Playlist « L’esprit et la nostalgie de l’esprit »

Au grand désespoir de TheCookingCat qui ne supporte vraiment pas cette musique et se demande –en râlant ou en fulminant, selon les jours– à chaque fois ce que je peux bien lui trouver de passionnant, j’adore les valses, polkas, quadrilles et autres ouvertures de la famille Strauss, dont Johann Fils -cliquer sur le portait pour le voir en plus grand– fut sans doute le plus illustre représentant !
Ma discothèque est donc assez abondamment fournie en la matière,  et je suis même plutôt sélectif en la matière, mais hier, je suis tombé sur une réédition de l’opérette « Die Fledermaus » –des coupures y sont malheureusement présentes– : il s’agit d’une vraie antiquité de 1907, qui m’a littéralement sidéré, tant je ne pensais pas que l’on avait autant évolué, en la matière, dans l’interprétation de ces oeuvres !

Tout le charme viennois, transposé à Berlin certes –l’enregistrement a été effectué à l’opéra de Berlin, l’ouverture a été rajoutée à partir de matrices enregistrées la même année en studio-, par des musiciens spécialistes de la chose et imprégnés de l’esprit du temps –Johann Strauss fils est mort en 1899-, cette insouciance bon-enfant des salons de l’époque dans un empire austro-hongrois qui ne veut pas mourir, une folle valse menée sur des chapeaux de roue comme on n’a guère l’habitude d’en entendre de nos jours –à ce tempo, les danseurs devaient être exceptionnels !– : ce ton espiègle du chant et des dialogues dans une diction parfaite, cet esprit léger et virevoltant –un rubato « naturel » de rêve dans la partie valsée-, ont complètement disparu de nos jours. –Cliquer sur l’extrait pour vous faire une idée de la chose, au-delà du brouillard sonore, qui n’est pas décourageant cependant-.

Plus tard, deux chefs m’ont particulièrement marqué dans ce répertoire : Clemens Krauss, dont les témoignages relativement anciens sont d’une élégance raffinée, très grand-seigneur, et Herbert Von Karajan, né autrichien au tout début du 20ème siècle, et totalement imprégné de cette musique, avec laquelle il grandit.
Il garda pour elle, toute sa vie, une vraie et profonde affection, et ses interprétations –cf. extrait n°2, enregistré 80 ans plus tard presqu’exactement-, auxquelles il mettait un grand soin dès le tout début de sa carrière discographique, très colorées et symphoniques –la beauté des timbres, la douceur du tapis des cordes viennoises, le rubato assez fascinant, là aussi, apporté à l’ensemble…-, d’une merveilleuse souplesse malgré leur densité, restent, à mes oreilles, le plus beau témoignage de cette nostalgie d’un esprit sans doute à jamais disparu.

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Le charme de la province…

J’écoute depuis ce matin « Lohengrin« , de Richard Wagner, dans la très belle version de Wilhelm Schüchter, un peu ancienne déjà –1953-, mais très bien enregistrée et vraiment agréable aux oreilles, pour une oeuvre qui n’est pas, et de loin, celle que je préfère chez le compositeur –mais c’est sans doute, pour le néophyte qui souhaite découvrir Wagner, la plus accessible, avec sa trame narrative plutôt facile à suivre et toute la féérie qui s’y rapporte-. Evidemment, presque tout le monde connaît au moins un extrait : c’est sur le prélude du premier acte que Chaplin joue « au ballon – globe terrestre » dans le film « Le dictateur ».

