Pensées estivales

TheCookingCat me rappelait souvent, ces derniers jours, qu’il était plus que temps de s’occuper de nos vacances estivales –depuis qu’elle avait réussi à obtenir les dates qu’elle avait choisies-. C’est chose faite depuis hier !

La grande nouveauté, c’est qu’on passera, lors du retour, trois jours à Lille, ville qu’elle souhaitait visiter depuis longtemps. Pour le reste, ce sera : plages, petites balades dans les dunes, vite du tunnel sous la Manche s’il n’a pas été bouché d’ici-là et autres restos et photos –avec, peut-être, pour ce qui me concerne, un nouvel appareil ? Je m’interroge…-.

Vivement l’été, donc !

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Playlist « Touches d’ivoire en liberté »

L’éditeur allemand Hänssler publie régulièrement, dans sa collection Profil, des portraits d’artistes en se fondant sur des enregistrements libres de droit et parfois rares, qu’il compile assez intelligemment et diffuse ensuite à des tarifs très modérés –cf. le coffret Gilels dans la même collection-.

C’est ainsi que j’ai acheté, tout récemment, le remarquable petit coffret –10 CD + 1 livret malheureusement assez succinct-, très vite déposé dans ma boîte aux lettres, dont je vous présente le contenant sur l’image de droite : une anthologie consacrée au pianiste américain –né russeShura CHERKASSKY (1909 ou 1911, ça dépend des sources… – 1995). Les enregistrements proviennent en grande majorité des deux éditeurs majeurs de musique classique de ces années-là –on peut ainsi facilement retrouver les pochettes d’origine– : DGG et EMI et ont bénéficié d’un transfert très soigné. Ce coffret est absolument admirable ! Vous pouvez le retrouver ici.

Doté d’une très belle technique et d’une non moins belle sonorité, CHERKASSKY était un pianiste abordant les oeuvres avec une grande liberté rythmique et un sens du rubato indéniable. Dans le répertoire romantique qu’il aborda essentiellement –Chopin Liszt, Tchaïkovsky, Schumann…-, cela fonctionne formidablement bien et cela permet parfois de dynamiter des oeuvres archi-connues sans les trahir pour autant.

Malgré sa très longue carrière, il enregistra en définitive assez peu –même si sa discographie est enrichie de nombreux enregistrements réalisés en concert et publiés plus tardivement-, et connut son heure de gloire dans les années 50 et 60. Karajan l’admirait beaucoup et ils enregistrèrent ensemble une magnifique version de la « Fantaisie Hongroise » de Liszt, qui ouvre d’ailleurs ce coffret et qui fut l’une de mes toute première découverte musicale quand j’étais enfant.

Réputé trop fantasque pour être facilement accompagné par un orchestre, le pianiste a pourtant enregistré d’excellentes versions des deux premiers concertos de Tchaïkovsky et un premier concerto de Listz non moins convaincant. Son approche des concertos de Schumann et Grieg, autres chevaux de bataille du catalogue, est également superbe, l’énergie débordante du pianiste étant canalisée par l’approche maîtrisée du grand chef anglais Adrian Boult.

Un « Grand Seigneur » du piano ! Et de belles heures d’écoute à venir pour moi !

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Playlist « Première fois »

C’est le week-end, et, une fois n’est pas coutume, je suis tombé du lit bien avant le lever du soleil –c’est plus facile avec l’heure d’été, cela dit…-. A l’heure de la publication de cette notule, la playlist en cours, consacrée aux toutes premières publications discographiques –au sens « album » du terme– de chacun des groupes envisagés est presque achevée ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Je ne me souvenais plus trop de « High Voltage », paru en 1976, parce que je l’écoute rarement, même si j’ai toujours beaucoup aimé AC/DC à ses débuts –mon album préféré du groupe est « Dirty Deeds Done Dirt Cheap– : du boogie blues, joué un peu fort, mais pas tant que ça finalement, et un guitariste soliste qui se cherche encore : ici, c’est simple, direct, efficace ! Ça groove efficacement et les paroles de Bon Scott trouvent déjà leur inspiration dans « des histoires de mecs » que l’on n’oserait plus chanter de nos jours sans être confronté à l’ire des ligues officielles de vertu… 

Le premier album des Beach Boys est aussi le plus ancien de cette playlist, puisqu’il date de 1962. Il s’écoute en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire : 12 titres dont aucun ne dépasse 2’30 ! Une vingtaine de minutes de bonne humeur et de mélodies fraîches et joyeuses, qu’on oublie presqu’aussi vite ! Mais un chouette bain de jouvence !

Le premier album de Fleetwood Macversion « anglaise » du groupe, qui s’américanisera par la suite-, sorti en 1968, présente l’avantage de nous faire entendre un Peter Green –imagette de droite– très à son aise, mais aussi la belle slide guitar de Jeremy Spencer, aujourd’hui oublié. Des titres blues d’excellente facture, soutenus par l’une des meilleures section rythmique de l’époque.

