Playlist « Malédiction de l’anneau »
La playlist de ce jour est consacrée à une « écoute comparée » de l’énonciation de la malédiction de l’anneau –forgé avec l’or du Rhin– par le nain Alberich, l’une des figures centrales de « L’anneau du Nibelungen » de Richard Wagner.
Il s’agit d’un très court épisode de 4 minutes environ, dans une oeuvre-fleuve de près de quinze heures, mais néanmoins incontournable pour expliquer toute la suite de l’histoire. En maudissant cet anneau –encadré rouge dans le texte : ce thème musical, énoncé par la seule voix d’Alberich, reviendra très souvent, tout au long du cycle, sous des formes diverses-, Alberich forge, en quelque sorte, la destinée des uns et des autres et la chute à venir des dieux.
Véritable message de plainte, de rancoeur, de mépris et de haine, l’interprétation de ce passage est bien plus complexe qu’il n’y paraît : la beauté des voix lyriques, trop souvent, est un frein à une énonciation qui doit littéralement frapper l’auditeur d’effroi, d’autant que l’orchestre sous-jacent tisse une trame des plus inquiétante. Après tout, c’est un message de défiance lancé à la face des dieux !
Le texte allemand est fondé sur les allitérations, comme souvent chez Wagner –et, plus généralement, dans la poésie allemande-, la traduction française vaut ce qu’elle vaut mais rend compte de la substance du message. –Cliquer sur l’image pour accéder au texte dans de bonnes conditions-.
En extrait, ci-dessous, la version –parmi les 19 écoutées ce jour !– qui a le plus marqué mes oreilles –c’est, à vrai dire et à mes oreilles, la seule qui soit totalement à la hauteur de ce singulier propos. Le chanteur, Gustav Neidlinger, titulaire du rôle pendant vingt ans, n’a pas la plus belle voix du monde, mais il use de moyens vocaux considérables au service d’une expressivité exacerbée : sur scène, l’impression devait être sidérante !-. Âmes sensibles : s’abstenir ! Pour tous les autres, n’hésitez pas à monter le son !