Playlist « A Frenchman in Detroit »

Au sortir de la seconde guerre mondiale, Paul Paray est l’un des trois grands chefs d’orchestre français qui exerça aux Etats-Unis à la tête d’un orchestre américain en compagnie de Charles Munch –Boston– et Pierre Monteux –Boston puis Los Angeles-. Il fut nommé chef de l’orchestre symphonique de Detroit de 1951 à 1962, après avoir refusé la co-direction avec Arturo Toscanini de l’orchestre de la NBC –ce qui situe un peu l’exceptionnelle estime dont il jouissait ! -.
Il fit de Detroit l’un des meilleurs orchestres américains « de second rang », à l’instar de William Steinberg à Pittsburgh, s’y tailla une très solide réputation et y enregistra pour le label Mercury, dans de formidables prises de son grâce au procédé « Living Presence« , de très nombreux disques consacrés à la musique française et qui sont l’objet de la playlist du jour. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Ce qui caractérise toutes ces interprétations est leur caractère éminemment vivant et énergique. Paul Paray adopte une ligne claire, très lisible, et des tempi presque toujours rapides ou très rapides –je crois que je n’ai jamais entendu le « Boléro » de Ravel pris aussi vivement-, sans trop rechercher d’arrière-plans métaphysiques. Cela fonctionne à merveille dans la musique écoutée ce jour, et la troisième symphonie de Saint-Saëns, notamment, y gagne beaucoup –l’oeuvre peut devenir assez rapidement « pompier »…-.

Une belle playlist pour entamer la journée !

Playlist « Que d’eau ! »

La courte playlist de ce jour est consacrée au thème de l’eau, à travers trois propositions d’accès très facile –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– :

la suite de danses intitulée « Wassermusik – Hamburger Ebb’ und Fluth » -Flux et reflux de Hambourg- de Georg Philipp Telemann, musicien allemand contemporain de Bach et bien plus populaire et célèbre que lui à son époque. Bénéficiant du statut de ville impériale puis de ville libre d’empire, Hambourg était à l’époque au sommet de son rayonnement, et Telemann, directeur de l’opéra de la ville et notable tout-à-fait bien installé, composa cette oeuvre pour le centenaire de l’amirauté de l’opulente cité ;

la non moins populaire « Water Music » de George Frideric Handel, sans doute composée -au moins partiellement- à l’occasion du voyage sur la Tamise du roi George 1er d’Angleterre. L’oeuvre, remarquablement accessible, est composée de trois suites orchestrales alternant danses et airs d’apparat ;

« La Moldau », de Bedrich Smetana, est un court poèmes symphonique très populaire consacré à La Moldau, rivière tchèque, depuis sa naissance dans la forêt de Bohème jusqu’au moment où elle se jette dans l’Elbe. Entre temps, elle aura grandi, traversé des rapides et sera passée par Prague.

Playlist « Aux racines du mal » ;-) !

C’est au cours des années 80, au sortir de l’adolescence, que j’ai commencé à m’intéresser à la musique de Wagner –assurément l’un des plus antipathique personnage de son époque…-, mais j’étais alors trop désargenté pour imaginer m’acheter une intégrale d’un de ses opéras, et je le connaissais essentiellement par quelques extraits de disques issus de la discothèque paternelle, assez peu fournie en la matière…


Mes premiers salaires en poche et après avoir acquis une installation Hi-Fi digne de ce nom, je me lançais enfin dans la découverte des opéras, en commençant par « L’Anneau du Nibelungen », en dépit des divers conseils que l’on m’avait prodigués, à savoir : « Commence par le commencement, c’est à dire « Le vaisseau fantôme » ou « Lohengrin », c’est plus facile d’accès ». –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

N’en faisant qu’à ma tête, je profitais d’une offre promotionnelle via un disquaire allemand pour m’offrir l’intégrale de Karajan dans un coffret de 19 LP en série limitée et économique –inédit en France dans cette présentation semble-t-il, ce qui impliquait un livret en Allemand uniquement- pour la modique somme de 490 francs –soit 148€ de 2022… Qui a dit que les disques étaient chers actuellement, quand on peut avoir de grosses boîtes de 30 à 80 disques pour cette somme désormais ?-.
A cette date, un achat en CD eût été n’envisageable car beaucoup trop cher… Je fus très vite passionné par ce cycle, au point d’en terminer l’écoute en moins d’un week-end et d’en réécouter de très larges passages toute la semaine qui suivit. Cette intégrale reste à mes oreilles la plus belle intégrale de studio, et Siegfried, en particulier, est une merveilleuse réussite orchestrale –et, vocalement, tous les chanteurs y font merveille, en dépit d’un format « léger » par rapport à ceux de la décennie précédente-.

