Dimanche à l’opéra – « Der Wildschütz », de Lortzing

Après « Zar und Zimmermann » du même compositeur, je poursuis avec cette séance lyrique dominicale mon exploration de l’opéra comique allemand, entamée il y a peu de temps. La découverte du jour est « Der Wildschütz, oder die Stimme der Natur »Le braconnier, ou les voix de la nature-,d’Albert Lortzing –1801-1851-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Il s’agit d’un opéra-comique en trois actes d’Albert Lortzing, sur un livret du compositeur lui-même, créé le 31 décembre 1842 à Leipzig. « Der Wildshütz » est l’un des opéras les plus populaires de Lortzing, mêlant humour, intrigue amoureuse et satire sociale. La discographie de l’oeuvre est relativement abondante, et la version de ce jour expose quelques grands noms du chant lyrique de l’Allemagne des années 50 et 60 –notamment Rudolf Schock, ténor toujours excellent dans ce répertoire, et Gottlob Frick, basse très réputée, ici dans le rôle de Baculus-, ainsi qu’un chef très compétent, Wilhelm Schüchter, qui brilla régulièrement dans ce répertoire –on lui doit également deux très beaux enregistrements de Wagner : « Der Fliegende Holländer » et « Lohengrin »-.
L’orchestre, dont l’histoire est complexe, est le très bon Berliner Symphonische Orchester, avant sa fusion avec le Deutsche Symphonieorchester, un autre orchestre berlinois, pour devenir le Berliner Symphoniker, lequel existe toujours actuellement et enregistre assez fréquemment pour le label CPO. Les choeurs sont ceux de la RIAS de Berlin, que l’on rencontre très souvent dans la discographie de Ferenc Fricsay.
L’enregistrement intégral, réalisé très rapidement en deux jours de mars 1963, est paru à l’origine sous un obscur label, sous-marque du label allemand Eurodisc, qui, devant le succès de l’entreprise, en publia ensuite très rapidement sous sa propre étiquette un disque de larges extraits. Les conditions techniques sont très convenables eu égard à la date d’enregistrement.

• Acte I – Dans un village allemand, le baron von Kronthal organise une grande chasse pour impressionner la comtesse Julie, dont il est amoureux. Cependant, le braconnier Baculus, un ancien instituteur devenu ivrogne et chasseur clandestin, est arrêté par le garde-chasse Graf von Eberbach. Baculus est condamné à une amende qu’il ne peut payer, mais il est sauvé in extremis par l’intervention de Nanette, la nièce du maire, qui paie pour lui.
Baculus, reconnaissant, promet de se racheter. Pendant ce temps, le baron, toujours épris de Julie, ignore que celle-ci est en réalité amoureuse de Graf von Eberbach, le garde-chasse. Pour compliquer les choses, le maire du village, Pankraz, est un homme avare et autoritaire, qui veut marier Nanette à un riche prétendant.

• Acte II – Baculus, toujours aussi maladroit, tente de braconner à nouveau et se retrouve impliqué dans une série de quiproquos. Il croise la route de Julie, qui se cache dans la forêt pour échapper aux avances du baron. Baculus, croyant avoir affaire à une fée, lui promet de l’aider. Pendant ce temps, le baron, furieux de ne pas trouver Julie, accuse Graf von Eberbach de l’avoir enlevée.
Nanette, quant à elle, est courtisée par Schulze, un riche paysan, mais elle est amoureuse de Baculus, malgré ses défauts. Elle décide de le sauver une fois de plus en le cachant chez elle.

• Acte III – Les malentendus s’accumulent : le baron croit que Graf von Eberbach a enlevé Julie, tandis que Pankraz, le maire, découvre que Baculus est caché chez Nanette. Une scène de chaos s’ensuit, où chacun révèle ses véritables sentiments. Finalement, tout se démêle :
• Julie avoue son amour pour Graf von Eberbach.
• Baculus, touché par la bonté de Nanette, promet de se corriger et de l’épouser.
• Le baron, humilié, renonce à Julie.
• Pankraz, vaincu, accepte le mariage de Nanette avec Baculus.
L’opéra se termine sur une note joyeuse, avec des chœurs célébrant l’amour et le pardon.

Avec cette satire sociale, Lortzing se moque aussi bien de l’aristocratie –le baron vaniteux– que de la bourgeoisie avare –Pankraz– ou des travers humains –l’ivrognerie de Baculus-. L’intrigue repose sur des malentendus et des situations comiques, typiques de l’opéra-comique allemand et s’achève sur une fin heureuse : Baculus, malgré ses défauts, est sauvé par l’amour et la bonté de Nanette. La musique est entraînante et enjouée, les dialogues ne sont pas envahissants, le compositeur fait preuve d’une grande facilité mélodique, d’une belle habileté en matière d’orchestration et, en Allemagne, certains airs du « Wildschütz » restent très populaires, et l’opéra y est encore régulièrement joué.