Evidemment, je garde la bonne bouche pour la fin ! Il est quasiment impossible, aujourd’hui, de trouver la version anglaise du premier album des Rolling Stones1964– et seule l’édition américaine est disponible. Et, cependant, c’est bien l’édition anglaise qui est la meilleure des deux, avec une playlist beaucoup mieux équilibrée. Et, 55 ans après sa parution, cela reste un merveilleux album, plein de gouaille et de raucité lorsqu’on le compare aux productions d’artistes « concurrents » de la même année !

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Devinette [fonetik]

Comme chaque mois, une petite devinette visant à égayer les lecteurs de ce blog vous est proposée. Celle d’avril est plus drôle que difficile !

• Dans quelle langue exotique -et faisant l’objet d’un diplôme universitaire délivré en France cependant-, traduite quasi-phonétiquement, est écrit ce court dialogue ? C’est assez facile si on le lit à voix haute.

[Cho-ng, chiin’t d’Soun sèyt choun ?]
[Yo, Cho-ng, d’Soun chiin’t shoun sèyt lo-ng !]

Question subsidiaire : qui saura traduire ce dialogue ?

April Fool’s Day Hoax

C’est notre poisson d’avril, à la mode anglaise… L’un des plus célèbres hoax de ce genre date de 1957 : un faux reportage de la BBC, très bien réalisé et commenté par l’un des meilleurs journaliste de plateau de l’époque, qui piqua la curiosité des Anglais : la BBC réceptionna un grand nombre de courriers suite à la diffusion du documentaire, de nombreux Anglais souhaitant cultiver des spaghettis dans leur jardin. La BBC, dans ses réponses, recommanda de planter un spaghetti dans un pot de sauce tomate, ce qui favorisait le développement harmonieux de l’arbre à pâtes… 

Evidemment, lorsqu’on connaît le rapport complexe des Anglais à la gastronomie, cela ne nous étonne même pas !

Décalage horaire : quatre clairs de Lune

En cette matinée d’antépénultième décalage horaire –si j’ai bien compté, puisqu’en 2021, on devrait arrêter de décaler sans cesse les aiguilles de nos montres et nos horloges internes-, une petite playlist matinale consacrée à quatre visions de la Lune…

La quatorzième sonate pour piano de Beethoven, dite « Clair de Lune » en français –sans pour autant y trouver trace de la chansonnette « Au clair de la Lune »– est l’une de ses plus connues, et son premier mouvement a été mis à toutes les sauces, pour le pire et pour le pire… Elle est également très accessible, y compris aux oreilles les moins sensibles à la musique classique, et ne dure pas suffisamment longtemps pour avoir le temps d’ennuyer les mélomanes les moins aguerris –de l’ordre du quart d’heure, pour trois mouvements très contrastés-. –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Beethoven composa cette oeuvre au tout début du 19ème siècle –1801-, à une époque où il adoucissait encore son caractère explosif et ombrageux et faisait quelques efforts pour trouver sa place dans la bonne société viennois,  mais aussi où sa surdité naissante ne l’empêchait pas de se produire encore comme pianiste : il possédait un sens génial de l’improvisation, unanimement reconnu et salué, que l’on retrouve sans doute un peu dans le caractère improvisé du premier mouvement.
Ce n’est pas le compositeur qui donna ce titre –postérieur à son décès– à la sonate, qu’il n’appréciait d’ailleurs pas outre mesure et dont il ne comprit jamais le succès, immédiat dès sa toute première audition publique.

Au choix, je vous laisse associer un adjectif à chacune des versions entendue : épure, copie d’épure, indifférente, vocale. Les pochettes ne vous aideront pas. 
Pour la petite histoire, la dernière pochette correspond à mon premier achat de CD catégorie « piano solo » –et l’un de mes dix premiers CD toutes catégories confondues-.

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Devinette matinale « Gloires disparues »

La devinette matinale est relativement facile à résoudre pour ceux qui ont grandi avec les premiers ordinateurs proposant des interfaces graphiques et, donc, de jolies –ou parfois moins jolies– icônes. Petite larme émue… Observez l’image ci-dessous et essayez de retrouver à quoi correspond chacune des petites illustrations proposées. 

Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

Une chose est sûre : vous ne devriez plus les voir sur un ordinateur actuel, ou alors, c’est qu’il est déjà très ancien et que vous avez un musée du numérique dans votre maison !

A vos claviers !

Playlist « Transcriptions »

La playlist de ce jour est exclusivement consacrée à des transcriptions d’oeuvres de Johann Sebastian Bach, soit pour piano, soit pour formation de chambre, soit pour orchestre. J’aime souvent mieux ces versions que les versions originales, je sais, c’est mal mais c’est ainsi ! –Cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-.

D’une part, je n’aime pas trop écouter des oeuvres pour orgue en milieu domestique, l’instrument supporte assez mal, à mes oreilles, une restitution en appartement –et la gestion des dynamiques est complexe, il s’agit d’un instrument qu’il convient, selon moi, d’écouter suffisamment fort pour en profiter pleinement-. d’autre part, ces transcriptions permettent d’éviter le phénomène « machine à coudre » que j’entends, trop souvent, en écoutant ce compositeur –mais c’est très subjectif et complètement personnel !-.