Peu de temps après, j’achetais, toujours en LP, cette belle version de « Tristan und Isolde » dans une série économique –un coffret souple de 5 LP, avec, une fois de plus, un livret en Allemand uniquement-. Deux ans plus tard, je me retrouvais à décortiquer cette oeuvre lors de mes études universitaires -au demeurant, la connaissance que j’en avais au préalable excédait déjà largement les attendus de l’UV « Histoire de la musique » que j’avais retenue par facilité…-.

Enfin, mon premier CD consacré à Wagner fut une compilation consacrée à Hans Knappertsbusch, héros du « neues Bayreuth » et considéré par de très nombreux musicologues / musicographes, selon mes lectures d’alors, comme LE spécialiste de l’interprétation wagnérienne. Sans être déçu, je n’ai jamais  totalement compris cette réputation : c’est évidemment très bien, mais relativement univoque à mon oreille.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Wagner est le deuxième compositeur le mieux représenté de ma discothèque… Mais ce retour aux sources est toujours aussi plaisant !

Playlist « Belles découvertes »

J’écoute depuis très tôt ce matin une série de disques acquis tout récemment et comportant des oeuvres que je ne connaissais pas du tout, histoire de renouveler un peu mon fond de catalogue… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Evidemment, avec Handel, je n’avais guère de risque de me tromper, le musicien anglais étant depuis longtemps un de mes compositeurs préférés, et que je place loin devant les autres de ses contemporains –y compris Bach…-, pour son sens de l’épique et le souffle puissant souvent présent dans ses oeuvres. C’est encore vrai dans ces deux oeuvres :
• Hercules est un « drame musical » –genre hybride entre l’oratorio sans portée religieuse et l’opéra sans représentation scénique-, qui fit un four remarquable lors de sa seule et unique représentation du vivant de Handel ;
• Israël en Egypte est un oratorio en trois parties, dont la première n’est pas toujours comprise dans l’oeuvre parce que sa musique a été reprise de celle composée par Handel pour la mort de la reine Caroline, épouse de George II, qui refusa qu’on réutilise cette musique. L’album du jour comporte la version complète en trois parties de l’oeuvre, qui propose de très nombreux choeurs.

Je ne connaissais qu’une seule pièce pour clavecin piano de Rameau et, à dire vrai, l’unique opéra auquel j’avais assisté, « Les Boréades » m’avait toujours éloigné du compositeur, tant je m’étais ennuyé… Pour avoir lu énormément de bien de ces enregistrements –semble-t-il mythiques– un peu partout, je me suis enfin résolu à les écouter, profitant d’un tout petit prix. Grand bien m’en a pris, c’est en effet très beau et suffisamment varié pour qu’on ne s’en lasse pas sur la durée.

Beethoven « historique » – Erich Kleiber

J’écoute ce matin quatre symphonies de Beethoven dans les interprétations « historiques » d’Erich Kleiber, enregistrées à Amsterdam pour Decca entre 1950 et 1953, et impeccablement restaurées lors des éditions successives en CD. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Des cinq grands chefs de sa génération –de gauche droite sur cette unique photo les réunissant à Berlin,et datant de 1929 : Bruno Walter, Arturo Toscanini, Erich Kleiber, Otto Klemperer et Wilhelm Furtwängler-, Erich Kleiber était le plus jeune –né en 1890-, et le plus jeune disparu –mort en 1956 : il se serait suicidé selon son fils Carlos-.

Très tôt nommé sur un poste prestigieux –directeur de l’opéra de Berlin dès 1923-, il en démissionna peu après l’arrivée des nazis au pouvoir et s’exila avec sa famille en Argentine, pays dont il prit la nationalité. Il ne revint diriger en Europe qu’à la fin des années 40 et commença à enregistrer pour Decca, à Vienne et Amsterdam essentiellement, quelques disques qui ont fait toute sa renommée, malgré leur faible quantité : Beethoven, Mozart, Richard Strauss, un peu de Schubert et de Tchaïkovsky. L’ensemble est disponible dans un coffret de 15 CD, ce qui est peu pour un chef de cette importance…

Ses symphonies de Beethoven n’ont pas quitté le catalogue « à prix fort » jusqu’au milieu des années 60 et jouissaient en Allemagne et dans les pays anglo-saxons, dans les années 50 et jusqu’au début des années 60, du même statut de « référence » que les interprétations de Toscanini et que celles que Karajan enregistrait à peu près au même moment avec le Philharmonia Orchestra, loin devant celles de Furtwängler –les critiques de l’époque, en Angleterre ou aux USA, se montrèrent fort peu charitables avec le « vieux » chef, souvent pour des raisons extra-musicales, et ses interprétations étaient généralement considérées comme celles « d’un vieil homme malade »– ou de Jochum –mister « Stop and go »-.