A nouveau, une agréable découverte !

Playlist « retour en enfance »

Certaines oeuvres me font invariablement retomber en enfance : c’est le cas avec « Les quatre saisons », d’Antonio Vivaldi, ensemble de quatre concertos pour violon –un par saison : étonnant, non ?– découverts très tôt sur la chaîne HiFi paternelle, et que nous écoutions également, avec explications érudites de « la maîtresse », à l’école élémentaire : elle décortiquait les poèmes supports de ces oeuvres et les faisait coller à la musique, c’était magique pour nos jeunes oreilles !
Un enregistrement faisait fureur à l’époque, c’était celui de Felix Ayo et I Musici, qui entame la playlist de ce jour. J’ai usé ce disque jusqu’à la corde ; il possédait en outre un  livre explicatif du plus haut intérêt. La playlist est par ailleurs constituée de quatre albums parmi la centaine d’enregistrements réalisés, et qui, au rythme d’une saison chacun et au fur et à mesure de l’évolution de l’histoire de l’interprétation, remonte petit à petit le temps. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Antonio Vivaldi – Les quatre saisons, op. 8 n°1-4
L’automne – Felix Ayo ; I Musici – 1959 ****
L’hiver – Konstanty Kulka ; orch. de chambre de Stuttgart, Karl Münchinger – 1974 ***
Le printemps – Simon Standage ; The English Concert, Trevor Pinnock – 1981 *****
L’été – Enrico Onofri ; Il Giardino Armonico, Giovanni Antonini – 1994 *****

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Playlist « Viva España »

Une playlist très agréable, selon un répertoire espagnol que je maîtrise assez mal, et pleine de soleil pour réchauffer l’air ambiant : les températures matinales sont tout-à-coup très fraîches, depuis ces derniers jours ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Manuel de Falla – L’amour sorcier ; Danses du « Tricorne »
Grace Bumbry – Orchestre RIAS de Berlin, Lorin Maazel – 1965 ***

• Enrique Granados – Goyescas
• Isaac Albeniz – Iberia
Artur Pizarro, piano – 2010 ****

• Joaquin Rodriguez – Concierto de Aranjuez
Narciso Yepes, guitare – Orch. symph. RTV espagnole, Odon Alonso – 1969 ****

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Nouvelle surprise à découvrir !

Et hop ! Voici une nouvelle surprise pour accompagner l’installation de l’automne, en ce mois d’octobre naissant. Vous la trouverez ici, où, comme d’habitude, elle vient prendre la place de celle du mois précédent, qui disparaît du serveur.
Cette surprise mensuelle, par un artiste [multi-récidiviste-mais qui n’est-pas-celui-à-qui-vous-pourriez-penser-sponténément] en la matière –pas moins de 5 fois, dont celle-ci est sans doute la plus connue-, ne constitue pas vraiment une originalité, mais elle est de fort belle qualité tout de même !

ENJOY !

Playlist « Anthologie Sibelius – Barbirolli : part two »

Avec la playlist de ce jour, étalée sur deux mois en deux jours (!!!), je poursuis l’écoute de l’anthologie d’oeuvres symphoniques de Jean Sibelius par le Hallé Orchestra de Manchester, sous la direction de Sir John Barbirolli entamée la veille. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-. 

• Jean Sibelius – Symphonies n°3 & 6
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1969/1970 ****/***

• Jean Sibelius – Symphonie n°4 – Rakastava ; Romance en Do
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1969 ****

• Jean Sibelius – Symphonies n°5 & 7
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1966/1967 ****/***

Notons tout d’abord que cette fois-ci, une certaine cohérence visuelle est de mise pour les pochettes des albums constituant cette anthologie ; je me demande vraiment pourquoi la deuxième symphonie a échappé à cette charte graphique : sans doute parce que fut le premier album paru lors de l’enregistrement des symphonies, et qu’elle n’était pas encore établie ?!
Pour ce qui concerne le contenu de ces disques, les mêmes causent produisent les mêmes effets et la playlist du jour se passe de commentaires superfétatoires et suscite globalement la même impression un peu mitigée que la veille –c’est bien, parfois très bien, mais sans rien d’exceptionnel– : la notoriété persistante de cette anthologie ne cesse décidément de m’interroger et m’intrigue quelque peu au regard de la discographie très abondante de ces oeuvres…

