, consacrée au beau concerto pour violon de Glazounov et exposant un duel au sommet entre «le roi des violonistes», David Oistrakh et «l’empereur des violonistes», Jasha Heifetz.

Séparés d’une dizaine d’années, russes tous les deux, l’un –Jasha Heifetz (1899-1987), l’homme qui ne souriait jamais– échappa à la révolution bolchévique pour connaître une carrière lucrative à travers le monde, quand l’autre –David Oïstrakh (1908-1974), affable et débonnaire-, à l’instar de son compatriote et contemporain Emil Gilels, fut exploité jusqu’à son décès prématuré par le régime soviétique. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les deux violonistes jouissent d’une égale réputation d’excellence –celle de Heifetz lui fut reconnue dès son plus jeune âge, celle d’Oistrakh émergea plus tardivement– et ont dominé le monde du violon au vingtième siècle, ce qui leur valut d’enregistrer beaucoup et de se voir dédiées un certain nombre d’oeuvres pour violon de compositeurs contemporains.
La version du concerto pour violon de Glazounov de David Oïstrakh, enregistrée à Moscou en 1949, bénéficie du meilleur accompagnement, quand celle de Jasha Heifetz propose les meilleures conditions techniques. Ces deux versions, très dissemblables, sont très complémentaires et constituent deux excellentes propositions pour découvrir ou approfondir l’oeuvre, très facile d’accès au demeurant.

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Un dimanche à l’opéra – La Traviata, de Giuseppe Verdi

Dans mon long chemin de croix vers la découverte de l’opéra italien, la séance lyrique dominicale est aujourd’hui consacrée « La Traviata », de Giuseppe Verdi, une oeuvre en trois actes dont la composition est achevée en 1853, et dont la création fut un échec.
Le livret, de Francesco Maria Piave est basé sur la pièce « La Dame aux camélias » d’Alexandre Dumas fils. La version écoutée ce jour est la seule présente dans ma discothèque : il s’agit de celle de Carlos Kleiber, enregistrée en 1976-77 à Munich, avec une distribution internationale. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Acte I : au mois d’août – L’oeuvre s’ouvre par un très court prélude, l’action se déroule à Paris. Violetta Valéry, une courtisane parisienne célèbre, organise une fête dans son salon. Elle est courtisée par de nombreux hommes, dont le baron Douphol et le jeune Alfredo Germont.
Alfredo, qui est amoureux de Violetta depuis longtemps, lui déclare sa flamme. Violetta, touchée par sa sincérité, lui offre une camélia en lui disant de revenir quand la fleur sera fanée, symbolisant sa disponibilité.

• Acte II : au mois de janvier – Violetta et Alfredo vivent une idylle dans une villa à la campagne, éloignés de Paris. Cependant, Alfredo découvre que Violetta vend ses biens pour subvenir à leurs besoins. Il part pour Paris afin de régler la situation financière. Pendant son absence, Giorgio Germont, le père d’Alfredo, rend visite à Violetta et lui demande de quitter son fils. Il explique que la relation de Violetta avec Alfredo menace le mariage de sa sœur.
Violetta, touchée par l’amour de Giorgio pour sa famille, accepte de partir, sans cependant révéler la véritable raison à Alfredo.

De retour à Paris, Violetta retourne à sa vie de courtisane –« La Traviata » peut se traduire par « La dépravée »– et est accompagnée par le baron Douphol. Alfredo, croyant que Violetta l’a quitté pour Douphol, la confronte publiquement lors d’une fête et lui jette de l’argent, prétendant payer ses services. Violetta, humiliée, s’évanouit.

• Acte III : au mois de février ; ce troisième acte est très court – Violetta, gravement malade et tuberculeuse, est alitée dans sa chambre. Elle reçoit une lettre de Giorgio Germont lui faisant savoir qu’Alfredo a été informé de la vérité et qu’il revient à elle.
Alfredo arrive enfin, et les amants rêvent d’un avenir ensemble. Néanmoins, il est trop tard : Violetta meurt dans les bras d’Alfredo.

« La Traviata » est caractérisé par une orchestration relativement subtile –si l’on considère qu’il s’agit d’un opéra de Verdi…– et une expressivité vocale intense. Le compositeur y privilégie l’introspection et le réalisme émotionnel et utilise quelques leitmotivs discrets pour souligner les états émotionnels : le thème de l’amour, le thème du sacrifice, celui de la mort. Les airs de bravoure coexistent avec des récitatifs expressifs ou des ensembles plus intimistes intimistes. Certains choeurs sont très célèbres et ont été assez largement réutilisés au cinéma.

Depuis sa parution, la version du jour est réputée pour la direction de Carlos Kleiber, nerveuse, rigoureuse et précise, qui alimente une tension qui ne se dément jamais. Il s’agit ici de l’un des quatre seuls opéras qu’il enregistra officiellement –sa discographie officielle tient en une douzaine de disques…-. Ses chanteurs, jeunes pour la plupart, sont tous pour le moins adéquats, mais je ne dispose à vrai dire d’aucun élément de comparaison pour en dire beaucoup plus ! L’album a été réédité sous différents formats, dont les plus récents et les conditions techniques sont excellentes.

Au demeurant, je n’y retournerai pas souvent et cette version suffit amplement à mon bonheur et à épuiser ma curiosité !

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L’image de la semaine !

Disponible en mondiovision, et déjà en DVD ou Blu-ray dans toutes les bonnes boutiques ! La version originale en latin –garantie sans ablatif absolu– est traduite en français. Des comptes-rendus –avant, pendant et après la présentation au balcon-, parfois très détaillés, sont disponibles dans de nombreux quotidiens à travers le monde entier.

Pour ceux qui penseraient : « Que voilà un Diablotin mégalo ! », je vous rassure –ou pas ?– ! Ce n’est rien à côté d’un certain Donald T., qui s’est auto-proclamé pape et revêtu de la grande tenue de cérémonie à cette occasion !

Playlists chronologiques – 1975, année oubliée…

Dans le cadre des playlists constituées chronologiquementet arbitrairement de 1964 à 2020– , j’avais malencontreusement oublié 4 années : 1969, 1974, 1975 et 2004. Erreur que je continue à progressivement réparer en poursuivant par l’année 1975 !

Bach – Sonates et partitas pour violon – Nathan Milstein
Doctor Feelgood – Down By The Jetty
Verdi – Ouvertures et préludes – OP Berlin, Herbert Von Karajan
Pink Floyd – Wish You Were Here
Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

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