Sans atteindre au mythique, cette version a toujours, depuis sa parution, eu l’heur de plaire à la majorité des critiques d’Outre-Rhin ou d’Outre-Manche, voire d’Outre-Atlantique, pour les très nombreuses vertus qui lui sont reconnues, tant pour les qualités de l’orchestre que pour la prestation des chanteurs –un très bon Lohengrin, très phonogénique et bien chantant, un couple de « méchants » absolument exceptionnel, et une Elsa bien meilleure que de nombreuses autres qui l’ont suivie-.
En France cependant, les quelques critiques que j’ai pu en lire en sont nettement plus nuancées, et notamment, on lui reproche une distribution un peu trop « provinciale » ! Ce qui est à la fois injuste et quelque peu méprisant… C’est oublier un peu vite, en effet, que l’orchestre de la radio de Hambourg est sis dans une ville qui, avec ses 1,8 millions d’habitants, n’est pas si loin, démographiquement, de notre capitale française… C’est oublier aussi que Hambourg est une ville-état et jouit à ce titre d’une puissance économique que n’importe quelle ville de province, ici, lui envierait. C’est oublier, enfin, que la notion de « province », dans un état fédéral comme l’Allemagne, n’a guère de sens…

Quoi qu’il en soit, Schüchter nous propose une très belle version de cet opéra, après avoir, déjà, livré un « Vaisseau Fantôme » de très belle tenue. Il est regrettable que le chef, avec son orchestre, ait assez peu enregistré, parce que ce qui reste, difficilement accessible en général, est vraiment très intéressant.

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Playlist « Un week-end avec Richard », suite et fin

Je poursuis donc sur la lancée annoncée ici l’écoute intégrale de « L’anneau du Nibelungen » entamée le week-end dernier, et qu’il est prévu d’achever ce week-end, soit, quasiment, dans les mêmes conditions que si j’allais écouter/voir l’oeuvre à Bayreuth, où l’on dispose d’une petite semaine pour ce faire : les trois premiers opéras sont généralement présentés sur trois soirées consécutives, mais un petit délai avant le quatrième est prévu, pour permettre aux chanteurs de se reposer un peu –les rôles principaux sont écrasants pour eux-.

wk_knapp58« L’or du Rhin » dans la version que je vous présentais samedi, fut suivi, dimanche, de « La Walkyrie », dans une version enregistrée cinq ans plus tard et présentant à peu près les mêmes chanteurs –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, mais avec un autre chef, et dans une toute autre disposition d’esprit, à la fois tellurique et sombre.
L’intérêt principal de l’entreprise est de marquer une très nette évolution de Wotan, qui, de jeune dieu arrogant, devient dans « La Walkyrie », et encore plus dans la version écoutée, un dieu écrasé par son propre destin, et qui sent que tout lui échappe. Belle chronique d’une déchéance annoncée, donc…

Aujourd’hui sera donc consacré à « Siegfried », dans une version qui n’a pas bonne presse à mes oreilles –cliquer sur l’image de droite pour la voir en plus grand-, mais qui mérite cependant une réécoute sérieuse…
sgf_levineEn effet, il s’agit-là d’une version de studio, très bien dirigée, très convenablement chantée, bénéficiant d’une belle prise de son, mais dont l’atonie générale m’a toujours laissé de marbre à ce jour : je n’y ai guère perçu l’intensité de la trame dramatique et la narration semble  légendaire semble totalement absente.
Etonnamment, de nombreux mélomanes qui ont un rapport à Wagner ayant débuté par des versions plutôt récentes –à savoir : qui s’intéressent peu aux bandes issues du Neues Bayreuth, voire ne les apprécient guère– en ont une opinion très favorable que j’ai personnellement bien du mal à appréhender. Peut-être serai-je séduit cette fois-ci ?

varnay_brunnhildeEt demain, en guise de conclusion, ce voyage musical s’achèvera fort logiquement par le « Crépuscule des dieux ».
Avec un retour aux sources, puisque je reviendrai vers la version de Clemens Krauss, ne serait-ce que pour profiter de la fin de l’opéra, cataclysmique –cliquer sur l’extrait sonore pour découvrir le monde des dieux qui s’écroule et laisse sa place au monde des hommes, dans cette très ancienne version de 1936, pleine d’urgence-, en compagnie d’une encore jeune Astrid Varnay, qui aura marqué le rôle de Brünnhilde comme aucune autre cantatrice dans les années 50, sur toutes les grandes scènes lyriques. La boucle sera alors bouclée…