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Playlist « Anthologie Sibelius – Barbirolli : part one »

La playlist de ce jour, étalée sur deux mois en deux jours (!!!), est consacrée, comme son nom l’indique, à une anthologie d’oeuvres symphoniques de Jean Sibelius par le Hallé Orchestra de Manchester, sous la direction de Sir John Barbirolli. Les enregistrements se sont déroulés en plusieurs sessions étalées sur cinq ans, entre 1966 et 1970. A cette époque, Sibelius jouissait d’une assez piètre réputation en France, mais était déjà très apprécié dans les pays anglo-saxons, et Decca avait déjà enregistré deux intégrales –Collins et Maazel-, tandis qu’aux États-Unis, CBS avait publié l’intégrale de Bernstein et qu’Ormandy avait enregistré une assez large anthologie chez RCA. En Allemagne, de même, Karajan contribuait énormément à la réputation du compositeur. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Jean Sibelius – Finlandia ; Karelia suite ; Valse triste ;
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1966 ****

• Jean Sibelius – Symphonie n°1 ; Pelletas et Mélisande, extraits
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1966/1969 **/****

• Jean Sibelius – Symphonie n°2 ; Lemminkaïnen suite
Hallé Orchestra, Sir John Barbirolli – 1966 ****

Sir John Barbirolli1899 – 1970– commença très tôt à diriger les oeuvres de Sibelius et contribua à le populariser aux États-Unis, où il succéda à Toscanini à la tête de l’orchestre philharmonique de New-York pour des émoluments presque 10 fois moindres ! Cette expérience américaine ne fut pas vraiment fructueuse, et Barbirolli retourna en 1943 en Angleterre, où il redonna vie au Hallé Orchestra de Manchester, qu’il connaissait bien pour l’avoir déjà dirigé bien avant la guerre. C’est avec cet orchestre qu’il enregistra son anthologie Sibelius, qui connut un énorme succès en Angleterre, où elle continue à jouir d’une réputation exceptionnelle, réputation qui a même franchi la Manche désormais.
Et, pourtant, ce qu’on entend est, à mes oreilles, loin d’être toujours exceptionnel !!! La première symphonie est même assez ratée, engluée dans des tempi lents, se révèle plutôt amorphe, sans énergie, et, de surcroît, l’orchestre n’est pas très beau et manque cruellement de précision et de cohésion : on a fait beaucoup mieux dans cette oeuvre, avant lui et après lui ! La deuxième symphonie est nettement plus réussie, sans toutefois atteindre, à mes oreilles au moins, les plus hauts sommets, du fait d’un orchestre qui ne peut se comparer aux meilleurs. D’une manière générale, on sent le chef amoureux de cette musique mais assez enclin en réalité à laisser son orchestre jouer un peu en roue libre : comme Sibelius, Barbirolli était un adepte de la dive bouteille…
En revanche, les petites pièces symphoniques sont très réussies, et l’on y ressent toute l’affection que le chef porte à ces oeuvres et au compositeur.

Un premier bilant mitigé, donc, et pas toujours à la hauteur de la réputation des ces disques !

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Tous aux abris !

A vos masques, prêts, rentrez dans vos chaumières et préparez-vous à vous confiner ! Le Covid est de retour, et prend désormais la forme et le nom de Frankenstein, même s’il n’engendre pas, à ce jour, d’épidémie de grande ampleur ! Pendant ce temps, l’inénarrable Donald nous signale que les vaccins tuent…

Dyslexie du clavier !

Un lecteur de ce blog m’a récemment fait remarquer, à juste titre, les nombreuses et parfois cocasses coquilles qui parsèment les notules. Ma pratique du « tapuscrit » est pourtant ancienne et mes doigts sont relativement véloces sur le clavier, mais tapent assez souvent à côté, du fait d’un apprentissage en autodidacte imparfait et dans l’urgence.

Remontons un peu le temps ! J’ai été confronté pour la première fois à un clavier lors de la finalisation de la rédaction de mon mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine –plus de 220 pages tapuscrites et une trentaine de pages d’annexes dans sa version définitive-, il y a plus de 35 ans. En ce temps-là, où un ordinateur coûtait encore un bras, voire les deux, certains étudiants n’hésitaient pas à confier ce travail fastidieux à des professionnels spécialisés, moyennant finance évidemment. Pour ma part, j’avais d’abord acheté une machine à écrire portative, mais, après avoir terminé la première page qui avait tout de même nécessité une vingtaine de feuilles qui ont fini à la corbeille, j’ai rapidement compris que tous les arbres de la création seraient insuffisants pour accomplir ce travail. Machine à écrire remisée et début de mon passage au Macintosh –un Mac SE 4/40-: méthode qui avait le mérite de permettre de se tromper sans grande conséquence, sous réserve d’une lecture un peu attentive.