Quoi qu’il en soit, les interprétations écoutées ce matin sont hautement appréciables : tempos relativement vifs, énorme énergie rythmique –en la matière, son fils Carlos a parfaitement saisi l’héritage…-, très beaux équilibres orchestraux… La symphonie « Pastorale », notamment, est magnifique, et s’inscrit sur les mêmes sommets que celle présentée il y a peu de temps, et j’ai rarement entendu un aussi excellent dernier mouvement de l’Eroica, vif et entraînant !

Playlist « Seconde chance » – Beethoven par Yves Nat

Le principe est simple : redonner une seconde chance à des enregistrements que j’ai délaissés depuis parfois très longtemps parce que je ne les ai jamais trouvé très marquants : c’est le cas de cette intégrale des sonates pour piano de Beethoven par Yves Nat. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Je l’avais achetée lors de sa première parution en CD il y a près de quarante ans et, à l’époque, le choc fut rude : saluée par un « Diapason d’or historique » et bénéficiant en France d’une aura mythique établie de longue date, je l’avais, tout de suite, cordialement détestée ! Depuis, mon jugement n’avait pas profondément évolué, comme l’indique également cette notule, où elle apparaît en fin de classement, et je ne m’étais plus trop penché sur la question.

Ces disques étant restés longtemps sur leurs étagères, il était temps de les ressortir un peu : à vrai dire et tout d’abord, de toutes les intégrales en monophonie que je connais et parues entre 1930 et 1955 –Schnabel, Gulda Decca ou Gulda Orfeo, Backhaus,Kempff, il apparaît que c’est la mieux enregistrée.
Son éditeur initial, « Les Discophiles Français », avait recruté à cet effet André Charlin, sans doute le meilleur ingénieur du son français de son temps, et ces enregistrements effectués de 1953 à 1955 permettent généralement une écoute plaisante. Des deux rééditions proposées par EMI, la plus récente est celle qui propose le meilleur remastering –coffret du cinquantième anniversaire, cliquer sur l’imagette de droite pour la voir en plus grand-. Quoi qu’il en soit, ces deux éditions sont désormais indisponibles, mais on peut encore se procurer cette intégrale des sonates à tout petit prix ici.
Après toutes ces considérations, mon appréciation a-t-elle évolué quant à cette intégrale ? Disons que je trouve que les premières sonates sont plus réussies que dans mon souvenir, avec même d’excellentes surprise -les deux sonates n°9 et 10 de l’opus 14-, mais que les plus grandes sonates de Beethoven, et plus particulièrement les dernières, ont plus peiné à me convaincre : Yves Nat opte généralement pour des tempos rapides -avec une touche de rubato-, qui ne sont pas toujours complètement assumé techniquement, faute de doigts -la Hammerkavier, à cet égard, est très décevante– : la comparaison avec Gulda, enregistré à peu près au même moment, est cruelle pour le pianiste français !
Au final, cependant, cette playlist « Seconde chance » m’aura permis de plutôt réévaluer mon appréciation de cette intégrale.

Un jour – Un album. Paul Hindemith

J’ai trouvé dernièrement dans un bac à soldes allemand, pour la modique somme de 4,99€ –qui a dit que tout augmentait ?-, ce magnifique coffret de 3 CD de Paul Hindemith par lui-même, réunissant l’ensemble des oeuvres orchestrales qu’il enregistra pour le label Deutsche Grammophon entre 1954 et 1956. Comme il s’agit de l’un de mes compositeurs préférés du vingtième siècle, j’ai évidemment sauté sur l’occasion, d’autant que ces disques ne sont plus au catalogue du label depuis quelques temps déjà et qu’ils sont difficilement trouvables en Face désormais. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Paul Hindemith était soucieux d’enregister lui-même ses oeuvres parce qu’il trouvait que les enregistrements réalisés auparavant par d’autres chefs éminents mais éminemment subjectifs selon lui « violaient » ses compositions : il voulut donc, de son propre aveu, simplement « métamorphoser en son ce qui était écrit dans la partition » ; selon lui, un interprète « avait pour unique tâche de présenter une oeuvre sans rien y mêler de personnel qui puisse en déranger le déroulement ».