Pour les novices désireux de découvrir ce très long cycle, je vous recommanderais, désormais, une approche par le biais du DVD ou du Blu-ray : cette vidéo en ligne, sous-titrée en français, me semble proposer l’approche la plus attractive : c’est bien chanté, très bien mis en scène –belle direction d’acteur– et bien dirigé. A partir de 30:58, dans ce qui constitue pour moi l’un des plus beaux passages du cycle, Wotan résume l’intégralité de l’action qui a précédé, ce qui pourra vous aider à vous y retrouver ! D’autres belles versions existent, mais avec des mises en scène moins lisibles pour quelqu’un qui souhaiterait aborder l’oeuvre une première fois.

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Playlist « un week-end avec Richard »

Tiens, un opéra de Richard Wagner pour accompagner le week-end ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

playlist05112016

Ça faisait un petit moment que cela n’était plus arrivé, mais, si j’en ai le temps, je consacrerai ce mois de novembre à une écoute intégrale de « L’anneau du Nibelungen » dans cette version, dont je vous parlais déjà ici, qui reste la plus vivante, la plus homogène et cohérente dramatiquement et, depuis sa parution, la mieux chantée et interprétée –à la réécoute, la maîtrise des allitérations foisonnantes dans le livret est absolument remarquable et structure le discours comme à peu près nulle part ailleurs– et parmi les mieux dirigées : ce qui fait beaucoup en sa faveur…

hhotter_wotanLa dernière réédition est fondée sur les bandes radiophoniques d’origine et non sur des repiquages antérieurs : le son s’en trouve passablement amélioré, et, pour retrouver l’ambiance du « Neues Bayreuth », il s’agit d’un document d’importance primordiale.

« L’Or du Rhin » écouté ce jour est vivant, les méchants sont très méchants, d’une brutalité presque physique et très perceptible, le Wotan –Odin pour les non-germanophones– de Hans Hotter, sans doute la plus grande incarnation du rôle au vingtième siècle, est sa meilleure et plus complète interprétation dans cet opéra et dans le cycle : à la fois jeune, bouillonnant et arrogant; ses collègues-dieux sont très bien caractérisés –excellent Donner -Thor pour les non-germanophones- de Hermann Uhde, notamment-.

Bref, que du plaisir pour entamer un week-end qui s’avère grisonnant : cliquer sur ce petit extrait pour ne pas passer à côté du drame : toute la suite du cycle découle de cette malédiction lancée par le méchant !

Evidemment, à côté de ce monument, les autres albums écoutés, pour plaisants qu’ils sont, relèvent presque de l’anecdotique…

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Playlist « Franche rigolade » !

Petit moment de détente bienvenu, avec cet opéra-bouffe vers lequel je n’étais pas revenu depuis des lustres, mon ancienne version Plasson –un de mes premiers CD– ayant disparu… Je l’ai prêtée à je ne sais plus qui il y a fort longtemps, et elle n’a jamais retrouvé le chemin vers son étagère !

Entre-temps, j’ai eu l’occasion de voir cette oeuvre cocasse à l’opéra –au moins deux fois-, avec toujours beaucoup de plaisir : c’est drôle, gouailleur mais assez fin, très bien écrit tant au niveau du texte que de la musique, gentiment ironique à l’encontre du 2nd Empire –une période plus contrastée de notre histoire qu’on ne l’a souvent dit, riche à la fois en réussites, souvent éludées, et en échecs, souvent exacerbés-.

LaBelleHelene

Je ne résiste pas à vous en proposer un extrait fort célèbre, accompagné de ses paroles –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand et sur le lecteur pour l’écouter-.