Par la suite, mes autres travaux de rédaction –études, écrits professionnels…– ont presque toujours « zappé » le manuscrit pour un passage direct au clavier de l’ordinateur, ce qui offre une souplesse et une méthodologie de travail sans égales, à mon avis au moins. Petit à petit, j’ai réussi à saisir relativement rapidement, en utilisant tous mes doigts ou presque, mais au prix des coquilles évoquées plus haut –et je ne me relis pas très attentivement, les enjeux n’étant pas les mêmes que pour un travail universitaire ou un rapport professionnel…– !

Sauf erreur de ma part, cette notule est garantie sans coquille !

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Playlist « Concertos un peu à la marge, un peu méconnus… »

Dans la playlist de ce jour, deux compositeurs parmi les plus célèbres pour trois concertos qui occupent une place un peu en marge du « grand répertoire », et ne sont pas les plus connus de leurs compositeurs, bien qu’ils soient pas forcément les moins réussis. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

• Ludwig van Beethoven – « Triple concerto » pour piano, violon, et violoncelle
Lev Oborine, David Oistrakh, Sviatoslav Knushevisky ; Philharmonia Orchestra, Malcolm Sargent – 1958 ****

Dans le catalogue des oeuvres de Beethoven, le triple concerto, opus 56, prend place entre deux monuments emblématiques du compositeur : la symphonie « Eroica » op.55, d’une part, et la sonate pour piano n°23 « Appassionata » op.57, d’autre part. Il s’inscrit, dans répertoire des oeuvres concertantes, après les trois premiers concertos pour piano, juste avant le quatrième –op.58– et le concerto pour violon –op.61-. Il s’agit d’une période de composition très faste pour Beethoven. Dans cette partition plutôt joyeuse et que j’apprécie vraiment beaucoup, les trois solistes se partagent la partie concertante, et la partie de piano est la plus facile, ayant été pensé, vraisemblablement, pour l’un des jeunes élèves du compositeur, encore peu assuré.
Le triple concerto bénéficie d’une belle discographie, et l’on peut, selon son humeur, privilégier une approche chambriste comme dans la version de ce jour, ou une vision plus large où l’orchestre, accompagnant des solistes de grand renom, prend plus de place.

• Johannes Brahms – « Double concerto » pour violon et violoncelle
Wolfgang Scneiderhan, Janos Starker ; Orchestre RIAS Berlin,, Ferenc Fricsay – 1959 ****

Une autre belle oeuvre concertante, très typique de Brahms dans son orchestration, et que je préfère nettement, pour ma part, à son concerto pour violon. C’est la dernière oeuvre symphonique de Brahms, et il intègre parfaitement les deux solistes au flot orchestral, ce qui lui fut initialement reproché, à une époque où un concerto devait nécessairement faire briller les solistes. L’oeuvre fut créée par les deux solistes dédicataires, le violoniste Joseph Joachim et le violoncelliste Robert Hausmann, deux amis de longue date du compositeur.
La discographie du double concerto n’est pas immense, mais de qualité, et cette version est tout-à-fait remarquable !

 

• Ludwig van Beethoven – Concerto pour violon, transcrit par Beethoven pour piano
Daniel Barenboim ; English Chamber Orchestra, Daniel Barenboim – 1974 ***

Le concerto pour violon de Beethoven, qui jouit d’une très solide réputation de nos jours, ne fut pas un grand succès lors de sa création en 1806 : lie violoniste, Muzio Clementi, en donna une lecture à vue des deuxième et troisième mouvements, dont la partie soliste avait été livrée en retard. Ce concerto ne trouva grâce en réalité qu’une génération plus tard, lors d’une nouvelle audition, à Londres en 1844, avec le violoniste Joseph Joachim, qui entamais sa carrière de soliste sous la baguette de Felix Mendelssohn et devint alors très populaire.
Suivant une suggestion de Clementi, Beethoven en publia une transcription pour piano en 1807, sous le n° 61a. La transformation d’une partie initialement écrite pour le violon en partie de piano ne me semble pas toujours très probante –tout au moins à mes oreilles-, mais Beethoven profita du remaniement de ce concerto pour écrire une longue cadence pour piano et timbale, ce qui rend cette transcription tout-à-fait notable. Par la suite, de nombreux violonistes ont adoré et adapté cette cadence.
Pour ce répertoire de niche à la discographie peu abondante, la version de ce jour, d’un artiste que je n’apprécie généralement guère, est très satisfaisante.

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