Nonobstant, ces transcriptions sont toutes très bien réalisées et, comme je télé-travaille en même temps, sont très bien adaptées à cette matinée printanière. De plus, tous ces albums sont très bien enregistrés, ce qui ne gâte pas mon plaisir !

Interminable feuilleton -et pages de musique-

Vous trouverez ici un schéma en forme de dédale et autres impasses : c’est le long et sinueux chemin qui doit –ou pas…– conduire les Anglais vers la sortie de l’Union européenne. Honnêtement, pour moi qui suis de très près ce sujet passionnant, c’est mieux et plus tendu que le meilleur des feuilletons.

Tout y est : indécision, trahisons et rebondissements, coups bas et formules choc. Les séances en « live » du parlement anglais sont d’un bel intérêt et leur système de vote est hilarant, sans parler de la noble prestance du « Speaker » qui s’exprime dans un Anglais exquis ! Il ne fait pas bon être premier ministre anglais en ce moment… Ce serait presque jubilatoire si le sujet n’était aussi grave !

Cet imbroglio politico-institutionnel ne m’empêche pas d’écouter un peu de musique quand j’en ai le temps –c’est à dire : pas souvent en ce moment-.
Pour rester en Angleterre, j’ai trouvé cette très belle intégrale des symphonies de Schumann –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-par un chef qui est peu la quintessence des chefs anglais de son époque, Sir Adrian Boult, conduisant l’orchestre philharmonique de Londres. Les enregistrements, datant de l’été 1956, sont tous très bons pour l’époque –l’éditeur, Westminster, était très réputé pour cela, plus encore que Decca au même moment– et, globalement, c’est une très belle intégrale, que vous pouvez écouter en ligne ici !
Grand brahmsien, spécialiste de l’interprétation des  musiciens anglais –et notamment d’Elgar, qu’il connut bien-, Boult est décapant dans la troisième et très engagé dans la quatrième. De quoi passer quelques moments vraiment agréables !

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Chauvinisme musical

J’ai récupéré, il y peu de temps, ce singulier livre –cliquer sur l’image pour la voir en plus grand-, genre de petit guide critique des disques parus en France entre 1946 et 1952, soit juste au moment de l’émergence des premiers microsillons 33 tours. Sa lecture, en 2019, est assez intéressante : ayant accès aux archives de la revue « Gramophone » depuis la parution de son premier numéro, en 1923, j’avais déjà eu l’occasion d’entrevoir que la critique musicale est parfois tributaire des « goûts nationaux » –c’est moins vrai lorsqu’on lit les revues allemandes, par exemple, mais en lien peut-être avec le plus grand nombre de compositeurs et d’interprètes austro-allemands dans le répertoire classique courant-.

Quoi qu’il en soit, il me semble que les critiques musicaux français étaient encore plus chauvins que leurs homologues étrangers, que ce soit en matière de compositeurs ou d’interprètes. La fameuse « clarté française », le goût pour une approche « rationnelle » sont, ici, exacerbés de manière particulièrement subjective, et je m’étonne que de si réputés « musicologues » aient, pu, parfois, se montrer si chauvins, si dogmatiques et, finalement, si peu clairvoyants !
Certes, on se situe presqu’encore au sortir de la guerre, mais il me semblait que l’art n’avait pas trop de frontières…

Un petit extrait, consacré aux symphonies de Mahler, vous donnera une idée de la chose : « Ces neuf symphonies sont lourdes, interminables et kolossales, entassant d’instrumentaux Pélion sur des Ossa de choeurs à dix parties, comme dans la VIIIème, qu’on appelle Des Mille, parce qu’elle exigerait, à dire d’experts, mille exécutants ou mille heures de répétition, sinon l’un et l’autre. […] »
A propos de sa quatrième symphonie, la seule jugée digne d’être entendue, on peut lire : « Evidemment, comme ça se dit sans élégance, il a ici à boire et à manger -disons même à bâfrer et à pitancher , cette progéniture étant évidemment de nature pantagruélique ».

Dans ce livre, Bruckner relève à peu près du même traitement, et Bartok ne ferait « se pâmer que les snobs prétentieux »… En revanche, la Marche Hongroise » de Berlioz est une « oeuvre somptueuse » et le « Requiem » de Fauré est un symbole « de la grandeur à la française ».

En matière d’interprètations, le constat est encore plus cocasse, et des disques qui ont passé l’épreuve du temps et sont aujourd’hui regardés comme des enregistrements « de référence », y compris en France, font l’objet de critiques, par des grand noms de la presse musicale française de l’époque, dont le chauvinisme le dispute à la mauvaise foi. En revanche, parmi les disques recommandés, souvent par des interprètes français aujourd’hui oubliés, même par les connaisseurs, très peu sont passés à la postérité.

L’autre singularité, c’est la faiblesse du nombre de disques parus en France, à cette époque, au regard des catalogues autrement plus volumineux en Allemagne ou en Angleterre. Finalement, la « mondialisation » n’a pas que des inconvénients !

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