Playlist « Un dimanche matin à l’opéra »

WagnerMeistersinger1956Le titre de la notule rend  tout-à-fait justice à l’écoute de ce matin : certes, un seul album, mais d’une oeuvre majeure du répertoire, et qui dure environ 4h30 ! Il s’agit de l’opéra le plus joyeux de Wagner, d’une puissance jubilatoire assez unique chez lui, dont l’argument même à la fois une histoire d’amour complexe et un concours de chant dans le Nuremberg médiéval.

Longtemps inaccessible difficilement accessible, la version écoutée ce jour reste assez délicate à appréhender pour les oreilles les moins exercées : ça souffle, ça sature ponctuellement, ça crachouille parfois, et la perspective sonore est très variable par moment. Bref, c’est un concert très moyennement enregistré, et ancien, puisqu’il porte désormais allègrement ses 60 ans !

HotterMAIS : il permet d’entendre le plus grand Hans Sachs du vingtième siècle, qui n’a jamais été approché par personne : il y a d’autres grands interprètes de ce rôle, mais aucun n’est aussi complet que l’illustre Hans Hotterla voix somptueuse, puissante, le poids des mots et de la mélancolie inhérente au personnage, la tendresse et l’autorité : tout y est– , remarquablement bien entouré qui plus est.
Pour les amateurs, il existe un autre témoignage génial du chanteur dans le rôle, en 1949, lors de la réouverture de l’Opéra de Münich, sous la direction d’Eugen Jochum, mais il y paraît plus éprouvé à la fin –le verbe reste d’une hauteur de vue impressionnante, l’émotion y est parfois encore plus palpable, mais le chant est parfois entaché de problèmes de souffle, Hans Hotter ayant été confronté tout au long de sa carrière à un asthme allergique qui pouvait le handicaper-.

Evidemment, il est difficile de recommander l’écoute de cet album à des néophytes du fait d’une prise de son aussi aléatoire, mais les amateurs de l’oeuvre qui ne l’ont pas encore entendue dans cette version remarquable peuvent s’y précipiter les yeux fermés et les oreilles grand’ouvertes !

En extrait, la fin de l’opéra, avec le monologue final de Hans Sachs –éprouvant pour un chanteur après plus de quatre heures de représentation, et difficile à chanter, puisqu’on passe du murmure aux éclats et qu’il faut échapper au « parlando » que l’on entend assez souvent dans ce passage– suivi des choeurs d’allégresse. Play it loud !

Enfin, une petite vidéo où le chanteur, à presque 90 ans, revient sur le rôle qui marqua sans doute le plus sa carrière, et qu’il marqua plus qu’aucun autre au vingtième siècle –le Wotan du Ring, de Wagner, rôle qu’il inscrivit à son répertoire pendant près de quarante ans : une longévité exceptionnelle !-. C’est assez court, plein d’enseignements et c’est même traduit en français !

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Un dimanche à l’opéra

Mathis_KubelikCe matin, c’est l’écoute d’un opéra dont je vous ai déjà parlé assez longuement ici qui a largement occupé mes oreilles –et mes yeux, tant le livret de près de 300 pages est de belle qualité, chose devenue relativement rare en ces temps de réédition massive selon des lignes éditoriales parfois très belles, mais pas toujours riches en renseignements un peu denses-.

Voici donc une autre très belle version, la première intégrale enregistrée de l’oeuvre en 1976 –à dire vrai, elle est même largement plus réputée que l’autre, mais fut longtemps indisponible en CD-, très différente, plus ample et plus lyrique, tirant moins l’oeuvre vers la modernité. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Il ne me reste plus qu’à aller le voir un jour à l’opéra : l’oeuvre le mérite amplement !

Pour la suite de la journée, il sera toujours temps de passer à des choses plus « légères » ! D’autant qu’il me reste encore à rédiger ma lettre au Père Noël –ce qui passe par quelques petites visites de boutiques en ligne-, d’une part, et à poursuivre l’édition des tags de ce blog d’autre part : j’ai commencé hier, mais c’est loin d’être fini !

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