 

Deutsche Grammophon lui proposa un contrat pendant l’été 1953, mettant à sa disposition l’orchestre philharmonique de Berlin. Le calendrier initial dut cependant être profondément modifié suite au décès de Furtwängler et à la prise de fonction de Karajan, qui emmena l’orchestre en tournée aux Etats-Unis en 1955 après une longue préparation.
Malgré ces péripéties, les disques enregistrés dans de remarquables conditions techniques eu égard à l’époque constituent de remarquables documents et des versions passionnantes –et dépassionnées– des oeuvres du compositeur, sans aucun pathos, fondées sur des cordes agiles et minces, des cuivres légers et tranchants et des bois lumineux.

En versions alternatives et complémentaires, les trois albums ci-dessous –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand– constituent d’autres précieuses références.

Petite tranche de bonheur…

Hier est arrivé dans ma boîte aux lettres, tôt le matin, un colis dont je n’avais plus le souvenir de l’avoir pré-commandé au mois de mars –sur un lit d’hôpital…-, et sorti en «première mondiale» ce vendredi 13 mai : les deux fameux concerts des Rolling Stones dans le petit club de Toronto, le El Mocambo, devant ±300 spectateurs ayant remporté un concours pour voir un obscur groupe, The Cockroaches –Les Cafards…-, les 4 et 5 mars 1977.

Ce concert qui faillit ne jamais avoir lieu –Keith Richards étant arrêté fin février 1977 à la descente d’avion par la douane canadienne et risquant une peine de prison à perpétuité…-devait clore la tournée 1975/76 aux Etats-Unis et en Europe, tournée des stades et des très grandes salles intronisant Ronnie Wood –if he could…– et dont le live officiel « Love You Live » est un témoignage assez peu engageant, avec une horrible pochette d’Andy Warhol qui plus est. Un autre témoignage nettement plus convaincant a été publié tardivement lors de l’ouverture des archives des Rolling Stones : L.A Friday, concert du 13 juillet 1975 à Los Angeles avec une jolie brochette d’invités… —Cliquer sur les imagettes pour voir les pochettes de ces deux albums en plus grand-.

L’ambiance d’un petit club et une setlist partiellement fondée sur un retour aux sources du plus et du rythm’n’blues permettent de retrouver un vrai moment de bonheur : le groupe joue vraiment bien et avec une énergie retrouvée, Mick Jagger est relativement sobre et ne minaude outrageusement pas en utilisant son affreux accent cockney comme il le faisait durant toute la tournée. La prise de son très correcte et l’excellent mixage –il existait déjà différentes éditions bootlegs de ces concerts, très inférieures à cette édition officielle-permettent même une écoute « un peu fort » pour retrouver une ambiance « club » à la maison… –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.


Une chouette publication pour fêter 60 ans de carrière !

Playlist « Découverte à contre-courant »

Bon, évidemment, écouter un compositeur russe dans la période actuelle, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus judicieux, ça apparaît même à contre-courant, mais je dispose en ce moment de temps pour approfondir quelque peu « le grand répertoire » et Serge Prokofiev, puisque c’est lui dont il s’agit, est un compositeur que je connais assez mal en définitive, et qui mérite assez largement d’être approfondi ! Mon « Histoire de la Musique » m’affirme même qu’il s’agit du plus grand compositeur russe du 20ème siècle, bien avant Chostakovich.

Toujours est-il que je chérissais depuis longtemps ses « Visions Fugitives » pour piano et que j’avais une intégrale de ses symphonies finalement assez prosaïque qui n’appelait pas nécessairement à des écoutes répétées…

Après quelques comparaisons rapides en ligne et quelques lectures, je me suis donc procuré à assez peu de frais ces deux petits coffrets, qui proposent d’excellentes versions des symphonies et des sonates pour piano de Prokofiev. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Les CD ne quittent pas ma platine depuis deux jours : musique aux somptueuses mélodies souvent, beaucoup plus sombre et intense que je l’imaginais, à la motorique parfois très affirmée : je me régale ! Les prises de son, par ailleurs, sont excellentes –à la fois charpentées et aérées pour les symphonies, très bien timbrées et spacialisées pour les sonates– et les textes de présentation tout-à-fait excellents, qui plus est.

Une somptueuse découverte !

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